× Pourquoi pleures-tu ? Je serais dans ton cœur. ×
Ruth et sa mère habitait dans un petit appartement de Los Angeles et vivaient paisiblement. Il y avait bien quelques couacs comme les taquineries pas si innocentes que ça et les « ruades » pas méchantes des camarades de Ruth mais les problèmes étaient globalement assez vite réglés par un coup de gueule de sa mère sur les autres. Et par les leçons de boxes aussi.
Elles ne roulaient sur l’or toutes les deux et la mère de Ruth avait du mal à joindre les deux bouts de temps en temps mais elles finissaient toujours par s’en sortir. Elle avait une éthique élevée la mère Savage, malgré son petit salaire et les moqueries quotidiennes des gosses de riches. Ruth n’avait que peu hérité de son caractère conciliant, elle avait surtout le caractère que son ascendance paternelle lui apportait, alors elle répliquait, s’énervait, appris à être agressive pour se défendre.
Et puis sa mère mourut. Oh, ça ne s’est pas fait en un jour. Mois par mois Donna s’affaiblissait de plus en plus sans  jamais accepter de prendre des médicaments ou même de les payer. « Pas d’argent » qu’elle disait. De toute façon Donna refusait de se soigner, son heure était venue, elle ne lutterait pas contre sa propre mort. Elle eut une phrase étrange comme dernier soupir, elle adressa un sourire à sa petite fille de huit ans qui pleurait toutes les larmes de son corps et chuchota, son regard illuminé d’amour : « Les Parques ont voulu que je te quitte mais nous nous reverrons, j’en suis sûre. Ne pleure plus trésor, je vivrais dans ton cœur.»
Donna mourut donc et Ruth fut promenée d’une famille d’accueil à l’autre, d’un orphelinat à l’autre, sans comprendre les paroles de sa mère, jusqu’au jour où un satyre rencontra sa route.

× Tu n’es pas humaine, tu es une demi-déesse ×
Elle avait dix ans, sa mère était morte deux ans plus tôt et elle avait plus connu de famille d’accueil que de joie pendant ces deux ans. Elle était dans un orphelinat depuis un mois et quelques jours lorsqu’elle rencontra ce garçon bizarre qui la regardait toujours comme si elle allait exploser d’un instant à l’autre. Crispant. Il s’approcha d’elle en cours et tenta de lier connaissance mais c’était sans compter la méfiance de Ruth. Elle avait passé trop de temps entre différentes familles pour se laisser approcher aussi facilement. Pourtant il persista, elle eut beau se montrer aussi froide et distante que possible il ne partit pas et s’accrocha. Ils ne devinrent pas amis, Ruth ne le permettait pas, mais il arriva à lui tirer quelques phrases malgré sa réticence. Il en apprit assez sur elle pour se faire une idée de sa vie et, finalement, lui parla du monde des dieux un mercredi soir, alors qu’elle se morfondait sur la mort de sa mère. Elle ne le crut pas tout de suite. Il fallut qu’il lui montre ses jambes de chèvre et sa flûte de pan pour  qu’elle commence à croire que ses pouvoirs venaient bien de son ascendance divine. Elle qui pensait qu’elle était une sorte de monstre ou de mutante, d’une certaine manière ça la rassurait de savoir qu’elle n’était pas la seule et qu’il y avait des gens comme elle quelque part dans ce monde.
Ruth parla des pouvoirs qu’elle avait découverts (entre autre la manipulation des Ténèbres) et vit l’inquiétude dans ses yeux et sa voix tremblait lorsqu’il répondit qu’elle était sûrement la fille d’un dieu sombre. Peut-être même l’un des tous premiers. Blessée par ses sentiments manifestes de peur, Ruth s’éloigna de nouveau lui, même après qu’il l’eut emmené à la Colonie.

× C’est ta nouvelle maison ×
La Colonie, elle a franchi la barrière, est entré pour de bon dans le monde mythologique de son père et ne l’a plus jamais quitté. Elle ne le pouvait pas de toute façon. Elle eut du mal à s’intégrer au début, elle n’était plus à l’aise avec les gens depuis la mort de sa mère. Pourtant petit à petit elle arrêta de se méfier à chaque mot prononcé et se détendit suffisamment pour arriver à lier des liens. Superficiels au début, elle se arrivait à se créer sa petite bulle d’amis et d’une certaine façon c’était tout ce dont elle avait besoin pour devenir la jeune femme épanouie qu’elle était destinée à être. Son sourire rayonnait lorsqu’elle était avec des amis, lorsqu’elle était seule cependant il n’était pas rare de voir sur son visage une expression distante. Comme si elle rêvait de temps passés et heureux. Son père l’avait revendiqué à son entrée dans la Colonie, il fallut lui construire un bungalow mais somme toute elle n’avait pas eu trop de problème quant à son parent divin. De petits accrochages de temps en temps, sans plus. Elle était capable de se défendre et l’avait fait rapidement comprendre.

× C’est la guerre ×
Les années passèrent et Ruth participa à la guerre contre Chronos et les Titans, perdit des amis et manqua de perdre la vie comme nombre de ses camarades. Elle ressentit la mort de chacun des pensionnaires avec une indicible tristesse, qu’elle les connaisse personnellement ou non, il n’y avait aucune différence. Pourtant elle se remit beaucoup plus vite de toutes ces pertes que certains de ses camarades. Elle ne considérait pas la mort comme une fin, pas tout à fait, alors elle était moins touchée. A moins que ce soit parce qu’elle devenait insensible ? Elle n’en avait aucune idée mais elle ne se faisait pas des nœuds au cerveau pour autant, elle était ainsi voilà tout. De cette guerre, Ruth hérita d’une longue cicatrice sur le bras droit et d’une autre sur le flanc gauche sans compter les petites qui s’effaçaient avec le temps.

× Il y a un nouvel ennemi ×
Deux années de paix passèrent, Ruth se remit de cette guerre meurtrière et n’y pensa que de temps en temps, lorsqu’elle était mélancolique. Et puis un Capture l’Etendard  vira au cauchemar. Elle n’y participait pas ce jour-là, elle était restée avec une amie loin de cet événement. Elles étaient sur la plage, bien trop loin pour entendre quoique ce soit de suspect, pour même soupçonner que quelque chose n’allait pas. Elles ne furent mises au courant que plus tard, lorsque tout le monde fut rassemblé pour être mis au courant. Ruth prendrait parti, elle était incapable de ne pas le faire, et ce parti serait celui qu’elle avait déjà pris pendant la guerre contre Chronos : celui des dieux. Parce que, non, ils n’étaient pas parfaits, faisaient des erreurs et étaient égocentriques. Mais c’était également une partie de sa famille et surtout ils étaient en mesure de réfléchir et de s’améliorer. Ruth n’était peut-être pas foncièrement optimiste mais elle y croyait.
Elle l'espérait.
Et l'espoir était l'une des rares lumières à pouvoir percer les Ténèbres.