The voice of reason

Doucement la nuit commence à tomber, le soleil se retire enfin après une dure journée de travail pour laisser la lune prendre la relève. Les étoiles, formant des constellations datant de la naissance des Dieux accompagnent celle-ci et réchauffent mon coeur meurtri après tant d'années passées dans l'oubli et l'ombre de ma mère, Athéna qui est toujours présente dans le ciel et nous juge, nous, simples humains formés pour devenir des héros. A la Colonie des Sang-Mêlées, la fête bat son plein et tout ceux qui souhaitent s'amuser y prenant part en dansant, chantant et buvant jusqu'à ce que Morphée les entraînent dans de longues heures de sommeil. Pour ma part, mon esprit est déjà embrumé par l'alcool et l'adrénaline. C'est la première fois depuis longtemps que je profite autant. En quelque sorte je me ressource en compagnie des autres demis-dieux. Je suis déconnectée de toutes mes obligations et je ne pense qu'à passer du bon temps. Je suis peut être la fille de la déesse de la sagesse, ce n'est pas pour autant que je dois toujours restée dans mon bungalow, le nez plongé dans un quelconque manuel. Par rapport au reste de mes frères et soeurs je suis peut être l'une des plus fêtardes mais cela me convient. C'est sûr que je croise plus de satyres que d'enfants d'Athéna à ce genre de soirée, après tout l'alcool détruit les neurones mais je trouve qu'il faut parfois se décoincer un peu et prendre part aux événements, avoir un regard moins critique. Se saouler un bon coup ne fait jamais de mal n'est-ce pas? Dans la limite du raisonnable du moins...Après si on approfondit la question, les enfants de Dionysos sont peut être un peu trop alcoolique pour moi.

Pourtant au bout de quelques heures, ma tête commence à me faire souffrir et je suis contrainte de prendre l'air si je ne veux pas m'évanouir. Je prends une bouteille d'eau de vie au hasard dans un tas, normalement on a pas tellement droit à de l'alcool au camp et je ne sais d'ailleurs pas comment ils en font entrer, puis m'élance en direction du lac, à l’écart du brouhaha incessant et de la sueur qui a bien pris possession de nos vêtements. Seules quelques torches m'éclairent, m'empêchant de tomber dans une totale obscurité. Je me repère plus ou moins bien, prenant parfois le mauvais chemin puis atteins enfin l'eau. Je ne suis pas la fille de Poséidon et heureusement d'ailleurs, je ne peux pas supporter ce dieu mais ce n'est pas pour autant que je n'aime pas le monde sous-marin. A vrai dire il m'apaise et c'est ce dont j'ai exactement besoin en ce moment même. Je suis encore assez lucide. Le lac me renvoie mon reflet et j'éclate doucement de rire, pressant ma main libre contre ma tempe. La douleur s'accentue et je grogne, lâchant la bouteille d'alcool qui manque de se briser. Je vais la récupérer lorsque tout est redevenu normal et en avale de longue goulées. Je m'asseois, les pieds dans l'eau, fixant l'horizon. J'ai l'impression que la Terre m'appartient toute entière. Je saisis quelques cailloux plats et faits des ricochet tout en continuant de boire.

Je me mets brusquement à rire, ne pouvant m'arrêter. Je me tords, mes cheveux baignant dans l'eau. Soudain, un bruit retient mon attention. Quelqu'un vient. Je me relève, titubant à moitié, un sourire abruti figé sur les lèvres, attendant que la personne daigne de se montrer. J'ai de la compagnie on dirait.

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The voice of reason

Je fronce les sourcils et mon sourire s'efface peu à peu. Mes oreilles bourdonnent je ne parviens plus à distinguer correctement les bruits. J'ai du me tromper, je suis définitivement seule. Mon esprit est embrumé, j'ai l'impression d'être plongée dans un brouillard, et cette sensation me mets dans le désarroi et l'ignorance la plus totale. Je n'arrive plus à décerner le réel, les surfaces, et mes yeux commencent doucement à se fermer tandis que je me pose sur le sol. Je suis passée du rire et de l'euphorie à l'obscurité en seulement quelques secondes. La nuit s'empare de moi mais une voix me permet de rester éveiller, à ma grande surprise. Dylan.

-Alors, Spence, tu passes une bonne soirée?

Je me redresse et ma tête me lance. Je recule pour coller mon dossier contre un arbre et je cligne des paupières pour décerner les contours de son visage. Je ne rêvais donc pas. Enfin, je suppose. Ma bouteille est cassée, lorsque je me suis allongée je l'ai lâchée. Je suis dans un piètre état, je ne m'attendais pas être une loque pareille. Je ne comprends pas, normalement l'alcool n'a pas un aussi mal effet sur moi. Je me remémore la soirée dans l'espoir de trouver une réponse mais des parties restes vides. Mon ventre se noue et je me demande ce que j'ai bien pu prendre comme substances. Juste de l'alcool, je l'espère. J'esquisse l'ombre d'un sourire et réponds à mon amie:

- J'étais bien partie en tout cas...Mais après je ne me sentais pas bien alors j'ai quitté la fête, mais maintenant j'ai des hauts et des bas.

Je m'arrête et la fixe intensément avant de reprendre:

- Je fais peine à voir hein? Je sais que tu n'aimes pas ça.

Je me remets à rire à gorge déployée sans vraiment en comprendre la raison. Il faut que je me clarifie les pensées. Mais apparemment, le reste n'a pas l'air du même avis et ma bouche se met à formuler des phrases que je ne dirais jamais en temps rée. La vérité sort de la bouche des saouls n'est-ce pas?

- De toute façon, on ne peut jamais rien faire. Quoi? Je suis la fille d'Athéna ce qui veut dire que je dois toujours lire et ne pas manquer une seule fois les cours ou que je dois bien me battre? On ne doit pas respecter tous les codes. Et puis si Maman en avait à faire de nous elle viendrait nous voir plus souvent. A la place on a des murmures par ci par là mais rien de vraiment satisfaisant. Il faut arrêter de se leurrer. Elle en a rien à foutre de nos gueules.

Je secoue la tête et celle-ci recommence à me lancer.

- Arrêtes-toi! grogné-je.

J'arrache des brins d'herbes avec mes mains et attends qu'elle me réponde après cette longue tirade. La nuit ne va pas se terminer rapidement. Et je me doute que Dylan n'est pas très contente de moi mais en ce moment même je fonctionne au ralenti. Pour l'instant, parlons un peu de tout et de rien sans mentir. De toute façon je vais tout oublier.

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