De toutes les responsabilités qui m’incombent, ma favorite restait celle d’entraîner de nouvelles recrues à l’Art de la lance. Après tout, en 345 ans de vie, on devient forcément une experte. Et pas que j’ai tant de responsabilités que ça, après tout, je n’étais qu’une chasseresse parmi tant d’autres, mais toujours était-il que je voulais me démarquer. Aussi, j’aidais parfois, comme aujourd’hui, certains demi-dieux de la colonie. Et après une dure journée de travail, j’avais eu droit à une soirée au bord du feu avec eux. Des rires, du plaisir, un bon repas et, au final, j’avais décidé de dormir sur place.. peut-être un peu de paresse dans ce choix, mais bon. Il était fait. Et toutes les conséquences qui allaient avec. Si ma journée s’était très agréablement passée, au courant de la soirée, j’avais eu la « chance » de croiser Mihaela. Cette fille, elle me tombait sur les nerfs plus qu’aucun autre être humain n’en était capable et, ce, malgré son charme certain. Bon, elle ne me gâcha pas ma soirée, puisque je la croisait juste avant d’aller dormir, mais toujours était-il que la croiser me donna presque envie de l’interpeller, ce que je ne fis pas, bien entendu… j’étais plus mature que cela. N’est-ce pas?

J’utilisais un des lits du pavillon d’Artémis, réservés aux chasseresses lors de leurs passages. Étendue dans le lit, il me fallut un certain moment avant de trouver le sommeil, quelques pensées parasites me trottant dans l’esprit. Certaines concernant mes sœurs. Certaines concernant les jeunes de la colonie. La dernière fut pour mon enfant qui n’avait jamais vu le jour. Malheureusement, notre dernière pensée avant de dormir peut influencer nos rêves. Mon esprit mélangeant le passé et le présent. Je rêvais de mon mari, de mon foyer, de ma maison. Je rêvais de mon accusation. Je cauchemardais qu’Artémis ne venait jamais. Je cauchemardais que je brûlais vive, consummée par le feu du bûcher. Dans un élan de douleur, j’ouvris les yeux et observais la foule amassée au pieds du bucher et j’y vit Mihaela. MIAHELA?! Mais que foutait-elle dans mon rêve? Si jusqu’à présent le rêve m’avait paru réel, je réalisais alors que ce n’était qu’un rêve et, ce, juste avant de m’éveiller.

La fille de Morphée était-elle venue fouiller dans mes rêves?! Cette gamine s’était-elle permit d’utiliser d’un pouvoir dont j’ignorais l’existence pour m’espionner dans mes rêves?! Encore prise dans l’adrénaline de mon rêve, je me levais et, toujours en pyjama, je traversais une partie du camp jusqu’à son bungalow. Je tambourinais à la porte, voyant rouge comme jamais. Elle pouvait faire toutes les conneries qu’elle voulait, mais jamais, au grand jamais, elle n’avait le droit de faire cela, m’espionner dans mes rêves. Elle allait le payer. Jamais il ne me vint à l’esprit que je pouvais me tromper : j’étais sure de moi. Alors que j’aurais, peut-être, pu me tromper. Je tambourinais toujours, ne criant pour éviter d’attirer encore plus d’attention que ce que je risquais déjà d’en attirer en tembourinant de la sorte.

☾ anesidora