I - UN NOUVEAU DÉPART

Parfois, lorsque j’étais triste, ou tout simple perdu, il m’arrivait d’observer les étoiles dans l’espoir d’y trouver la réponse à tous mes tracas et cette fois-là ne faisait pas abstraction à la règle mais cette fois-ci était différente car j’ai trouvé dans les étoiles le signe que j’attendais depuis bien des années, mais il était peut-être trop tard pour moi. Je courais, courais, courais à en perdre le souffle, à en perdre la raison, jusqu’à ce que mes pieds en saignent et que je tombe au sol pour perdre totalement connaissance.
Quand je me suis réveillé, on m’a dit que mon père était mort et qu’il fallait que je quitte Ramallah au plus vite avant que mon tour ne soit venu à moi aussi, je ne savais pas quoi faire, j’étais littéralement perdu au milieu de ce sombre hospice de quartier, sûrement improvisé par une vieille femme aimante envers tous. On m’a mis dans le premier train pour Jérusalem et je n’ai rien dit, rien fait. Arrivé à Jérusalem, un homme m’a dit que je ne reverrai plus jamais ma famille et que si je tentai une seule fois de la revoir j’allais sûrement mourir à mon tour, j’ai demandé où était ma mama, on ne m’a pas répondu. J’ai pris le premier avion, je ne savais pas où j’allais, ni chez qui j’allais, on m’avait dit de ne pas poser de questions et j’ai arrêté d’en poser malgré toutes celles qui se bousculaient dans ma tête.

L’avion m’a accordé un long moment de répit où j'ai pu remettre mes idées en ordre, ce qui m’a également permis de rester silencieux pendant tout le long du trajet au plus grand soulagement de mes « camarades », j’étais un peu gêner entre toutes ces grandes personnes. J’avais l’impression d’être sale, même si on m’avait fait prendre une douche, et donné de nouveaux vêtements, juste avant. D'une saleté qui ne s'enlève pas et qui ne s'enlèvera jamais. J’avais encore du mal à comprendre ce qui venait de se passer, tout était passé si vite, mon père était mort et mama que lui était-il arrivé ? Même s’ils avaient bien essayé de me le cacher, je n’étais pas dupe, je savais très bien que mama n’était pas ma vraie mère. Un soir, je les avais entendu se disputer à ce sujet, mama voulait me le dire mais pas Mehdi. Et puis, je voyais très bien que je ne ressemblais pas à mama, moi j’étais métisse, mama et Mehdi étaient noirs, mais je n’avais pas préféré engager ce sujet de peur des réponses que je pouvais recevoir, après tout, la vérité n’était pas toujours bonne à entendre, j’en avais fait les frais un bon nombre de fois. Mais mama, c’était mama, elle m’avait toujours considéré comme son propre fils et elle avait travaillé dur pour m’élever, surtout que je n’étais pas facile tous les jours. Combien de fois m’a-t-elle retrouvé assis sur le bord du toit de notre pauvre et minable immeuble à m’esclaffer de rire aux côtés d’Inaya. Inaya… j’avais oublié d’aller fleurir sa tombe cette semaine, mais, maintenant, il était trop tard pour regretter. Pourtant je regrettais, alors que j’étais dans cet avion, partant pour une destination inconnue dans un aller sans retour. Je regrettais ne pas avoir dit une nouvelle fois à mon père combien je l’aimais même si notre relation était plutôt étrange, je regrettais ne pas m’être montrer gentil plus souvent avec mes parents. Dans cet avion, tout remontait, tous ces sentiments que j’avais gardé enfoui en moi pendant de nombreuses heures, de nombreux jours, remontaient à la surface. Je n’avais plus qu’une seule et unique envie : m’enfuir loin d’ici, courir le plus loin possible quitte à briser tous les os de mes corps et crier ma liberté, ma haine, mes peurs et mon désespoir.

II - L'INCONNUE

J’étais sur le toit de notre immeuble à Ramallah, cela faisait un petit moment que je n’y étais pas retourner depuis qu’Inaya était morte, pourtant c’était comme si le lieu avait été figé dans le temps, comme si rien n’avait changé et que très bientôt Inaya allait me rejoindre. Mes jambes se balançaient dans le vide au rythme du vent emportant avec lui le morceau de papier que j’avais entre les mains, de toute façon, ce n’était pas très important juste l’expression de mes sentiments. Ramallah était belle à cette heure, d’ici on pouvait merveilleusement admirer le soleil se coucher pour laisser place à sa sœur, la Lune. Même si Inaya n’était plus là, je pouvais sentir son regard veiller sur moi, comme si son parfum, sa présence, était restée figer avec le lieu, je pouvais presque entendre son rire mélangé au silence de mes larmes.  

Puis je me suis réveiller, soudainement, sans plus de détails sur ce rêve, mais je connaissais déjà la suite : mama était venue me chercher me grondant encore d’être monté sur ce toit puis elle m’avait vu en pleure et m’avait pris dans ses bras, elle et moi étions restés comme ça jusqu’à ce que la fraîcheur nocturne nous ai caresser le visage. Ce n’était pas qu’un simple rêve, c’était un souvenir de Ramallah, un de ces nombreux souvenirs dont j’avais du mal à me séparer. Le vol touchait à sa fin et les adultes qui m’accompagnaient me l’avait très bien fait comprendre puisqu’ils m’avaient donné un sac à dos, je n’ai pas vérifié le contenu mais j’ai bien compris qu’à partir de maintenant j’étais seul.
A vrai dire je m’étais un peu tromper, alors que je quittais l’aéroport une femme, la cinquantaine, habillée simplement et finement maquillée était venue m’abordée et m’a demandée si j’étais bien Ilyes, j’ai répondu comme je pouvais car mon anglais était d’un faible niveau, voir inexistant. D’après ce que j’ai pu comprendre on l’avait averti de mon arrivée, c’était une amie de mes grands-parents qui habitaient aux U.S.A dont je ne connaissais pas l’existence, jusqu'alors. Elle m’a dit qu’ils ne pouvaient pas s’occuper de moi pour l’instant mais qu’elle allait m’emmener dans un lieu sûr. Je me méfiais, comme je me méfiais d’un peu tout le monde, créer des liens, et surtout des liens de confiance, ce n’était pas trop mon truc. Elle m’a conduit jusqu’à un institut, restant silencieuse pendant tout le trajet, apparemment elle aussi n’était pas vraiment sociable, ça tombait bien. J’ai profité de ce long trajet pour fouiller dans mon sac, j’y ai trouvé un lecteur MP3 avec une vieille paire d’écouteur, un sac de couchage, un briquet et d’autre truc, de quoi tenir une semaine ou plus dans des conditions de survies, on aurait dit qu’ils ne s’attendaient vraiment pas à ce que quelqu’un vienne me chercher… étrange. Mais ça m’importait peu pour l’instant, j’avais enfilé mes oreillettes mais à ma mauvaise surprise la playlist ne comprenait que des chansons que je ne connaissais pas, j’ai quand même lancé la playlist.
Lorsqu’on est arrivé, je ne savais pas quelle heure il était mais je mourrai de faim, j’ai donc fouillé dans mon sac où j’ai pu trouver une barre vitaminée, je l’ai avalé aussitôt. Quand je me suis retourné vers la voiture et la femme qui m’avait accompagnée jusque-là pour la remercier, je n’ai rien vu de plus qu’un carré d’herbe, elle avait disparue sans le moindre bruit, même pas celui du moteur qui s'allume. Peut-être était-ce issu de mon imagination mais ce qui était sûr c'est que je n’étais pas arrivé ici seul.

III - LE MYTHE DE SISYPHE.

Chaque jour en me levant je regardais ce carré d’herbe, ce carré où j’étais arrivé il y a trois ans et où elle avait disparue. Rien n’avait changé, j’étais la même personne, insouciante mais mon plaisir de la vie était mort avec mon père, il n’y avait pas un jour où mes prières ne se tournaient pas vers lui, je sais que je n’avais jamais été un très bon croyant mais c’est ce qu’il aurait voulu. Je faisais toujours autant de cauchemars à propos d’Inaya et mon envie de rentrer à la maison ne me quittait toujours pas, malgré tout le baratin qu'on pu faire mes voisins de chambres, les adultes et tout ces gens qui tentaient de me raisonner. J’allais alors souffler mes dix-sept printemps mais je n'en étais pas moins insouciant.

Je regardais la fumée s’échapper de ma bouche pour s’élever jusqu’au plafond, enfermé dans ces vieilles - et miteuses, toilettes qui étaient devenu mon refuge, l’endroit de l’orphelinat où je pouvais être tranquille, où je ne devais me soucier de personne d’autres que moi-même et mes soucis. Là-bas, j’étais devenu comme un grand frère, presque indispensable, malgré ma dyslexie et mon hyperactivité j’avais réussi à apprendre l’anglais en un temps record et à partir de ce moment-là je m’étais mis à aider tous ceux qui en avaient besoin, la plupart des gens avaient peur de moi car j’étais l’un des plus grands et j’étais vraiment très fort quand il s’agissait de me battre. Je n’allais plus au lycée, je n’avais pas vraiment laissé le choix à mes éducateurs à vrai dire et ça les arrangeait bien après tout car j’étais devenu un véritable modèle, j’étais serviable et j’aidais au ménage, la cuisine et toutes sortes de tâches domestiques barbantes. Assis au bord de la fenêtre, je pensais à mon père, mama, Inaya, ma véritable mère et Driss, Driss c’était mon voisin là-bas, nos parents étaient amis depuis toujours et pourtant dès notre plus jeune âge c’était installé une relation conflictuelle entre lui et moi, on ne s’entendait pas vraiment et c’était mon principal rival pour toutes sortes de choses, notamment les filles, c’était aussi le petit-ami d’Inaya mais je ne l’avais appris que peu avant sa mort. Je m’étais surpris à repenser à lui, il était pourtant mon ennemi, mais je ressentais au fond de mon estomac un triste manque, un désir de le revoir. Puis je repensais aux garçons qui se moquaient de moi à l’école parce que j’étais « différent », un bâtard. Oui, j’étais le seul à ne pas le savoir ce qui me rendait encore plus amusant pour ces garçons, le bâtard ne sait même pas qu’il est bâtard. Pourtant, j’arrivai à garder mon sourire d’ange, ma joie, et quand j’ai arrêté l’école, c’est là que je me suis mis à dérailler, sans vraiment dérailler, moi et Inaya on sortait le soir pour faire la fête et nous amuser toute la nuit, on a commencé à fumer et boire puis j’ai commencé à rencontrer des filles, elles s’enchainaient dans mon lit mais chaque matin après qu’une nouvelle fille ai atterris dans mon lit je repensais à ce que j’avais fait et je n’y trouvais aucune réelle satisfaction. On vivait au jour le jour, jusqu’au jour où Inaya a perdu ses parents, un incendie, provoqué par elle. Elle ne s’en est jamais remis et tout alors a déraillé, elle a préféré tout abandonné.
L’humanité était comme ça après tout, comme le mythe que me racontait mama étant petit, celui où, punit par les dieux, un homme était obligé de hisser une pierre au sommet d’une falaise pour qu’une fois en haut de cette falaise, la pierre redescende et lui avec. On vivait pour mourir et on avait tous un moyen différent d’admettre cette réalité, moi j’avais choisi de lutter, de me révolter et elle, elle avait choisi de tout arrêter.

Alors j’observais son corps inanimé, suspendu au bout d’une corde, qui, se balançant légèrement de gauche à droite ressemblait au pendule de la vieille horloge de grand-mère. Mes genoux avaient lâché quand j’étais arrivé dans la pièce, oui, je m’en souviens très bien comme si j’y étais encore, l’odeur, cela devait bien faire quelques jours qu’elle était là et moi, je n’étais pas venu avant. A vrai dire, je n’ai même pas été capable de comprendre qu’elle souffrait, maintenant que j’y repense, ce n’était pas les signes qui manquaient. Mehdi, quand il m’a trouvé là, il a essayé de me réconforter, en me disant que j’étais humain que comme tout le monde je saignais, je pleurais et j’aimais et que de toute façon je n’aurai rien pu faire pour elle mais j'avais mauvaise tendance à ne jamais écouter mon père.

IV - LE SIGNE

Quelques jours après, on est venu me voir, une famille m’avait vu et souhaitait m’adopter, c’était à ne plus rien y comprendre, à vrai dire j’avais toujours pensé être beaucoup trop vieux pour être adopté mais apparemment tout le monde ne pensait pas comme moi. Tout le monde à l’orphelinat regrettaient déjà mon départ.
Ma famille était un couple de chrétiens blancs un peu sur les principes, au début ils étaient adorables avec moi, j’aimais vraiment ma nouvelle vie, j’avais une chambre rien qu’à moi et tout ce qu'il me fallait pour vivre, cependant le rêve fut de courte durée. Ils m’ont très vite interdit de prier, et même d’afficher ma religion, cela m'était égal jusqu'au jour où ils m'ont réinscrit au lycée et m'ont refait complètement ma garde-robe. Très vite j’ai compris que cette vie n’était la mienne et que je ne pouvais pas continuer comme ça, ce n’était pas moi et ce n’était pas ce dont j’avais envie. Alors j’ai fuis leur maison, mon nouveau foyer, dans l’espoir de retourner la où était ma place, la Palestine. Mais les autorités me bloquaient la route, en effet, on me recherchait et je n’avais d’autre moyen de me cacher, alors j’empruntais le nom de Driss Médine, un touriste arabe. Pendant quelques mois j’ai fuis mais ils m’ont retrouvé dans un bar alors que j’avais un peu trop bu car j’avais volé ce soir-là le porte monnaie d'une vieille femme qui passait pour m’acheter de quoi manger mais son porte-monnaie était plus rempli que je l’espérais. On m’a tout d’abord jeté en cellule de dégrisement avant qu'ils ne se rendent compte de qui j’étais, à vrai dire, ce n’était pas compliqué car je me trouvais tout proche de la ville de mes parents adoptifs.
Derrière ces barreaux j’attendais qu’on me vienne en aide, j’attendais quelqu’un d’autre que ces deux coincés, mais qui ? Je ne savais pas. Je regardais les étoiles dans l’espoir qu’elles répondent à mes attentes, qu’elles m’envoient le même signe que celui que j’avais espéré avoir pendant tant d’années et qui m’étaient apparu au moment où je ne pouvais le recevoir, ce signe ne m’étais quasiment jamais sortit de la tête, j’essayais seulement de ne pas y penser. Je me souviens que les étoiles s’étaient réunifier ce soir-là, elles dansaient gracieusement dans mon regard apeuré. Puis un geôlier à ouvert la grille, on était venu me chercher, je ne voulais pas y aller, j’attendais toujours ce signe, je l’attendais mais rien. Alors je suis partit avec eux, ils n’ont rien dit, je n'ai rien dit, je suis monté dans leur voiture, le cœur serré. Le trajet fut silencieux et j’étais le premier à l’être, ce silence était pesant mais je ne voulais pas le briser, je craignais ce qui m’attendais, j’avais peur de leur vengeance, je ne pensais plus qu’à une chose : m'enfuir de nouveau. Puis j’ai regardé la nuit étoilée qui s’offrait à moi, elle n’était pas aussi belle que celle de Palestine mais cela a suffi à me réconforter, tandis qu’une larme perlait sur mon visage les étoiles se sont réunifiés de nouveau pour me sourire, les constellations elles-mêmes me parlaient. Puis le noir total, je n’ai même pas eu le temps de réagir à ce signe, de voir ce qu'elles me disaient...
Maintenant je vois le feu dans la montagne. Je vois le feu brûlant les arbres. Du sang dans l'air et une odeur de métal. Ma vue est brouillée et je suis pris dès mon réveil d’un mal de tête monstrueux, comme si on me frappait la tête avec un marteau, chaque coup étant plus fort que le précédent. Puis ma vision s’améliore et je peux enfin voir l’ampleur des dégâts, on a dû faire plusieurs tonneaux avec la voiture car nous sommes juste à l’entrée d’une forêt incendié par les flammes qu’a su produire la voiture. Je tente de me relever mais ce mal dans ma tête s’intensifie, différemment, comme si le sang à l’intérieur des veines de mon front était en train de bouillir, j’entends un sifflement strident qui ne veut cesser, des cris, je cris mais personne ne semble m’entendre. Je me relève tant bien que mal, haletant. C’est alors que je m’arrête pour regarder les flammes vermeilles brûler sur la montagne de l’autre côté. Je souffre atrocement de ces maux de têtes mais parvient à me maîtriser si bien que je parviens à entendre dans ce crissement des murmures, ils viennent des cieux. Je lève ma tête vers le ciel mais je n’y vois rien de plus qu’une nuit étoilée. Puis je me sens basculé en arrière pour tomber une fois de plus dans le noir le plus total.

V - LA BALAIS DES ETOILES.

Quand je me réveille je me retrouve dans une étrange pièce dont la décoration à l’allure de celle de la Grèce Antique. Je me sens tout bizarre alors je reste allongé à essayer de reconstituer cet étrange puzzle que sont mes souvenirs et ces souvenirs refont surface peu à peu tandis que je reconstitue le puzzle. Ma tête me fait toujours atrocement mal mais je commence à m’habituer à cette douleur comme si je savais pertinemment que cette douleur allait persister jusqu’au reste de mes jours. Je regarde un peu autour de moi et je vois un bon nombre de personnes allongés dans des lits et plusieurs personnes tous habillés dans des tenues Antiques qui passent de lits en lits.
Je me revoyais courant les rues de Ramallah accompagné d’Inaya, puis je la revoyais suspendu à une corde son corps en pendule, je revoyais son corps enfoui et mon cœur détruit, défiler sous mes yeux le balai des étoiles qu’on a l’habitude de voir, je voyais ce signe que m’avait fait les étoiles, une étoile, filante à travers le ciel comme un cavalier le ferait avec son cheval. Je pouvais ressentir à nouveau le sentiment de haine que j’avais éprouvé envers Driss et ses abrutis de copains, mais également ce sentiment que je n’ai jamais réussi à décrire, un sentiment qui m’était très peu familier et que je n’arrivais toujours pas à définir, tout ça défilait sous mes yeux comme si mon heure était venue et les larmes montèrent, tant bien que mal j’ai retenu ce flot salés mais je le devais, pour libérer ce grand poids qui pesait sur ma conscience, pour pleurer mon père que je n’avais jusque-là pas pleurer et pour maudire ma mère de m’avoir abandonnée. Ce flot fut tranché net par une voix : « Ah, enfin debout ! », je me suis redresser, ai essuyé mes yeux encore humides qui m’empêchait d’observer cette personne en face de moi. C’était une fille très belle qui aux premiers abords lui donnaient envie de discuter avec pendant de longues heures, elle respirait la sagesse et l’intelligence si bien qu’on avait directement l’idée de la mettre au défis cette fille, elle s’appelait Sophie et c’était elle qui l’avait ramené au « camp », enfin c’est ce qu’elle lui expliqua. « Alors, comment te sens-tu ? Es-tu prêt à affronter la réalité ?
- De quel réalité parles-tu Sophie ?
- Celle qui fait de toi un demi-dieu. »
Qu’est-ce qu’était un demi-dieu ? Qu’est-ce qu’était la réalité ? Qu’est-ce qui faisait de moi ce que j'étais ? Je n’en savais plus trop rien. Jamais dans une vie on pouvait s’imaginer s’attendre à une telle chose, pourtant, moi, je m’y était attendu, je savais très bien que je n’était pas comme les autres et les autres aussi le savait puisque, petit, j'étais sujet à de nombreuses moqueries de mes camarades, jamais jusqu'alors je ne m'étais rendu compte que de la réalité de ces moqueries, Sophie avait supposé que son parent divin lui avait transmis un message mais elle ne comprenait pour la douleur qu’il avait ressenti.  « Peut-être que ton parent divin à un rapport avec les étoiles ? Qui sait ? Mais ça ne me dit rien en tout cas. ». Sophie était tout aussi surpris que moi quant à mon acceptation si rapide de ce que je suis, peut-être que j’allais me plaire ici, peut-être qu’en cherchant inlassablement à retourner à mon foyer j’avais fini par le recréer quelque part d’autre et peut-être que c’était l’endroit idéal pour le bâtir.

VI - TOUTE INVENTION A SON IMAGINATION

Combien de temps vais-je rester ici ? Je n’en savais rien et puis je m’y plaisais bien. Voilà un jour que j’étais dans la colonie et déjà je l’adorais, on ne pouvait pas rêver mieux quand on était un garçon comme moi. Ce qui me manquait le plus ici c’était le sourire d’Inaya, ça lui aurait plus à elle aussi. On avait souvent beaucoup de choses en communs mais on était quand même très différents, c’était tout le charme de notre relation. Tandis que j’étais allongé sur mon lit avant le repas de ce soir, je songeais à ce qu’aurait pu être la vie si elle était encore en vie, si mon père ne s’était pas entrainé dans ces étranges histoires et si je n’étais jamais venu aux Etats-Unis, peut-être n’aurais-je jamais su que j’étais un demi-dieu ? Toutes ces questions restaient sans réponses car on ne pouvait pas savoir ce qu’aurai pu être le passé mais on pouvait essayer d’arranger le mieux possible son futur.
J’ai rejoint mes camarades au réfectoire et cette douleur dans ma tête avait commencé à reprendre, j’avais des vertiges sur le chemin mais j’essayai de ne pas en faire de cas pour éviter de me faire remarquer. Lorsque je suis arrivé ils se sont calmés et j’ai fait comme les autres, je me suis levé, j’ai suivi avec mon assiette on m’avait dit que c’était une offrande aux dieux. Une fois arrivé face au feu j’ai entendu une nouvelle fois dans ma tête qui me répétait sans cesse la même phrase, perturbé j’ai lâché mon assiette dans les flammes et je me suis mis à répéter le nom que j’entendais dans cette phrase, tous les regards étaient braqués sur moi comme s’ils auraient voulu m’égorger d’avoir ainsi blasphémé et pourtant tout s’est calmé alors qu’un étrangement rayonnement  au-dessus m’a tête est apparu, une étoile filante, alors j’ai répété une nouvelle fois, Astéria.