Après la bataille contre la Colonie, où Leslie avait tenté de ne tuer personne mais de faire malgré tout un maximum de dégâts en dérobant la Toison d'or, la magicienne avait été capturée par un fils de Perséphone, du nom d'Elian, déterminé à lui faire payer le mal que la Résistance avait fait à la Colonie. En même temps, si elle n'était pas aussi soumise aux dieux, elle aurait sûrement été épargnée par la vague destructrice de la Résistance...

Enfermée dans une cage où il lui était impossible d'utiliser sa magie, même pour changer son apparence histoire de ne pas être reconnue, la jeune femme se morfondait, cherchant à tout prix un moyen de sortir de cet endroit sans demander son reste. Elle n'avait pas spécialement peur, mais elle se souvenait de son passage dans une rose de cristal qui lui avait causé pas mal d'égratignures, sans compter le combat qu'il y eut par la suite avec le fils de Perséphone qui l'avait passablement affaiblie.

Recroquevillée dans sa cage pour essayer de cacher son inquiétude et ses égratignures, Leslie se mit à prier mentalement sa mère, Hécate, pour qu'elle fasse quelque chose, genre défaire la cage et lui permettre de s'enfuir ; aucun résultat. Soit la connexion qu'elle avait avec sa mère était empêchée par la Colonie, soit elle était occupée à autre chose pour s'occuper de sa fille. Plus le temps passait, et plus elle désespérait, sans compter qu'un étrange froid la prenait petit à petit, la forçant à se recroqueviller davantage pour contenir le peu de chaleur que dégageait son corps meurtri. Par Hécate, qu'est-ce qu'elle n'aimait pas être dans cette situation... Et Hero qui devait sûrement la chercher, à l'heure qu'il était...

Recroquevillée dans sa cage, Leslie ne réagit pas lorsque la voix d'Elian, le fils de Perséphone qui faisait office de geôlier, retentit près d'elle :

Bonjour ! Alors tu es décidée a parler aujourd’hui ? Car contrairement aux autres moi, je n’abandonnerais pas ! Et je te ferais cracher ton morceau ! Tu me dois bien ça…

Cracher quel morceau ? Leslie n'avait tué personne au cours de l'attaque, ce n'était pas à elle de rendre des comptes enfin ! Elle se recroquevilla davantage, autant à cause du froid qu'à cause du fait qu'elle n'avait pas l'intention de parler. On était dans un pays libre, alors si elle n'avait pas envie de parler, elle ne parlerait pas, na !

C'était sans compter la gentillesse de son geôlier, qui s'absenta quelques instants avant de revenir avec une couette, qu'il lui tendit en demandant d'une voix un peu plus douce :

Explique moi juste pourquoi ? Pourquoi vous vous en prenez aux dieux…

La magicienne avisa la couette et l'attrapa du bout des doigts, la mettant comme elle pouvait sur ses épaules, avant de s'emmitoufler dedans pour se réchauffer un peu. Une vraie couette pour ne pas avoir froid... Sur le coup, elle regretta d'avoir détruit la barrière et l'arbre de Thalia, qui semblaient permettre une météo généralement clémente sur la Colonie ; mais bon, comme elle ne s'y sentait pas comme chez elle, c'était un peu compliqué de concilier le non-assassinat et la non-destruction d'un symbole...

La magicienne attendit que son corps ait récupéré un peu de chaleur pour se redresser et posa son regard sur Elian pour lui répondre doucement :

Sache une chose. Moi, je ne m'en prends qu'aux Olympiens, parce qu'ils ne reconnaissent pas les divinités comme ma mère à leur juste valeur. Et si j'ai participé à la destruction de la Colonie, c'est parce qu'elle n'a pas su m'accueillir et faire en sorte que je m'y sente comme chez moi... Au fait, merci pour la couette, mais pourquoi ? Après tout, j'ai détruit ton chez toi...

La magicienne resserra davantage la couette contre elle après son petit speech ; bon, elle n'avait pas l'intention d'être méchante ni malhonnête, mais quand même, son ego avait un peu mal après ça. Mais c'était sûrement nécessaire, si elle voulait partir de cet endroit le plus rapidement possible... Elle haussa un sourcil quand Elian lui répondit :

Je comprends mieux, tu voulais te venger de la méchanceté des anciens du camp. J’en ai eu envie au début, mais regarde maintenant, regarde-moi, j’ai vécu la même chose que toi. Alors je te demande avec toute la gentillesse de mon cœur, de me pardonner pour les blessures que je t’ai infligée…

Euh... Comment ça, lui aussi avait eu envie de se venger des anciens ? Pourtant, Perséphone est plutôt bien vue, comme divinité, contrairement à Hécate... Allez savoir pourquoi, d'ailleurs. Elle recula un peu plus dans sa cage quand le garçon se pencha et l'ouvrit en déclarant :

Viens avec moi, j’aimerais te montrer qu’elle chose…

Leslie hésita quelques secondes, puis le voyant s'écarter un peu, se tortilla pour sortir en grimaçant ; à force de rester en position fœtale pendant trop longtemps, ses jambes s'étaient un peu ankylosées. Dès qu'elle fut sortie, son premier réflexe fut de se rendre un peu plus présentable ; en un claquement de doigts, son teint devint un peu plus frais, les égratignures s'estompèrent en grande partie, ses cernes se rétractèrent un peu... Mais elle dut s'arrêter assez rapidement, sentant un vertige la prendre, et ferma les yeux en serrant encore la couette. Quand elle fut assurée que le vertige était passé, elle suivit Elian jusqu'au cœur de la Colonie, et il lui dit :

Après la guerre contre les titans, Zeus a juré sur le Styx de ne plus oublier qui que ce soit, et de donner une place à chacun de tous les dieux dans son assemblée. Maintenant, il y a un bungalow ! Même pour les enfants de ta mère, enfin, tu dois le savoir vu que tu es arrivé avant moi. Mais moi, j’aimerais te montrer ma vision du camp. Promets-moi juste de la regarder avec un autre œil… Car malgré tout, j’aimerais que l’on devienne ami…

Elle avisa la main qu'il lui tendait, et sortit l'une des siennes pour la serrer, un léger sourire sur les lèvres. Au fond d'elle, quelque chose de nouveau était en train de se faire ; elle était prête à accepter le point de vue d'Elian, curieuse de voir ce qu'il allait lui montrer, et dans le fond, elle n'était pas foncièrement bornée...

La magicienne afficha un air un peu circonspect quand elle vit Elian tendre les mains vers le foyer d'Hestia, fermer les yeux et soupirer d'aise avant de se tourner vers elle :

Leslie devant toi se tient le foyer d’Hestia. Le foyer de la famille. À chaque fois que je ne me sens pas dans mon assiette, je viens me recueillir devant les flammes de la déesse du foyer et de la famille. À chaque fois que mes parents me manquent, je viens ici et plonge mon regard dans la danse des flammes. Essaye, tu verras, tu sentiras la chaleur entré dans ton corps apaisé tous tes maux et te montrer ce qu’il faut que tu voies. Avant de venir ici, j’avais un but bien précis. Me venger d’Hadès qui a tué mon père, mais je me suis rendu compte que nous ne pouvons pas grand-chose face au grande instance divine. Alors j’ai réévalué mon but et je l’ai modifié en: je rencontrerais Hadès et lui ferais avouer son crime et juste ça me suffira…

Leslie afficha un air neutre en écoutant l'histoire d'Elian ; techniquement, elle aurait pu aussi avoir une bonne raison d'en vouloir à Hadès, qui s'arrangeait pour que Hécate reste aux Enfers, mais non. C'était après Zeus qu'elle en avait, parce qu'il avait interdit aux dieux de voir leurs enfants. Et elle n'était pas certaine que poser ses mains près du foyer d'Hestia la ferait revenir sur sa décision...

Elian lui prit la main et l'entraîna vers le lac avant de reprendre :

Je veux te montrer un autre endroit qui m’est cher. C’est là que j’ai rencontré mon ami Anthony qu’un certain Hero à blessé. C’est la première personne du camp à ne pas, c’être moqué de moi à mon arrivé, à me montrer que je ne suis pas nul. Alors, je voudrais être la même personne que lui, mais pour toi. J’aimerais être ton ami et t’accueillir dans le camp comme Anthony l’a fait… Pardonne-moi les blessures que je t’ai infligées et devient mon ami…

Hero... Quand il se rendrait compte que Leslie était coincée à la Colonie, il viendrait sûrement la chercher. La jeune femme esquissa un léger sourire cependant ; après tout, même si Elian devrait mettre beaucoup de temps pour la convaincre du bien-fondé de la Colonie, elle avait envie de le croire et de lui faire confiance. Du moins, pour l'instant, et la confiance ne serait pas totale. Jusqu'à ce que le garçon soit réellement digne de confiance...

Elle poussa un soupir et répondit :

Très bien. Montre-moi que je peux avoir confiance en toi et j'aviserai à ce moment-là.

Tout en espérant secrètement qu'Hero vienne la récupérer rapidement, quelque chose lui disait que cette relative bonne ambiance n'allait pas durer...

Pas de chance pour la magicienne, son petit jeu de la fille intéressée n'avait pas fonctionné. Flairant le piège - alors qu'elle avait essayé, malgré sa fatigue, de rester à peu près cohérente dans son discours et dans son paraître - Elian changea de ton et de posture en déclarant :

Si tu t’es déjà fait ton opinion sur le camp, ça ne sert à rien que je cours à vouloir te prouver le contraire.

Sur le coup, Leslie ne réagit pas de suite, avant de comprendre que sa tentative de paraître intéressée n'avait pas fonctionné. Elle se résolut à le suivre, avant qu'il ne lui lance, une fois devant sa cage :

Ton repas sera apporté à l’heure du repas.  J’ai tenté d’être sympa avec toi, mais tu ne sembles pas être réceptive à cette marque d’affection. Puisque tu ne comprends que la violence. Alors je ne sers à rien. Et j’ai horreur de servir à rien… Maintenant, je laisse ton destin ici dans les mains du reste du camp. Je ne me porte plus garant de toi. J’en suis désolé, mais je ne vais pas me mettre à dos tout le camp en tentant de leur prouver que tu n’es pas une menace, mais apparemment ça ne te dérange pas de dormir dans une cage. Donc pour moi s'est fini, je te laisse ici. Maintenant entre !

La magicienne leva la tête pour regarder Elian avec une pointe de mépris et lui répondit :

Je suis sûre d'une chose. Tu ne vaux guère mieux que tous ceux qui sont présents entre ces murs. Je regrette presque de m'être laissée avoir.

Puis, l'air le plus digne possible, elle retourna dans sa cage et se roula en boule dans sa couverture ; elle allait en avoir besoin.