Le printemps était souvent comparé à la saison de la vie. Les plantes renaissaient de leurs cendres et grimpaient le long des maisons. Les arbres se revêtaient une nouvelle fois de leurs feuillages verdoyants qu'ils avaient abandonnés pendant l'hiver. Et des enfants sortaient du ventre de leur mère. Tout ce qui a de plus normal. Enfin, presque. L'enfant qui hurlait derrière la porte ne l'était pas. La mère non plus. Il y avait quelque chose de lumineux en elles deux. Quelque chose de beau. Quelque chose de divin. Oui, c'est le mot exact. Héméra sourit à son enfant qu'elle bordait dans ses bras de femmelette. La déesse brillait de joie, laissant échapper des rayons lumineux sous la porte. Elle l'avait nommé, l'avait aimé, mais elle devait la laisser ici, dans cet hôpital, avec un demi-dieu, ou l'homme qu'elle avait aimé, avec qui elle s'était unie, une nouvelle fois. Cela lui rappelait la fois où elle s'était accouplée à Ether, son tendre frère et qu'elle avait donné naissance à Thalassa. Elle devait lui parler d'ailleurs. La personnification du Jour déposa le bambin dans le lit. Il comprendrait, il connaissait bien le monde mythologique, lui. Elle n'avait pas peur d'abandonner son enfant dans ses bras. Héméra embrassa sa fille une dernière fois et partit sous une puissante lumière. A la vue de ceci, la sage-femme se précipita dans la chambre. Elle était déboussolée, tout comme le bébé qui appelait sa mère. L'ukrainien, lui, resta silencieux. Il savait, comme elle l'avait prédit. Il prit sa fille dans ses bras, lui chuchotant des mots doux. Il avait l'élever seul, mais ce n'était pas le cadet de ses soucis. Après tout, elle était comme lui, issus des dieux. Il fallait donc qu'il la protège du monde extérieur du mieux qu'il pouvait, comme son père l'avait fait pour lui. Il l'embrassa sur le front. Une nouvelle aventure commençait. Celle d'être père.


Le trou noir. Voilà à quoi étaient réduit ses souvenirs de la colonie. Un vide obscur et inquiétant qui lui donnait des frissons dans tout le corps. La jeune fille ferma les yeux pour essayer, oui, trouver une parcelle de vérité, mais rien. Elle était allongée sur ce lit d'hôpital et fixait depuis bien trop longtemps le plafond blanc de celle-ci. Elle voulait voir la lumière du jour. Sentir l'air frais sur sa peau. Yulia ne connaissait même pas les raisons de sa présence ici et cela l'angoissait. Elle ne pouvait pas bouger, les infirmières lui avaient fait promettre de ne pas le faire. Bien entendu elle était une enfant sage, alors elle obéissait sans se poser de question. Mais l'attente était terrible. Certes de tempérament patiente, le silence dans lequel elle était plongée lui donnait le vertige, à moins que ce ne soit la substance qui circulait en ce moment même dans son sang. Tout cela lui fit penser à ses années d'existence. Pourquoi maintenant ? Elle n'en savait guère quelque chose. Mais ses souvenirs prirent le dessus. Elle se retrouva au milieu d'images d'elle même enfant, lorsqu'elle était en Ukraine avec son très cher père. Puis, se fut ceux de son chien, celui qu'elle avait recueilli et nourri un soir d'hiver avant qu'il s'enfuit au loin quelques semaines plus tard. Puis, un monstre immense, à un seul oeil qui la poursuivait, une entrée grecque. Elle revint encore plus loin en arrière lorsqu'elle vit ses camarades de classe qui se moquait d'elle en primaire parce qu'elle n'arrivait pas à écrire comme tout le monde, qu'elle ne comprenait rien aux consignes et qu'elle bougeait en permanence sur sa chaise. Elle avait eu une enfance heureuse, mais elle sentait quelque chose de terrible. Comme-ci, tous ses souvenirs, cachaient quelque chose de récent. Yulia savait qu'il y avait un lien avec ce que son père, dans un puissant écho avait appelé colonie, mais avant qu'elle puisse savoir quoique ce soit, une infirmière intrépide ouvrit violemment la porte. elle semblait désolée, comme-ci les examens sanguins et les différents processus d'analyse avait annoncé une terrible nouvelle. Mr Newman-Bokariov n'était pas là, pourtant Elle entendait les pleurs de son père derrière la porte. Encore une fois, l'angoisse s'empara de son corps. Que se passait-il d'assez grave pour faire pleurer son père ? " Elle ... Nous avons reçu les résultats. Je suis désolée mais tu es atteinte d'insuffisance ovarienne chérie. Je sais que tu ne dois pas très bien comprendre pour ton âge mais ... Tu ... " La jeune fille sentait son pour s'accéléré. On allait lui annoncer qu'elle allait mourir ? Elle ne voulait pas. Elle avait tellement de chose à découvrir. Les termes utiliser semblait si complexe. Ça devait être grave. Elle était terrorisée. " Tu es stérile. Tu ne pourras donc pas enfanter chérie. Je suis désolée. " Le soulagement s'empara d'elle. Elle n'allait pas mourir, mais ... Ne pas pouvoir avoir d'enfant ? Etait-ce si horrible que cela ? Yulia n'ayant jamais eu de présence maternelle n'en savait rien, après tout, elle avait survécu, elle, alors le reste de l'humanité aussi ? Et puis, elle connaissait les différentes procédures. Son père lui avait expliquer que son cousin avait lui aussi été adopté. L'adoption pourrait être une possibilité .. Oui. La jeune fille, satisfaite, sourit tendrement à l'infirmière qui restait perplexe. Tout allait bien, tant que qu'il restait un peu de lumière et que l'obscurité ne prenait pas le dessus.


Cher Journal,

Papa m'a encore parlé de partir en Ukraine. Je ne suis pas d'accord. Je lui ai bien dit que j'avais ma vie ici, que je ne pouvais pas quitté mes amis, mon lycée ? Bon d'accord, ma dyslexie et mon hyperactivité ne m'aide pas, certes, mais pour une fois, j'ai l'impression d'avoir trouvé ma place parmi des mortels, des gens normaux, comme moi ... ? J'espérais qu'il comprendrait mon point de vue. Après, il est vrai que l'Ukraine ... Un si beau pays ... Je ne sais pas finalement si ma place est encore ici.

Sinon, il y avait encore ce satyre à l'entrée du lycée ce matin. Il essayait de planquer ses cornes mais c'était ridicule, je vois sous la Brume moi et encre heureux. Il devait essayer de me convaincre d'y aller. Je t'en avais déjà parlé, de cette colonie. Mon père ne veut pas que j'y retourne. Je ne sais pas pourquoi, mais je lui fais confiance. Si jamais je le recroise je lui ferais comprendre que ça ne sera pas possible et qu'il doit déguerpir. Enfin, j'essayerais, ou je demanderais à un ami de le faire à ma place. Oui, c'est bien ça. j'ai pas envie de le blesser. Il part d'une bonne intention : celle de me protéger mais, comme tu le sais déjà cher journal, je suis capable de me débrouiller toute seule. Matthew, mon cousin, peut me protéger. Après tout, nous sommes tous les deux liés, par le sang divin mais aussi mortel ... Vu que son père et Ether, un truc dans le genre. Enfin, je me fis à papa pour ce genre de connexion, c'est lui le spécialiste, pas moi.

Je te laisse, je dois manger,

Elle, Yulia ~


" Mattheeeeew ! On va louper le bus, j'ai pas envie de remonter jusqu'à l'Université à pied pauvre imbécile ! " La jeune femme frappait vigoureusement à la porte qui donnait à l'appartement de son cousin adoré. Enfin, ce n'était pas le mot juste dans l'instant. Elle le détestait, d'être toujours le dernier de prêt, mal coiffé et très passif, malgré le faites qu'il y est une épreuve importante à passer, dans la matinée. La jeune femme se décourageait et partis appeler l'ascenseur. Au moins, si elle prenait de l'avance, ils perdraient moins de temps. La porte de bois s'ouvrit, laissant sortir un jeune homme à l'ouest. " Je suis là ! " Yulia soupira. " J'vois ça Matt. La prochaine fois que j'ai un examen, fais moi penser à t'offrir un réveil avec option seau d'eau. " Ils s'engouffrèrent tous les deux dans la cage de fer. Elle ressentit un pincement dans la poitrine. Elle n'aimait pas prendre cette prison métallique, qu'elle trouvait beaucoup trop sombre, étouffante à son goût. L'immeuble lui-même lui donnait cette impression. Elle faisait assez confiance à la personne qui était à côté d'elle pour la protéger. Elle ne ressentait aucunes plantes vertes aux alentours, rien qui pouvait l'aider à tenir. " Matt ... " Avant même qu'elle ait besoin de s'accrocher aux rampes, la porte métallique s'ouvrit et elle s'engouffra vers la sortie, respirant l'air pur. Elle reprit son souffle, attendant que son cousin la rejoigne. Dans la rue, des passants des plus ordinaires, des créatures singulières, de grands arbres hauts en couleurs et fleuris et ... Une nymphe. La jeune fille en connaissait quelques unes, mais elle n'avait pas le temps de s'attarder sur une chose futile. Son concours de biologie allait débuter et le bus était arrêté au feu rouge, juste avant son arrêt. Elle agrippa Ether par le poignée et se mit à courir, de la même manière lorsqu'il y a les soldes dans ses boutiques préférées. Une nouvelle journée commençait. Même si la présence de cette créature en face de chez Matthew l'intriguait, elle sourit. Après tout, Elle était encore en vie, même si son père était partit loin d'elle, en Ukraine, même si elle n'avait jamais connu sa mère, cette déesse mineure aux origines et légendes presque inconnues, même si elle sentait quelque chose, telle une ombre malsaine sur l'énergie lumineuse qui grandissait de jour en jour, elle se sentait bien dans sa peau, heureuse de la vie qu'elle menait.