Deux semaines que j'étais coincée à la Colonie des Sang-mêlés. Deux semaines ! Certes, c'était très sympa et certainement pas le pire endroit sur Terre où j'ai été. En revanche, je commençais à trépigner de ne rien faire. J'aimais la chasse mais, apparemment, en ce moment, on avait plus besoin de moi au Camp. Alors forcément, je me sentais coincée et j'avais toujours détesté ça. Déjà en Angleterre, je détestais voir mes frères partir et ma mère me garder avec elle pour apprendre à être une demoiselle correcte.

Et pour tout contact avec le reste de la troupe, elle-même séparée en deux, on ne m'avait laissé qu'un téléphone. Un téléphone. J'étais persuadée que c'était mauvais pour les demi-dieux mais, apparemment, ça leur paraissait quand même plus facile. Le hic, c'est que question technologie, j'étais restée coincée dans les années 40 avec le télégraphe...

J'étais donc assise devant le bungalow d'Artémis depuis deux bonnes heures à essayer de faire fonctionner ce truc. Quand l'une des chasseresses me l'avait tendu, elle m'avait assuré que c'était HYPER facile de s'en servir. J'avais comme un doute bizarrement... Ou alors j'étais devenue plus idiote qu'avant. Non. Ca, c'était impossible. J'avais toujours été très maline, demandez à mes frères. Enfin... Ce n'est plus vraiment possible maintenant puisqu'ils sont morts mais vous voyez ce que je veux dire. Et non, je ne suis pas sans coeur. Mes chers frères sont morts de vieillesse. Pas de quoi s'apitoyer sur leur sort, je m'en suis assurée.

Mais je m'éloigne du sujet. Revenons à nos moutons. Il m'était donc impossible de faire fonctionner ce foutu engin. De rage, je le lançais un peu plus loin avec un soupir. Je détestais échouer. Ne pas réussir. En fait, de ma vie, je n'avais jamais échoué. Pas que je m'en souvienne en tout cas.

Je me pris la tête entre les mains. Je détestais l'inaction et qu'un boîtier me résiste, ça ne faisait qu'empirer les choses. Je fermais les yeux pour me concentrer. Je n'allais quand même pas baisser les bras, ce serait bien la première fois. Même pendant la guerre, j'étais retournée au combat. Je me relevais donc, attrapais le téléphone et me rassis sur les marches de l'entrée du bungalow.

Malheureusement, l'avoir lancé n'avait rien fait. Au bout de quelques minutes, je recommençais donc à m'énerver.

"Saleté de machin ! Tu vas marcher oui !?"

Assise contre un arbre, sur la pelouse verdoyante du campus, je profite des derniers rayons de soleil de la journée tout en lisant un des mes livres préférés: Harry Potter. Avec les lunettes sur le nez et l'air ailleurs, j'ai tout l'air d'une véritable fille d'Athéna et ça fait sourire quelques habitués qui me connaissent bien, sachant que je suis plutôt le genre de personne à sortir faire la fête et boire en soirée. Même à ce moment présent, je suis trop occupée à lire un passage du septième tome, les reliques de la mort. A chaque fois que je tombe sur la petite chanson de Peeves, l'esprit frappeur de Poudlard, je ne peux m'empêcher de rigoler de me repéter la chanson en tête:

"On les a eus,
Vaincus, battus
Le p'tit Potter est un héros,
Voldy nourrit les asticots,
Ils ont tous été écrasés,
Maintenant, on peut rigoler!"

Surtout qu'a cet endroit du livre, de nombreux personnages secondaires mais attachants tels que Tonks, Lupin ou même Fred sont morts...Mais ces quelques paroles sont malgré tout assez innocentes je trouve. Enfin, je déteste Peeves depuis le chapitre 1 du premier roman, il n’empêche que c'est un bon compositeur! Cette remarque m'arrache un petit rire et je secoue la tête avant d'enrouler une mèche de ma longue chevelure rousse autour de mon doigt et de me concentrer pour plonger dans l'univers si singulier de J.K Rowling et de vivre les deniers instants de cette magnifique saga. Une fois que j ai lu les dernières lignes, je pousse un soupir avant de fermer le livre d’un coup sec  et de me lever. J’ai beau l’avoir lu cinq fois, il n’empêche que je ressens toujours une petite pointe de nostalgie.  

Je pars donc en direction de mon bungalow pour retrouver mes frères et sœurs lorsque j’aperçois une figure familière devant celui d’Artémis : Elizabeth, une chasseresse, devenue depuis peu une de mes bonnes amies. Elle ne cesse de jeter un objet. Je me rapproche alors et manque de me prendre le téléphone portable qu’elle n’arrête pas de torturer. Je le ramasse et esquisse un sourire avant de lui tendre.

- Alors Eliz, on cherche toujours à comprendre les mystères de la technologie à ce que je vois ? Ne t’en fais pas, je vais t’aider.

Je m’assois près d’elle sur les marches et pose mon livre juste à côté. Je regarde ensuite les dégats du téléphone :

- Bon tu ne l’as pas totalement cassé, tu as de la chance, il est encore en état de marche ! De quoi as-tu besoin ?

Malheureusement, l'avoir lancé n'avait rien fait. Au bout de quelques minutes, je recommençais donc à m'énerver.

"Saleté de machin ! Tu vas marcher oui !?"

Alors que je le jette une énième fois, espérant que la magie opère et qu'il fonctionne enfin, je vois des pieds se rapprocher. Une main rattrape le téléphone et me le tend. Je relève la tête et reconnaît Spencer, fille d'Athéna et l'une de mes amies à la Colonie. Dans son autre main, elle tient un livre que je reconnais pour l'avoir lu à sa sortie : Harry Potter. Certes, on ne s'imagine pas trop qu'une Chasseresse a le temps de lire mais, lorsque l'on s'ennuie, ce n'est pas si mal. Et contrairement à beaucoup de demi-dieux, je suis habituée à lire. Il faut dire que dans les années 20, il n'y avait pas la TV alors les enfants lisaient bien plus.

Avec un sourire, elle me met le téléphone dans la main tout en me disant :

"Alors Eliz, on cherche toujours à comprendre les mystères de la technologie à ce que je vois ? Ne t’en fais pas, je vais t’aider. "

Elle s'assied à côté de moi alors que je soupire face à l'écran du téléphone toujours résolument obscure. Une fois installée sur les marches, elle me reprend le téléphone des mains et l'examine.

"Bon tu ne l’as pas totalement cassé, tu as de la chance, il est encore en état de marche ! De quoi as-tu besoin ?"

Remonter dans le temps et revenir aux technologies des années 40, c'est possible ? Bien évidemment, je ne le dis pas à haute-voix. Après tout, ce n'est pas comme si j'avais loupé un moment, une époque de ces 80 dernières années. J'avais tout vu, tout fait. Sauf que nous les demi-dieux, on était pas très technologie pour la simple et bonne raison que ça attirait les monstres. Alors forcément, j'avais loupé le coche. Le problème, c'est que maintenant, je devais tout rattraper d'un coup et ça me filait un sérieux mal de tête.

Avec un petit rire, je répondis :

"C'est moche de se moquer. J'aimerais voir comment tu te débrouilles avec un télégraphe toi..."

J'éclatais de rire à cette idée. Même si Spencer était enfant d'Athéna, il lui faudrait certainement du temps pour se servir d'un télégraphe correctement. Si tant est qu'elle pouvait en trouver un en état de marche. Mais là n'était pas le problème. Je refixais donc mon attention sur le téléphone portable.

"En revanche, si tu sais comment on fait pour contacter quelqu'un avec ce bidule, je suis preneuse !"

Je lui adressais un grand sourire plein d'espoir. Concrètement, je n'aimais pas passer pour une idiote et mieux valait-il que ce soit Spencer plutôt que quelqu'un d'autre qui m'aide. Pour mon ego surtout.

Les nouvelles technologies ne sont pas courantes à la colonie des sang mêlées, elles attirent le plus souvent des problèmes et la plupart des demis-dieux n'en ont pas véritablement besoin. Mais même si il se trouve qu'il n'y a pas énormément d'ordinateurs portables ou de téléphones portables, mes nombreuses sorties à l'extérieur, sur le territoire des mortels, m'ont permises de bien cerner ces petits engins électroniques. Et puis j'ai même mon propre téléphone, que je cache bien précieusement dans mon bungalow pour contacter mon père dès que je le peux. Ce n'est pas parce que je suis à la colonie que je dois pour autant oublier mon passé et me croire orpheline. Il ne faut toujours se souvenir d'où l'on vient, et à qui on doit notre bonheur. Aujourd'hui je sais que je suis là grâce à lui, et parler russe de temps en temps me fait le plus grand bien. Ça me ressource en quelque sorte.

- C'est moche de se moquer. J'aimerais voir comment tu te débrouilles avec un télégraphe toi...

Elizabeth reporte ensuite son attention vers son téléphone.

- En revanche, si tu sais comment on fait pour contacter quelqu'un avec ce bidule, je suis preneuse !

J'éclate de rire en l’entendant. Etant une chasseresse, elle est immortelle. Elle a vécu de nombreuses époques et vu de nombreuses générations naître. Alors en combat, je peux vous assurer qu'elle se débrouille à merveille mais pas vraiment en technologie, ce que je trouve plutôt amusant. Je la taquine souvent à ce sujet mais dès qu'elle en a besoin je lui viens aussi en aide car je sais qu'au quotidien cela doit être assez frustrant de ne pas pouvoir obtenir ce que l'on souhaite d'un bout de ferraille avec une intelligence beaucoup moins développée que la notre. Mais par contre, même si j'arrive à vivre avec mon temps, je dois avouer que je ne me suis pas intéressée aux technologies passées et apprendre à me servir d'un télégraphe n'a jamais été une priorité. Si jamais je dois pour je ne sais qu'elle raison en utiliser un, j'aurais bien l'air idiote. Je suis une fille d'Athéna mais pas un petit génie. D'ailleurs les gens confondent fréquemment les deux.
Je lève les yeux au ciel et lui réponds sur le même ton, toujours en plaisantant:

- Je suis sûre que c'est très facile bien au contraire! Après un court temps d'apprentissage...je dirais trois ans...je suis certaine que j'y arriverais!

Je baisse ensuite les yeux en direction de son téléphone qui repose toujours entre mes mains pour lui expliquer son fonctionnement :

- Alors pour l'allumer il suffit juste d'appuyer sur le petit bouton situé juste ici.

Je presse le bouton au dessus de l’écran et l’engin vibre avant d’émettre de la lumière.

- Ensuite si tu veux appeler quelqu'un, il faut soit aller dans les contacts, pour trouver la personne que tu veux appeler, donc en gros c’est une personne qui a déjà enregistré son numéro de téléphone, soit appuyer sur cet icône et composer son numéro pour l’appeler directement. Un numéro est composé de plusieurs chiffres. Tu as compris ou je recommence ?

"C'est moche de se moquer. J'aimerais voir comment tu te débrouilles avec un télégraphe toi..."

J'éclatais de rire à cette idée. Même si Spencer était enfant d'Athéna, il lui faudrait certainement du temps pour se servir d'un télégraphe correctement. Si tant est qu'elle pouvait en trouver un en état de marche. Mais là n'était pas le problème. Je refixais donc mon attention sur le téléphone portable.

"En revanche, si tu sais comment on fait pour contacter quelqu'un avec ce bidule, je suis preneuse !"

Je lui adressais un grand sourire plein d'espoir. Concrètement, je n'aimais pas passer pour une idiote et mieux valait-il que ce soit Spencer plutôt que quelqu'un d'autre qui m'aide. Pour mon ego surtout. La fille d'Athéna rigola à son tour avant de me répondre :

"Je suis sûre que c'est très facile bien au contraire! Après un court temps d'apprentissage...je dirais trois ans...je suis certaine que j'y arriverais!"

Je rigolais de nouveau. En fait, les télégraphes me manquaient peut-être un peu. La vie des années 40 aussi. C'était plus facile pour moi. Tout me paraissait mieux. Les gens étaient plus sympathiques, plus prompts à s'entraider. Maintenant, tout le monde était scotché à la technologie. Même la Colonie avait changé. Pas toujours en bien d'ailleurs.

"Alors pour l'allumer il suffit juste d'appuyer sur le petit bouton situé juste ici."

Je revins dans le présent, me tirant à mes vieux souvenirs et regardais Spencer mettre ses paroles en action. Quand elle le faisait, il est vrai que ça paraissait particulièrement simple. Je lui adressais un petit sourire contrit, me détestant de ne pas avoir réussi à le faire par moi-même.

"Ensuite si tu veux appeler quelqu'un, il faut soit aller dans les contacts, pour trouver la personne que tu veux appeler, donc en gros c’est une personne qui a déjà enregistré son numéro de téléphone, soit appuyer sur cet icône et composer son numéro pour l’appeler directement. Un numéro est composé de plusieurs chiffres. Tu as compris ou je recommence ?"

Je la regardais, me demandant si elle me prenait à ce point pour une idiote. Certes, je ne comprenais pas grand chose au "tactile" mais les téléphones existaient quand même depuis un moment sur le principe de "taper un numéro". Je ne me gênais donc pas pour lui faire savoir avec tout mon tact habituel...

"Dis-moi Spencer, à quelle époque a été inventé le téléphone selon toi ? Non parce que je n'ai pas 500 ans quand même..."

Je lui souris, reprenant le téléphone dans mes mains pour tenter à mon tour de reproduire ce qu'elle m'avait montré. Miracle ! Ca fonctionnait. N'empêche, j'aurais bien aimé savoir si la fille d'Athéna était capable de répondre à cette question...