You're a disturbing gentleman. | &Ando Fujimori
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You're a disturbing gentleman. | &Ando Fujimori

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MessageSujet: You're a disturbing gentleman. | &Ando Fujimori You're a disturbing gentleman. | &Ando Fujimori Icon_minitimeJeu 27 Aoû - 22:41

❝We're all pretty bizarre. Some of us are just better at hiding it, that's all. ❞
You're a disturbing gentleman. ft Ando Fujimori.

Assise à son bureau, Abigaïl fixait l'horloge posée sur le mur qui lui faisait face. Le silence qui emplissait la salle était beaucoup trop pesant, si bien que chaque bruit résonnait, rendant la concentration de la jeune fille difficile. Essayant de se calmer, elle avait préféré fixer les aiguilles de l'horloge plutôt que son carnet de rendez-vous, où dansaient tous les noms de ses patients. Cette alternative se révéla bien plus dévastatrice, car elle était maintenant prise de nausées. Abi finit par fermer les yeux, incapable de trouver une solution à ses maux. Après tout, son prochain rendez-vous ne devait arriver que dans une dizaine de minutes, de quoi lui laisser le temps de se calmer.

Lorsqu'elle s'était proposée comme psychologue, elle ne pensait vraiment pas qu'autant de pensionnaires avaient besoin d'aide. Entre ceux qui ne voulaient que d'une simple oreille à qui échanger quelques secrets, ceux qui ne souhaitaient avoir qu'une épaule pour pleurer, et les quelques rares Demi-Dieux qui se révélaient être de réels patients ayant besoin d'un traitement adéquat… Elle ne savait plus où donner de la tête. Les entraînements prenaient la plus grande partie de son temps. Venaient ensuite les répétitions de théâtre et de chant avec son groupe d'amies, qui constituaient la seule pause de sa journée. Enfin arrivaient les rendez-vous à l'Infirmerie, la plupart du temps fixés à l'avance par Chiron, qui lui envoyait tous ceux qui semblaient avoir besoin d'un peu d'aide.

Dans trois minutes, un pensionnaire du nom d'Ando Fujimori ferait son entrée, et allait s'asseoir sur le petit fauteuil en faux cuir devant elle. Beaucoup de pensionnaires étaient déçus par l'absence d'un réel divan, et en avaient informé Monsieur D. À l'heure actuelle, on ne sait toujours pas si ce divan est commandé ou non, voire même s'il est réellement en projet. Toujours est-il que les seuls aménagements de son bureau étaient un pouf à billes, un matelas de chez les Hermès posé sur un tapis de sol, et ce fauteuil de faux-cuir rouge. Le bureau était couvert de babioles, stylos, feuilles, rubiks-cubes et balles en mousse anti-stress, disposés spécialement pour les patients. C'était une manière directe de savoir si on avait devant soi une personne souffrant de TOC, par exemple. L'interaction avec l'environnement et les tics restaient la meilleure approche selon elle.

L'aiguille eut à peine le temps de se placer sur le zéro que trois coups furent tapés à la porte. Abi sursauta légèrement, ne s'attendant pas à ce que cet Ando soit à précisément à l'heure, puis prit le temps de se remettre droite avant de lui demander d'entrer. Elle ne s'attendait surtout pas à quelqu'un de son âge, habituée qu'elle était à voir de jeunes adolescents gambader dans la Colonie, toutefois la jeune femme ne montra pas son étonnement. Lorsqu'il fut assit, Abigaïl lui récita le discours habituel en simulant un calme presque parfait, le tout remonté d'un petit sourire confiant.

- Bonsoir Ando. C'est ton premier rendez-vous, et tu es peut-être nerveux, c'est normal. Je ne suis là que pour t'écouter. C'est un peu bizarre au début, mais tu t'y habituera très vite, j'en suis sûre. Pour commencer, on peut parler de ta journée, par exemple. Comment te sens-tu ?

Son stylo prêt à écrire, son carnet de notes en main, sourire rassurant aux lèvres, elle attendit patiemment une réponse. Quel drôle de personnage Chiron lui avait-il envoyé aujourd'hui ? Plus qu'une petite phrase, un petit geste, et elle le saurait.


Dernière édition par Abigaïl O'Connor le Sam 26 Sep - 16:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: You're a disturbing gentleman. | &Ando Fujimori You're a disturbing gentleman. | &Ando Fujimori Icon_minitimeVen 28 Aoû - 15:32

Abigail & Ando



    Chiron l'avait pourtant bien prévenu à son retour à la colonie, près de soixante-dix ans après son départ précipité pour rejoindre les forces armées du Soleil Levant. Le jour promis était enfin arrivé, mais cela n'allait pas ravir le Déimos qui ne trouvait pas grand intérêt aux petits rendez-vous quotidiens que lui avait préparé le centaure de la colonie. Comment une banale sang-mêlée, fille de Dionysos qui plus est -réputé pour sa folie-, pourrait l'aider à mieux vivre ou même à améliorer la malédiction de Némésis, déesse de la vengeance et de la rancune ? Peut-être allait-elle sortir une baguette en pied de vigne pour conjurer le sort en deux temps trois mouvements, comme dans les contes de fées ? Ando ne comprenait pas toujours les agissements des hauts-placés de la colonie, surtout ceux de Chiron qui avait toujours voulu tout contrôler et régler, aux yeux du japonais. D'un autre côté, il n'était pas réellement objectif compte tenu de ceci, étant donné qu'il ne portait pas ce grand étalon dans son coeur, loin de là même... En effet, ce charmant petit poney était tout bonnement à la botte des Dieux, il leur obéissait presque au doigt et à l'oeil. Ando ne tolérait pas pareilles personnalités qui n'étaient en fin de compte que des serviteurs divins, tout au plus des émissaires, et encore ce ne serait que trop d'honneur pour ce satané Chiron, et ses sabots couverts de sa propre bouse.

    Alors oui, le sang-mêlé allait se rendre à sa séance de psychanalyse puisqu'il en avait été décidé ainsi et qu'il ne voulait pas déjà se faire remarquer par les hautes injonctions alors qu'il venait fraîchement de rallier ce lieu. Au fur et à mesure des années, il avait presque appris à vivre avec ce spectre quotidien qui le hantait de bien des manières. Un temps irritant, un autre effrayant, et un dernier mélancolique... Car oui, ce fantôme qui résultait de la malédiction proclamée par la déesse vengeresse était avant tout une projection de son défunt ami qu'il avait lui-même tué, en 1941, lors de l'attaque de Pearl Harbor par les japonais, ou plus communément appelés par ces braves soldats américains dans leurs journaux de propagande : les démons nippons. Cela pouvait être bien dégradant... Enfin, si Ando n'était pas habitué à cette sordide comparaison avec ce qu'on peut appeler dans son pays des akumas. M'enfin, il lui arrivait par moment de replonger mystérieusement dans ses souvenirs à la vue d'Harrisson... Il se souvenait de tous leurs bons moments, leurs éclats de rire, leurs soirées entre hommes, mais constamment, un ultime songe lui revenait à l'esprit : ce triste jour où il apprit que son meilleur ami l'avait trahi, épousant la femme dont rêvait depuis la nuit des temps -quelle exagération !- notre cher akuma. Il avait toujours eu du mal à digérer cela et aujourd'hui encore, il sentait comme de l'arsenic au fond de sa gorge, rien que d'y penser.

    Ponctuel, Ando se prépara rapidement dans sa chambre. Il enfila une veste sombre, un pantalon en tissu obscur et se coiffa brièvement après avoir lâché un soupir lorsqu'il aperçut dans le miroir le reflet du grand blond qui lui servait désormais de compagnon d'infortune... Un sourire idiot sur son visage encore éclairé par les rayons solaires, comme si il était toujours tangible, l'enfant de Némésis progressa jusqu'à son ami et posa fermement sa main sur son épaule gauche en la frictionnant légèrement avant de finalement lui demander avec une pointe d'humour :

    « Alors mon ami, c'est aujourd'hui que tu vas t'allonger et parler de tes problèmes ? Mon pauvre petit... Comme ce doit être humiliant, j'imagine même pas ! » Compatit-il ironiquement en s'esclaffant.

    Un nouveau soupir franchit les lèvres jusqu'alors closes de l'asiatique qui alluma le robinet pour s'asperger le visage avec un peu d'eau, remarquant que ses traits s'étiraient un peu sous la fatigue qui commençait à le tirailler petit à petit et à fermer ses yeux -déjà bridés- par la simple force d'un appel désespéré du célèbre Morphée. Alors qu'Harry continuait à se moquer de lui avec une ironie flagrante et déplaisante, Ando déglutit et claqua par réflexe sa langue contre son palais pour manifester son mécontentement de plus en plus palpable.

    « La ferme, veux-tu.
    - Remarque, ça ne devrait pas beaucoup te changer à toi d'aller voir une psy... Si je me souviens bien, à ton arrivée à la colonie, tu y allais déjà ! Comment est-ce qu'elle s'appelait la psychologue, de ce temps-là ? Humm... Laisse moi chercher, j'ai son nom sur le bout de la langue... »

    Il soupira à nouveau. Harrisson disait vrai, cependant. Après tout, il connaissait pratiquement l'intégralité des secrets d'Ando maintenant et ne se cachait pas de le lui faire savoir, les utilisant parfois même à son encontre pour le mettre mal à l'aise ou le faire sortir de ses gongs, par simple amusement mais aussi pour passer le temps. Lors de son arrivée à la colonie, vers la fin des années 20, et donc pendant l'entre-deux guerres, Ando était mentalement instable et allait donc très souvent voir la psychologue d'antan pour se confier et parler de ses horribles expériences comme la mort de son grand-père maternel : Otoboshi-dono... L'homme qui n'avait pas hésité une seule seconde à vendre le corps de son petit-fils, le laissant se faire violer sous ses yeux par des détraqués masqués, tous plus fous les uns que les autres, à l'origine des diverses phobies qui rongeaient encore le demi-dieu bien qu'il essayait de les refouler au plus profond de lui. Harry, néanmoins, se plaisait à se servir de ces diverses phobies toutes plus étranges les unes que les autres pour mettre à mal son compagnon d'infortune, et ainsi le tourmenter comme il en était convenu au départ. Quel enfoiré... D'un certain côté, si il représentait réellement Harrisson, c'était tout à fait normal d'agir ainsi... Ando l'avait tué, après tout, et ne se souvenait même pas de la façon dont il l'avait fait. Tranché la jugulaire ? Mutilation excessive ? Simple fusillade ? Il ne savait plus. La frénésie avait eut raison de lui, sur ce bateau.

    Après cette courte introspection de lui-même qui avait comme un goût de préliminaire avant son rendez-vous chez la psychologue de la colonie, Ando prit la route de l'infirmerie. Il ne semblait pas y aller de bon coeur, loin de là. Le grand blond sur les talons, le japonais traîna un peu des pieds en soupirant constamment. Dire qu'il pourrait être en train de s'amuser dans un casino, à l'heure actuelle, mais non... Ce maudit Chiron en avait décidé autrement. Quelle poisse. L'asiatique tapa dans un frêle caillou tout le long du chemin qui allait du bungalow des Hermès, jusqu'à l'infirmerie présente dans la Grande Maison de la colonie, et s'arrêta une fois face à l'entrée principale où pullulaient déjà d'autres demi-dieux qui riaient de bon coeur, bavardaient ou se promenaient tout simplement, un sourire aux lèvres. Cette bonne humeur excessive donna presque la nausée au fils de la Terreur qui fit une légère grimace qui arracha un sourire amusé à Harry.

    Finalement, il se lança. Il toqua une fois, deux fois, trois fois. Superstitieux comme il l'était, il ne se risqua pas à frapper une quatrième fois... Le chiffre quatre étant plutôt mal vu dans son pays d'origine. Ando estimait avoir déjà assez de problèmes comme ça sans qu'un malheur de plus ne vienne se joindre aux autres et ce, sous l'injonction de ce que les mortels appelaient "le Mauvais Oeil". Le sang-mêlé espéra un instant qu'aucune réponse ne surviendrait et qu'il pourrait partir en prétextant que personne n'était présent dans l'infirmerie pour l'accueillir, mais il se ravisa bien vite et vit l'ensemble de ses espoirs s'évanouir lorsqu'il entendit une voix féminine lui indiquer d'entrer.

    « Allez rentre, j'ai hâte de découvrir tout ce que t'as sur le coeur. Ça risque d'être marrant ! »

    Un grognement inaudible échappa à l'ancien soldat nippon qui pénétra donc la pièce de psychanalyse de la dénommée Abigail O'Connor. Inconnue au bataillon, jusqu'alors. Il ne connaissait que de grandes lignes la concernant : son nom, son prénom, sa tranche d'âge, et son parent divin. Monsieur D. Apparemment, le papa avait réussi à pistonner sa petite fille chérie pour qu'elle devienne la nouvelle psychologue de la colonie. Bien. Ce n'était pas comme ça autrefois, loin de là. La psychologue n'était pas une de ses détraquées qui avait pour père le dieu de la folie. C'était vraisemblablement l'hôpital qui se moquait de la charité, sur ce coup. Une folle pour corriger un pseudo-fou. Oui, il tenait beaucoup à cette indication de pseudo-fou. Là où les mortels voyaient une schizophrénie, Ando lui ne voyait là que les conséquences d'une malédiction, rien de plus. Incurable, donc. Bonjour, au revoir, O'Connor. Si seulement ça pouvait être si simple que ça...

    Au diable les formalités, Ando se contenta d'un simple regard, inclina doucement la tête en guise de révérence -il était tout de même attaché aux principes de son pays natal- et alla s'installer sur le misérable fauteuil qui était loin d'être agréable et qui lui torturait déjà la colonne vertébrale, lui arrachant un petit claquement de langue, une nouvelle fois. Une fois son patient installé, Abi cracha le petit paragraphe explicatif qu'elle avait dût apprendre par coeur hier soir dans son bungalow infesté de vins et de liqueurs en tout genre, oxygéné par rien d'autre que des pieds de vignes... Fujimori avait déjà eu bien assez de séances de psychanalyse autrefois pour savoir toutes les conneries qu'elle dictait présentement, et en toute honnêteté, il s'en moquait. Harry inspecta quant à lui la pièce pendant ce temps, découvrant l'insalubrité des lieux et le peu de matériel mis à la disposition de la psychologue. Il regarda un peu partout sans réellement interférer avec le décors puisqu'il n'en était pas capable et lâcha un rictus :

    « Hey ! Je vois de tout ici, des trucs pour décompresser, des crayons de couleur, toussa toussa, mais j'arrive pas à trouver les tâches d'encre qu'on voit dans les films ! Tu sais... Ces trucs-là qu'on doit identifier pour voir comment on se porte mentalement ! »

    Test de Rorschach. Un nouveau soupir échappa au bridé qui tapota inlassablement ses doigts sur le bureau face à lui qui appartenait à la psychologue, la jaugeant du regard. Elle était jeune... souriante et, elle semblait attendre que son interlocuteur se décide à se livrer à elle. Elle pouvait toujours courir... Ando n'avait rien à lui dire, alors il attendait également en tapotant le bois du bureau. Les minutes se faisaient longues, Harrisson commençait déjà à s'ennuyer devant le refus de son camarade à collaborer un peu, lui qui voulait découvrir les noires pensées refoulées de son ex-meilleur ami. Par principe, le japonais ne voulait pas se confier à la jeune femme. Il n'avait aucun problème mental, Harry n'étant que le résultat d'une malédiction... Pas de problèmes mentaux d'après-guerre, n'a pas d'acouphènes à cause des impacts de balles qui font offices de symphonie dans son esprit torturé, ne pense plus souvent aux malheurs qui lui sont arrivés, rien. Néanmoins, il décida tout de même de se servir de ces heures prises dans son emploi du temps et décida donc de se faire un peu "brutal" dans ses paroles :

    « Pour l'instant, je me sens ennuyé. Lâcha t-il avant d'insister en se penchant vers elle. Notez... E-N-N-U-Y-E ! »

    Il se remit convenablement dans son fauteuil et la dévisagea alors qu'Harry s'arrêta de regarder les étagères et l'étalage d'objets sur le bureau de la jeune femme pour finalement rapporter son attention sur son ancien ami qui semblait décider à jouer avec la psychologue pour voir si elle était réellement qualifier pour exercer... Harry pensait certainement qu'Ando était irrécupérable, voire ennuyeux puisqu'il refusait de jouer le jeu, mais il ne pouvait s'empêcher de sourire malgré tout.

    « Vous pouvez noter également que je ne suis pas fou, que je me porte plutôt bien, que j'ai mangé du poisson à midi, que j'ai un peu mal aux vertèbres à cause de votre fauteuil bas-de-gamme et que je dois avoir un problème à une molaire... Montrez ensuite ce papier à "Papa" et Chiron, et à l'occasion, je vous paierai un café pour vous remercier. Voilà, fin de séance ? » Demanda t-il, un sourire aux lèvres, alors qu'il jouait avec ses doigts en permanence.

    Abi avait plutôt intérêt à s'accrocher si elle voulait tirer quelque chose de cette première entrevue... Tirer les vers du nez à un type comme Ando Fujimori, ce ne devait pas être facile... Elle allait sûrement devoir s'armer de patience mais aussi et surtout se trouver un courage inflexible, un esprit critique et essayer de ne pas rentrer dans le petit jeu de son camarade sang-mêlé... Car à ce petit jeu, il comptait bien être le chat et laisser le rôle de la souris à l'infortunée psychologue qui se retrouvait piégée ici avec lui, jusqu'à la fin de la séance.
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MessageSujet: Re: You're a disturbing gentleman. | &Ando Fujimori You're a disturbing gentleman. | &Ando Fujimori Icon_minitimeMar 1 Sep - 21:51

❝We're all pretty bizarre. Some of us are just better at hiding it, that's all. ❞
You're a disturbing gentleman. ft Ando Fujimori.

C'était bien intriguant. Les patients, la plupart du temps, se mettaient à bégayer quelques mots, certains honteux d'être assis là dans l'optique de débiter leurs vies à une de leurs camarades. Ando, lui, restait parfaitement silencieux. Seul le son du tapotement de ses doigts raisonnait dans la salle, et Abi, inquiétée par ce comportement anormal, préféra poser ses yeux sur ses mains, qui semblaient en constante activité. Après quelques minutes, la fille de Dionysos se demanda s'il n'était pas muet. Peut être sourd ? Ou alors sérieusement atteint. Mais contre toute attente, la première phrase qu'il prononçât la gela. Sans pouvoir se contrôler, elle se sentit s'enfoncer dans son propre fauteuil, abandonnant l'idée de marquer quelques notes devant son incapacité à bouger ses doigts.

Oh, bordel. Sur l'instant, elle ne put que maudire Chiron pour lui avoir envoyé un tel spécimen. Il n'avait prononcé que quelques phrases et déjà, Abigaïl sentait naître en elle deux sentiments contradictoires, ce qui lui refit vivre une vague de nausées. Prompte à la colère, son petit passage concernant son père l'avait titillée. Elle n'entretenait aucune relation avec Dionysos, elle avait même tendance à le fuir. Ce sous-entendu n'était pas passé inaperçu, et le message implicite semblait être clair. ''Va pleurer chez papounet et fiches moi la paix.'', c'était en tout cas ce qu'elle en avait déduit, ses sens irrités par sa conduite. De même, la jeune femme était abattue, c'était le mot. D'accord, il n'avait aucune envie d'être là, et elle non plus, mais ce n'était pas une raison pour être si désagréable ! Elle qui était déjà intimidée par le personnage, la voilà complètement perdue et retenant tant bien que mal une colère qui n'était pas la bienvenue. Abi bégaya quelques mots en trouvant la force de se redresser.

- Euh, non, en fait…

Euh-non-en-fait. Oh, bordel. Il fallait vite qu'elle se reprenne en main. De quoi aurait-elle l'air, sinon ? Reprenant rapidement son calme, rangeant son carnet, elle posa ses deux coudes sur le bureau, prenant son front entre ses mains un instant.

- Bon, écoutes, dit-elle en soupirant. Je peux comprendre que ça te fasses chier, et crois moi, t'es pas le seul. Mais t'es inscris pour au moins trois séances et j'ai bien l'intention de les utiliser comme il se doit. T'en fais pas pour Monsieur D, il est au courant de rien, et clairement, il s'en fout.

La demoiselle se garda de dire « il s'en fout de nous ». Jamais elle n'aurait cru utiliser un tel langage pendant une séance. La brunette n'avait pu retenir ces quelques mots de s'échapper de ses lèvres. La colère en elle était prête à bouillir, et elle semblait attiser le feu d'elle même. Pour paraître plus avenante et peut être le pousser à parler, elle prit sa chaise et la plaça aux côtés du beau japonais, tout en lui faisant son plus beau sourire.

- Si Chiron t'a envoyé ici, c'est que quelque chose ne va pas.

Le visage crispé par sa petite risette, elle redoutait un nouveau silence. Si tel était le cas, et s'il s'amusait à se jouer d'elle, elle n'aurait pas d'autres choix que de le faire parler à sa façon… Mais cette option restait une option et non pas un traitement systématique. Un dernier recours. La fille de Dionysos n'avait pas encore utilisé ce pouvoir en ces lieux, et s'il s'avérait que son ressentiment venait à accroître, aujourd'hui serait une première. Tant pis pour Ando Fujimori.

- Parles moi de n'importe quoi ! Tout ce qui te passes par la tête. La plupart des pensionnaires me parlent de leur famille, de leur vie avant la Colonie, leur parent divin, leurs souvenirs d'enfance… Tu n'as rien à m'en dire ?

Par pitié, il fallait qu'il lui réponde quelque chose. Même un gargouillement de son ventre lui suffirait. Tout ce qui pourrait lui indiquer qu'elle n'était pas en face d'un automate et que les deux séances à venir ne s'annonçaient pas désastreuses suffirait.
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MessageSujet: Re: You're a disturbing gentleman. | &Ando Fujimori You're a disturbing gentleman. | &Ando Fujimori Icon_minitimeMer 2 Sep - 14:31

Abigail & Ando



    Il espérait avoir gagné. Ando se disait que si c'était sa psychologue qui annulait ses séances, Chiron n'aurait rien à en dire -même si il a toujours quelque chose à redire- et il serait ainsi débarrassé de cette corvée qu'était de se rendre ici, à l'infirmerie, pour se confier auprès d'une gamine pré-pubère pistonnée par son très cher père pour avoir une place confortable à la colonie. Psychologue ce n'était pas tranquille, allez-vous me dire ? La colonie, ce n'est en aucun cas un asile, il n'y a aucune banderole avec marqué "Arkham" à l'entrée. Les cas les plus difficiles doivent certainement être des dépressifs ayant perdu un parent proche ou encore des personnes trop terre-à-terre ayant fait une crise après avoir appris que tout n'était finalement pas régi par des chiffres. Le japonais avait bien remarqué un autre cas, un peu particulier, qui vagabondait ci-et-là dans la colonie, et qui traîne plus précisément vers le bungalow des Héphaïstos. Pas très étonnant... Les enfants doivent être tout aussi particuliers que le paternel, alors c'était compréhensible en somme. Comme disent les banaux mortels : la pomme ne tombe jamais bien loin de l'arbre, et cette expression sied à merveille aux enfants du Forgeron qui étaient certainement ses plus foireuses réalisations, comparées à ses glaives, ou ses boucliers en bronze céleste. Après, Ando ne critiquait pas tant que ça les Héphaïstos pour la seule et bonne raison que son nodachi, long sabre courbé d'origine asiatique ayant fait fureur lors de l'ère Edo, fut reconstruit par l'un d'entre eux, auparavant.

    Pendant ce temps, Harry marchait dans le dos de son camarade, inspectant les moindres recoins de la pièce tout en découvrant petit à petit les quelques imperfections dispersées ci-et-là et le cruel manque de matériel qui aurait put le divertir un peu plus que la conversation hasardeuse et loin d'être intéressante de son compère, et de sa psy. Si Abigail avait put être étonnée et secouée par le franc-parler et la froideur de son patient, Harry lui n'était que trop habitué à cela pour en être diverti, voire même interloqué. Ce serait si il avait été coopératif que cela l'aurait sérieusement inquiété et donc tiré de son ennui tangible. Là, il se résignait finalement à glisser d'une paroi de la salle à une autre en prenant bien soin de chercher des objets pouvant l'intéresser. Le grand blond lâcha un râle, puis soupira. Il se gratta l'arrière du crâne, balança sa tête en arrière et déblatéra quelques phrases que le japonais s'efforçait à ne pas entendre, faisant abstraction de la voix suave de son ancien meilleur ami dont la nouvelle mission était de hanter son agresseur, selon le seul vouloir de sa pseudo-mère, la déesse de la vengeance plus connue sous le nom de Némésis... Soit dit en passant, elle était désormais, sans doute, la divinité que haïssait le plus l'ex-tueur à gages. En effet, il se serait bien passé du bagage encombrant qu'était Harrisson dans sa vie de tous les jours et ce, même si son espérance de vie avait été rallongée en conséquence pour qu'il "souffre" plus longtemps et que la divinité rancunière puisse trouver son plaisir en cette longue torture qu'elle infligeait au natif de Nagoya.

    Enfin, la psychologue reprit parole. Elle bredouilla quelques mots avec difficulté avant de finalement marquer son refus de mettre fin à la séance. Putain... Pensa l'asiatique en faisant claquer instinctivement sa langue contre son palais. Sa réponse, plutôt hasardeuse, démontra à Ando qu'elle avait été prise au dépourvu, n'ayant pas anticipée pareil premier échange. La demoiselle avait certainement l'habitude de traquer la vie privée des gens qui s'asseyait ici, à la place du Déimos, ou de les consoler à sa manière en leur donnant quelques faux espoirs comme l'avait fait auparavant la psychologue du siècle dernier... Une fille d'Apollon, si la mémoire de ce dernier ne défaillait pas. D'un autre côté, il n'y avait pratiquement que des filles d'Apollon dans ce genre d'établissement, d'habitude. Du moins, c'était comme cela d'antan... Désormais, il y avait vraisemblablement de tout. Une véritable infirmerie cosmopolite regroupant Aphrodite, Apollon, Déméter ou encore Dionysos, à en croire la parenté revendiquée par O'Connor. Quelle surprise, d'ailleurs, de savoir que la fille d'un dieu fou, euphorique et bon-vivant se la jouait psychologue à la colonie. L'image qu'avait Ando d'un psychologue, l'archétype même que beaucoup imaginait, n'était en aucun cas cette jeune adulte aux cheveux bruns, au sourire éclatant -bien qu'évanoui, présentement- et fraîche comme le printemps... Non, pour lui, un psychologue c'était forcément un vieux monsieur au crâne dégarni, avec des lunettes, et ne faisant qu'hocher continuellement la tête jusqu'à ce qu'il ne réclame ses deniers.

    Abigail continua. Elle voulait mettre les choses au clair : elle n'avait pas envie d'être coincée ici avec lui, elle voulait à tout prix finir les trois séances prévues à la base -certainement pour empocher son argent de poche quotidien- et tint quelques mots au sujet de son père qui avait, par ailleurs, prit le pseudo ridicule de "Monsieur D". Elle lâcha ses derniers mots de façon si brutale qu'Ando crut, l'espace d'un instant, qu'une suite allait survenir... Mais il n'en fut rien. Peut-être que la fin de sa phrase s'était coincée dans sa gorge, ou qu'elle ne souhaitait pas l'informer de plus au sujet de son père. Cette pensée fit sourire l'asiatique qui cacha ce sourire par le biais de sa main droite en passant son index sous son nez, contre sa moustache naissante et peu visible. Par la suite, ce fut la psychologue elle-même qui prit des initiatives et, vraisemblablement, mit fin à cette distance récurrente entre le docteur et son patient, bien qu'elle n'était certainement ni maître, ni docteur, à en croire le jeune âge qu'elle paraissait avoir. Cet étrange rapprochement fit hausser un sourcil à Ando tandis qu'Harry en profita pour se mettre derrière le bureau d'Abigail qui venait tout juste de lui laisser le champ libre :

    « Voyons ce qu'elle cache dans ses tiroirs... » Lança Harrisson en ouvrant le tiroir aux yeux d'Ando, mais pas à ceux d'Abigail puisqu'il n'était finalement qu'une image en mouvement n'apparaissant uniquement que pour tourmenter le japonais, et pas son entourage.

    Un soupir échappa au Déimos, par rapport à Harry, même si cette séance l'ennuyait profondément. L'ex-assassin eut alors droit à un sourire ravissant de la part de la jeune femme, comme si elle cherchait à le pousser à se confesser par tous les moyens possibles. Comprenant les pensées de son homologue palpable et visible de tous, Harry sourit et lâcha alors qu'il avait encore le nez plongé dans les dossiers d'Abigail :

    « Je suis sûr que si tu lui résistes encore un temps, elle va finir par te proposer son cul en contre-partie de quelques infos. »

    C'était bien entendu une plaisanterie. Le grand blond lui-même ne pensait pas à ses propos, mais il avait lâché cela comme pour paraître amusant mais aussi parce que cela faisait bien trop longtemps, à son goût, qu'il n'avait pas ouvert la bouche pour faire valoir son avis à son camarade d'infortune qui ne réprimait même plus ses soupirs tant la situation lui tapait sur les nerfs. Jamais, ô grand jamais, il n'avait aimé être dans cette pièce... Enfermé avec une psychologue ne cherchant qu'à le percer à jour comme si il était une vulgaire énigme et elles, des enquêtrices avides de curiosité. Qui aidaient-elles le plus finalement dans l'histoire ? A croire que pour poursuivre vers la voie du psychisme, il fallait obligatoirement être un curieux accompli, et un fouineur de première. Ando, qui tenait à garder son sombre passé secret, n'était pas prêt à cracher ses maux à la première venue, surtout quand elle était encore bonne à porter des couches-culottes et qu'elle avait été pistonné par Papa "D", quoi qu'elle puisse en dire. Oui, Ando avait des idées fixes. Très fixes.

    Elle insista. Encore. Elle voulait qu'il parle, même si c'était pour ne rien dire. Dommage pour elle qu'elle n'avait pas pour patient Harry, ce dernier n'aurait put résister très longtemps à la tentation de lui raconter ses exploits passés, que ce soit des exploits sexuels ou guerriers, voire même des faits du quotidien dont il était plutôt fier. Malheureusement pour elle, il était mort et enterré... Et "prisonnier" de l'esprit de son patient actuel, Ando Fujimori. L'aïeul se redressa un peu sur son siège dans lequel il s'était tout bonnement avachi et reporta enfin son regard sur la jeune femme, sans prêter attention à ce qui l'entourait. Elle voulait qu'il parle ? Soit, il allait parler... Mais cela n'allait pas forcément aller dans le sens qu'elle entendait emprunter en sa compagnie.

    « Je tiens juste à vous signifier que tout ceci est ridicule. Je peux vous mentir sans même que vous le sachiez, je suis devenu maître dans la matière alors... A moins que vous ne sachiez sonder les esprits, percevoir le mensonge grâce à un pouvoir quel qu'il soit, ou me forcer à cracher la vérité, je pourrais m'amuser de vous comme je l'entend en vous faisant croire que je suis fils de boulanger ayant pour problème la perte d'un proche, ou encore que j'ai été adopté par des fanatiques religieux m'ayant séquestré des jours et des jours pour obtenir de moi un quelconque intérêt pour leur Divin, ou même que je suis celui qui est à l'origine de tous tes malheurs si je l'entend ainsi... »

    Fiou. Que ce fut long et harassant d'enchaîner autant de mots. Ando n'avait plus réellement l'habitude de discourir, préférant faire valoir son droit de veto, faisant planer un silence lourd généralement, histoire d'ignorer son unique camarade : Harrisson. Il essayait de se sociabiliser, bien entendu, mais il n'y mettait pas beaucoup de bonne volonté... Comme présentement, par exemple. Il aurait put être coopératif ou même mentir directement, sans pour autant la prévenir, et ainsi plier la séance et les deux à venir, mais il avait préféré jouer la carte de la provocation et ainsi s'amuser avec elle tout bonnement, quitte à se faire remonter les bretelles par son paternel ou encore le centaure, bien entendu.

    Harry, toujours posté derrière le bureau de la demoiselle, lâcha un soupir à son tour et releva son regard en direction des deux êtres-vivants, dont faisait parti son martyr favori, et se redressa enfin après quelques recherches infructueuses qui n'avaient pas sût capter son attention. Il remarqua que les choses ne s'étaient vraisemblablement pas améliorés entre eux et que l'atmosphère était toujours aussi lourde, que la tension n'avait pas sût s'estomper petit à petit au profit d'un échange cordial entre eux. D'un autre côté, il s'y attendait un peu... Il avait fini par cerner le personnage d'Ando, avec le temps. Ando, amusé, recommença à tapoter le bois du bureau avec ses doigts sans lâcher du regard la fille de Dionysos qui lui faisait face, haussant les sourcils tout en attendant qu'elle réagisse à son tour... Voir si elle tenait le coup face à ses provocations qui servaient avec tout à la tester mais aussi à se divertir, ou si elle était déjà résolue à tout abandonner. Dans les deux cas, les deux issues allaient à merveille au japonais bien qu'il avait une petite préférence pour la seconde... Enfin, pour terminer, il glissa une ou deux minutes après sa tirade ces derniers mots :

    « M'enfin... Alors comme ça, ce n'est pas le grand amour avec "Papounet" ? »

    Voulait-il maintenant... Retourner la situation ? Cela en avait tout l'air, et il ne s'en cachait pas, étirant même son sourire tout en réprimant un petit ricanement pour garder plus ou moins son sérieux.
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MessageSujet: Re: You're a disturbing gentleman. | &Ando Fujimori You're a disturbing gentleman. | &Ando Fujimori Icon_minitimeDim 20 Sep - 22:03

❝We're all pretty bizarre. Some of us are just better at hiding it, that's all. ❞
You're a disturbing gentleman. ft Ando Fujimori.

Bon. Il avait parlé. Ce n'était pas forcément ce qu'elle attendait, mais c'était déjà un début. Après tout, qu'est-ce qu'elle pouvait bien attendre de lui ? Il lui avait clairement montré qu'il ne souhaitait en aucun cas jouer le jeu. Son court discours en avait fourni l'ultime preuve. Ando Fujimori avait réellement l'air de vouloir jouer à un autre jeu. Abi commençait à le voir venir, ses quelques mots en laissaient entrevoir la couleur. La jeune psychologue se sentait comme face à un véritable échiquier, beaucoup plus complexe que le simple plateau de jeu connu aux quatre coins du monde. C'était comme si la Sang-Mêlée usait de tous ses pions, un à un, sans que la légion adverse ne s'apauvrisse. Il ne lui suffisait que d'un seul tour pour la mettre en déroute et contrer toutes ses stratégies. Elle pouvait visualiser sa première ligne de soldats s'amincir et se flétrir, tandis que la sienne restait droite, menaçante et inflexible.

Quelle pièce fallait-il bouger pour prendre le dessus? Fallait-il faire cavaler le fou, ou sacrifier les premiers soldats pour user tout de suite de recours simples et qui jusque là ne s'avéraient pas du tout utile ? Peut être le geste téméraire de bouger la reine, et espérer d'un coup d'un seul manger le roi, s'avérerait un coup victorieux. Non, elle n'utiliserait pas son pouvoir. Sa Reine sera un dernier recours. De toutes façons, il faudrait qu'il la mette littéralement en rogne. Et elle était décidée à lui montrer qu'elle était tout à fait capable de garder son calme. Lancée dans une reflexion intense pour savoir quelle stratégie fonctionnera, elle s'efforça d'appliquer ses propres paroles et essaya, maladroitement peut être, de rentrer dans son jeu. Elle avança un premier pion dans son échiquier mental...

Avant de se faire cruellement manger par un autre de ses pions. Les piques que le beau japonais lui adressait ne faisaient qu'attiser le feu. Il lançait consciemment les bonnes branches dans le brasier pour que celui-ci prenne feu le plus vite possible. Et même s'il ne le montrait pas, elle décelait dans ses mots qu'il allait se repaître de ses réactions, comme un loup saignant une brebis avant de la gober, simplement pour se délecter de sa peur, avant d'attaquer sa chair.

- Oublies Monsieur D! Oublies mon père, oublies ma parenté divine, oublies que je suis une Sang-Mêlée même! ça n'a aucune importance !

De nouveau de la colère, encore un relent de fureur. Une fois partie, c'était difficile de l'arrêter...

- Et puis merde, dans ce cas là, mens moi ! Blablate moi quelque chose pendant la demi heure qui reste, et fais en de même dans les prochains rendez vous. A la fin, je cloture ton dossier, je dis à Chiron que t'es clean, et tout le monde est content, n'est-ce pas ?

Tout le monde, sauf Chiron, et Abigaïl. C'était une réelle invitation à la prendre pour une bourrique pendant les deux heures qui étaient à venir, et elle ne savait pas vraiment si elle allait supporter d'entendre d'énormes mensonges pendant ces deux séances. La fille de Dionysos jurait que s'il osait encore une fois parler de son père... Une fois, cela peut se comprendre, deux fois, ça commence à titiller doucement la braise, mais trois fois... C'était toucher le feu en espérant ne pas se brûler.

Allez, ment moi. Qu'on en finisse ! pensait-elle, les sourcils froncés. S'il était déterminé à cacher son passé ou toutes raisons qui ait put faire que Chiron l'amène ici, qu'il invente donc une histoire de pacotille, et elle serait débarassée.

Sa moue était adorable, en soi. Surtout pour ceux qui s'appellaient Ando Fujimori et qui aimaient torturer les psy.
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MessageSujet: Re: You're a disturbing gentleman. | &Ando Fujimori You're a disturbing gentleman. | &Ando Fujimori Icon_minitimeDim 18 Oct - 11:59

Abigail & Ando



    Il semblait si facile de mettre hors d'elle la Dionysos. Le challenge n'était aucunement à la hauteur des espérances du grand asiat qui s'était imaginé bataille mentale plus ardue et plus passionnante que celle qu'il exerçait présentement, avec pour adversaire la chétive demoiselle qui semblait si facilement manipulable et fragile, telle un verre de cristal qu'il fallait manier avec une dextérité certaine pour ne pas l'endommager. Malheureusement pour elle, dans ce genre de situation, l'ex-assassin n'avait rien d'un orfèvre et n'hésiterait pas à âbimer le matériel mis à sa disposition si cela pouvait lui permettre d'agir à sa guise et donc, servir sa cause. Le japonais resta assit convenablement sur son siège, lançant un air de défi à la jeune femme qui semblait avoir perdu son self-control depuis peu en raison des provocations, qui se faisaient de plus en plus régulières, de Fujimori. Elle ne semblait pas avoir supporté le fait d'être accusée d'incompétente pistonnée par son petit pôpa alcoolique qu'elle ne semblait pas porter vraiment dans son coeur... Ou en tout cas, pour qui elle n'avait pas vraiment d'affection réciproque. Ah, les problèmes paternels, Ando ne les connaissait que trop biens... Les seules figures paternelles qu'il eut enfant ne furent pas réellement d'un grand recours pour son avenir, certaines mêmes l'ayant plus traumatisées qu'autre chose. Comme par exemple Otoboshi, son grand-père maternel qui s'était servi de lui pour son profit, et qui ne faisait que le battre quand il ne le livrait pas à des proxénettes pour qu'ils se vident les bourses... Dans les deux sens du terme.

    Abigail s'emporta alors. Elle souhaitait vraisemblablement mettre les choses au clair avant de poursuivre son analyse psychiatrique qui ne devait pas avoir réellement progressé depuis tout à l'heure... Elle demanda, en effet, à son patient d'oublier d'elle tout ce qui pouvait la rapporter au Dieu qui servait de patron à la colonie, même si il n'assurait pas réellement ce rôle, préférant en délaisser la responsabilité à ses adjoints, Night et Chiron. Deux empêcheurs de tourner en rond, gardiens plus assidus et pénibles encore que l'animal de compagnie du vieux Hadès, d'après ce qu'on en disait. Il en savait peu à propos de Night, mais en ce qui concernait Chiron, l'asiat ne pouvait que confirmer les rumeurs à son propos... Histoire de plaisanter, il était même étonnant qu'Hadès ne s'empresse pas de ramener son toutou au chenil infernal pour le remplacer par le véhément centaure. Certes, il n'était pas aussi effrayant et imposant que le chien de garde tricéphale mais il n'en demeurait pas moins assidu à sa tâche et harassant. En conclusion, Dionysos n'était ici que pour faire bonne figure et tenir en laisse ses adjoints. Sa seule punition, en soit, était la privation de l'alcool par son père, le divin Zeus... Un autre type harassant, apparemment.

    Harry, pendant ce temps, déambulait toujours dans la pièce close, se retenant d'utiliser encore une fois sa langue pour déblatérer des paroles inutiles. Le grand blond dévisagea la demie-déesse qui se tenait de l'autre côté du bureau et soupira un peu, il commençait à trouver le temps long et ne trouvait décidemment plus aucun intérêt à attendre un éclair de génie de la part de la p'tite brunette, qui n'arriverait très certainement jamais. Ce petit jeu entre les deux semi-divins avait prit fin, ayant péri dans l'oeuf, n'ayant put réellement éclore, au regret d'Harrisson. Finalement, la demoiselle soupira et sembla se résigner assez subitement à entendre les balivernes que souhaiterait lui adresser son patient. Quel revirement de situation, dit donc. Ando haussa un sourcil, lui-même déçu par ce soudain abandon de la Dionysos qui n'était même plus capable de lui tenir tête. C'était regrettable. Néanmoins, d'un autre côté, cela n'allait pas déplaire à Ando. Certes, la situation idéale aurait été qu'elle s'effondre et qu'elle le laisse partir, annulant tous les rendez-vous qu'il lui restait pour finalement ne plus jamais le revoir. Elle aurait certainement fait ça sans la pression exercée par Chiron qui, envers et contre tout, semblait bien décidé à nuire au revenant qu'était Ando Fujimori. Son petit groupe extrémiste et lui avaient laissé bien des mauvais souvenirs au centaure qui ne les avait jamais porté dans son coeur, et aujourd'hui encore moins ! Cette pensée fit sourire Harry, nostalgique de cette belle époque. Un rictus échappa ensuite à l'asiatique qui réajusta le col de sa veste, faisant craquer son cou en basculant sa tête sur son côté gauche.

    « Elle est finalement pas si déterminée que ça, la minette. Siffla le grand blond en croisant ses bras contre son torse, s'adossant au mur derrière Abi. Elle a même pas voulut recourir à ses charmes pour que te délier la langue. Elle prend vraiment son boulot par dessus le genou ! »

    La finesse d'Harry, encore et toujours. Fort heureusement, personne en dehors d'Ando ne pouvait l'entendre. Son machisme lui aurait très certainement joué des tours, surtout à cette époque où hommes et femmes revendiquent des droits égaux et se considèrent comme étant semblables... Chose totalement impossible pour les contemporains d'Harrisson ! Ce fut, par ailleurs, très dur à avaler pour Ando qui, élevé au Japon, n'avait jamais entendu parler d'une éventuelle égalité des sexes. Le masculin primant toujours sur le féminin et ce, quelque soit le domaine, les circonstances ou même le lieu.

    Etrangement, la psychologue fit une moue qui se voulait agréable, ne retranscrivant aucunement sa colère vis à vis du comportement déplacé de son patient du jour. Il ne fallait pas lui en vouloir... Ando ne s'attachait véritablement qu'aux sciences certaines telles que les mathématiques, des sciences dépendant de la raison, d'un cheminement intellectuel certain; plutôt qu'aux sciences abstraites telles que la psychanalyse. Pour lui, ce n'était que balivernes, mensonges, des pratiques déviantes et aucunement vérifiées. Qu'il aille au bûchet, le Freud. Ainsi, il ne voyait aucun intérêt à se confier à la demoiselle qui lui faisait face, d'autant plus que son passé devait rester, à ses yeux, flous et imperceptibles pour les autres. De tous les résidents du camp, il devait très certainement être le demi-dieu avec le passé le plus sombre et le plus cruel qui soit. D'enfant des rues violenté à assassin professionnel, en passant par soldat nippon, allié de la communauté nazie : Ando avait tout pour plaire. Le japonais savait très bien que non seulement son passé lui apporterait de plus amples problèmes, mais aussi que sa nature de maudit n'allait pas être si bien accueillie au camp. Certes, il n'était pas vraiment ici pour se faire des amis ou plus, au contraire, mais son intégration serait bien vite remise en question si les pages de son Histoire venaient à être dévoilées au plus grand nombre.

    « Vous vous couchez si vite ? Demanda t-il, mimant un air surprit. Comme c'est dommage, m'enfin... Je serai plutôt d'avis à sortir d'ici. L'air m'insupporte dans cette pièce, ça pue les délires freudiens et de plus, je suis sûr que même si je viens à vous mentir, cela vous satisferez tout autant que si je venais à parler de moi réellement. Votre traitement loufoque arriverait quoi qu'il advienne à un résultat que vous considéreriez concluant, à mon insu, et que vous tireriez mystérieusement de mon amas de mensonges. N'ai-je pas raison ? »

    En soit, dans la psychanalyse, ce comportement faisait écho à ce qu'on appelait dans le jargon : la résistance. Le raisonnement du japonais était compréhensible, mais il cherchait surtout à pousser à bout la demoiselle. Il se complaisait à agir de la sorte, et trouvait presque un certain plaisir à cela. Harry soupira et, mettant ses mains dans son pantalon en jean, il se tourna en direction de son ami de longue date pour lui lancer un regard assez froid :

    « T'as peur de quoi ? Tu t'en fou de ce qu'elle peut tirer de toi... Ou alors t'as peur qu'elle arrive à la même conclusion psychologique que moi ? Demanda Harry avec une pointe de taquinerie. L'amoureux transit qui n'a pas sût faire son deuil, complexé par des peurs refoulés depuis l'enfance et en manque de présence paternelle depuis son plus jeune âge... Le colérique ayant transféré sa rage dans des vocations extrêmes telles que l'assassinat ou l'extrémisme politique ? C'est l'histoire de ta vie tout ça, nan ? »

    Et si, finalement, le duel psychologique avait pour combattants Harry et Ando, plutôt qu'Abi et Ando ? Ce petit pique arracha un mince grognement au japonais qui serra les poings avec force, au point où son bras fut parcouru par une veine apparente, prête à éclater sous la contraction du muscle. L'américain défunt sourit. L'immigré détourna son regard du grand blond qui se trouvait toujours là, debout, derrière la psychologue. Pour la première fois depuis le début de l'entretien, une faille était apparente... Il ne restait plus qu'à en profiter ! Une première, et peut-être dernière, brèche dans le bastion édifié par le Déimos. Une réaction plus ou moins intéressante qui pourrait aboutir à une conclusion, du côté de la psychologue, si elle arrivait à en exploiter le gisement qui pourrait en découler.
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