2004:
Je fais un signe de la main aux jumelles May et June. Non vous ne rêver pas. Mai et Juin, leurs parents ont une passion pour les mois ou un sens de l'humour assez mauvais. Leur petite sœur s'appelle April. Je les plains. J'avance vers le fond de la classe et je prépare mes stylos. La classe va commencer et aujourd'hui: rédaction notée. Le sujet est encore un mystère. Mme Harmon débarque et tape dans ses mains pour demander le silence. Les cours de Mme Harmon sont assez intéressants après ça restent des cours. Elle annonce le sujet avec un grand sourire: présenter sa vie. J'hoche la tête. Je l'aime bien ce sujet mais tout le monde n'est pas du même avis. Je sors une feuille et commence à écrire:
Bonjour, je m'appelle Gemma Louka Bradshaw et j'ai 8 ans. J'habite à une pattée de maison de l'école avec ma mère qui n'est pas vraiment ma mère. C'est en fait une ancienne compagne de mon père. Je suis née en Irlande à Clane le 21 décembre 1996, le jour du solstice d'hiver de cette année. Je ne connais pas mes parents biologiques mais ça ne me dérange pas. Sinon, ma vie est ce qu'on pourrait qualifier de parfaite, j'ai un appartement très grand, je m’entends très bien avec Izabelle. Je fais du karaté depuis quelques années et de l'équitation même si je préfère ma première activité extra-scolaire. Et les samedis j'ai danse mais cette fois c'est aussi avec Izabelle, c'est elle qui à trouver cette idée intéressante en plus ça nous permet de passer plus de temps ensemble vu que le métier d'Izzy est assez particulier. Je ne sais pas vraiment ce qu'elle fait mais elle travaille dans la mode. Souvent elle rentre tard donc je sais cuisiner où cas où elle n'a pas le temps. Une fois toutes les deux semaines on va manger dans un restaurant, on change à chaque fois pour ne pas s'en lasser. On a une petite routine qui nous plaît bien.

2010:
J'éclate de rire avec mes deux meilleures amies. Elles sont vraiment trop bêtes mais je les adore, on parle encore de la déclaration que m'a faite un garçon. J'ai bien sur dit non. En plus je ne le connais pas, il est dans une autre classe. J'arrête de rire quand je vois la voiture immaculée rouge d'Izabelle garé devant l'école. Aujourd'hui elle ne doit pas venir me chercher. C'est bizarre. Je souris à ma mère et fais un signe de la main aux jumelles. Je trottine dans vers la voiture et dépose un bisou sur la joue d'Izabelle.
-Tu n'es pas allé bosser aujourd'hui ?
-C'est plus compliqué ma belle, monte de la voiture et je t'explique tout.
Je m'exécute un peu inquiète. Peu de temps après être sorti de la ville Izabelle commence à parler:
-Lou, la mia bella, je vais t'emmener quelque part. Là-bas tu seras en sécurité, tu pourras apprendre à te défendre. Je t'ai préparé un sac avec tout ce qu'il faut. Tu vas voir, tu vas t'amuser.
-Quoi ?
-Tu vas t'amuser.
Je suis complètement perdu. Je n'allais plus revenir à la maison ? Izabelle allait venir ? Mes oreilles bourdonnent, je n'écoute plus la ce que me dit ma mère, j'entends juste des brides comme: "demi-déesse", "mythologie","armes", "créatures"...
Ça va être l'enfer, je le sens mais les paroles d'Izabelle restent dans ma tête: "tu vas t'amuser." Et je la crois malgré moi.

Izabelle s'arrête et lâche mon bras. Je n'arrive pas à bouger, je suis perdu, je veux partir. Je refuse d'être une demi-déesse, je veux être une simple mortelle. Je veux revoir mes amies mais je sais que tout ça est impossible. Je veux oublier cette journée, que tout soit un cauchemar. Izabelle me tend mon sac à dos, celui qu'elle avait préparé. Elle soupire en souriant et me le place sur mon épaule droite et n’embrasse sur le front:
-Gemma, vas-y rentre, tu leur diras que tu viens de ma part. Tu inventeras une excuse du genre j'étais pressée, d'accord ma belle ? Tu vas t'éclater !
J'hoche la tête, j'ai encore du mal à réagir, elle me pousse vers l'entrée de la colonie, c'est le nom qu'elle a utilisé pour désigner cet endroit. Mon prochain chez moi, qui ne le deviendra jamais.

Ça fait un mois que je suis à la colo. La première semaine, je me suis convaincue que j'avais tout dramatisé, les demi-dieux étaient sympas mais vite cette sympathie c'est tourne pitié. Mon parent divin à tardait trois semaines et au début j'ai cru que je pouvais changer de bungalow. Fake. Ma mère est Achlys, déesse mineure donc pas de bungalow. Je ne me plains pas. Je la trouve même classe et elle est déjà rentré en contact avec moi. Deux jours après m'avoir reconnue. On a parlé. Elle a répondu à mes questions mais tout était assez bref. A cause du règlement de Zeus. Quelle stupidité. Et pourquoi seuls les dieux olympiens ont le droit d'avoir un bungalow ? C'est injuste. Quelque chose que j'ai vite compris depuis mon arrivée: le monde divin en est remplie.

2011:
Je veux partir. Je veux retrouver Izabelle et lui dire que tout était un mensonge, un joli mensonge pour cacher la cruelle réalité. Tout le monde a l'air d'adorer les dieux, peut-être pas les adorer mais ils sont d'accord avec eux. Je ne les comprends pas. Ils nous ont imposé des règles et on est obligé de les respecter. Je vais attendre mon moment. Je vais me préparer. Pour l'instant je fais profil bas. Quand je parle des dieux les autres me regardent bizarrement, comme s'il n'y a pas de raison pour les haïr. Ils sont cons, ils ne se rendent pas compte.

2014:
Je suis encore enfermé dans ce trous à rats... Euh, je veux dire le bungalow d'Hermes. On s'entasse les un sur les autres et faut faire gaffe à ses affaires. Pour mon cas je n'ai que le sac à dos qu'Izabelle m'a donné le jour ou j'ai arrivé à mon enfer personnel. D'ailleurs, hier, j'ai décidé de l'ouvrir. Ça faisait longtemps. J'ai découvert une poche avec une lettre de la part de ma mère. Non pas Achlys mais Izabelle. C'est une lettre pour ne pas me décourager. Elle m'explique que c'est une fille d'Aphrodite, ce dont je m'en doutais, et que elle aussi elle a vécu ici. Que je dois me faire des amis et que je dois trouver ma place. Je crois que c'est raté. Pour compléter cette lettre de l'anti-dépression elle a rajouté une rédac que j'avais fait quand je n'était qu'une gamine. J'étais naïve et bête. En plus j'écrivais mal. De toute façon je l'ai déchirer puis piétiner pour finir pas la brûler. Je la hais. Je les hais tous.

Je sursaute. Je viens de recevoir un saut glacé. Le petit morveux va le regretter, je balaye avec ma jambe le sol et elle se cogne avec quelque chose qui s'étale le sol avec un gémissement.
-C'est pas sympa Gem' !
Cette voix me dit quelque chose mais je ne pourrais pas lui mettre un prénom et même si j'ouvre les yeux je n'y arriverais pas. Pourquoi apprendre des noms qui ne vont pas me servir ?
-Je m'appelle Gemma, pas Gem'.
-C'est un surnom Ivy !
-Sors et laisse moi dormir !
Je respire pour essayer de me calmer, mais le gamin continue de parler comme si rien n'était:
-Je dois te rapporter ça ! C'est une lettre.
-Tu la ouverte ?
-Non ! Pourquoi tu dis ça ? Je ne serais pas capable, tu me connais.
Toujours les yeux fermés je lui présente mon majeur comme toute réponse et je sens comme il dépose la lettre sur mon ventre.
-A plus Ivy !
Je grogne et j'attrape le premier objet pour lui lancer. Je l'entends rire puis plus rien. Je soupire et ouvre les yeux: mes cheveux sont mouillés. Génial. Au moins il y eut l'amabilité de poser la lettre sur un endroit qui n'était pas mouillé. Il gagne un point. En fait non, il en perd dix à cause des surnoms. Gem' je tolère même si je ne l'avouerais jamais. Je préfère Lou. Mais Ivy, là c'est hors de question. Tout ça parce que ma mère c'est Achlys. Je ne contrôle pas les plantes  !

Ça fait trois jours que j'ai reçu la carte. Je ne l'ai pas encore ouverte. A vrais dire je m'en fous. Je ne croit pas que ça va changer ma vie. Je coupe avec le poignard d'une demi-déesse qui dort à coté de moi le haut de l'enveloppe puis je la secoue à l'envers pour que tout tombe. Un papier. Juste un papier. La personne à pris vraiment soin du support. Je le prends entre mon index et mon majeur et le retourne. Je fronce les sourcils. Juste une adresse et une phrase bien énigmatique mais qui est adressé à la bonne personne: "Tu pense comme nous. Tu veux les tuer." J'ai souris. Pour la première depuis un bon bout de temps. Je ne suis pas seule. Je plis le papier avec soin et le range dans un endroit ou personne ne le trouvera, je compte bien les rejoindre.

2015:
La guerre arrive. Tout le monde le sait. On le sent, on le vit. Et au plus profond de moi j'espère qu'on va perdre car si on perd les dieux perdent également et je suis prête à tout pour que cela arrive. Aujourd'hui on se repréparera pour gagner la guerre, des entraînements sans fin qui ne serve à rien. On gagnera ou on perdra, je m'en fous à vrai dire je ne sais même pas si je vais y participer. Peut-être que je vais fuguer. Ou peut-être pas. Je verrais bien, après tout j'ai toute ma vie devant moi.

La guerre est finie. Il y a eu des dégâts mais on a gagné. Enfin ils ont gagné car moi je n'ai rien eux. Pas de félicitation, pas de récompense. Il y a eut des morts. C'est ballot dis-moi. J'ai toujours le papier sur moi, celui qui va me permettre de me battre pour un avenir meilleur mais je ne sais pas encore, de toute façon rien ne presse. La guerre est finie, nous somme dans une époque de paix. De courte paix mais de paix tout de même. J'y réfléchirais et je me joignerais à la cause si j'y sens l'envie. Pour l'instant je fuis de la colonie, je ne peux pas tenir un jour de plus là-bas, un jour de plus à être ignorée et rejetée. Dans les prochains mois je vais voyager et découvrir le monde. Ça me semble plutôt correct comme mode de vie puis j'aurais le temps de réfléchir.

2016:
Je me fais un clin d’œil devant la glace et rigole. Je détache mes cheveux noirs et les laisse tomber sur mes épaules pendant que mets mes bottines noires. Ma journée de travail se termine. Enfin ? Pas vraiment. J'aime bien ma nouvelle vie. Je bosse dans un bar comme serveuse et mon salaire me convient, je dors tous les soirs dans une auberge pas très chère et je passe le reste de mon temps de fête en fête. Ça fait deux mois que je me suis installés à New York et mon cercle d'amis s'est très vite agrandi. Je vis ma vie à fond comme une fille de 20 ans pourrait la vivre. En question de mois j'ai changé et je m'en rends compte. Je ne suis plus la jeune fille qui haïssait le monde et qui se sentais incomprise maintenant je profite de la vie, je m'épanouis. Je fais un signe de la main au gérant pour lui dire au revoir et sors du bar. Je me place au bord du pavé et tend ma main pour appeler un taxi. Je sors mon téléphone de mon sac afin de voir à quelle fête je vais assister ce soir mais un bout de papier tombe. Je m’empresse de la ramasser. Je n'ai pas besoin de le lire. Je sais exactement ce qui est inscrit. Le taxi arrive et je m’empresse d'y monter, le conducteur me demande, avec une certaine impatience, où je veux aller. J'inspire et lui tend le papier, au fond de moi j'ai toujours su la réponse, j'ai toujours voulu y aller. Et aujourd'hui, je reprendrais ma vie de demi-déesse.