J'avais vu le jour durant la matinée du premier Avril. Tout le monde avait cru que l'annonce de ma naissance était une bague à cause du jour où j'étais né. Heureusement, lorsque ma mère eut enfin posté une photo de moi sur les réseaux sociaux bien qu'ils n'étaient pas encore très convoités afin de montrer que je n'étais pas une farce, j'étais bien là ! Ma mère m'avait donné naissance seule, mon père n'était pas présent mais le personnel de l'hôpital connaissait ma mère. Elle était infirmière là bas, alors ses amies l'avaient aidé. Elle m'a déjà dit qu'elle ne pourra jamais les remercier assez d'avoir été là pour l'aider. J'avais grandi avec ma mère, juste nous deux, et de temps en temps, ses collègues me gardaient quand ma mère était occupée. J'avais eu une enfance assez simple, une mère aimante, je ne pouvais rien demander de plus. Malheureusement, une fois arriver à l'école, les enseignants avaient remarqué mes somnolences en classe dès mon plus jeune âge alors que j'avais mes neuf heures de sommeil toutes les nuits. Ma mère dut faire plusieurs tests et les médecins avaient diagnostiqué comme étant narcoleptique. J'avais donc du commencer à prendre un traitement qui devrait diminuer le fait que je m'endormais partout et très, voire trop, souvent. Je posais souvent des questions à ma mère pour en savoir plus sur mon géniteur mais elle restait toujours très vague : "Il était vraiment gentil, tu sais..", "Ton père a été rappelé par le ciel.", "Tout ce que je peux te dire c'est qu'il ne reviendra pas, Tro..". Après pas mal d'essaie, j'avais arrêté, du moins, je ne les posais plus autant qu'avant. Les années passèrent et j'étais désormais âgé de 4 ans, un garçon hyperactif et narcoleptique. Drôle de mélange, n'est-ce pas ? Les médecins disaient qu'ils n'avaient jamais vu ça auparavant. J'étais unique, c'était ce que maman disait. Elle disait aussi que j'étais le plus beau des garçons et que mes yeux noisettes feraient des ravages quand je serais plus grand mais je ne répondais que par un rougissement avant de repartir jouer avec mes Legos et Playmobiles. Quelques mois passèrent et quelqu'un s'était ajouté à ma petite vie tranquille. Il s'appelait Rudy. Et un peu plus tard, il vint s'installer à la maison.

-Pietro ? Rudy vient vivre à la maison avec nous, tu es content ?

Oh que non. Je ne l'étais pas ! J'avais directement couru dans ma chambre, je n'étais pas d'accord. J'étais encore jeune mais je savais que ma maman et Rudy étaient amoureux, ils s'embrassaient devant moi parfois. Maman disait que c'était ce que les gens qui s'appréciaient faisaient. J'appréciais des gens mais ça ne voulait pas dire que j'allais les embrasser. Je n'étais pas d'accord avec le fait que Rudy prenait la place de mon père même si je ne l'avais pas connu. Je gardais l'espoir de le voir passer le pas de la porte un jour, et entendre : "Je suis de retour à la maison, fiston."

Un an s'était écoulé, j'étais âgé de cinq ans maintenant. J'avais appris à apprécier Rudy même si ça n'avait pas été pas facile. Mais c'était grace à lui que je m'étais ouvert au monde des super-héros et des pokemons. J'étais d'ailleurs en train de triller mes nouvelles cartes quand mon petit monde parfait s'écroula à cause d'à peine cinq mots. Cinq mots qui m'avaient fait monter les larmes à cause de la colère qui était montée en moi.

-Tu vas être grand frère.

Cette idée ne me plaisait pas. Cela voulait dire que Rudy était là pour toujours maintenant. J'étais jaloux, ce futur enfant aurait ses deux parents alors que je n'en avais eu qu'un. Ma mère me suffisait mais à mes yeux, ce n'était pas juste. Je ne voulais pas être grand frère.

Plusieurs mois suivirent. Une fille. Tessa. Les filles c'était nulles. Moi qui pensais que j'allais pouvoir continuer à regarder des films de super-héros, elle voudra sûrement regarder des trucs de princesses elle. Berk, les robes et les paillettes, brr. La grossesse de ma mère arriva à terme et je me retrouvai grand frère. Je ne voulais toujours rien entendre. Cela ne me plaisait pas, un point c'est tout. En grandissant à ses côtés, je changeai mon avis. Après tout, il n'y avait que les imbéciles qui ne changeaient pas d'avis. Je m'étais rapproché de Tessa, j'étais devenu très protecteur et je veillais toujours à ce qu'elle allait bien, surtout quand elle était rentré à l'école pour la première fois. Nous étions devenus inséparables, nous faisions tout ensemble.

Douze années au compteur, j'étais devenu un petit adolescent qui continuait d'aimer les super-héros et les pokemons. Je lisais des comics et des mangas tant bien que mal à cause de ma dyslexie. J'avais déjà fait plusieurs écoles et j'étais désormais dans une école spécialisée, l'école technique. C'était plus du manuel et je préférais ça. J'étais du genre paresseux alors étudier n'était pas tellement mon truc. C'était ma troisième année dans cette école et je m'y sentais bien. Je m'étais fait des amis et l'un d'entre eux était différent des autres. Pourquoi ? C'était un bouc, enfin, jusqu'à la taille. Ce même ami, alias Tommy, avait décidé, peu après mon douzième anniversaire, à me dévoiler toutes les choses sur le monde mythologique. Même ma mère y croyait. Je n'y croyais pas, c'était absurde. Jusqu'au moment où il me montra ses jambes poilue, j'étais tombé dans les pommes. Tommy m'annonça que j'étais en danger et que je devais quitter mon domicile pour aller dans un endroit plus sûr. J'avais donc été obligé de faire mes valises, j'avais eu le temps de dire au revoir à Tessa et à Rudy puis je partis. Maman m'avait dit au revoir en me faisant un bisou sur le front. J'étais encore perturbé par tout ce changement. Mais elle m'avait promis que je pourrais revenir à la maison les voir et qu'elle m'enverrait de leurs nouvelles.

-On se reverra pendant les vacances, Tro, c'est promis.

Cela fait aujourd'hui huit ans que je suis à la colonie. Je rentre chez moi quand je peux, pour voir Tessa et ma mère. J'avais rapidement été revendiqué comme étant un des fils d'Hypnos, le dieu du sommeil. Comme quoi, cela devait venir de là ma narcolepsie.