I. Il était une fois
Le commencement, là où tout à commencer. La mère.
Andrea Botezariu était une prostituée. Oui, vous avez bien entendu, une prostituée. Elle est née et a vécu une grande partie de sa vie en Roumanie, dans la capitale : Bucarest. Andrea était issue d’une famille modeste, au revenu modeste, qui forçait Andrea a faire de grandes études pour devenir quelqu’un de grand, pour avoir plus d’argent et ainsi qu’elle puisse subvenir aux besoins de ces parents. Oui, c’était purement égoïste de la part de ces parents, mais visiblement, Andrea a décidé de faire tout autre chose.
Andrea est une flemmarde, c’est le trait de caractère qui ressort le plus chez elle et qu’elle a transmis à sa fille. Très intelligente, elle trouvait le moyen de créer des machines pour pouvoir faire ce qu’elle n’avait pas envie de faire, avec plus ou moins de réussite, tout ça pour éviter de le faire. Mais ce qu’elle détestait le plus, c’était travailler et étudier. Alors, alors qu’elle était en 2ème année d’université en biotechnologie, elle arrêta tout pour se consacrer à la prostitution. Alors âgé d’une vingtaine d’année, Andrea fut recrutée par un maquereau pour sa beauté et sa réputation de fille facile à la faculté. Andrea, dont le gout pour le sexe n’était plus à définir, se dit que c’était un travail parfait pour elle. Elle faisait ce qu’elle aimait, elle était payée, et le reste du temps, elle ne faisait rien. Elle glandait. Elle dépensait son argent.
Allez savoir ce que Morphée trouva à cette femme. Elle était belle, charmante, et très intelligente. Elle aurait put faire de grandes études, comme le prédisait ses parents, mais elle préféra la facilité, permettre aux hommes et aux femmes de trouver un peu de plaisir dans ses bras. Leur vendre du rêve, en quelque sorte. Pendant un cours instant se couper de la réalité. Parfois elle ne couchait pas, elle parlait juste avec la personne.
Morphée vint souvent la voir. Ils ne faisaient que parler. Tout deux couchés sur le lit à regarder le plafond stylisé, dans des couleurs pourpres et rougeâtres avec un brin de doré : les couleurs de la maison close où travaillait Andrea. Une sorte d’attachement s’était tissé entre les deux protagonistes, qui finirent par coucher ensemble – gratuitement.
Neuf mois plus tard, Mihaela était née.
II. L'enfance
«
Comment tu t’appelles ? » fit l’inconnu assis nonchalamment sur une chaise.
La jeune Mihaela, alors âgée de 5 ans, regarda l’homme avec de grands yeux. Elle ne comprenait aucuns des mots qu’il venait de prononcer, dans un français parfait. L’inconnu comprit très vite que la barrière de la langue allait empêcher la communication, alors décida d’employer une autre méthode.
«
Moi, » fit-il en le désignant du doigt. «
Fabrice. Toi ? »
Il désigna par la suite l’enfant qui lui faisait face. Celle-ci répéta son manège, docilement, le montrant du doigt et prononçant son prénom, avec une légère difficulté tout en roulant légèrement le « r ». Puis elle se désigna elle-même en prononçant son prénom.
«
Mihaela. »
«
Mihaela ? »
Elle fit un signe de tête approbatif avec un large sourire.
«
C’est mignon. Tu dessines quoi ? » demanda-t-il en désignant le dessin que l’enfant était en train de créer pour lui faire comprendre sa question.
«
Minnie ! » répondit-elle fièrement en montrant son dessin censé représenter la souris du dessin animé Mickey. Les traits légèrement déformés firent rire Fabrice, qui finit par tapoter affectueusement la tête de Mihaela.
«
C’est bien ! » reprit-il, un pouce en l’air. «
Elle te ressemble. Je vais t’appeler Minnie maintenant. »
La jeune Mihaela ne comprit pas tout de suite ce que voulait dire l’homme français, et elle ne put lui poser d’autres questions que sa mère appela son prochain client, qui n’était autre que lui.
Voici donc le quotidien de la jeune enfant. Elle jouait avec divers jeux, dessinait ou regardait la télévision – mais la plupart du temps, elle ne faisait pas grand-chose d’autre que dormir. Sa mère, Andrea, travaillait toujours comme prostituée, mais elle a été virée de sa maison close du fait de son ventre un peu trop gros qui gênait les clients. Alors elle a décidé avec l’argent qu’elle avait économisé, de faire son propre marché. Les femmes enceintes ou qui furent enceintes peu de temps avant, avaient leur charme, notamment pour les personnes ayant un problème psychologique avec leur mère, qui souhaitaient pouvoir boire du lait d’humain – oui, cela existait. Et puis, les gros seins, cela plaisait toujours.
Alors Mihaela voyait beaucoup de personnes. Des hommes, mais aussi des femmes. Souvent, ils devaient attendre leur tour, alors elle se mettait à parler avec eux. C’est comme cela qu’elle apprit rapidement plusieurs langues, car elle parlait souvent avec des étrangers venus visiter Bucarest et ses plaisirs. Cela ne choquait pas vraiment la jeune fille. Après tout, elle baignait dans cette atmosphère depuis toujours. Au contraire, elle aimait bien parler aux autres et apprendre de nouvelles langues. Elle jouissait de beaucoup d’argent, puisque sa mère avait pas mal de succès.
Mihaela vécut donc dans un environnement plutôt stable, enfin qu’elle considérait comme stable, et ne manqua de rien, ni de jouets, ni de nourritures, ni d’éducations. C’était à se demander comment elle a put totalement couper les ponts avec sa mère.
III. Loan Vulpesco
Loan Vulpesco est un roumain. Plus particulièrement, c’est un riche roumain issu d’une famille influente et très connue. Il se doit donc d’entretenir une image de lui aussi luxueuse et pure que son titre de famille le lui permettait. Mais voilà, comme n’importe quel homme fortuné et avide, Loan s’offrit les plaisirs d’une prostituée dont il avait entendu les « mérites ». Cette prostituée n’était autre qu’Andrea Botezariu. Leur chemin se sont croisés, et leur destin changeait à jamais.
Le hasard – ou bien en serait-ce que le malheur – fut tel que Loan mit enceinte Andrea. Il fut dans l’obligation de se marier avec la jeune femme pour ne pas déshonorer sa famille avec un bâtard. Pour Andrea, c’était une opportunité inespérée : elle allait être riche en se mariant et en écartant les jambes seulement quelques fois par mois. Ah, et s’occuper de ses enfants aussi. Tout aurait put être parfait dans le meilleur des mondes, sauf pour Mihaela. Enfin, Minnie. Depuis sa rencontre avec le français, elle souhaitait qu’on l’appelle comme tel.
Le problème qui se posa pour Minnie était que Loan ne l’aimait pas. Il ne la considérait pas comme sa fille, alors bien qu’elle avait de beaux vêtements et de beaux bijoux, Loan montrait une froideur excessive pour l’enfant. Son petit demi frère quant à lui, avait toute l’affection de ses parents, et était encore plus gâté qu’elle ne le serait jamais. Jalousie ? Oui. Elle l’enviait et le jalousait. Surtout que le petit être du nom de Venceslas démontrait un caractère possessif et orgueilleux. Il se vantait et ne se privait pas de mettre Minnie à l’écart.
Ce n’était pas la vie qu’elle avait rêvé. Ils voyageaient souvent du fait du travail de son beau père, elle découvrait de nouveaux pays, de nouvelles coutumes et de nouvelles langues, mais elle se sentait toujours comme une étrangère. Elle détestait cette sensation d’être une étrangère au sein de sa propre famille, qui ne s’inquiétait pas outre mesure de l’état de leur fille. Joie !
Minnie n’était pas maltraitée ni mal-nourrie, elle était juste malaimée. Au point où son caractère doux se changea en quelque chose de plus sombre. Elle se mit à arborer un look gothique soit un look de hippie, soit un look de « racaille » comme le disait si bien Loan - mais jamais des vêtements chics qui lui rappelaient ses parents. Elle se mit à fumer et à se droguer.
Et cela ne gêna aucunement ses parents.
Il y avait bien un problème quelque part.
Et c’est ce qui la poussa à fuguer.
IV. La fugue
Etats-unis, le 14 février 2002, le jour des 15 ans de Minnie. Cela devait faire 6 ans qu’elle ne recevait plus rien pour son anniversaire à part une rose blanche, qu’elle avait finit par découper en morceau à l’aide d’une hache à chaque anniversaire. Cet anniversaire-là marqua la coupure définitive entre Minnie et ses parents. Puisque ceux-ci étaient partis en repas romantique à deux, laissant les enfants sous la gouvernance d’une babysitteur qui elle passait son temps au téléphone avec son petit ami. La coupe était pleine, et Minnie décida de s’enfuir.
Elle prit quelques affaires de rechanges, des rations de survie et un couteau de cuisine. Allez savoir pourquoi, son instinct lui dictait de se tenir prête
sait-on jamais. Puis elle partie. A dire vrai, elle n’était pas partie bien loin. Elle s’était mise dans un emplacement stratégique, ni trop loin ni trop proche pour pouvoir observer ce qui allait se passer tranquillement.
Et Minnie eut l’horreur de voir que ses parents
se fichaient complètement de son sort. Il n’y eut pas de recherches. Il n’y eut pas d’affiche de sa jolie bouille placardée un peu partout en ville. Ses parents ne la pleuraient pas chaque soir. Au contraire ils avaient l’air… encore plus heureux. Comme si Minnie n’avait été qu’une tâche dans leur joli tableau de famille parfaite. Lui, le millionnaire, elle, l’ex prostituée avide de pouvoirs.
C’est ainsi que Minnie comprit qu’elle n’avait plus sa place avec eux, et qu’elle partit définitivement. Elle les oublia jusqu’à leur nom. Ce fut comme une leçon de vie pour elle. L’argent gouvernait tout, mais aussi les informations. Le savoir. Ainsi que le fait de ne pas savoir. Ou faire semblant de ne pas savoir. Cela s’équivalait.
Alors Minnie fugua, et ne revint jamais voir sa famile. Il y avait fort à parier qu’ils n’étaient plus aux Etats-Unis à l’heure actuelle.
V. Le pétard et le pêté
C’est un pétard à la main, affalée sur un canapé miteux dans un appartement tout aussi miteux d’un petit dealeur du coin qui s’était amouraché de Minnie, que nous retrouvons notre demi-déesse. Minnie se mettait bien – voir même un peu trop – tandis que son petit ami par intérêt s’amusait à battre quelqu’un qui ne l’avait pas payé pour sa came depuis un peu trop longtemps. Joe ne faisait pas dans le sentimentalisme, et c’était ce qui faisait tripper Minnie. Elle observait la scène avec nonchalance, n’ayant aucune pitié pour le ver de terre qui saignait par tous les pores.
Cela faisait un mois qu’elle avait quitté le nid, et son caractère je-m’en-foutiste s’était exacerbé. Elle aimait d’autant plus la drogue qui lui permettait de planer et de faire des rêves normaux. Car oui, le reste du temps, quand elle rêvait, elle avait l’impression d’assister à d’autres rêves qui n’étaient pas les siens. C’était en vérité une manifestation du pouvoir de Morphée, mais à cette époque-là, elle n’en avait pas conscience, et ce malgré les multiples apparitions de Morphée dans ses rêves pour tenter de lui faire comprendre ce qu’il se passait.
Mais Minnie n’était pas une fille facile à convaincre que le paranormal existait, surtout quand depuis toute petite on lui répétait que les choses étranges qu’elle voyait n’étaient que le fruit de son imagination. Surtout qu’il faut dire que physiquement parlant, elle ne ressemblait pas tant à Morphée.
Et puis, le mur explosa d’un coup et un monstre déboula dans le petit salon dans un hurlement furieux.
«
Oh ! » fut le premier onomatopée d’une série d’autres onomatopées qui sortit de la bouche d’une Minnie projetée contre le mur d’en face, son pétard toujours à la main.
«
Bordel de merde ! » fut le premier juron d’une série d’autres jurons qui sortit de la bouche de Joe. «
Mon mur ! J’suis pas pleins aux as p’tain c’qui qui va payer ! »
Joe était comme Minnie, il pensait à l’argent avant toute chose. Il mettait même sa propre vie entre parenthèse s’il pouvait la troquer contre une bonne grosse somme.
«
J’crois j’plane un-p’trop p’tain, » fut les quelques mots intelligibles qui sortirent de la bouche de Minnie, quand soudain, un satyre débarqua dans l’appartement avec fougue.
«
Mihaela ! » hennissa-t-il avant de se prendre un coup violent qui le projeta en dehors de la pièce par le monstre.
«
Présente ! » fit l’idiote en levant la main, ce qui eut tôt fait d’attirer le monstre dans sa direction. «
Oups. »
La suite fut muée dans un brouillard de sons et d’images. Minnie reprit réellement conscience qu’une fois que le tout était terminé. L’appartement avait littéralement explosé de l’intérieur et elle s’est retrouvée par elle-ne-sait-quel miracle sur le trottoir d’en face, armée d’une très longue épée dorée et brillante, recouverte de poussières et de sangs – et de blessures, tandis que le satyre de tout à l’heure, tout aussi amoché, lui parlait de choses dont elle ne comprit absolument pas.
«
Il faut qu’on rejoigne la colonie des sangs-mêlés et vite avant de se faire rattraper par les monstres ! »
«
Hein ? Détends-toi mec, t’as d’jà tenté de péter pour t’décoincer du fion ? »
Allez savoir le rapport, mais quand elle était sous l’effet d’une drogue, Minnie avait un langage légèrement… vulgaire, ce qui ne manqua pas de déplaire au satyre qui se permit de gifler la demi déesse sans ménagement.
«
Mais quel boulet celle-là ! Suis-moi et ne fais pas d’histoires ! »
«
Oh la la ! » répondit Minnie avec une voix de mijaurée. «
Quel rabat-joie celui-là ! T’es tendu du slip. J’vais t’appeler comme ça maintenant. »
«
Si tu veux, maintenant cours. »
Jusqu’à leur arrivée à la colonie, Mihaela était dans le brouillard le plus complet. Déjà il faut savoir qu’elle était en train de redescendre et qu’elle regrettait fortement que la situation actuelle ne soit pas un effet de la drogue. Ensuite, leur chemin fut semé de batailles diverses avec des monstres. Elle ne savait trop comment, l’instinct de survie certainement, mais Minnie réussit à en triompher de certains, avec l’aide du satyre, et le reste, il fallait avoir un bon cardio. Avec des blessures, c’était d’autant plus difficile d’avoir un bon cardio.
Ils arrivèrent finalement à la colonie, haletants et blessés. La suite fut une succession d’explication sur sa situation, sur ce qu’elle était, et sur ce qu’était les autres, les dangers, et tout le tralala. Un flot d’informations qui faillirent faire exploser la tête de Mihaela. Cependant, sachant qu’elle était orpheline et que visiblement les monstres étaient à ses trousses dès qu’elle mettait un pas dehors, elle décida d’accepter sa condition, bien qu’au début elle avait de sérieux doutes, elle finit par réellement prendre conscience de la situation qu’une fois la bataille entre Cronos et Percy Jackson établit.
Etre demi dieu, c’était dangereux. D’autant plus lorsque d’autres demis dieux se mettaient contre d’autres demis dieux. Minnie décida de rester dans le camp de sang-mêlé, dans un premier temps car ils l’avaient sauvé à maintes reprises, et qu’ils l’acceptaient. Elle avait enfin l’impression d’appartenir à quelque chose, et bien qu’elle gardait son caractère et son désir de tranquillité, elle n’en restait pas moins fidèle aux alliés.
Jusqu’à ce que la mort les sépare.