Le chaos, mon premier souvenir. Né de l'Obscurité qui enveloppait le Chaos, me voilà formé, moi la quintessence. Je suis celui qui a vu la création de l'univers, de la quintessence primordiale mêlée à Chaos est né Nyx, ma sœur et Erèbe les ténèbres. Ce dont je me souviens, c'est qu'à ma naissance, mon énergie s'est déployée pour y apporter un semblant de vie, un semblant de bonheur. Je suis l'Æther, un vide à combler. J'ai vu la création de la terre et rien ne vaut ce spectacle magnifique. Chaque lumière qui s'allume une à une, chaque océan qui se remplit, chaque récif qui se forme. Et puis une fois le travail finit, j'ai enveloppé le monde de la voûte céleste et me voilà, foulant la terre ferme, invisible toujours, observant le nouveau monde se développer. La mort du ciel a été un désastre, j'ai bien cru que j'allais mourir avec ! Heureusement que seule sa forme terrestre a été endommagée. Cela n'a fait que m'affaiblir un petit peu, mais rien de grave au début. J'ai profité de ma forme céleste pour voyager, tissant des liens avec de nombreuses divinités et créatures. Et puis un jour, j'ai rencontré Héméra, magnifique dès la première fois que je l'ai aperçu, elle était baignée dans un flot de lumière et si douce que mon cœur d'immortel loupa quelques battements. Notre mariage fut discret, aucun dieu n'en parla et je suis sûr que toi-même tu n'en as jamais entendu parlé. Mais ce n'était pas grave, j'étais amoureux à l'époque, le ciel et le jour qui s'unissent. De notre amour naquit Thalassa, la mer. Ma fille, la plus douce que la terre n'ait pu accueillir. Les mortels disent parfois que nous aurions également enfanté Gaïa, la mère de tous. Je vous laisse en juger par vous-même et y croire ou non.
Un jour, alors que j'observais le ciel depuis la partie supérieure du ciel, j'ai aperçu Prométhée qui sculptait des figures de boue. Je n'avais jamais vu de sculpture avant, pour cela que je trouvais l'idée magnifique et originale. Mais je trouvais qu'il y manquait quelque chose. Les mortels ont oublié que j'ai aidé le titan à leur création, mais cela ne m'embêtait guère. Mon souffle de vie déploya la quintessence. L'énergie vitale et aussitôt, les sujets d'argiles s'éveillèrent. Satisfait de cette création, je la laissais et retournais dans mon palais, retrouvant Héméra lorsque sa mère déployait le voile de la nuit entre l'Æther, la partie du ciel la plus pure et Ær, le ciel mortel. Là où je suis, il fait toujours jour, une douce lumière vive baignant mon palais en permanence. Je trouvais les humains intéressants, ils ressemblaient aux dieux, mais ils étaient si faibles en comparaison. Je fus effrayé par leur fragilité, me rendant compte alors que la force de vie était très puissante, mais qu'il était si facile de la laisser s'échapper ! Jamais je n'ai failli à ma tâche de mari, j'ai toujours été fidèle à Héméra. Considérant l'immortalité comme un cadeau de pouvoir vivre l'amour. De nombreuses fois, je me moquais de Cronos et de ses idioties. Manger ses enfants, mais quel acte horrible ! Imaginez que je me mette à dévorer ma fille ?! Jamais je ne suis venu à l'un des banquets organisés par Cronos. Si bien que je fus bientôt rayé de la liste des invités. Tant mieux si vous voulez mon avis. Mais cet oubli n'était que le début d'un prix à payer si fort que j'allais finir par le regretter.

La naissance de Zeus permit d'apporter une certaine stabilité dans le monde. Mais cette stabilité fut durement acquise pendant la guerre contre les titans. Mon pouvoir s'en retrouva grandement diminué lors de cette période et je sentis ma destruction arriver de nombreuses fois. C'était horrible, les dieux et les titans semaient la destruction et dans les deux camps les pertes furent très lourdes. Mon domaine fut très touché, l'Ær se mélangeant à l'Æther. Je dus me retirer dans les parties les plus hautes du ciel avec ma femme, seule ma fille resta. Étant le dieu du vide également, je pu atteindre sans problème Chaos. Si je vous disais que là-haut, il y a des maisons et des morceaux de planètes, habitées un peu comme dans le Petit Prince, vous me croirez ou pas ? C'était magnifique à voir, mais malheureusement, je ne pu rester. Après des années de guerre, j'entendais mon domaine crier à l'aide. Ma surprise en revenant n'en fut que plus grande. L'Ær et l'Æther s'étaient mélangé à certains endroits. L'un polluant l'autre. Si l'air mortel se mêlait à l'air divin, les dieux risquaient d'avoir des problèmes. Alors, montant sur mon char d'argent, je partis à la conquête du ciel pour réparer les dégâts. En l'absence d'Héméra et moi, le monde avait sombré dans l'obscurité, il n'était éclairé que par le char d'Helios ce qui était insuffisant. Mais dès que je revins, l'obscurité céleste se dissipa et le ciel se remit à briller à nouveau. Alors Héméra tira le voile de la nuit pour faire briller la terre. Tout rentra doucement dans l'ordre, les titans vaincus, une fête fut organisée et les frères et sœurs de l'Olympe se partagèrent alors le monde. Une bande de prétentieux si vous voulez mon avis.
Lors du mariage d'Héra et Zeus, qui dura pendant un siècle au moins, je fus convié à y aller avec Héméra. Nous n'étions pas les invités les plus importants, mais il fallait au moins que les divinités des lumières terrestres et célestes viennent. C'est dans ma plus belle tenue de soie que je m'y rendis. Ce fut un mariage grandiose. Mais je préférais toujours le nôtre, il était discret et simple et là au moins, je savais que l'amour était vrai. Zeus finirait par craquer un jour ou l'autre et cela se terminerait mal. Peu après le mariage, les choses devinrent différentes. Je reprenais mon travail dans la partie supérieure du ciel et Héméra dans la partie basse. Ce mode de vie fit que l'on se vit de moins en moins. Aussi, la flamme qui animait notre amour disparu lentement. Seulement, on continuait comme si de rien n'était. Et puis un jour, je descendis sur la terre, invitant Héméra à faire de même. J'avais oublié à quel point elle était belle sous les rayons du soleil. C'est à ce moment que la discussion commença. Et finalement, on en conclut d'un commun d'accord qu'il valait mieux arrêter là. Notre amour avait été si fort pendant tant d'années qu'il ne pouvait pas l'être éternellement, il était voué à s'essouffler comme moi. Le divorce n'existant pas réellement à l'époque, Héra reconnut tout de même notre séparation. Et c'est ainsi que je me retrouvais seul. Le cœur battant, je remontais dans mon palais. J'étais seul, il était vide de rire et d'amour, il faudrait du temps avant de m'habituer à cela. L'amour que je porte pour Héméra remonte à la création du monde. C'est en Thalassa, ma fille que je trouvai du réconfort. Avez-vous entendu parler des miracles qui se produisaient en mer vers l'époque des Romains ? Je me suis mis à protéger les mortels, accompagné de Thalassa. Doucement, j'ai remonté la pente et depuis, je m'occupe aussi bien des divinités que des mortels. Vous pensiez que le pouvoir de guérison d'Apollon était puissant ? Mon pouvoir permet de garder les dieux immortels, alors imaginez ce que je suis capable de faire à un mortel.

Arrivé en 1914, j'observe les mortels se quereller du haut d'un nuage. Ils reproduisent les mêmes erreurs que les Olympiens. Espérons que cette fois-ci, les dieux ne se mêlent pas de ce conflit. Étonnant, vous ne trouvez pas ? Arès doit se délecter de ce conflit. « Papa ! Ils ont envoyé dans machines de guerre sur les côtes ! » C'est Thalassa, ni une ni deux, je saute de mon nuage et je plonge dans l'océan. Le message de ma fille vient d'un petit pays que je devine être la France, vers la Bretagne. Zeus m'aurait sans doute découper en rondelle s'il avait su ce que j'ai fait. Aucuns dieux ne doit se mêler des affaires mortelles, mais je n'avais pas le choix, le domaine de ma fille était en danger. Quelle idée d'habiter ici aussi ! Râlais-je à l'encontre de la déesse. En quelques secondes, il n'y eut plus rien. Voilà comment je me suis mêlé de ce conflit. Zeus n'a rien remarqué, il était trop occupé ailleurs, aux USA sans aucun doute.
Je ne fis rien pendant la Seconde Guerre mondiale, je me contentais de rester cacher, je m'affaiblissais doucement. La réponse ne me parut pas évidente au début, mais elle le fut lorsque j'aperçus des nuages noirs piétinant sur mon domaine. De la pollution mortelle ! Et il n'y avait aucun moyen de la faire disparaître sans éradiquer les mortels. La seule chose que je pouvais faire, c'était souffler sur ces nuages pour les rendre purs. Chaque jour, le nombre de ceux-ci augmentait. Je ne pouvais pas faire grand chose, si ce n'est descendre. Un jour, je remarquais une coupure sur mon doigt. L'ichor s'y écoulant abondamment, je sus que je devenais peu à peu mortel. J'ai donc décidé de me rendre sur terre. La nouvelle guerre contre Chronos m'affaiblit encore plus. Il n'y avait presque rien à faire. Je ne pouvais qu'attendre que le chaos passe. Il était hors de question que je me coupe de mon domaine comme je l'avais fait lors de la première Titanomachie ! Alors je décidais de rester malgré tout. Et quand la fin arriva, je repris mon boulot en gardant séparer la partie terrestre du ciel et la partie divine. Aujourd'hui, je ne pense pas que je supporterais une nouvelle guerre. Les années m'ont affaiblie et je commence à disparaître doucement comme le dieu Pan. Espérons que je tienne plus longtemps que lui. Aujourd'hui, je vis sous la garde rapprochée d'une automate ailée dans une villa à New-York. Ce ne sont pas des vacances, simplement une pause le temps que je trouve une solution à mon problème de pollution aérienne. Alors toi petit mortel insignifiant, réfléchis quand tu fais un trou dans la couche d'ozone, c'est moi qui risque de te percer avec mon épée !