La famille n'est pas uniquement par le sang. Ce sont les personnes de ta vie qui te veulent dans la leur. Ceux qui feront tout pour te faire sourire, qui t’acceptent et qui t'aiment pour ce que tu es.

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Arès, mon frère, tes enfants ont besoin de toi. Si tu continues à agir ainsi, ils vont se détourner de toi. Te haïr. Je sais que tu n'es pas un monstre. Je sais qu'il y a du bon en toi. Je l'ai vu. Le dieu lève les yeux au ciel, tranquillement assis sur un canapé en cuir hors de prix dans le salon de son magnifique appartement situé dans l'Uper East Side. Aphrodite, tu sais que je t'aime beaucoup. Il esquisse un sourire, conscient qu'il n'est pas crédible. Mais tu n'as pas à me dire comment me comporter avec mes enfants. Moi au moins, je n’écarte pas les jambes dès que je croise un mortel. Elle lui lance un regard blasé, haussant distraitement les épaules. J'aime les mortels, ce n'est pas de ma faute. Arès attrape son verre de whisky qu'il commence à boire lentement. Parce que c'est de ma faute si j'agis ainsi avec ma descendance ? Tu sais très bien qui est responsable. Je ne suis pas né comme ça, chère sœur. Les gens ne naissent pas mauvais. Il soupire et détourne le regard pour observer les poissons qui nagent dans un aquarium gigantesque. Il déteste Zeus. Et Héra. Et Athéna. Il déteste ses frères. Ses oncles. Et ces imbéciles de mortels. Il déteste tout le monde, en fait. Tout le monde, sauf Aphrodite et quelques rares enfants chers à son cœur comme Phobos et Diemos, ceux qu'il a eu avec elle et qui partagent son amour pour la guerre. Mais ses parents, jamais il ne pourra les aimer. Comment aimer ces géniteurs qui l'ont détesté dès le premier jour ? Aphrodite semble consciente du trouble de son frère et décide de s'installer à ses côtés, liant ses doigts aux siens. Tu n'as rien à prouver, Arès. Je t'aime comme tu es. Zeus est un idiot s'il pense que tu dois changer pour qu'il puisse t'offrir son amour. Tu es son fils, quoiqu'il en dise. Elle soupire, plongeant ses yeux magnifiques dans ceux de son frère. Mais tes enfants ne doivent pas payer le prix de ta rancœur. Tu n'es pas obligé de répéter les erreurs de notre père. Et pourtant, c'est ce qu'il fait. Le dieu ne visite presque jamais ses enfants. Il ne leur montre aucun signe d'affection, rien qui puisse prouver qu'il est fier d'eux ou qu'il les considère comme autre chose que des parasites divins. En réalité, Arès les trouve trop faibles. Trop sensibles. Trop mortels. Le dieu n'a pas du tout l'âme d'un père. Ce qui fait battre son cœur, ce n'est pas les sourires ou le bonheur de ses enfants, c'est principalement le bruit des os qui se brisent, des gorges tranchées, du sang qui coule sur le sol, de l'impact d'une balle qui perfore un poumon ou d'une explosion destructrice. Son bonheur à lui, c'est quand le cœur des autres s'arrêtent de battre. Là, et seulement là, le sien retrouve un peu de vigueur. Aphrodite caresse tendrement sa main, qu'il repousse avec force. Dégage. Je n'ai pas besoin de ta pitié. Elle s'écarte lentement, les lèvres pincées sous la surprise. Arès, tu vas finir par perdre tout le monde à te comporter ainsi. Ma patience à des limites. Il éclate de rire et lui adresse un sourire tordu, partagé entre la colère et l'envie d'épargner sa sœur. Malheureusement, sa rage est plus forte que sa tendresse pour elle. Pas comme ta liste de prétendants qui, elle, n'en a aucunes. Aphrodite secoue la tête de gauche à droite avant de se téléporter hors de l'appartement. Arès esquisse un sourire satisfait. Il n'a rien à se reprocher, comme d'habitude. Et comme toujours, sa sœur reviendra le voir, comme si rien ne s'était passé. Parce qu'elle revient toujours. Il ne sait même pas ce qu'il ferait dans le cas contraire. Il n'est pas du genre à s'excuser, ni à regretter ses actes. Mais il n'a pas envie de perdre la seule personne en mesure de le comprendre. Celle qui connait tout de lui, de sa pointure jusqu'à son fils mortel préféré. Aphrodite est sa vie et son univers. Elle l'aime comme lui ne l'aimera jamais. Elle l'aime pour deux. Parce que lui, il en est incapable. Arès observe le place vide qu'occupait sa sœur quelques secondes plus tôt. Ses yeux clignent rapidement, comme pour éviter à des larmes silencieuses de couler. Pourtant, le dieu ne pleure jamais. Il ne connait pas la peur, la tristesse ou la joie. Et encore moins l'amour. Mais quand Aphrodite est près de lui, il ressent toutes ces émotions. Elles le frappent en plein visage et le giflent avec force. Le pouvoir de sa sœur est sa plus grande faiblesse parce qu'il lui montre un aperçu de ce que les sentiments signifient réellement. Et il en a peur. Il a peur de perdre sa force en acceptant le peu d'amour qu'il a en lui. Pour elle, en majorité. Mais aussi pour ses enfants, quoiqu'il en dise. Heureusement pour lui, ses doutes s'effacent quelques minutes après le départ de sa sœur. Son masque d'insensibilité reprend sa place et disperse immédiatement l'ersatz de sentiments qu'il commençait à ressentir. Aphrodite est nocive pour lui. Mais il n'arrive pas à s'éloigner d'elle. Comme toutes les drogues, elle possède un fort pouvoir de dépendance contre lequel il ne peut pas lutter. Le seul moyen pour lui de l'oublier, c'est de noyer sa tendresse pour elle dans les bras de quelqu'un d'autre. Alors Arès réajuste adroitement la veste de costard bleue nuit qu'il porte actuellement et se dirige hors de son appartement d'un pas assuré. Ses futures conquêtes vont dissiper ce lien étrange et tordu qu'il a avec sa sœur, pour un temps, du moins. Arès ne pense même pas à la résistance, aux autres dieux, à la colonie et à ses enfants. Rien ne compte plus à ses yeux que son envie d'oublier et son plaisir personnel. Parce qu'il n'est pas le dieu du partage, de la gentillesse et de la pureté. Arès représente tout ce qu'il y a de pire chez quelqu'un. Le désir de faire du mal aux autres, la violence, l'envie de tuer et de détruire. Les mortels le détestent mais il ne s'en formalise pas trop parce que c'est son rôle de susciter la haine et la colère. Sa raison de vivre. Sans lui, les gens ne pourraient pas se rendre compte de la beauté de l'amour et de tout ce qu'il implique. Au fond, son rôle est tout aussi utile que celui d'Aphrodite ou de Cupidon. Mais son entourage est trop stupide pour s'en rendre compte.