Harmonie faisait les cent pas dans le hall de sa demeure, tenant dans ses mains un bout de papier. Héméra l’invitait à la rejoindre chez elle, souhaitant passer la soirée ensemble comme si de rien n’était. Le problème, c’était qu’Harmonie ne pouvait pas faire comme si de rien n’était. Elle avait dû intervenir in extremis pour empêcher une guerre d’éclater, tout ça pour les beaux de celle qu’elle croyait être son amie. Mais une vraie amie ne déclenchait pas des conflits pareils, surtout en sachant que c’est le rôle majeur d’Harmonie de préserver la paix sur Terre et qu’à ce moment-là, elle n’avait pas la tête à régler des guerres minables. Une vraie amie ne se comportait pas de la sorte... Du moins c’était ce qu’elle pensait mais elle se trompait. Héméra, comme n’importe quel autre dieu, ne pensait visiblement qu’à elle sans se soucier un instant de ceux qui devaient subir les conséquences de ses actes. Et elle espérait pouvoir passer une soirée en sa compagnie ? Harmonie n’était plus la même. Trop bonne trop conne, elle l’avait entendu suffisamment pour savoir qu’elle ne voulait plus tout laisser passer. Oui, elle y irait mais si Héméra espérait qu’elle ferme les yeux sur son erreur, elle se trompait complètement. Des siècles passaient aux Enfers avaient rendu sa rancune tenace.

Ainsi, elle revêtit un péplos tout ce qu’il y a de plus basique et quitta ses appartements pour se diriger vers ceux de la déesse, ses cheveux changeant constamment de couleurs recouvrant ses épaules. Depuis l’incident, Héméra et elle ne s’étaient plus parlées, ce qui rendait la situation d’autant plus tendue car aucune des deux ne pouvait deviner comment l’autre se sentait. Si Harmonie prévoyait d’exploser comme une bombe qui avait trop attendu, elle ne pouvait en revanche pas prédire si Héméra comptait s’excuser ou, au contraire, nier les faits. Dans tous les cas, elle était bien trop rancunière pour envisager ne serait-ce qu’un instant accepter ses excuses.

Elle arriva rapidement aux appartements d’Héméra et toqua quelques coups à la porte, prenant un instant pour admirer le travail admirable qu’avait accompli la sang-mêlée Annabeth Chase quand elle avait fait les plans pour reconstruire l’Olympe. Enfin, quand la porte s’ouvrit, elle tourna la tête et, sans l’ombre d’un sourire, éleva la voix.

« Salut Héméra. Je crois qu’on doit parler toi et moi. »