Kelly is comming

feat Alice Waller

Aaaah, Noël. La neige, les lumières scintillantes comme des étoiles, l’entrain général… Et surtout une putain de hausse de la consommation d’alcool dans tous le pays ! Le dieu s’était amusé comme un enfant, déambulant de bastons en bastons toutes plus grisantes les unes que les autres. Rien n’est meilleur qu’une mêlée de rednecks dans une cité sensible pour vous mettre d’excellente humeur.
Arès était même plus qu’heureux : Il jubilait délicieusement, sa soif de sang pour le moment assouvie. Il ne manquait qu’une seule chose  pour clore cette journée de la meilleure manière qui soit : la chaleur d’une femme au creux d’un lit. Ou d’une voiture. Ou peu importe, en fait. Le seigneur du combat s’interrogea : Rejoindre Aphrodite signifiait de potentiels emmerdements avec les stratagèmes sournois de son frère aussi perfide qu’habile de ses mains. L’olympien se rabattit donc sur sa dernière option : se mêler aux mortels pour trouver de quoi assouvir la soif du divin qui cette fois ci n’avait rien à voir avec le sang. La baston et le sexe. Arès soupira de contentement. Il menait décidément une vie de rêve !
Les rues de New York grouillaient d’activités et de vie. Visiblement l’immortel n’était pas le seul à vouloir profiter de la fraicheur hivernale pour combler ses désirs. Le guerrier millénaire rencontra sur son chemin de très nombreux couples, se tenant main dans la main, déambulant gaiement dans les allées éclairées de milles feux de la ville. Une pointe d’agacement s’immisça au cœur du dieu. Ces gens vivaient le parfait amour, ils étaient heureux et jubilaient presque autant que le combattant après une bonne bagarre. Etait-ce là la joie de l’union ? Ces mortels, mariés pour la plupart, se complaisaient dans leur vie de couple, savourant chaque minute de leur pitoyable vie « parfaite ». Arès s’interrogea. Serait-il aussi heureux qu’eux s’il avait épousé une déesse ? S’il avait eu une femme fixe qu’il aurait véritablement pu appeler « sa femme » ? Oh bien sûr, le combattant aimait d’un amour sincère et brûlant Aphrodite ; c’était bien la seule personne que le divin aimait plus que la fureur de la guerre, mais il ne pourrait jamais pour autant appeler son amante « son épouse ». Elle appartenait à son frère, Héphaïstos. Cet hideux forgeron, exécré de tous, avait fait sien la seule chose pour laquelle Arès aurait été prêt à se remettre en question. Cette idée insuffla au sein du dieu une bouffée de colère et de frustration. Il partageait la couche de la déesse de l’amour, mais il n’aurait jamais sa main. Peut être était-ce là la volonté des parques, peut être que ces dernières régissaient finalement des forces supérieures même aux pouvoirs des dieux. Arès, souverain de la destruction, serait condamné pour l’éternité à rester seul sur son fauteuil, guerroyant sans personnes à ses côtés. L’olympien s’arrêta quelques instants, les sourcils froncés. Quel était ce sentiment ? Cette main de fer qui s’était refermé sur son cœur en l’espace de quelques secondes ? Le seigneur de la guerre éclata d’un rire teinté d’amertume. Cela faisait bien longtemps que le divin n’avait pas souffert de sa condition. Il en ressentit un élan de respect supplémentaire envers son amante. S’il y avait bien une chose plus blessante que la lance du guerrier, c’était bien l’amour dont Aphrodite s’était faite l’impératrice.

L’immortel chassa ces pensées de son esprit, les enfouissant profondément en lui pour ne pas avoir à y repenser. Arès s’adossa un réverbère, les yeux dans le vague, manipulant la brume pour réajuster son apparence mortel. Les cheveux attachés derrière la tête, un long manteau classe contrastant avec son cuir à piquant habituel et de lourdes bagues de fer aux doigts. Le guerrier matérialisa une cigarette et mit feu à celle-ci d’un claquement de doigts. D’un élan mental, l’olympien amplifia son aura pour interpellé les mortelles alentours. De là, l’immortel ferait son choix sur la partenaire idéale pour cette nuit d’hiver.

-Dites… Vous sauriez pas où je peux me réchauffer par hasard ? J’ai un peu froid… Faut dire que je suis un peu idiote de n’avoir presque rien mis sous ce manteau…

Arès sourît. Il avait trouvé sa proie. Il releva la tête et manqua de faire tomber la cigarette qui était restée fixée à ses lèvres. L’aura de la nouvelle venue frappa instantanément l’olympien. Ah ! Cette femme était une sang-mêlée, et pas n’importe laquelle ! Arès reconnaîtrait l’empreinte de son oncle Hadès entre milles. Décidément les parques avaient un humour plus que tordu.

-Soit, pensa le combattant, vous voulez me prendre pour un con, vous ne serez pas déçues.

Le barbu manipula la brume d’un geste discret de la main pour atténuer le feu ardent de ses yeux divins. Se faire reconnaître comme le dieu de la guerre n’était pas la meilleure des techniques d’approche en matière de séduction. En guise de réponse, le dieu de la guerre dégaina à la demoiselle un sourire séducteur et répondit de sa voix la plus virile :

-Eh bien je dois bien vous admettre que je cherchais justement un endroit où m’abriter moi aussi. L’hiver est rigoureux cette année, et il l’est encore plus lorsque l’on a la solitude comme seule compagnon de route.

L’immortel jeta sa cigarette, l’écrasa sous son talon et se frotta les mains :

-J’ai réservé une chambre dans un hôtel non loin d’ici. Au bas de ce dernier se trouve un petit restaurant très sympathique, pas trop bondé. La nourriture y est bonne et la température idéale. Je ne voudrais pas paraître trop audacieux, mais me feriez-vous l’honneur de m’y accompagner mademoiselle… ?

L’olympien décocha un nouveau sourire et tendit son bras d’un geste volontiers. Le dieu de la guerre se murmura alors intérieurement que la soirée promettait d’être intéressante. Il rajouta :

-Au fait, je m’appelle Hector.

Le nom de son mortel préféré, rien que ça.
 

Fiche de RP (c) Miss Yellow