Je suis né à New York, un endroit un peu banal pour un Américain digne de ce nom. Je suis arrivé au monde en même temps que mon frère jumeau - c'est un peu le principe des jumeaux - et j'ai grandi au sein d'une douce et belle famille américaine du nom d'Hawkins. Mes parents étaient deux nobles citoyens, l'une travaillait dans un musée, occupant un poste que je n'ai jamais vraiment compris et l'autre travaillait comme étant médecin. Un très bon médecin. Dès mon plus jeune âge, ma mère me parlait de mon père, mon vrai père, celui qui avait participé à ma conception. Elle disait que contrairement aux autres hommes de la Terre, c’était un « dieu », qu’il était différent. Un « Apollon ». Du moins, je l’avais interprété ainsi. Lorsque j’ai grandi et étudié les mythes sur les dieux de l’Olympe, j’ai très vite interprété ces paroles d’une manière différente. Pour elle, mon père biologique était un homme dont la beauté et le charme rivalisaient avec le dieu de l’Olympe, le mythe d’Apollon. L’aimait-elle encore ? Peut-être. Elle disait que mon frère et moi étions spéciaux, que notre destin était particulier, que nous étions destinés à de grandes choses. Mais après tout, y a-t-il des parents ici-bas qui n’espèrent pas une destinée hors du commun pour leur enfant ? C’est ce que je pensais, enfin ... ce que j’avais compris.

Est venu le jour de mes 10 ans, alors que nous avions prévu une petite soirée « dessin animé », un inconnu, ou plutôt devrais-je dire un monstre, est venu s'en prendre à mon frère et moi. Ma mère étant absente, ce fut notre père qui se dressa face à l’abominable créature, nous offrant son corps en guise de bouclier. Mais très rapidement, la créature l’acheva d’une façon que j’aurais encore du mal à l’expliquer. Je n’avais que 10 ans ce jour-là, je me souviens encore de cette sensation dans mon ventre, j’étais figé, incapable de bouger. Les monstres m’attrapèrent mon frère et moi. Nous étions – par des moyens tout à fait humains -, transportés dans je ne sais quel endroit. La route fut relativement longue, la vision de mon père envahissait mon esprit, j’étais incapable de me défendre, incapable de bouger. Mais après tout, comment un enfant de 10 ans peut-il se défendre ? Je ne pouvais pas me débattre et risquer de perdre mon frère … non. Une fois que nous avions traversé la ville – du moins, c’est ce dont j’en avais déduit -, les créatures nous jetèrent dans des égouts. Plusieurs fois, nous avons tenté de reprendre contact avec le monde extérieur en vain … Je me faisais beaucoup de films, repensant à toutes les séries policières que mon père et ma mère regardaient et si comme dans ces films, nous aussi nous serions retrouvés. J’attendis très longtemps, mais ce fut grâce à un déplacement dans une grande forêt que notre destin fut sauvé. Une bande de petits héros dévalèrent un petit chemin de terre, brandissant épées, boucliers – enfin bref des armes peu modernes mais tout de même bizarres – avant de repousser l’assaillant. Ce fut une victoire bien méritée. Je ne sais pas vraiment si j’ai eu le temps de les remercier, je me souviens juste m’être blotti contre mon jumeau. C’est ainsi que l’on comprit que nous n’étions pas de simples mortels, mais ce que l’on nommait des demi-dieux. Lorsque l’un de ces « petits héros », me demanda le nom de mon père, je n’hésitai pas une seule seconde et répondis de vive voix : « Apollon ».

Notre route nous guida jusqu’au camp des sang-mêlés. Mon frère et moi y restions durant l’intégralité des vacances, mais lorsque je pris quelques années, je me permis de réclamer quelques années supplémentaires chez les humains. Je souhaitais terminer mes études pour y avoir un billet d’entrée au cas oû le camp devait fermer. Ainsi, je grandis et obtins mon bac. Une fois obtenu, je m’inscrivis dans une faculté (par correspondance bien évidemment) pour continuer mon parcours éducatif dans le domaine de la médecine. Depuis, je vis au camp toute l’année et je reçois mes cours par correspondance. Un pied chez les humains, un pied chez les dieux, comme le veut le concept des demi-dieux.