La fillette déchira le paquet, puis écarquilla les yeux, un sourire béat se formant peu à peu sur son visage, comme si elle n'osait pas. Elle n'en revenait pas. Face à elle se trouvait l'objet de sa convoitise, tant attendu par Éléana. Se trouvait face à elle un ordinateur, sujet de disputes et d'attentes impatientes. La jeune fille fêtait son 7ème anniversaire. Elle était en Ce2, ayant sauté deux classes. Le CP et le CE1. Éléana, regarda longuement sa mère, dans ses yeux se reflétaient toute la reconnaissance que la fillette pouvait donner. Sa mère hocha lentement la tête, comme pour lui dire : "ouvre le, chérie."
Éléana bafouilla des mots incompréhensibles, puis ouvrit l'ordinateur de ses mains tremblotantes. Elle remercia longuement sa mère, puis partit se coucher, posant son trésor sur son bureau. Elle s'installa dans son lit et s'endormit.

3 ans plus tard. Éléana a désormais 10 ans, et elle a appris durant de longues années à user de cet outil qu'était son ordinateur. Depuis, elle s'intéresse aux trains. La gare à côté de chez elle était très vieille, mais elle fonctionnait encore. Néanmoins, dans cette gare légèrement particulière, on usait encore des trains à vapeur. Et c'était cela qui fascinait tant Éléana. Elle avait fait de nouvelles connaissances dans la gare, mais ce n'était pas des amis comme elle en désirait. La jeune fille était surdouée, personne ne souhaitait lui parler, pensant qu'elle ne parlerait que de mathématiques, de physique ou de sciences. Alors elle parlait au minuscule automate de son père, apparement laissé dans sa maison avant de mourir. Mais le robot ne lui a jamais répondu. C'est tout à fait normal, mais ça ne l'était pas pour Éléana. Elle voulait quelqu'un à qui parler, qui la comprendrait.

Mais un beau jour, la fillette de 10 ans se promenait à la gare, lorsqu'elle vit un ouvrier réparer un des trains. Elle couru vers cet ouvrier et demanda de sa petite voix :
-Monsieur... Est-ce que vous auriez des engrenages en trop ? C'est pour réparer le robot de mon papa...
Peut-être que les engrenages que l'ouvrier lui donnerait pourrait réparer ce robot ? L'ouvrier examina légèrement Éléana avant de saisir un vieil engrenage, plein de suie et tout crasseux, pour le tendre à l'interessée.
-C'tout c'que j'ai, fillette.
Et sans même penser à remercier l'homme, Éléana partit en courant vers sa maison. L'engrenage, crasseux, sale, ou non, il marcherait peut-être !
Elle saisit le robot, ouvrit grâce à la fente situé dans le dos de l'automate, et tenta de positionner l'engrenage avec les autres.
Peine inutile. Cela ne marchait absolument pas. Elle avait beau forcé, rien. Ça endommageait même plus le robot détraqué. Elle se mit à pleurer de toutes les larmes de son corps, frappant le robot en criant :
-Parle ! Parle j'te dis !
Désespérée, elle se jeta sur son lit en pleurant et s'endormit sans même avoir mangé.
Elle savait bien que c'était inutile, ce caprice. Le robot ne parlerait jamais, jamais. Sa mère lui avait répété que c'était inutile de croire en des choses irréalisables. Éléana pleura toute la nuit.

En plein milieu de la nuit, la jeune fille sentit quelque chose de froid et métallique sur son épaule. Elle se retourna doucement, pas bien réveillée, et vit l'automate détraqué. Elle retint un cri de stupéfaction et de satisfaction, puis murmura tout doucement :
-C'est bien vrai ? Tu es là ? Tu peux me répondre ?
L'automate n'ayant pas de bouche, il se contenta d'hocher la tête en guise d'approbation. Éléana était émerveillée.
-Je le savais ! Je le savais que tu pouvais vivre !
Désormais totalement réveillée, la petite fille posa une bonne vingtaine de questions à l'automate qui répondait par oui ou par non. Puis, elle s'arrêta pendant une minute. Puis deux. Puis elle sortit un crayon à papier et une feuille, puis écrit :
Comment créer des robots ?
Puis, le robot se saisit du crayon face au visage émerveillé de la fillette. Il écrivit d'une écriture digne d'un maternelle
"TU LE SAIS DÉJÀ. PENSE."
Aussi surprise qu'euphorique, la petite Éléana réfléchit.
"Je le sais déjà ? Comment ça ?"
Voyant l'étonnement d'Éléana, le petit robot reprit le crayon et écrit, toujours avec la même écriture :
"VISUALIVISUALISE"
Éléana songea alors. Elle ferma doucement les yeux, et visualisa un petit robot bleu clair, possédant une bouche, et des yeux verts. Il avait la même taille que le petit automate. Elle se concentra sur l'image, et senti une chose froide sur sa cuisse. Elle ouvrit les yeux, heureuse, et vit le robot, exactement comme elle l'imaginait. Elle murmura :
Bonjour..
Et le robot répondit, d'une voix mécanique, car celui ci avait une bouche :
Bon-jour !
Ça y est. La petite fille avait un ami. Quelqu'un a qui parler. Elle prit alors les deux robots dans ses bras et s'endormit.
Le lendemain.
-Maman, Jimmy est vraiment gentil avec moi.
-C'est qui Jimmy ma chérie ? C'est ton copain imaginaire ?
-Non, maman. Il existe vraiment.
-Mais non, mon coeur, ce n'est qu'un vieux jouet détraqué.
-Non, Jimmy c'est celui que moi j'ai créé !
-Toi tu crées des robots, mon coeur ?
-Oui !
-Oh, tu en as de l'imagination...
-Mais maman, c'est vrai !
-Arrête de mentir !

4 ans plus tard.

Éléana a désormais une collection de robots, d'automates. Elle a gardé celui de son père, et le premier qu'elle a fait. Il lui suffisait d'y penser très fort. Elle utilisait ce pouvoir inconsciemment, cela ne la dérangeait pas. Mais elle évitait de le montrer à sa mère. Elle ne la croirait jamais. Elle pensait que les personnes dont parlait sa fille était ses amis imaginaires. Mais un jour...
[Ding-dong !]
La mère d'Éléana cria :
-Oui ? Entrez !
Puis elle vit débarquer dans sa modeste demeure une personne habillée tel un rappeur, vêtu d'un énorme pantalon, et d'un tee-shirt s'arrêtant aux s'épaules.
-Euh-Euh, bonjour ! Que souhaitez-vous ?
-Parler à votre fille. Éléana Saphir Wilforth. C'est très important et confidentiel.
Et sans même attendre sa réponse, il monta les escaliers vers la chambre d'Éléana.
L'adolescente était plongée dans des codes très compliqués, aidés par ses amis les automates qui s'arrêtèrent immédiatement lorsqu'ils virent l'inconnu entrer.
Le visiteur dit de sa voix grave et puissante :
-C'est vous.. Éléana Saphir ?
-Hein quoi ? Oui, bien sûr... Pourquoi ?
Le visiteur ferma la porte.
-Ce que je vais te dire risque de te surprendre, dit-il, changeant totalement de voix, et la tutoyant désormais,Comment dire... C'est ma première fois que je vais chercher des Sangs-Mêlés donc... Bref. Ton père n'est pas mort contrairement à ce que tu penses. Au contraire, il est plus en forme que... n'importe quel dieu.
Éléana le regardait, incrédule.
-Donc, je continue. Ton père est Héphaïstos, le Dieu Grec des Forges, des Volcans et du Feu. Mais comme il a eu une enfant -toi-, avec une mortelle, cela fait de toi, Éléana, une Demi-Déesse ! C'est pas mal non ?
Éléana ne comprenant pas, haussa les épaules et revint à son ordinateur.
-Hey, hey ! Le truc c'est que maintenant que tu es au courant, y'a des sales monstres qui vont venir te bouffer ! Donc si tu veux être en sécurité, bah viens avec moi !
Éléana se retourna, haussant les sourcils d'un air consterné :
-En gros vous me kidnappez ? Sortez de ma-...
Avant même qu'elle ai finit de parler, le visiteur cria :
-Ta gueule ! Je peux te prouver que ce que je dis est vrai.
Alors, il abaissa son pantalon... laissant voir des tonnes de touffes de poils et... des sabots.
-Je suis un satyre. Contente ?
Éléana, complètement incrédule, fixait les jambes du satyre.
-Que-que... quoi ?!
Comme pour lui dire "Il a raison", son premier robot, l'automate de son père, se leva et vint hocher la tête, comme pour dire "Vas-y ! Suis le !"
-Ça fait un... choc.
-Je sais. Mais fait tes valises, on part demain aux aurores, ou ce soir si tu es prête. Au fait, mon nom c'est Grégoire.
Éléana hocha la tête. Après tout, pourquoi ne pas faire confiance à cet homme ? Il avait la preuve que ce qu'il disait était la pure vérité. De plus, si ses robots le voulait, alors elle leur faisait confiance.
Elle sortit sa valise, et mit dans une poche spéciale sa douzaine de robots. Elle prit des livres, des habits et un peu de nourriture, supposant que le satyre en avait, et boucla sa valise. Elle n'avait que très peu d'affaires. Elle lança un regard au satyre et dit d'une voix déterminée :
-Chuis prête. Direction... Direction quoi ?

-La Colonie des Sangs-Mêlés, baby !

Éléana rit. Grégoire le satyre était quelqu'un de gentil. Pourquoi lui ferait-il du mal ? Il lui avait prouvé être un satyre, un monstre n'aurait surement pas fait ça... Vers minuit, nos deux héros descendirent les escaliers, ouvrirent doucement la porte, s'apprêtèrent à sortir quand...
-Il ne faut pas.. pas maintenant.. S'il vous plait ! Encore un jour !
Elle fixa Éléana, puis le satyre.
-Éléana... J'ai toujours aimé ton père.
Puis elle souris doucement à sa fille.
-Désolée pour tout ce que je t'ai caché.
Éléana voulait rester, finalement. Elle n'allait tout de même pas quitter sa mère pour un inconnu total ?!
La Demi-Déesse cria, libérant tout le poids qu'elle avait eu sur elle durant toutes ces années.
-Maman !

Grégoire et Éléana partirent en trottinant dans la nuit. Le lendemain, ils étaient à l'aéroport pour Long Island. Grégoire tendit un sac de pièce d'or à la vendeuse.
-Deux billets pour Long Island, miss.
-D'accord... Voici.
Et une heure plus tard, nos deux principaux personnages attachaient leurs ceintures, prêts à décoller.
Éléana était triste, et essuyait une larme de temps en temps. Elle ne voulait pas quitter sa mère à cause d'un inconnu qui l'avait prise comme ça, un soir de novembre, pour lui dire que..
Son père était vivant..
Elle venait de se rendre compte de l'ampleur de la chose. Son père, vivant ? Il n'était pas mort, à la base ? Apparement, non... Et en plus, il s'appelait Héphaïstos et il était un Dieu Grec...
Le lendemain, aux aubes, ils étaient arrivés. Après une longue nuit tourmentée... Éléana se leva, s'étira longuement, puis s'avança vers la sortie. Le satyre et la demi-Déesse quittèrent l'aéroport, lorsque Grégoire lança :
-Et maintenant faut marcher.
-Super..!
Pendant quasiment une journée entière, Grégoire et Éléana marchèrent. Lorsque tout à coup...
-C'est ici !, cria Grégoire de toutes ses forces.
Devant eux se déployait un magnifique arbre.

-C'est l'arbre de Thalia. Entre.
Éléana s'approcha de la barrière. Et si elle faisait une erreur ? Et si ce n'était qu'un piège ? Non. C'était son instinct, elle le savait.
Elle avança, pas à pas.

Bienvenue.