Lilith jeta un coup d’œil autour d’elle et fit un sourire satisfait. La chambre était intact et son sniper était démonté et rangé dans ses différentes valises. Il était temps de rentrer à la maison, Eve lui avait envoyé un sms concernant un énième don à un quelconque hôpital. Ca aurait été mal vu si les Van Orm – qui était tout de même une de familles les plus riches de New York – ne donnait rien contrairement aux autres grandes familles. Or Eve faisait très attention à leur image. Ca aurait été tout de même bête de se faire découvrir à cause d’un journaliste un peu trop fouineur.

Presque prête, la jeune femme arrangea sa perruque blonde, remit ses lunettes noires et chaussa ses hauts talons qui venaient compléter son déguisement de jeune fille à la pointe de la mode mais totalement banale. Elle arrangea son départ à l’aide de son inséparable carnet de note – être muette avait pleins d’inconvénients, il fallait le savoir – puis quitta la chaleur insupportable de Los Angeles pour le mauvais temps de sa ville natale. Autrement dit, New York.

Les portes de l’hôtel particulier des Van Orm refermées, ses épaules se relâchèrent et un soupir de contentement se fit entendre lorsqu’elle enleva sa perruque. Elle ressemblait beaucoup trop à sa sœur en blonde, elle se préférait en flamboyante rousse.

Profitant du calme relatif de la maison, elle alla dans sa chambre à pas feutrés. Si Eve l’entendait s’en était fini de sa tranquillité. Une fois son déguisement remplacé par un jean patte d’eph, un haut vert pomme, des grosses chaussettes bien chaudes et bien confortables et un bandeau ceignant son front, Lilith se laissa tomber sur son lit avec un soupir de satisfaction. Soupir de trop car quelques secondes plus tard un petit cri hystérique se fit entendre et les deux autres Van Orm se précipitèrent vers la cadette qui essayait de se cacher avec désespoir.

Echec cuisant : la rouquine dut supporter le câlin (ou craquage de côtes) de sa mère et une montagne de bisous de sa sœur comme si elle venait de survivre au déluge.  N’importe quoi, vraiment, elle avait vingt ans, pas quinze. La scène qui suivit fut absolument, totalement et tous pleins d’autres adjectifs en –ment ridicule aux yeux de Lilith, à croire qu’elles s’étaient transformées en fille d’Aphrodite durant son « voyage d’affaire ». Eve finit par la prendre par les épaules en poussant sa mère qui sortit de la chambre en maugréant, sautilla légèrement – elle était sur talons tout de même –  et dit avec un sourire ravi :

– J’ai trouvé un bar en ville ! Absolument formidable ! En plus devines quoi ?!

Un haussement de sourcils de sa sœur lui répondit.

– Il est privéééé !

Nouveau haussement de sourcils, incompréhensif cette fois. Qu’est-ce que sa sœur avait bien pu boire le matin même ? Celle-ci sembla se reprendre un peu et se redressa en lissant sa jupe de petite secrétaire.

– Je veux dire, il n’y a que les gens comme nous qui peuvent y entrer.

Un sourire moqueur sur les lèvres, la rouquine griffonna quelques mots sur son carnet.

« Oh, tu veux dire des meurtrières ? »

Un soupir irrité lui répondit alors qu’elle masquait un sourire amusé sur ses lèvres en raturant sa phrase.

– Arrête de jouer sur les mots, petit démon. Je parlais de notre nature de Sang-mêlé.
« Je vois… Et tu veux y aller je suppose ? »
– Bien sûr ! Tu m’accompagneras ?

Ah, elle a sorti le coup du grand sourire et des yeux papillonnants. Ce qui ne fait aucun effet à Lilith mais celle-ci décida d’accepter en soupirant. Après tout, peut-être qu’avec un peu de chance la blonde qui lui servait de grande sœur allait lui foutre la paix quelques jours.

C’est ainsi que le soir-même les deux Van Orm se retrouvèrent devant le bar, la blonde Eve avait mis une mini-jupe, un haut pas beaucoup plus grand et des talons hauts alors que la rousse Lilith était habillé avec un pull ample et long bordeaux, un collant noir et des ballerines. Sa sœur avait bien essayé de l’habiller à son image mais n’avait pas réussi, Lilith s’habillait comme elle voulait. Point.

Une fois entrées, la blonde alla tranquillement draguer comme elle le faisait à chaque pendant que Lilith s’asseyait sur un tabouret, près du bar, et commandait une boisson. Forte et alcoolisée de préférence. Il ne lui restait qu’un an avant de pouvoir boire légalement chez les Américains… Les demi-dieux respectaient cette loi ou pas ? Avec un peu de chance non.