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Maman, racontes-moi une histoire ! S'exclama la petite fille en rentrant dans la petite salle à manger.
Sa mère était assise à table, un verre de vin dans la main, regardant pensivement le liquide rouge.
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Non, Rosemay, je ne peux pas, répondit celle-ci avec un petit hoquet.
La petite fille eut une moue en l'écoutant, la dénommée Rosemay était une enfant joyeuse, avec de bonnes joues et un petit sourire enjouée presque à tout. Une enfant énergique, et fatigante d'après sa mère. Cependant la gamine était douée de répartie.
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Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ? S'enquit Rosemay vexée avant de partir en courant.
Tu es méchante ! Cria-t-elle dans le couloir de l'appartement.
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Rosemay, un prénom très vieux et très ancien. Un prénom que sa mère affectionnait mais que sa fille haïssait tout particulièrement. Les autres élèves se moquaient beaucoup de celui-ci. Elle détestait ce prénom, elle le haïssait beaucoup. Trop vieux, trop ancien et cela lui donnait des petits airs de grandes dames. Non, elle n'était pas une vieille dame alors quand une petite fille lui demanda avec innocence son prénom. Elle lui répondit avec un petit sourire.
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Appelles-moi Charlie ! **************************************************************
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Allez ! Viens manger mon sandwich ! S'exclama la jeune fille âgée de 10 ans face aux panthères.
C'était la première fois qu'elle venait dans un zoo. Elle adorait les panthères, c'était un beau félin. Hélas, elles ne bougeaient pas, dormant à l'ombre du soleil timide de New-York en cette matinée. Trop concentrée à secouer son sandwich pour que celle-ci bouge, se penchant un peu plus au dessus de la barrière pour tenter de les bouger, qu'elles viennent la voir. Se penchant encore un peu plus, faisant tournoyer maladroitement le sandwich dans sa main, Rosemay ne remarqua pas que l'autre main s'approchait un peu plus du bord. Encore un peu plus et Rosemay bascula en avant dans l'enclos des panthères. Tombant sur ses fesses endoloris par la chute. Elle hurlait en voyant les panthères la regarder avec appétit. Ecarquillant les yeux, la petite fille insistant se fit apeurée. Maintenant, elle ne voulait plus voir les panthères mais sortir d'ici.
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A l'aide ! Hurla-t-elle de sa voix fluette.
Certaines personnes partirent chercher de l'aide tandis qu'elle ne bougeait pas , trop apeurée pour faire quoique ce soit.
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C'est quoi cette colonie où tu m'emmènes ? Une colonie sur la mythologie grecque ? Mais moi, je veux pas. Avoues que tu fais ça juste pour partir au Bahamas avec ton copain et que je suis une gêne, s'enquit Rosemay sur la banquette arrière.
Sa mère lançait un regard dans le rétroviseur. Leur relation s'était détériorée avec le temps. Rosemay était âgée de 12 ans et son caractère bien trempée s'était accentué en plus de son comportement. Sa mère savait que celle-ci cherchait à avoir des informations sur son père. Son père.
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Il y a de ça mais aussi, c'est ton père, cela a avoir avec lui, déclara-t-elle derrière au volant gardant un oeil sur la route et sur sa fille.
Celle-ci leva un regard vers elle, fronçant les sourcils. Il s'ensuivit d'une discussion sur les dieux et leurs existences. Rosemay levait les yeux au ciel, elle attendait pour voir si c'était vrai. Elle connaissait sa mère et ses mensonges.
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La colonie était sa maison. Rosemay adorait ce petit monde, et cet endroit. Finalement sa mère avait dit vrai sur tout cela maintenant, elle devait savoir qui était son parent divin. Elle avait tout essayé mais l'endroit où elle se sentait bien, c'était dans les champs de fraise qui bordaient la colonie. Ce fut un matin alors qu'elle s'était levée pour prendre son petit déjeuner, un enfant d'Arès l'avait énervé et poussé et sans savoir pourquoi, elle s'était mise à voir rouge et à toucher celui-ci. L'enfant d'Arès eut un sursaut et se mit à parler et à rire tout seul dans une langue méconnue de tous avant de se reprendre et de reculer.
Ce fut quelque instants plus tard qu'une marque apparue au-dessus d'elle, le thyrse. Elle était finalement une fille de Dionysos.
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Ne fais pas ça, Charlie ! Tu vas te faire mal ! S'enquit une de ses amies.
Rosemay roula des yeux et eut un petit rire tout en essayant de se maintenir en équilibre sur le dossier du banc. Elle avait l'impression d'être un somnambule. Elle était filmée pour prouver qu'elle le faisait. Marchant avec difficulté, les bras écartés. Elle arrivait très bien malgré la petite largeur qu'il y avait.
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Un pari est un pari, tu le sais ! S'obstina la jeune adolescente.
Concentrée sur ce qu'elle faisait, Rosemay eut un sursaut en entendant un klaxon tout près d'elle. Perdant l'équilibre, elle essaya de tomber sans se faire mal mais trop tard. Sous la surprise, elle ne réussit pas à se rattraper sur la rambarde non loin de là. Son dos allait frapper violemment le dossier du banc pour terminer par terre, ne pouvant plus se relever tant la douleur était fulgurante.
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Sérieusement, une vertèbre de casser ! Une vertèbre cassée ! Tout cela pourquoi un pari ?! Hurla sa mère auprès de sa fille.
Rosemay était allongée dans un lit, une grimace de douleur qui étirait ses lèvres. Elle eut un petit rire.
-Je l'ai gagné par contre ! Se défendit la jeune adolescente.
Sa mère eut un grognement, les yeux verts de sa mère la regardant avec une colère effrayante.
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Que vais-je faire de toi ? Tu en as pas marre de tes bêtises ! Grandis un peu Rose, répondit l'aînée des deux.
Au tour de Rosemay de grimacer de part à l'entente de son prénom et de cette dispute qui la laissait.
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Mais quand vas-tu comprendre que je veux m'éclater et profiter de ma jeunesse ? Arqua Rosemay avec ardeur.
Rosemay fixait sa mère qui soupirait tout en s'asseyant sur sa chaise, les deux avaient l'air très intelligente. Un silence de plomb s'installant entre elles. Une en colère, l'autre ne trouvant plus rien à répondre. Après tout quand Rosemay voulait quelque chose, elle l'avait. Qu'importe les conséquences.
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Vous êtes virées, mademoiselle Hemingway ! Tonna la voix du proviseur.
Roulant des yeux, habituée face à ce ton, cela devait faire une bonne dizaine de fois qu'elle entendait ce ton sonnant à la fois paternel et outré par son comportement.
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Je n'ai rien fais de mal ! Se défendit-elle avec ardeur avant de froncer les sourcils.
Enfin, je crois. Quelles sont les charges retenus contre moi ? Demanda-t-elle.
A vrai dire, elle avait été convoquée ainsi sans savoir ce qu'elle avait fait. Elle en avait fait tellement ces derniers temps.
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Vous avez la mémoire d'un poisson rouge. Etes-vous consciente qu'on est le dernier collège à vous accepter ? Vous avez dansé dans un cours, créer une guerre de chaises, vous en séchez d'autres et vous faîtes virés des cours qui vous intéressent pas. De plus, il paraît que vous écrivez sur vos camarades, sur leur tête lorsqu'ils ont un moment d'inattention ? Vraiment, écrire " captain flemmard " sur le front de quelqu'un avec un petit coeur n'est pas une bonne idée ? S'emporta le directeur avant de se reprendre.
Rendez-vous compte que c'est votre avenir qui se joue après ? Ajouta-t-il .
Se mordant la lèvre tout en le regardant, plus pour réprimer son rire que par culpabilité.
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Désolée, je ferais de mon mieux, je vous assure que je le ferais, que je me calmerais, vous pouvez en assurer, déclara-t-elle solennellement.
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Passant la barrière, Rosemay se sentit beaucoup mieux , des champs de fraises, des pégases, des jeunes athlétiques tirant à l'arc ou jouant au volley ball. Elle était chez elle, à la colonie.
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Enfin chez moi ! S'exclama Rosemay, contente.