Dante est né en Sicile, à Tripoli, sous la chaleur étouffante d'un certain 3 juin 1992. Sa mère, Andrea Santorini, était chanteuse de cabaret, dont la voix grave et mélancolique semblait hypnotiser plus d'un. Ils étaient nombreux, à lui offrir fleurs et cadeaux, dans l'espoir qu'elle leur accorde ne serait-ce qu'un regard. Mais Andrea n'avait de yeux que pour lui. Il disait être un pilote de l'armée de l'air américaine, de passage en Sicile. Un mensonge, mais ça, la belle italienne l'apprit bien plus tard, trop tard. Ils vécurent le parfait amour pendant plusieurs mois. Un amour comme jamais elle n'avait connu, si fort, si puissant, qui semblait indestructible. Jusqu’à ce jour, ce jour qui se répétera dans la tête d'Andréa comme un vieux disque rayé jusqu’à ses derniers instants. Son médecin était formel, Andrea était enceinte de 3 mois. La jeune femme avait couru jusqu’à le minuscule appartement qu'ils partageaient au dessus du cabaret, pressée d’apprendre la grande nouvelle à l'homme de sa vie. Lorsqu'elle ouvrit la porte, il n'était plus là. Toutes ses affaires avaient disparues, ne restant qu'une lettre posée sur ce qui fut leur lit. Une lettre complètement impersonnelle, froide, qui lui expliquait qu'il repartait chez lui, en Amérique. C'était tout. Pas de «je t'aime» ou autres jolis mots exprimant une once d'affection, exprimant cette passion dévorante qu'ils avaient ressentis. L'air manqua à Andrea, et dans un affreux bruit sourd, son corps tomba contre le sol. Elle se réveilla à l’hôpital. Et comme si le Destin ne semblait pas s’être assez acharné sur elle, Andrea apprit qu'elle avait perdu un des bébés. En effet, sans le savoir, la jeune femme était enceinte de jumeaux mais le choc émotionnel et physique avait tué un des enfants. Andréa en fut changée a jamais.

Malgré ça, on peut dire que Dante a eu une enfance heureuse. Il n'avait aucune raison de se plaindre : il n'était privé de rien, et surtout pas d'amour. C'était un enfant réservé mais néanmoins intrépide; il passait ses journées à explorer chaque recoins de Tripoli. Le vent dans les cheveux, pieds nus, Dante goûtait à la liberté.