Dérivant dans le flux temporel, Chronos regarde à travers le courant, à la recherche d'un point précis où atterrir. Son air concentré est perturbé par des tics de nervosité, la personnification du temps est pressée. Une première, pour lui. Chronos repère enfin la fenêtre temporelle qui l'intéresse et l'ouvre littéralement pour s'y jeter. Ariane voit alors une faille spatio-temporelle apparaître non loin d'elle, provoquant un appel d'air qui envoie voler sa longue chevelure bien trop soyeuse pour être ordinaire. Avant même de poser les pieds au sol, Chronos remarque immédiatement les rides de tristesse autour des yeux de la jeune femme. Creusée par ses pleures interminables en se rappelant constamment qu'elle a été abandonnée par l'homme qu'elle aime. Son coeur n'est pas encore brisé, il est juste en souffrance. Il espère toujours le retour de Thésée pour qui elle a sacrifié son royaume.
"Mes hommages, princesse de Crète.
- Êtes- vous un dieu?
- Précisément, le dieu du temps...
- Chronos!"
Chronos entend le ton changer à l'appellation de son nom, Ariane retrouve espoir. Il est connu pour être un dieu assez discret, se mêlant peu aux intrigues dramatiques entre hommes et divinités. En sommes, un être rassurant par sa neutralité, qui pourrait être influencé. La native de Crète sourit avec joie, sans réaliser que son état est exactement ce que voulait l'intrus en arrivant à ce moment précis de son histoire. Parce qu'il a besoin d'elle, il va devoir lui donner quelque chose en échange. Ce que demande un humain plein d'espoir est souvent moins regrettable pour tous, qu'une personne désespérée. Le Titan montre son visage habituel, l'impassibilité, une expression neutre.
"J'ai besoin de l'artefact donné par Dédale, celui qui te permit de quitter son labyrinthe. Que veux- tu en échange?"
La jeune femme comprend la situation immédiatement et réfléchit intensément durant une longue minute de silence, avant de répondre.
"Je vous prie de m'apprendre, ô dieu du temps, si je serai heureuse avec l'amour de ma vie.
- Oui, tu le seras. Un bonheur sans fin, à part bien sûr la mort."
Chronos est soulagé, il a bel et bien calculé le moment de venir la voir. Son souhait est aussi inoffensif qu'il l'attendait. Dans deux jours, quand elle ne croira plus au retour de Thésée, les choses seraient différentes... Elle souhaitera vouloir retourner dans le temps pour modifier ce qu'elle considérera comme une grosse bêtise: trahir son royaume pour un frivole. Cependant, elle raterait alors sa rencontre la plus fabuleuse de sa vie, et Dionysos en voudrait profondément au dieu du temps qui ne veut toujours pas entrer dans des histoires mélodramatiques divines. Le sourire d'Ariane illumine son visage.
"Je suis peinée de vous l'apprendre, Chronos, je ne possède plus de "fil". Mais je peux en confectionner à loisir, avec les ingrédients adéquats.
- Que te faut- il?
- Une fille de Poséidon, à moitié humaine, pour commencer."
Chronos n'en connait qu'une seule, pour avoir gardé un oeil sur la colonie de New-York au cours de sa surveillance des filles d'Arès. Il se rappelle avoir aperçu une adolescente correspondant à la description.
"Je m'en occupe.
- Permettez que je gagne du temps en allant explorer la forêt où je trouverai le reste des ingrédients, je...
- Il n'en est pas question, attends- nous, on ne prend aucun risque."
Chronos ne veut pas la faire tuer accidentellement, l'effaçant de la ligne temporelle. Ce serait une grande catastrophe à tous les niveaux. Il ouvre donc une brèche dans le temps avec sa faux pour atteindre le XXIème siècle, apparaissant devant Carly Wise.
"Carly Wise, je suis Chronos, le dieu du temps. Je connais ton père, un dieu assez... Humide. Mais chaleureux... Dans ses bons jours."
Il est difficile de décrire un être qu'on a à peine aperçu. Chronos ne le dira toutefois jamais, pas quand il a besoin d'être crédible.
"Que dirais- tu de.. creuser notre nouvelle amitié en faisant une petite sortie dans le passé? Je suis sûr que tu vas t'y plaire, c'est sur une île... paradisiaque qui a... des vagues et... une plage..."