Ce n'est qu'un essai, vous moquez pas ;-;
CHAPITRE I : Le début
Je m’appelle Kaëlia, j’ai 12 ans.
J’ouvre les yeux. Je revêts une sorte de tunique blanche, avec épinglé près de mon épaule que je suis le « no 780098 ». À côté de moi, il y a un garçon qui doit avoir mon âge, et il porte un pagne blanc. Il est le numéro 780099, supposément, c’est mon voisin. Il est si maigre que je distingue ses côtes sans aucun mal, comme si ses os sortaient de sa peau. Je peux voir aussi qu’ils sont blancs. Ses bras sont si fins, et ses doigts si longs… Je me regarde moi-même. Je suis plutôt mince, il est vrai, mais autant que lui… Ça fait deux ans que je suis ici. Je suis arrivée lorsque les Ashrams, les guerriers, ont répertorié tous ceux qui faisaient partie d’une famille de Klyoss, les mourants, comme à chaque année. Et hélas, je n’ai pas réussi à m’enfuir. Ici, nous sommes en surveillance constante par des Ashrams surentraînés. Nous sommes destinés à mourir à nos 15 ans, pour donner de la viande à la population. Cela fait bien longtemps que tous les animaux ont disparus de la surface de la terre, à cause des gens qui en mangeait beaucoup trop. Ils restent quelques fruits, mais ils sont rares, et sont tous si secs… Alors les entreprises enlèvent les vitamines pour en faire des boîtes de vitamines. Et comme les féculents aussi sont rares, on en fabrique artificiellement. Mais hélas, je n’ai pu gouter à cette vie que cinq ans, avant de me faire enlever. Comme la nourriture est extrêmement rare, on a instauré un système de hiérarchie sociale. Tout en haut, il y a les prêtes, les moines, les Bi. Ils sont en communion totale avec la nature, et certains, les plus puissants, arrivent à faire pousser des plantes non-comestibles. Seul leur chef sait faire des fruits, mais ils sont comme du sable dur. Enfin, on s’en fiche, ça fait de la nourriture en plus… En dessous des Bi, il y a les Ashrams, les puissants guerriers qui rétablissent l’ordre dans la ville, tous super baraqués, nourris comme des cochons, bref, la belle vie, même si les Bi en ont une bien meilleure. En dessous des Ashrams, il y a les Seagas, les Marchands qui vendent et arnaquent les civils, mais sont les seuls qui possèdent de la nourriture. En dessous, ce sont les civils, les Pryamore, qui vivent tranquillement leur vie, avec des métiers les plus diversifiés, de facteur à masseur, en passant par artiste… Et le suivant, le dernier, les mourants, aussi appelés dans leur nom traditionnel les Klyoss. J’en suis une. Tous les ans, les Ashrams recensent les fils de Klyoss, considérés donc eux aussi comme des mourants. Évidemment, il est impossible de monter de statut. On nait dans un grade, on reste dans un grade. Tous les Klyoss de cinq ans et plus sont envoyés dans une sorte de « prison », où ils mourront à 15 ans, après avoir fait un enfant artificiellement. Les Klyoss sont indispensables à la ville, car nous permettons de nourrir les gens. Ils ne nous nourrissent presque pas, et c’est pourquoi tout le monde est si maigre. J’ai réussi à échapper au recensement des Klyoss pendant cinq ans de plus… En effet, j’ai 12 ans, et je suis arrivée lorsque j’en avais 10.
Je tente d’adresser la parole à mon voisin de cellule :
-Ça fait combien de temps que tu es ici ?
Il ouvre la bouche, et ne réussit qu’à émettre un simple gargarisme sourd. J’en déduis qu’il a perdu l’usage de la parole, comme beaucoup de Klyoss enfermés depuis longtemps. Il soupire, je l’imite. Il regarde les barreaux, semblant comme « déçu ». Il est certain qu’il doit être difficile de ne pas pouvoir parler. Je me laisse tomber contre le mur. C’est étrange de se dire qu’on est là que pour mourir, on a aucune vie, on est destinés à ça. Un Ashram se dirige vers nous, avec toujours cet air grave qu’ils portent tous. Enfin, je ne le vois pas, je le sais : ils portent tous un masque qui lui même leur donne cet air. Il annonce, sérieux :
-Vous aurez un camarade de chambre bientôt… Voilà votre repas.
Et il balance un trognon de pain presque déjà fini, tout croqué et baveux. Pour nourrir leurs prisonniers, ils prennent une baguette de pain pour toute la prison, et ils la balance dans une cellule, laisse les prisonniers manger pendant 30 secondes, et le reprennent après, laissant les enfermés affamés. Alors, il est certain que quand on est la dernière cellule, on a jamais grand chose. Mais le point positif, c’est qu’au moins, on a aucune restriction de temps, et que si les prisonniers d’avant ont pris leur temps pour manger, il nous en reste plus. Cette fois-ci, avec si peu de pain, on va vraiment avoir faim… Ils ne nous nourrissent qu’une seule fois par jour. Avec Erik, mon voisin, on se partage la moitié de trognon, et on en profite. Le pain est rassis, légèrement vert, mais je le sens fondre délicatement sur ma langue, redonnant à mes veines juste assez de sucre pour tenir le coup. Je sens le goût de ce pain moisi sous mes dents, mais nous sommes si peu nourris que de toute façon, on se fiche bien de l’état du pain. Nous remercions l’Ashram, et mangeons les miettes qui restent au sol, léchant ce dernier pour ne rien laisser. Des fois, comme les cellules sont vieilles, on voit un peu la terre, et on s’empiffre comme des porcs. Il y a plein de trous dans notre cellule, et ils atteignent tous la couche de roc. Apparement, si on est exemplaire durant 8 ans et un jour, ils nous offrent un pain entier. Mais personne n’a témoigné, donc je n’y crois pas trop. L’Ashram ferme notre cellule, et revient quelques minutes plus tard, une petite fille qui doit surement avoir cinq ans en sac à patate sur son épaule, évanouie. Il la balance violemment dans la chambre. J’attend que le garde parte pour me précipiter sur elle.
-Ça va ?! Ça va ?!
Pas de réponse. Je soupire et je viens me coller au mur. Quand on s’ennuie, on dort, on essaie de ronger les barreaux, on tente de faire des trous, on imagine des bons petits plats… Mon rêve, c’est un oeuf au plat avec du bacon croustillant et du pain. La viande, c’est un luxe de chez luxe. J’ai dit qu’il n’y en avait plus, mais c’est faux : c’est super cher, il n’y a que les Bi, ou les Ashrams très très riches qui peuvent se permettre d’en acheter, et encore, seulement les jours de fête. Je fais crisser mon ongle sur la pierre grise, et tente de dessiner un bonhomme qui sourit. Le bruit strident retentit dans la cellule, mais rien ne se produit, et c’est pas comme si j’avais essayé de faire ça cent fois. Je claque violemment ma tête sur le mur, me retient de pousser un abominable cri de souffrance, et je ferme les yeux. J’imagine comment pourrait être ma mère. C’est dur de l’imaginer. J’entend un grommellement à ma gauche. Je réouvre mes paupières, et voit que la petite fille qu’à balancé l’Ashram vient d’ouvrir les yeux. Je marche à elle.
-Comment vas-tu ?, lui demandais-je
Elle toussa, ses cheveux blonds coupés courts volant un peu. Elle a l’air riche.
-Je suis où…?
-Tu es à la Klyoss Prison Center. Je m’appelle Kaëlia, et toi ?
-Moi.. Je suis … Fire.
J’hochais la tête, retournant cette dernière vers les barreaux. Fire était mignonne, avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus clairs. J’étais sure qu’elle avait cinq ans et quelques jours, peut-être. Je lui demandais la raison à sa venue et elle me dit :
-J’ai sept ans. Mon père m’a considérée plus bas qu’une Klyoss, et que je ne méritais pas mon rang de Bi.
Une Bi ? De sept ans ?! Je m’étais trompée sur toute la ligne ! Mais si son père était un Bi, elle possédait surement elle-même des pouvoirs de nature… Je lui demandais donc, ce à quoi elle me répondit qu’elle ne savait que fait pousser des plantes minuscules. Curieuse, je lui demandais de me le démontrer.
Une petite plante commença à pousser, timidement, depuis un trou. Je l’effleure de ma main droite, et l’arrache d’un coup sec, avant de la porter à mes lèvres.
-C’est utile !, m’exclamais-je, si tu savais en faire pousser des plus grandes, nous n’aurions plus jamais faim !
Je croque dans la plante, une sève amère se répandant sur mes papilles gustatives. Il est certain que ce n’est pas exquis, mais ça fait toujours l’affaire. En quelques secondes, la plante est engloutie au fin fond de mon estomac vide. Je remercie Fire d’un sourire.
-On est vraiment pas bien nourris ici, tu comprends. Mais heureusement, on pourra peut-être l’être un peu plus grâce à toi !
Apparement, le jour avant l’exécution qui servira à nourrir une petite famille, on fait un grand festin qui nous remplira le ventre, et qui nous rendra bien gras pour nos clients. Je me laissais tomber sur le mur, ma tenue blanche délavée tombant sur mes genoux. La voix cristalline de Fire interrompu mon voyage dans mes pensées.
-Peut-être que … si je m’entraîne, je pourrais réussir à nous faire sortir.
Je mis quelques secondes avant de comprendre ce qu’elle venait de dire, tant cela semblait improbable et inattendu. Je bafouillais un « quoi…? » incrédule, me tournant plus vite que mon ombre vers la fillette, les yeux écarquillés, la bouche légèrement entrouverte.
-Commençons tout de suite à t’entraîner !
Mon voisin, tout aussi béat que moi, produit une série de gargarismes surpris. Fire retire quelques pierres, puis ferme délicatement les yeux, posant sa main sur la terre. Je vois la plante s’étirer doucement, atteignant à peu près cinq centimètres, puis s’arrête. La jeune fille semble tenter de la faire continuer, mais en vain. Semblant remarquer qu’elle en est incapable, elle pousse un long soupir, et me regarde.
-Désolée.
-Ce n’est pas grave ! On va continuer !
J’attrape la plante et la tend à mon voisin, qui la mange sans même remercier Fire.
Durant des mois et des mois, j’entraînai Fire. Après quatre mois d’entraînement, on supposa qu’elle pouvait réussir à mettre à bien notre escapade. Elle prit une grande bouffée d’air, et posa sa main sur la terre. Une plante commença à grandir, grandir, et pousser de tout son long, venant s’enrouler autour d’un barreau. Fire marqua un temps de pause, un air stressé sur le visage, puis bougea d’un geste vif sa main vers la droite, le barreau se tendant légèrement lui aussi vers cette direction, face à nos trois visages pleins d’espoir. Un peu plus, un tout petit peu plus… Juste légèrement plus vers la droite et nos maigres corps pourraient s’évader de cette prison. Quelques secondes de plus… Ça y est. Nos espérances retombent pour laisser place à une joie grandiose, nos yeux brillants. Vite, nous ne perdons pas ne serais-ce qu’une seconde pour courir dans l’ouverture qui laisse à peine passer chacun de nos corps. De la joie, tant de bonheur. Je pense que même Fire qui est riche n’a jamais senti quelque chose de pareil, elle en particulier. Tant de mois d’entraînements, qui enfin portent leurs fruits. Nous courrons tous les trois, un sourire béant pendant au lèvres. Nous sommes conscient que notre bonheur ne sera que de courte durée, car avec le système ultra performant de la Klyoss Prison Center, nous sommes sur d’avoir notre tête sur au moins vingt-cinq caméras à la fois. Alors que nous courrons du plus rapidement que nous pouvons, j’aperçois un de bouton rouge sur le mur, avec inscrit en blanc dessus : « Alerte feu ». Créer une panique… Oh, quelle bonne idée ! Je m’arrête donc et appuie dessus, laissant résonner dans la totalité de la prison un long bruit strident avec en fond un « Alerte feu. Sortez tous. Alerte feu. », etc. Trois bonnes centaines d’Ashrams sortent par tous les côtés, avec chacun un objectif différent : certains veulent fuir, d’autres nous attraper. Évidemment, il est dur de nous repérer dans cette panique, et entre tous ces gens.
On est enfin allés dehors, et à peine sommes nous sortis que des explosions sourdes retentissaient. Un problème se posait alors à nous : ces clôtures électriques qui entouraient tout le Klyoss Prison Center. Fire créa une plante qui aplati les barrières, et nous pûmes passer. Arrivés dans la forêt à côté, nous remarquèrent que notre ancien voisin n’était plus là. Dans un soupir commun, nous nous sommes regardées, et nous sommes parties.
Fire et moi, on marchait dans la forêt, en espérant avoir semé tous les Ashrams. Évidemment, vous vous doutez bien que cet espoir fut de courte durée, deux gamines sans défenses, seules, c’est pas dur à attraper. En effet, quelques minutes plus tard, une troupe d’une douzaine d’Ashrams baraqués comme jamais nous encerclait, des pistolets ultra performants dans leur main droite, un taser dans la gauche. Ils revêtaient un pare-balles qui devait faire 30 centimètres tant il était grand. Ils possédaient des somnifères, tout. Leur cercle se rétrécit, si bien que l’on sentait leurs pistolets effleurer nos épaules.
-Laquelle d’entre vous est Kaëlia Sky ?
-C’est moi…, bafouillais-je.
Sans un mot de plus, je me retrouvais sur l’épaule du plus body-buildé d’entre eux, en sac à patate. La moitié du groupe vint avec lui, en arrière et devant de l’homme baraqué. Je ne sais plus où est Fire.
Ils m’ont emmenée dans ce qui semblait être des laboratoires, et ils m’ont posée sur une planche en me demandant si je souhaitais quelque chose à manger. Je répondit que cela ne me dérangeait pas du tout, et ils sont revenus plus tard avec… Du bacon, croustillant, et des framboises. Cette tranche de bacon et ces trois framboises ont rempli mon estomac et ravit mes papilles gustatives. Un sourire béat s’étirait sur mes lèvres avant même que je me demande l’origine de ces gentillesses. Un homme portant un masque d’Ashram et un manteau d’un noir de jais vient se poster face à moi, imposant, fort, grand.
-Mme Sky.. Celle qui a réussi à s’échapper du Klyoss Prison Center. Nous aurions un marché incroyablement sympathique à vous proposer.
-Allez-y.
Je me tenais tranquille, polie.
-Cette escapade pourrait vous faire très cher. Très.. très.. très cher. Alors, nous vous proposons d’oublier tout ça, et de ne même pas dire ce qui s’est passé aux médias. Et en plus de cela, nous vous faisons une double… triple promotion. Vous passerez en Ashram, et en plus.. Vous vous occuperez de la Cité des Bi. Un rôle des plus important, n’est-ce pas ?
Ce marché me fit ouvrir grand les yeux. Moi, une Ashram…? Ne serais-ce pas seulement un piège du Gouvernement ? Mais si je refusais, je serais recherchée par tout le monde… Et en plus, ce poste ! Ashram au service des Bi ! Sans même que j’ai eu le temps de réfléchir à ce que je disais, je prononçais un « oui… » peu assuré. Le sourire réconfortant mais froid du Directeur s’élargit. Il murmura un « merci », et sortit de la pièce pour en revenir quelques minutes plus tard avec un masque d’Ashram blanc dans les mains.
-Mets ceci s’il te plait, Kaëlia.
Je prenais entre mes mains le masque, et vint le poser sur mon visage. Je me sens soudain plus vive, plus énergique, et même plus.. forte. Je vois le Directeur qui sourit, semblant presque aux anges.
-Viens, dit-il, tu vas tester tes nouvelles habilités.
CHAPITRE II : Les pouvoirs des Ashrams
Le Directeur m’emmène dans une sorte de terrain d’herbe, et me tend une épée que je prend sans rechigner. Elle est très légère, facile à manipuler. Étrangement, je me sens poussée à l’essayer, alors que je n’ai jamais ne serais qu’effleuré une épée. Je me déplace instinctivement à travers toute la salle, maniant l’épée comme si c’est ce que je faisais depuis mon enfance, puis me rasseyant en silence, observant les émotions faciales du directeur.
-Très bien. Très très bien, vraiment. Le masque électronique marche vraiment bien. Je suppose que tu es prête à aller à la cité des Bi. Sois prudente.
Il me tapa amicalement l’épaule, et m’entraîna vers la sortie.