Le bruit de la mâchoire disloquée résonna dans la petite ruelle. A terre, trois hommes gisaient inconscients et le quatrième se tordait de douleur, la bouche ensanglantée. Dans un dernier effort, il murmura un « salope » à demi-mots. Keziah, lentement, se pencha sur l’homme et avec un sourire effrayant, lui enfonça sur la main la cigarette qu’elle venait d’allumer. L’homme hurla, et ses cris délectèrent Keziah, l'adrénaline violente faisant battre son cœur. Avant de se relever, elle prit 50 dollars dans le porte-monnaie de sa victime. Et elle partit comme ça, les mains dans les poches de son blouson en cuir, sans se retourner malgré les hurlements déchirants de l'homme, l'abandonnant dans la ruelle crasseuse.

C'était une belle journée. Les rayons du soleil se reflétaient dans ses grands yeux verts, et la douce brise caressait sa chevelure brune. Elle tira une longue bouffée de sa cigarette. Après l'adrénaline qui avait agité son corps tout entier, Keziah se sentait apaisée. La violence était tellement libératrice, comme si en tabassant ces quatre hommes, elle s'était débarrassée de toute sa colère dévastatrice. Oh, ils l'avaient bien mérité aussi. C'étaient des petits voyous, qui avaient essayer de s'en prendre à elle pour la voler, pensant qu'elle serait une victime idéale. Malheureusement pour eux, ils n'avaient pas plus mal choisir.

Il faisait certes très beau mais ce n'était pas la météo clémente qui l'avait poussée à sortir de son lit douillet. Ce n'était pas quelque chose, mais quelqu'un. Un certain Barry Grayson, pour être exact. Rien qu'a l'évocation de son nom, Keziah ne pouvait s'empêcher de lever les yeux au ciel. Pourtant, Barry était comme elle, un chasseur investi dans sa mission de détruire le monde mythologique. Elle qui il y'a quelques mois, se pensait être la seule chasseuse, voilà qu'un autre venait empiéter sur son territoire. Finalement, ils avaient finis par former une équipe redoutablement efficace, même si elle ne voudra jamais l'avouer.

Son « partenaire » lui avait donnée rendez-vous chez lui, dans sa grande tour New-Yorkaise. Car en plus d'être un excellent combattant, d'avoir une intelligence surdéveloppée et d'être plutôt mignon, il était riche à souhait. Ce qui agaçait particulièrement Keziah. Elle s'était quand même rendue à l'adresse, mettant sa jalousie de côté. La tour, droite et immense, était impressionnante. Après avoir longuement hésité, elle entra dans le superbe batiment. La jeune femme avait du mal à se sentir à sa place, ce n'était pas son monde. Qu'est ce qu'elle faisait là ? Tout était immaculé, et l'endroit même respirait la richesse.

L'ascenseur s'était arrêté au dernier étage. Elle sortit, et fit face à une grande porte. Le regard déterminé, elle toqua avec force. Il n'y avait plus qu’à attendre.