Une journée de travail qui réserve des surprises avec Carly Nygard

Le retour à la vie normale avait de bons effets sur moi. Avec tout ce qui s'est passé ces dernières semaines, je commençais à péter les plombs. Il me fallait de l'air, revoir le monde normal. New York est une ville très active, les rues sont toujours bondés et le trafic est infernal. C'est le parfait endroit pour décompresser, oublier la charge qui venait tout juste d’atterrir sur mon dos et contempler la routine des humains. Je ne me sentais pas si différent d'eux, deux bras, deux jambes, deux yeux. Et pourtant, la petite voix au fond de moi me rappelait que je n'avais rien à voir avec ces gens là.

Le camp des demi-dieux était peu gardé un soir de fête, et sans savoir pourquoi j'observais les jeunes sang-mêlés se rassembler autour d'un grand foyer, c'était le moment idéal pour s'éclipser. La forêt dans lequel se trouvait le refuge était assez dense, et je mis un peu de temps pour en sortir. Après être arrivé à New York, je passais le reste de la nuit sur le toit d'un bâtiment.

Il doit y avoir des centaines de bars à New York, mais mon instinct me disait de rentrer dans celui qui se trouvait sur le trottoir d'en face. L'enseigne était soignée, épurée et donnait envie d'entrer à l'intérieur. Je ne comptais pas manger, seulement boire un verre, c'est pourquoi je préférais m'asseoir sur une des chaises du comptoir plutôt que de m'installer sur un des canapés rouges près de la vitrine. Derrière le bar se trouvait une jeune femme qui tournait le dos à la salle. Elle semblait occupée et seule, alors je me résigna à attendre. Lorsqu'elle leva la tête et qu'elle m'aperçu dans son petit miroir, je m'empressa de passer ma commande.

"S'il-vous-plait, j'pourrais avoir un café noir, sans sucre ?"

Une journée de travail qui réserve des surprises avec Carly Nygard

Elle s'appelait Carly, c'est un jolie prénom. Était-ce moi qui l'avait poussé à me donner son prénom, en avais-je envie ? Ou tout simplement ressentait-elle le besoin de parler à quelqu'un, se confier. C'était indéniablement moi qui avait enclenché la conversation. Elle travaillait ici depuis deux semaines, c'est surement pour cette raison que je ne l'ai jamais vu dans ce bar. Je n'étais venu que quelques fois dans cet établissement, pourtant je me souvenais exactement de toutes les personnes présentes à ce moment là, la couleur des canapés, le contenu des verres, la nourriture dans les assiettes. La première fois que j'avais mit les pieds ici, je ne devais pas avoir plus de onze ans, et me voila, onze autres années plus tard, assis sur la même chaise.

"Oh non, je ne suis venu que quelques fois, quand j'habitais le quartier. Ça n'a pas vraiment changé."

C'est à ce moment précis, où habituellement, je me décide à rompre la conversation, mais étrangement, je n'avais pas envie de m'en aller. Elle avait été si naturelle, et la confiance qu'elle inspirait était très importante. J'avais prit la fuite tellement de fois, étais-je insociable, ou ressentais-je seulement le besoin de m'isoler pour calmer les voix dans ma tête.

"C'est très jolie ça, Carly."

Sans mauvaise rime, je pensais sincèrement ce que je disais. Minos, quel parent appellerait son fils Minos ? Mais après toutes les révélations de la veille, je comprenais mieux pourquoi on m'avait appelé ainsi. Ça ressemblait plus au nom que l'on donne à son chien. Elle m'avait révélé quelque chose sur elle, c'était à mon tour de lui révéler quelque chose sur moi.

"Moi c'est Minos, ouais sérieusement."