» Dire que Sybille a vécu une pauvre vie misérable, pleine de tristesse et d'angst serait un mensonge pur et dur. Sybille Atropa, petite princesse à papa, enfant pourrie gâtée jusqu'à la moelle ; elle est peut-être la fille du malheur, cela ne l'a pas empêché de vivre une belle vie.
» Son père était un riche lobbyiste, fervent combattant pour le droit du port d'armes aux Etats-Unis. Bill s'est toujours dit que c'était ça qui avait attiré Achlys dans le lit de son cher papa, un métier qui semait le malheur partout aux USA.

» Enfant unique, son père l'adorait. Sa petite fille était une adorable tête rousse, magnifique, et intelligente avec ça ! Tout ce dont il avait toujours rêvé. Elle le voyait comme son héros, lui qui lui racontait à longueur de temps qu'il était un combattant pour la justice, qui bataillait pour les droits de tous.
» L'absence de sa mère ne s'est pas vraiment fait ressentir, son père sortait toutes les semaines avec une nouvelle femme, toutes des bombes. Sybille s'est rendu compte très tôt que les femmes étaient aussi jolies que les hommes.

» Évidemment, à son adolescence, arriva ce qui devait arriver. Riche, belle, dominatrice, Sy était exactement le genre de fille qu'on ne veut pas croiser quand on a quelques kilos en trop ou quand on est juste pas bien dans sa peau. Parfois, même quand elle ne disait rien, les gens ne se sentaient pas bien autour d'elle. Comme prévue, elle avait une ribambelle d'ami(e)s. Comme prévu, elle se sentait plutôt seule dans sa vie.
» Sybille avait 14 ans quand on est venu la chercher, quand on lui a dit ce qu'elle était vraiment, quand on lui a avoué que le monde autour d'elle était bien différent. Elle a hoché la tête, pauvre petite princesse qu'elle était, alors qu'elle ne comprenait pas un traître mot.

» La colonie, c'est différent. Ici, on ne peut pas vraiment jouer la princesse, même si Sybille aimerait beaucoup. Ses pouvoirs sont apparus, et elle n'était pas vraiment utile, pas même une bonne combattante. Juste... Bonne. Moyenne. Pas la pire. C'était ce qui comptait pour elle : ça, et les hommes sexys, les belles femmes.
» Bien sûr qu'elle a été touché par la guerre, qui ne l'a pas été ? Elle a perdu des proches, elle a perdu sa presque famille. S'en remettre n'a pas été facile : mais quand on est un demi-dieu, est-ce qu'on a vraiment le choix ? Bill a pris sur elle pour soigner son coeur, son corps. Son aura de malheur est devenue deux fois plus forte à cause de cette guerre.

» Dès qu'elle a pu, elle a quitté la colonie, s'éloignant le plus vite possible des camps. Elle le sentait arriver, comme un mauvais pressentiment, une odeur de malheur, de larmes et de sang.
» Sybille a cependant gardé contacte avec quelques personnes de la colonie, leur rendant parois visite.