Je suis née du Chaos et dès ma naissance, j'étais destiné à devenir une prison. La prison la plus grande et la plus dangereuse de l'univers. Avec Gaïa, j'ai eu un fils, Typhon, le plus fort et le plus beau de tous si vous voulez mon avis. Je n'ai jamais réellement eut de forme physique comme mes frères et sœurs, j'étais simplement le Tartare, une prison située au plus profond des Enfers. On raconte que la distance en les Enfers et le Tartare équivaut à la distance en le ciel et la Terre. Ma conscience était guidée par les flots de l'univers, je ne savais pas réellement qui j'étais, tout ce que je voulais, c'était exister. À partir de ce moment-là, j'ai pu m'incarner sur terre. C'était la belle époque, les Titans régnaient, l'énergie divine était présente en grande quantité partout et tout respirait la puissance. C'est à ce moment-là que j'ai conçu Typhon avait Gaïa puis les géants et d'autres monstres. Puis je suis reparti, je ne peux pas adopter une forme physique indéfiniment, loin de mon domaine, je m'affaiblis. Alors me revoilà, plongé dans le noir. L'obscurité dévore le Tartare, elle chuchote des pensées, les prisonniers du Tartare hurlent. J'ai assisté aux deux révolutions. Cronos, enfant de Gaïa. Il était ambitieux, intelligent, mais il avait bien trop de confiance en lui. C'est sans doute ce qui l'a mené à sa perte. Je peux vous garantir que s'il avait jeté ses enfants dans le Tartare, jamais ils n'en seraient ressortis. Mais on ne refait pas le monde avec es "et si".

Tout le monde doit penser que je suis foncièrement méchant, diabolique. Mais en réalité, je ne suis pas comme ça. Sauf que quand vous abritez les plus maléfiques de l'univers entier, ça déteint sur vous. Le Tartare est une prison particulière, elle a le don d'affaiblir. Elle absorbe l'énergie vitale, elle absorbe l'énergie divine. C'est ce qui fait souffrir, c'est ce qui rend fous ceux qui vivent dedans. Il faut savoir que je n'aime pas grand monde à part quelques Titans et quelques dieux primordiaux. Dès qu'une personne non-autorisée se rendait dans le Tartare, elle terminait désintégrée et je vous garantis que son esprit ne rejoignait pas les Enfers. Le fait est qu'entendre hurler des prisonniers surpuissants m'a rendu irritable. Non, bien sûr, vous vous en fichez. Mais je jure qu'un jour, si un demi-dieu ose venir dans le Tartare, il pourra être sûr que son destin s'arrêtera là ! Personne ne me connaît vraiment à part quelques titans. Il faut dire que je ne m'incarne physiquement que rarement. D'ailleurs, je ne me suis incarné que très peu de fois dans le monde mortel et c'était pour la naissance de mes enfants, autant dire que cela fait déjà plusieurs milliers d'années. Un jour, des dieux sont venus, ils étaient nouveaux. La Destiné m'interdit de les détruire ou de les enfermer. J'ai donc laissé faire puis j'ai assisté à la Titanomachie. Effroyable, mais terriblement divertissante. L'ironie a voulu que l'on y enferme ceux avec qui j'avais des relations plutôt positives, je dis bien « plutôt » car bien sûr peu de titans me connaissent. Bien sûr, en tant que divinité primordiale, je n'ai pas le droit d'agir sur le Destin ou sur l'équilibre.

Cela peut être énervant, mais on s'y fait à la longue. Avec l'âge que j'ai, on est patient, on apprend à regarder et on observe en attendant son tour. Mais que voulez-vous observez depuis le Tartare, tout est sombre, froid et sensiblement dangereux. L'ennui gagne rapidement les cœurs. Jusqu'à ce que l'on s'endorme. Quand je ne suis pas incarné, je suis une idée, une conscience qui persiste. À loisir, j'absorbe l'énergie des monstres pour me nourrir, sinon, je reste endormi. Enfin, sommeil est un grand mot, puisque ce n'est pas réellement un sommeil. On ne se rend compte de rien, mais il est très facile de se réveiller. Et croyez moi, ma colère est dévastatrice ! Dans le Tartare, j'ai une incarnation physique assez monstrueuse faite d'ombre avec une armure taillée dans le cosmos capable d'absorber l'énergie divine pour se renforcer. Ma véritable forme, c'est la fosse elle-même. Ce gouffre sans fin qui me représente, il faut 9 jours de chute pour m'atteindre, les nuages de sangs sont ma respiration, les fleuves mes veines, les monstres mes globules rouges et les pics osseux et rocheux sont mes côtes, bien sûr cette réalité est difficilement envisageable pour un mortel donc vous me voyez comme une simple fosse et vous faites la différence entre l'incarnation et la fosse. Cette incarnation géante, sombre et monstrueuse n'est pas propice aux rencontres positives me direz-vous. D'ailleurs, je n'ai jamais vraiment rencontré un seul de mes prisonniers. Ou du moins, je n'ai jamais voulu les rencontrer, car vous pensez bien qu'avec mes rares incarnations, j'ai tout de même pu parler un peu avec du monde. Bien souvent, j'effrayais mes prisonniers plus qu'autre chose. Je n'ai jamais été doué pour tisser des liens. Même avec Hadès, le dieu des Enfers. Quel idiot, comme ses frères et sœurs, c'est un prétentieux, je suis sûr qu'il aimerait dominer le monde à la place de son frère. Même si ce n'est pas prêt d'arriver, je le crains fort !


Avec les monstres, j'entendais beaucoup parler de ce qu'il se passait là-haut. Je trouvais dommage cependant de laisser les monstres croupir éternellement ici. Déjà, ça faisait de la place et en plus, ce n'était pas drôle du tout. J'ai décidé que les monstres, une fois pleinement rechargés en énergie infernale pourraient retourner sur Terre semer le chaos. Une idée maléfique et tout le monde doit me détester pour ça surement ! Mais je ne suis pas ici pour me faire aimer. Un jour, j'ai entendu un monstre parler d'un demi-dieu qui aurait rapporté la toison d'or. Curieux n'est-ce pas ? Celle-ci était pourtant perdue et lui tout ce qu'il trouve de mieux à faire, c'est la repêcher je-ne-sais-où. Plusieurs autres récits me sont parvenus, mais également une prophétie. Je sentais bien que depuis quelque temps, les dieux s'agitaient là-haut. Tout était bien plus intense, le monde tremblait et les monstres devenaient de plus en plus puissants. Moi-même, je sentais qu'il fallait que j'agisse. Je me suis donc préparé. Mais, je ne pouvais pas sortir de mon domaine sous mon incarnation habituelle. Il me fallait revêtir une forme plus faible. Celle d'un mortel. Pourquoi ? Et bien, vous savez qu'un mortel ne peut pas voir la véritable forme d'un Olympien ? Alors imaginez la simple présence d'un dieu primordial comme moi ? Vous n'y survivriez surement pas. Le temps que je trouve une forme adéquate, tout était fini. Mais je sentais que ce n'était pas fini. D'autant plus que cela faisait des millénaires que je n'avais pas foulé la Terre. Ma première tentative n'était pas vraiment une réussite, j'ai réussi à m'incarner dans les Enfers, absorbant pas mal d’âme au passage. Puis finalement, j'ai réussi à remonter et à prendre forme dans le monde mortel.

Ce que je n'avais pas prévu, c'était que mon enveloppe physique était particulièrement instable. Un petit corps pour autant de puissance chaotique, ce n'est pas une bonne chose du tout. D'autant plus que je n'ai pas l'habitude de prendre forme comparé à mes frères et sœurs. Dès mon arrivée, l'équilibre de l'univers m'a rendu faible. Emprisonnant ma puissance divine dans mon petit corps de mortel. La brume a réécrit mon histoire. Je n'étais plus Tartare, mais Blackwell Moriarty, un professeur de sciences humaines dans une université prestigieuse. Inutile de vous dire que je ne me sens pas bien du tout dans ce petit corps ! Blackwell Moriarty voit des choses, il ressent des choses et il ressent comme un vide en lui. Un vide qu'il comble comme il peut en satisfaisant son corps. Il recherche les pièces manquantes. Curieusement, il est au courant du monde divin, mais il pense être un simple demi-dieu non reconnu.