Ma charmante petite sœur ne pouvait s’empêcher de rire. On retrouvait bien notre vielle complicité avant la guerre. Son rire me rappelait tant de bons vieux souvenirs, la famille réunit, quand nous rigolions ensemble, quand nous nous chamaillons pour un rien, sans oublier les quatre cent coups qu’on faisait gamins… Tout cela me fit un bien fou, et même si cela me manquait en y repensant, je n’éprouvais aucune tristesse, comme si ces bons moments se produisaient encore maintenant.

Liz - Pas mal. Tu vises très bien. Avec de l'entraînement, tu t'en sortiras beaucoup mieux avec un arc... Tu as les bases avec ce... Ce machin.

J’adoptais une moue boudeuse, jouant les offenser un peu snobinard comme si elle avait touché à quelque chose de sacré, ce qui était un peu le cas car une arme pour un soldat était importante non ?

Chris - Ce machin comme vous dites, ma sauver la vie plus d'une foie. Contre des monstres et contre des insectes rampants. Et surtout qu'il est classe.

Liz prit un air innocent, ce qui répondait bien à mon air moqueur et taquin. Même si elle avait un sacré caractère, elle savait jouer les filles innocentes et se faire passer pour une gentille et fragile petite fille. Et bien entendu, tout le monde tombait dans le panneau, même moi. Mais comment résister à un visage angélique et à une fille qui n’hésiterait pas à vous frapper si vous la vexez ?

Liz - Je peux essayer ? Je me suis toujours demandée comment ça faisait... De tirer avec un truc pareil.

Lâchant un rire, je lui tendis l’arme. Après avoir survécu à des monstres, une armée de titan et à cette colonie, ce ne sera pas cette arme qui aura raison d’elle. Mais j’étais curieux de voir comment elle se débrouillait avec une arme à feu. Certes, avec un arc et des flèches, elle était championne, je ne pourrais dire le contraire, et sans doute comme elle le dit, je devrais m’entraîner, mais avec des armes plus modernes, j’étais un maître, j’étais entraîné à manier toutes les armes, aussi bien au corps-à-corps qu’à distance. Couteau, épée, pistolet, fusil… J’étais un vrai pro, et combiné à mes pouvoirs d’Apollon, je pouvais être presque imbattable. On aurait cru que le reste de la colonie avait accouru pour venir voir ce qu’il se passait, alerter par le bruit des coups de feu. Je m’en doutais que ce bouquant alerteraient les autres, mais bon, je ne savais que tirer à l’arme à feu alors zut. Et au moins, ils verront comment se débrouille la famille Thompson.

Liz - 3 essais ? Une au centre et je gagne, d'accord ?

C’était bien une fille, se facilitait les choses pour être sûr de gagner. Bras croisé, je regardais l’assistance tout autour. Rassurer qu’ils ne subissent pas une nouvelle attaque, ils abaissèrent leurs armes ou stoppèrent leurs pouvoirs d’attaques. Certains avaient les mains en feu, d’autre en glace et d’autres… J’en savais rien, c’était bizarre. A présent, ils n’étaient plus que des spectateurs qui se mettaient à parier sur la réussite ou l’échec de la chasseresse. Cela m’énervait un peu, et mon côté frère protecteur refaisait surface. Je n’avais qu’une seule envie, me lever et leur en coller une ou leur dire « Pariez qu’elle gagne ! » Au lieu de ça, je me retenais pour ne pas trop faire honte à ma sœur.

Chris - Oui. Montre leur ce que les Thompson on dans le ventre.

Me prenant l’arme des mains, Elizabeth se mit à viser la cible. Sa posture était bonne, l’arme était bien tenue, une vraie pro. Je ne doutais pas qu’elle sût s’en sortir, ayant servi dans l’armée, on a dû lui apprendre à se défendre avec une arme, même pour une infirmière. Ce n’était pas parce qu’on travaillait à soigner les malades et les blessés qu’on était intouchable, l’ennemi pouvait se montrer cruel et sadique, surtout l’armée Nazis. J’étais pris entre deux sentiments contradictoires, d’un côté, je désirais que Liz se rate pour rigoler un peu et gagner ce pari. Mais en même temps, je voulais qu’elle réussisse pour impressionner tout le monde. L’honneur de la famille étant en jeu, je voulais bien mettre de côté mon ego de mâle.

Trois tirs rapide et net sortir de mon arme. Les projectiles fusèrent jusqu’au centre de la cible, mais à la différence qu’ils ne prenaient pas feu. Fière d’elle, elle me remit mon arme tout sourire.

Liz - On dirait bien que j'ai gagné.

La foule se dispersa. Sans doute espéraient-ils voir la chasseresse perdre, ou bien ont-ils comprit qu’il ne valait mieux ne pas trop nous chercher. Je répondis avec un sourire moqueur en reprenant mon arme.

Chris - On dirait bien.
Liz - Avoue que tu ne t'y attendais pas... Que ta sœur ne soit plus une petite chose fragile. Mais tu sais, je ne l'ai jamais vraiment été. Avec des frères comme vous, il fallait être une dure à cuire.

Là, une force invisible me poussait à railler ma sœur. Vous savez, comme si cela était naturel qu’un grand frère embête sa frangine car sinon il meurt. Je me rappelais du groupe que nous formions avec le reste de la fratrie. Et bien entendu, déjà à son jeune âge, Elizabeth était une dure à cuire. Qui osait la pendre pour une petite créature fragile jouait avec sa vie. Cela est sans doute dû à notre sang de dieu guerrier. Est-ce qu’Apollon était du même genre ? Un peu rebelle qui ne se laissait pas marcher sur les pieds ? Je savais que sa sœur jumelle, notre tante, il faut que je me fasse à cette idée, avait le sang chaud, la moindre offense et on se prenait une flèche bien placé. Liz était de la même trempe, elle désirait prouver quelque chose chez elle, qui était une évidence.

Chris - Oh non, je n'ai aucun doute sur ça. Je sais que tu es forte, tu pourrais sans doute arracher la langue d'un monstre à main nue. Justement, ma mère m’a confié que quand tu étais venu au monde, elle à cru que tu étais un garçon et tu portais de la non de Frank pendant trois mois avant de se rendre compte de l’erreur.

Évidemment, je disais n’importe quoi, jamais notre mère à prit Liz pour un mec. Je désirais juste la taquinais comme j’aimais le faire et aussi, avoir une petite revanche sur ça, après sa victoire. En plus, si je devais accomplir un gage… Un gage, je l’avais presque oublié. Il valait mieux respecter les termes de notre accord. J’étais curieux de savoir de quoi il s’agissait, venant d’elle, je m’attendais à tout. Bras croisé, les yeux jetaient un défi. On pourrait sans doute me prendre pour quelqu’un de sérieux, ou d’énerver comme ça, mais mon sourire, et le rire que je m’efforçais de retenir gâchaient cette image.

Chris - Alors, quel est mon gage ? Je te préviens, étant un soldat, je n'ai peur de rien.

Je suis sûr qu’elle a trichée.

Je revoyais la petite Liz que j’ai connue enfant, tirant la langue et prenant son air « petite fille diabolique » en réfléchissant comment allait-elle me torturer avec son gage. Je m’attendais à tout, surtout à quelque chose de dangereux, risquer ou stupide. Déjà dans l’armée, il y avait le bizutage dont chaque nouveau avait droit et j’étais persuadé que ma sœur ne pourrait jamais me proposer de quelque chose d’aussi dégradant et humiliant que ça. Mais elle avait sans doute une idée dans la tête. Se penchant vers moi, elle se mit à chuchoter, ce qui accentuait la présomption de la difficulté du gage.

Liz - Tu dois me ramener un paquet de chips. De là-bas.

Disait-elle en pointant du doigt ce qui devait être les cuisines. J’écarquillais les yeux par surprise. C’était tout ? Juste chercher ça et revenir ? Non, je ne voulais pas croire que ma sœur se montre aussi gentille avec moi dans ce qui semblerait être une blague. Cela devait cacher quelque chose, mais quoi ? Elle pouvait vouloir me ménager après que je me sois libéré du Casino et me sentant perdu dans mon époque. Non, cela devait cacher quelque chose. Me tournant vers elle, je l’interrogeais du regard, d’un air « Non t’es sérieuse ? » Mais comme je n’avais pas le choix, je devais y aller, je n’avais qu’une parole. Et puis, j’étais dans la colonie qui avait pour fonction de protégé les gens comme moi. Que pouvait-il m’arrivait ?

Je me dirigeais vers les cuisines d’un pas assuré, mais l’esprit peu tranquille. Je sentais le mauvais coup, mais avec Elizabeth, comment savoir ? J’entrais dans le bâtiment à pas de loup, redoutant de ce qui pouvait s’y cacher. C’était peut-être ici que se reposait le chien gardien des enfers. Mince, comment il s’appelait déjà celui-là ? Il serait chargé de veiller sur la progéniture divine, ce serait possible non ? Mais après ce que j’ai vu, j’aurais préféré un gros molosse tricéphale à ces horreurs. Devant moi, j’avais un poulailler. De grosse dinde à tête de vielle femme qui s’activaient à préparer à manger avec leurs grosses serres, leur bec de chair et lavant la vaisselle dans de la lave plus bas. Comment pouvait-on laver la vaisselle dans de la lave ? Ça ne devrait pas fondre ? Et pourquoi je pose encore des questions moi ?

Étant des employées de la colonie, je pensais qu’il serait bon de les saluer et d’avoir confiance. Mais quand je les ai entendu parler du désir de surprendre un jeune demi-dieu transgressant le couvre-feu, ou trainant dans les parages pour en faire leur quatre-heures, j’ai préférais me cacher par réflexe derrière une table bien garnis de nourriture. Comment pouvait-on laisser des monstres cannibales ici ? J’en ai affronté pour venir jusqu’ici et jamais je ne pensais devoir le refaire une fois ici. « Bon sang Liz ! Où m’as-tu envoyé ? » J’entendais ricaner ces poulets avec une voix râpeuse à faire grincer des dents et à les entendre voler avec difficulté. Je sortais alors mon arme, prêt à me défendre. Mais finalement, il valait mieux éviter. Si elles travaillaient pour la colonie, ce serait mal vu que je les tuer pour un paquet de chips. Il fallait un autre plan.

J’eus une idée. Un peu risquer, mais que serait la vie sans risque ? Avec un peu de chance, j’arriverais à m’en sortir sans me faire déchiqueter par ces volailles. Pour le moment, il fallait que je localise les chips. Jouant les infiltrateurs, je me glissais de table en table, restant à couvert pour ne pas me faire repérer. Difficile de rester cacher avec des monstres volant au-dessus de vous. Je devais parfois me glisser sous les tables même, jusqu’à ce que je trouve un gros paquet rouge devant moi avec le mot « Chips » écrit dessus. L’emballage avait changé depuis mon époque. Mais bien entendu, il se trouvait juste à côté des dindons. Bien entendu ! Mais peu importait ! J’avais mon plan. Je me tenais prêt à me relever et à courir pour prendre le paquet et m’enfuir. Mais juste avant de sprinter, j’utilisais un des pouvoirs que j’avais. Avec un peu de concentration, je plongeais toute la pièce dans le noir. Les harpies se mirent à hurler « Mais qui a éteins la lumière ! Grrraaaa ! C’est toi ! Non, c’est toi ! » Visiblement, elles n’étaient pas nyctalopes, ce qui était mon cas.

Profitant de ma vision nocturne, je fonçais vers le paquet et le pris d’un coup avant de foncer vers la sortie. J’entendais les pigeons s’agitaient derrière, m’ayant entendu. Elles hurlaient à l’intrus et qu’on devait me stopper. Mais j’étais déjà bien loin, je rejoignais l’extérieur, retrouvant la lumière du soleil et je n’arrêtais pas de courir droit devant moi, vers mon point de départ. J’avais réussi haut la main l’épreuve, bien plus facile contre les cannibales ou je ne sais plus quoi. Faudrait peut-être que je me remette à étudier les mythes je pense. Je courrais sans m’arrêter jusqu’à ce que je revienne près de ma sœur, commençant à m’essouffler. Je ralentissais l’allure à quelques mètres d’elle, avant de me stopper pour reprendre un peu mon souffle, commençant à peine à transpirer. Fier, je lui tendis le paquet demandé, avec un regard à la foi accusateur et moqueur :

Chris - Voici vos chips Madame. Avec un arrière gout de poulet. Charmante tes copines, cela se voit que vous sortez dans le même salon esthétique.

Le rire railleur et son petit coup au niveau du bras, confirmaient que tout cela faisait bien partit de son plan diabolique. Sans se faire prier deux fois, elle attrapa mon butin pour engloutir une première poignée de chips. Les règles ici devaient être très strict pour oser faire prendre de tels risques et être heureux de pouvoir manger quelque chose, en dehors des heures de repas. Ma parole, ne me dit pas qu’ils les affamaient ici ? Après, j’ai souvent connu Liz comme une gourmande, et cela ne me surprit pas en fait de la voir dévorer un paquet juste par plaisir.

Nous nous approchions à ce qui est, normalement, le réfectoire, avec les tables dresser en plein air. En cas de mauvais, cela ne devait être pratique. Notre petit groupe s’arrêta devant un grand feu, qui devait servir pour les grillades. Comme ils étaient nombreux ici, cela ne me surprenait pas non plus de voir la taille du brasier. Cela avait quelque chose d’hypnotique de regarder ces flammes danser et brûlait. Liz y jeta une première poignée de chips dans le feu. Au début, je trouvais cela étrange, mais cela avait des airs d’offrande. Les dieux grecs existaient, et comme dans les anciens mythes, on devait leur faire des sacrifices. Je me doutais dans ce cas, que ce cadeau soit destiner à Artémis. Elle était sa patronne et protectrice, c’était normal. J’espérais que les dieux aimaient les chips.

Mais sa seconde offrande, j’ignorais à qui s’était destiner. Les dieux olympiens étaient si nombreux, et je me demandais pour lequel, ou laquelle était destinée ces chips-ci. J’eus un doute, et j’espérais vraiment me tromper, car un autre dieu nous était lié, et se dernier, je ne voulais pas du tout en entendre parler. Il avait commis tant de souffrance à notre famille et pour moi, il ne méritait aucune marque d’affection ou de respect.

Elizabeth me tendit par la suite son paquet pour que je puisse me servir. Ce fut avec un grand plaisir que je piochais à l’intérieur pour prendre une part de ce trophée durement gagné. À mon tour, je jouais le gourmand en dévorant ces tranches de pomme de terre séchées, croustillante, salé et donnant bien soif. Pendant que nous mangions devant le feu, ma petite sœur ouvrit la discussion.

Liz - Ca avait l'air d'être un sacré bordel là-dedans... Elles ne t'ont pas trop fait peur ?

Je me mis à éclater de rire.

Chris - Quoi ? Peur devant de grosses dindes ? J'ai vue pire. Et de toute façon, je me doutais que je ne risquais rien, vu que tu m'y a envoyé. Pas vrai ?

La question, je la lui avais posée avec un regard interrogateur, du genre « J’espère que ce n’était pas dangereux, car j’ai un doute qui me fait peur ». Allez savoir, quand le gros poulet parlait de son envie de dévorer un pensionnaire, c’était peut-être sérieux. Mais autoriseront-ils que ces demi-dieux soient en danger ici ? Alors que le monde extérieur l’est déjà ? A mon tour, je me sentais pousser à poser une question, et il y en avait pleins dans ma tête, dont une qui me brûlait les lèvres, mais je pensais la poser pour la fin, déjà, commencer par quelque chose de plus neutre.

Chris - Tu ma vue transformer les projectils en boules lumineuse au stand de tir. J'imagines que chacun ici à ses petits trucs aussi.

Etant une fille d’Apollon, Liz devait elle aussi avoir des pouvoirs. Mais, sont-ils les mêmes que les miens ? Et étant une servante de la déesse de la chasse, en avait-elle gagner d’autres ? Ou au contraire, en a-t-elle perdu ?

J’aurais dû me douter qu’elle s’abstiendrait de répondre histoire de me faire peur. Et cela marchait, car je me demandais bien si j’avais réellement frôlé la mort, et si je devais rester ici, devrais-je craindre de voir tomber du ciel ces volailles pour me dévorer ? Non, elle devait plaisanter, c’est sûr, sinon, pourquoi tous ces gens resteraient ici ? Je préférais me dire ça pour me rassurer. Pendant que nous mangions ces chips devant le feu, Liz répondit à ma seconde question, sur les pouvoirs.

Liz - Bien sûr ! Evite les Héphaïstos, certains foutent les chocottes ! "

Plus que ces monstres ? J’en doute. Mais le rire de ma sœur m’énerva et se fut à mon tour de lui donner une petite tape sur le bras, légère et indolore. Je n’étais pas une brute tout de même.

Liz - Plus sérieusement, tout le monde ici a des pouvoirs en rapport avec son parent divin. Tu apprendras vite à les reconnaître. Pour ma part, si tu veux tout savoir, je suis une guérisseuse de renom, surtout avec l'expérience que j'ai. Et j'ai un certain talent pour la Chasse... Je peux suivre n'importe quelle trace. Utile quand on est une Chasseresse. Etre la suivante d'Artémis donne aussi certaines habiletés. Je tire très bien et je suis immortelle, par exemple.

Eh bien, une vraie chasseresse de la mort. Experte en tir et taquage, guérisseuse comme une chamane vivant dans une forêt, excellente tireuse… Et immortelle par-dessus le marché. Je mangeais une nouvelle poignée de chips surpris, les yeux bien grands ouverts. Je me mis à l’imaginer courir dans la forêt avec un arc, les cheveux décoiffés et sale, le visage peint avec des marques, portant d’épais manteau de fourrure sur le dos comme une femme des cavernes et poussant des cris d’animaux comme une folle. C’était marrant à imaginer. Une vraie sauvage, mais pas mignonne du tout hahaha.

Chris - Vue l'activité ici, on doit avoir pas mal besoin de médecin. Surtout si on court dans la nature pour tuer des minotaures ou des géants cannibales à tête de monstre.

Là, je la voyais assise sur un trône en bois, avec des trophées monstrueux tout autour, avec des têtes de lion, loup, dragon, serpent et Nazis zombis. Là aussi c’était marrant d’y penser, mais ce qui m’attristait en gâchant un peu l’ambiance, c’était son immortalité. Ce don si incroyable, risquait d’encore de nous séparer, et cette fois-ci, je ne pense pas que le Casino Lotus puisse m’aider. Cela me poussa à poser la question qui fâche, qui pesait sur mon cœur et que j’avais envie de laisser sortir pour ne pas trop en souffrir. C’était l’impression que j’avais.

Chris - Et dans tout cela... Tu as pu le rencontrer ? Lui.

Je ne voulais même pas mentionner son lien avec nous, il n’était qu’un étranger pour moi. Quelqu’un qui s’est invité dans nos vies et s’est amusé à tout détruire sans remords.

Honnêtement, je ne savais pas trop ce que je voulais entendre. D’un côté, j’aurais aimé qu’Apollon continuât de nous ignorer, n’ayant rien fait pour nous, notre fratrie se débrouillait bien mieux sans lui. Mais aussi, il y avait ce désir du contact. Sans doute, un appel du lien du sang, où deux êtres issus d’une même lignée désiraient de retrouver, que ce soit pour de bonnes ou mauvaises choses. Et ce lieu semblait propice pour cela. En tout cas, si jamais je devais me retrouver devant lui, je n’hésiterais pas à lui cracher à la figure les quatre vérités et sans doute, lui casser la figure, dieu ou pas dieu grec.

Liz - Oui. Deux fois. La première, je ne le savais pas. C'était à l'hôpital en Allemagne, c'est lui qui m'a renvoyé à la maison puis ici. La deuxième il y a peu. Artémis m'avait supplié de pardonner son frère et j'ai accepté une rencontre. Mais c'est tout. Il ne sera jamais mon père. Pourquoi ?

Je me doutais que ma sœur l’aurait déjà rencontré, fréquentant la sœur de ce dernier, les chances de le croiser étaient fortes. Mais cela me fit tout drôle d’apprendre qu’il avait tenté de la voir avant, pendant la guerre, et qu’il l’aurait guidé jusqu’ici comme une sorte d’élu. J’éprouvais une certaine jalousie des plus stupide. Je n’éprouvais rien contre ma sœur, mais contre Apollon, encore davantage, car il était flagrant qu’il cherchait à semer la discorde. Devant s’ennuyer en haut de sa montagne ou dans sa boule de gaz, il a dû choisir notre famille, parmi d’autres, pour se distraire. À la question de Liz, j’affichais un sourire embarrasser. Franchement, je ne savais pas trop pourquoi j’avais posé cette question, juste un besoin de savoir qui ne me mènerait à rien de plus.

Chris - Pour rien je crois. Mais tu ne trouves pas tout cela dingue ? Des monstres cacher dans notre monde, des dieux antiques et la magie ? Sans oublier des volailles tarées. Un peu plus, et je me serais cru dans un monde imaginaire comme si t'étais gosse. Ou bien juste avant de mourir.

Et encore, je n’avais pas cité tous ceux que j’avais vus. J’avais peur de devenir fou et de me promener à l’avenir avec un entonnoir sur la tête et parler dans un charabia. Depuis le début, je parlais de me trouver une place dans ce nouveau monde, repérant des éléments pouvant m’aider à m’installer et à m’y retrouver. Mais au final, j’étais encore perdu. Dans ma tête, je me voyais comme si j’étais en vacances et que très bientôt, je prendrais le bus ou un bateau pour rentrer chez moi et retrouver mon petit confort. Mais je savais qu’il n’en serait rien. Plongeant ma main dans le paquet, je dévorais une autre poignée de chips comme moyen pour détresser. J’en profiter pour parler d’un autre point qui me travaillait.

Chris - Dis-moi honnêtement. Sommes-nous en sécurité ? Je veux dire, sommes-nous dans le bon camp ? Car plus j'y réfléchis, plus j'ai l'impression que nous ne sommes que des jouets pour ces prétendus dieux de l'Olympe et que cela ne pourra que mal finir.

Je n’avais pas peur de dire tout cela à Elizabeth. Je lui faisais confiance et elle était un peu ma confidente. Mais je me sentais vraiment mal à ce moment, complétement perdu et reperdu. J’avais besoin d’aide pour m’y retrouver, bien que je n’aimais pas trop le montrer d’ordinaire car je voulais me montrer fort et maître de la situation. Mais comment dans une époque dont vous ne savez rien et que votre petite sœur soit plus en avance ? En tout cas, il était clair que je devrais faire un choix. Car comme pendant la grande Guerre, on se retrouve avec deux camps, et il faudra en choisir un. Mais comme à l’époque, il faudra choisir le moins pire.

Ma sœur tenta de me réconforter en disant que nous avions de la chance de savoir ceux que la plupart des gens ne savaient pas. Je trouvais cela dommage, voir injuste, mais je savais aussi qu’ils n’aimeraient pas le découvrir, préférant leur petit confort et ne voulant rien savoir de la vérité. Comme à la guerre, on préfère ne rien savoir tant qu’on était dans son fauteuil à regarder la télévision.

Eléa - Ecoute-moi bien. Je sais qu'ils ne sont pas idéaux, que ce ne sont pas tous de bonnes personnes. En fait, très peu d'entre eux valent le coup qu'on se batte pour eux. Mais ce n'est pas pour les Dieux qu'on se bat. C'est pour nous, notre monde. Si on laisse ce groupe de rebels faire, tout va partir en fumée et le monde souffrira plus que tu ne peux l'imaginer. Ce sera pire que la Guerre.

Voilà qui n’était pas rassurant. Même les dieux ne méritaient pas qu’on se batte pour eux, mais il le fallait pour le bien collectif. Comme le diraient nos dirigeants. En fait, il fallait choisir le camp le moins pourri pour minimiser les dégâts. J’avais l’impression de ne pas trop avoir le choix. Après oui, il restait la possibilité des rebelles, mais je n’approuvais nullement leurs méthodes et je ne voulais pas me retrouver à combattre Liz, car j’avais peur du choix qu’elle risquait de faire entre sa déesse ou moi. Et puis, je ne voulais tuer aucun innocent.

Chris - Je trouve quand même dingue que les dieux n'ont rien fait pour éviter ça. Ou bien tenté de changer quoi que ce soit chez eux pour réparer leurs erreurs. C'est à croire qu'ils sont comme les dirigeants mondiaux. Artémis doit être différente je suppose.

N’ayant pas beaucoup de connaissance mythologique, je supposais que la déesse de la chasse devait avoir quelque chose de bien pour que Liz la suive et la serve fidèlement. Mais ce qui était sûr, c’est que jamais je ne suivrais Apollon. Il avait peut-être l’apparence du soleil, mais son âme devait être aussi noir que la nuit. S’il y avait au moins un dieu qu’on pouvait descendre, je choisirais lui sans hésité. Jetant un regard sur l’horizon, je déclarais :

Chris - Il se fait tard. On devrait rentrer non ? Il faut que je trouve un coin où m'installer je suppose. A moins... Que tu ne dois déjà partir ?

Je me retenais de pleurer ou de râler, à la probable réponse de ma sœur.

Ainsi, ma sœur me guida jusqu’au bungalow des Apollons pour m’aider à m’installer. Je ne m’attendais vraiment pas à voir arriver une armée de demi-frères et de demi-sœurs, armés jusqu’aux dents. Je ne savais même pas si je voulais vraiment les voir et faire leur connaissance, c’est comme découvrir que l’un de vos parents cachait une double vie, et qu’il avait fondé toute une famille qui risquait d’être plus privilégié que vous, alors ils risquaient de vous sortir « Non, mais Apollon, il est cool, il s’est bien occupé de nous, on a eu tous ceux qu’on voulait, il était présent et, etc. » Alors que nous, nous vivions heureux sans lui, sans avoir à subir ses caprices de dieu grec. Et donc, je me sentais comme un intrus.

J’aurais aimé que cette journée dure indéfiniment, profité encore de la présence d’Elizabeth pour ne pas devenir fou dans ce monde. Mais il fallait que je l’affronte tôt ou tard, que je m’habitue à ces nouvelles coutumes et technologie. Le changement fut radical, mais je me sentais capable d’y arriver. Et puis, les chasseresses passent souvent rendre visite, je rêverais donc plus souvent Liz. La prochaine fois, je tâcherais de me souvenir de faire une offrande pour Artémis, car visiblement, elle était la seule à se soucier de nous, du moins à l’une d’entre nous, et je lui suis très reconnaissant au final, de sa considération envers Liz.

Chris - Il me faudra un mois je pense pour digérer tout cela. Haha. Et encore, il y a tant à apprendre. Dis, je viens de me poser cette question, mais je me doute de la réponse. Je tente, est-il possible de chasser avec vous ?

Elles étaient un groupe de femme un peu féministe, et donc je supposais qu’elles préféreraient rester entre elles, et que la présence d’un homme ne serait forcément bien vue comme avec les amazones. Mais je n’étais pas un coureur de jupon, j’étais un peu plus romantique et de toute manière, je voulais juste chasser, ou partir à l’aventure avec Liz.

Chris - On a tous les deux affronter les monstres, et j'aurais bien envie d'une revanche. Qui serait le meilleur combattant pour tuer une de ces bestioles ?

Un concours de chasse aux monstres entre frère et sœur serait fort amusant, surtout si on recommençait à se chamailler comme des gosses pour des idioties. J’ne riais d’avance. Mais je me souvenais de ceux qui était arrivé à Fred, et à la mort suspects de plusieurs frères d’armes et de femmes. Un gout de vengeance se trouvait dans ma bouche, je voulais faire regretter à ces monstruosités, leur cruauté envers des innocents.