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Messages : 691 Date d'inscription : 06/08/2017
Feuille de Personnage Arme(s): Une courte épée en bronze céleste et un bâton qui se rétracte en chevalière. Le bâton s'enflamme et est fait de métal hybride. Familier(s): Un chat qu'il a appelé Don Juan Objet(s):
| Sujet: Anthea Mar 12 Sep - 21:56 | |
| Anthea - Partie I Il y avait beaucoup de choses qui apportaient du contentement à Damon. Les rayons du soleil sur son visage le matin, la douce monotonie de la routine urbaine quotidienne, le vent dans les feuille, la pluie dans la gouttière, les petites sensations douces du jour au jour lui apportaient énormément de réconfort, un pouvoir possédé par très peu de choses dans ce monde. Il aimait également le plaisir d’une bonne compagnie, la forme charmante de jolies femmes ou le raffinement d’une activité culturelle. Il aimait la sensation de fatigue après s’être poussé au bout de ses capacités, qu’elle soit une fatigue physique ou mentale. Tout ceci étaient les passions de Damon, ces petites choses qui chaque jour réchauffaient un peu son cœur. Il avait une bonne vie, il en était satisfait. Il la vivait libre, il la vivait avec passion et fougue, vivacité et ambition, mais il n’était jamais réellement heureux. Le jeune homme croyait en plusieurs types de bonheur : la joie, éphémère, l’excitement du moment était trop rapide, trop facilement oubliée. Mais le monde confondait les deux autres types, le contentement et l’euphorie : étant facilement satisfait avec du contentement, satisfaits de naviguer dans une vie facile et tranquille, ils en oubliaient l’euphorie, le vrai bonheur selon lui. Lui l’avait vécue. Pendant quelques moments suspendus dans le temps, il avait connu l’euphorie, un bonheur si parfait qu’il se sentait invincible, finalement complet et satisfait d’un monde vide de sens. C’était un soir d’hiver. Dehors, un vent froid tourmentait les volets, les faisant claquer avec violence sur les murs de pierre de la rue, faisant chanter aux arbres une étrange mélodie. Le bruit était couvert par le craquement réconfortant d’un feu de bois et le son discret de chansons de Noël, le petit Damon n’était donc pas inquiété par les bruits de l’extérieur. Le vent aurait beau souffler et frapper, la chaleur de sa modeste maison le protégerait. Il devait avoir 10 ans et des cheveux encore complétement ébouriffés, pantalons et pull troués. Il venait de passer une journée difficile à l’école. Les mathématiques lui posaient encore des problèmes, et les petits garçons de son âge aimaient jeter des bouts de chewing-gum mâchés dans sa touffe de cheveux. Il y a plusieurs mois, il avait tenté de se raser les cheveux pour tenter de les en dissuader. Cependant, il pouvait voir les désirs de leur cœur, et il pouvait voir les désirs de ses camarades de classe de l’humilier, que ce soit pour avoir l’air plus fort que lui ou pour paraître intéressant aux yeux des autres. Damon n’avait jamais été un enfant très social, il préférait rester dans son coin pour essayer de comprendre le cours. Il n’était pas spécialement timide, juste intimidé par les désirs affreux des enfants autour de lui : ils semblaient tous méchants, cruels, désireux de voir les autres souffrir. En cette journée hivernale, il avait finalement trouvé le courage de faire face à ces enfants, et s’était retrouvé à terre assez rapidement, lèvre coupée et bleus au visage. Il passait tout son temps libre à lire des livres. Il était passionné par les héros d’antan : Zorro, Don Juan, Arsène Lupin, Bel-ami… Tous des criminels et des charmeurs au style irrésistible. Chez lui, seul dans sa chambre, il s’entraînait à l’escrime avec une règle en plastique, imaginant avec un plaisir vicieux toute les revanches qu’il serait capable de prendre une fois qu’il serait aussi fort que ses héros. En attendant, sa lèvre était coupée et son visage le faisait encore souffrir. C’était avec douceur et compassion que sa mère s’occupait toujours de lui. Anthea, au visage sillonné de rides naissantes, possédait un calme et du poise dans toutes les situations. Son visage était triste et ravagé par des années cruelles, mais ses yeux brillaient encore comme il y a 20 ans, encore emplis de compassion et de générosité. Damon en était venu à presque apprécier le traitement infligé par ses camarades, puisque chaque maltraitance de leur part menait à des moments de tendresse avec sa mère, où elle passait parfois plusieurs heures à laver et coiffer ses cheveux, reprisant également avec minution ses habits déchirés. Rien n’est plus bon sur cette terre que l’attention d’une mère, et le petit Damon avait déjà oublié la douleur que lui infligeait sa lèvre coupée. Assis confortablement, au chaud sous une couverture de laine, il pouvait sentir une douce odeur de cannelle émanant de la cuisine. Anthea chantonnait une jolie mélodie par-dessus la musique de la radio. Elle en sortit enfin, une tasse chaude entre ses mains. Elle posa le chocolat chaud face à Damon avec un petit sourire. Alors que le jeune enfant se précipitait sur la tasse, elle alla s’asseoir à côté de lui pour passer sa main fine entre ses cheveux noirs et épais. Alors que la chaleur de la boisson brûlait ses lèvres gercées, il se sentit, pendant un court moment dans le temps, comme si rien d’autre sur cette terre ne comptait que lui et sa mère. Le monde entier aurait beau être contre lui, tant qu’il était capable de se rappeler de ce moment précis, il était invincible. Sa tête posée contre le hublot de l’avion en direction de Toronto, Damon se rappelait avec une nostalgie un peu amère de ces moments passés avec sa mère. Tout était si compliqué depuis. Les enjeux étaient plus grands, plus dangereux, il était toujours plus en colère et toujours plus seul. Au moins, il passait plusieurs jours chaque année aux côtés d’Anthea. Une de ces journées était celle de son anniversaire, le premier Août. Elle insistait à chaque fois qu’il vienne, malgré le fait qu’elle ne puisse pas vraiment se permettre d’acheter quoi que ce soit pour réellement le fêter, si bien que c’était généralement Damon qui lui achetait des cadeaux. Cette année, il avait trouvé une écharpe en soie dorée dans une petite boutique New-Yorkaise. Quelques heures plus tard, il arriva enfin devant la modeste maison de banlieue où vivait sa mère. Devant, quelques fleurs tentaient tant bien que mal de résister à la canicule. Le jardin semblait très propre, il était évident que quelqu’un passait régulièrement du temps à s’en occuper avec minutie et patience. Les buissons étaient taillés, l’herbe coupée et on n’y trouvait aucune mauvaise herbe. Il observait attentivement chacune des plantes environnante en attendant qu’on réponde à la porte. Finalement, il entendit le bruit d’un verrou s’ouvrant, pour laisser apparaître le visage fin et délicat d’Anthea. Le visage de Damon s’illumina presque immédiatement, il avait un sourire qu’il peinait à contenir. Sa mère n’avait pas changé. Quelques touches de blanc parsemaient ses cheveux noirs, et ses yeux semblaient être un peu plus creusés, mais elle avait toujours cet air de compassion et cette lueur d’espoir dans ses yeux. Il s’approcha d’elle et la prit dans ses bras avant de lui dire d’une voix chaleureuse. « -Salut maman. »Elle ne prit même pas le temps de lui répondre et les mains de Damon entre les siennes : « -Je ne comprendrai jamais comment tu fais pour avoir les mains aussi froides même au milieu de l’été. »Le jeune homme répondit avec un petit rire avant de rentrer dans la maison, sa valise à la main. Il donna quelques compliments sur l’état du jardin avant d’aller déposer sa valise à l’intérieur. Ils passèrent l’après-midi à préparer une sauce à la tomate délicieuse pour le repas du soir. Pour Damon, c’était comme retomber en enfance. Il était peut-être un demi-dieu et elle une humaine, mais elle avait le pouvoir de faire s’évaporer tous ses soucis. L’odeur de la cuisine, l’atmosphère entière de la maison étaient comme de la magie pour lui. Il se trouvait à faire des blagues stupides, à jouer comme un enfant avec la nourriture comme s’il avait perdu 12 ans. Après avoir apprécié le fruit de leurs efforts autour d’une petite table de bois, Damon lui dit avec un sourire en se levant : « -Je t’ai amené un cadeau ! »
Malgré les protestes de sa mère, il alla chercher le paquet cadeau qu’il avait préparé auparavant. Elle le regarda avec un regard moqueur signifiant qu’un cadeau n’était pas nécessaire pour elle. Il alla se tenir à côté d’elle, sa main sur l’épaule pour la regarder le déballer. « -Je sais que tu aimes faire n’importe quoi l’hiver, comme sortir dans la neige avec rien de plus qu’un petit pull, donc j’espère qu’avec ça tu ne tomberas pas malade quand il fera trop froid. Je crois sérieusement que des fois tu oublies que le Canada, c’est froid. »Elle lâcha un petit rire avant de placer un bisou sur la joue de Damon, qui arborait un sourire jusqu’aux oreilles. Elle se leva et lui demanda de s’asseoir. « -Moi aussi je t’ai préparé un petit quelque chose. »Damon la suivit des yeux, intrigué. Il n’avait pas vraiment l’habitude de recevoir des cadeaux. Après quelques minutes, elle rentra dans la salle, un petit paquet à la main. Le paquet était petit, il rentrait dans la paume de la main, et semblait plutôt léger. Il l’ouvrit pour trouver un bracelet très fin, constitué d’une chaîne très fine et élégante. Le métal semblait lourd et des très bonnes qualités, bien meilleure que tout ce qu’Anthea aurait dû pouvoir se permettre. Le bracelet était orné d’une petite plaque dorée également, où été gravé le mot « Love ». Anthea regarda son fils avec un sourire avant d’expliquer : « -Je sais, c’est un peu cliché. Mais comme ça, tu te rappelleras que je t’aime, mais surtout que tu dois et être plus indulgent avec toi-même. Je sais que tu vas faire de grandes choses, mais apprends à te reposer un peu aussi. » Elle le regarda avec une expression inquisitrice « est-ce qu’il te plaît ? »Damon fixa ses yeux sur le bijou, semblant concentré, comme s’il réfléchissait à quelque chose. Puis il se releva, le bracelet toujours logé au cœur de sa main avant d’aller prendre sa mère dans ses bras pour déposer un baiser sur le dessus de sa tête. « -Oui, merci maman, je l’adore. »- Spoiler:
J'avais envie de faire un rp donc j'en fais un avec MOI MÊME. J'avais envie de montrer un peu la relation entre Damon et Anthea. Le rp est un mélange du mois passé et de il y a 12 ans
Dernière édition par Damon Evander le Mer 10 Jan - 7:51, édité 1 fois |
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Feuille de Personnage Arme(s): Une courte épée en bronze céleste et un bâton qui se rétracte en chevalière. Le bâton s'enflamme et est fait de métal hybride. Familier(s): Un chat qu'il a appelé Don Juan Objet(s):
| Sujet: Re: Anthea Ven 5 Jan - 11:11 | |
| Anthea - Partie II WARNINGS : ca parle de la maladie d’un proche et de cancer.
La vie semble avoir un goût tordu pour le désespoir. Il y a une théorie quant à la forme la plus cruelle de désespoir, celle de perdre un lever de soleil. Réfléchissez à ceci un instant : est-il pire pour quelqu’un de savoir que le soleil ne se lèvera plus jamais, ou de devenir aveugle et d’être incapable de voir le soleil se lever ? Le deuxième implique une certaine détresse, un objet de désir si proche et pourtant toujours inatteignable, la chaleur du soleil qui glisse entre ses doigts, la pensée nostalgique de cette alliance de rose et d’orange qu’il aime tant et qui ne restera à jamais que pensée, que souvenir mélancolique c’un bonheur passé. L’objet du désir est là, mais il est inaccessible. Damon voulait beaucoup de choses, et il avait depuis longtemps arrêté de se soucier du pourquoi et du comment, pour commencer à simplement saisir au vol les fruits de ses désirs. Il était un égoïste de l’éternel, n’ayant que très peu de considérations au-delà de ce que son cœur, ses instincts lui criaient d’empoigner.
Une goutte de sueur coulait sur sa tempe, rafraîchissante, mais augure de temps sombres. Son sommeil était agité comme une mer houleuse, les vagues sombres de son esprit hantées par des visions consternantes de déchéance. Il voyait le visage de sa mère, prunelle de ses yeux, support de toujours face à la calamité qu’était son existence, tordu par des cris stridents de terreur pure. Il voyait le visage de sa mère se changer en monstruosité, manifestation probable de son subconscient lui hurlant un message qu’il ne savait comprendre. Il allait se laisser plonger dans la noirceur de ses visions lorsqu’il fut réveillé en sursaut par la sonnerie d’un appel sur son téléphone. Il était dégoulinant de sueur, comme une trace de la frayeur qu’il venait d’avoir. Son cœur battait à toute vitesse, retentissant dans sa tête alors qu’il tentait tant bien que mal de se remettre de ses émotions. Il passa sa main dans ses cheveux et entreprit de se calmer, calant sa respiration sur la mélodie que le vent chantait contre sa fenêtre. Le moment semblait presque hors du temps tant la salle était emplie d’une quiétude oppressante. Tout mouvement s’était arrêté, comme si le monde avait pris la décision de s’immobiliser, et les gens d’arrêter de vivre. Les seuls signes de vie étaient cette horloge rébarbative et ce battement de cœur dans son torse, qui semblaient maintenant avoir le même rythme monocorde. Et cette sonnerie incessante qu’il n’osait faire taire.
Un monde qui se détruit. Une aurore perdue. Un cœur brisé. Il n’y a rien de pire que l’incapacité de faire quoi que ce soit, rien de pire que d’être bloqué dans l’attente de voir quelque chose dépérir. Cette nuit-là, dans les heures tardives de la nuit, ou peut-être les premières du matin, il avait reçu l’appel du destin. La voix tremblante d’une secrétaire novice n’était qu’un des premiers signes de ce qui était à venir, il pouvait déjà sentir l’angoisse l’asphyxier, prendre sa gorge en otage. Et puis enfin, après les quelques mots coutumiers pour aider à faire passer la pilule, les mots fatidiques étaient prononcés, annonçant l’hospitalisation en urgence de sa mère. Ses pieds s’envolèrent presque, pleins du désespoir d’un enfant perdu, et c’est avec une hâte tremblante qu’il enfila ses habits. Il embarqua dans le premier avion vers Toronto, héla un taxi, et courut enfin jusqu’à s’en brûler les pieds vers l’hôpital. Il réfléchissait frénétiquement à toutes les excuses possibles pour que cette tragédie n’en soit pas une, tentant d’ignorer du mieux possible son monde qui s’écroulait autour de lui un peu plus à chaque pas. Finalement, il était face à la chambre de sa mère. L’oxygène et le courage lui manquaient, il se sentait résolument incapable de franchir le pas. L’anxiété le rongeait de l’intérieur, ses yeux étaient plein de la buée de larmes naissantes, sa respiration haletante.
Finalement, il entra dans la salle. Ses yeux tombèrent immédiatement sur le regard doux de sa mère, et il ne put s’empêcher un soupir de soulagement. Elle semblait aller bien. Il s’approcha de son lit et la prit dans ses bras avec un sourire sincère, son cœur réchauffé par la tendresse maternelle et le soulagement. Il resta à ses côtés plusieurs heures, écoutant ce qu’il s’était passé. C’était apparemment un problème respiratoire, elle faisait ses courses matinales lorsque ses poumons eurent raison d’elle pendant quelques minutes, suffisantes pour lui valoir un aller simple vers un lit d’hôpital. Ils se passèrent plusieurs semaines de tests et de visites médicales incessantes, quand enfin le verdict tomba. Un cancer du poumon, attrapé bien tard dans son développement. Les deux prirent rapidement la décision de la transférer d’hôpital. Elle allait venir à New York afin de faciliter les visites de Damon.
Celles-ci étaient hebdomadaires, voire même quotidiennes. Après tout Damon devait s’assurer que le sourire restait sur les lèvres de sa mère. Il avait pris l’habitude de lui ramener un pot de fleur à chacune de ses visites, habillant la salle terne de myriades de couleur, transformant l’endroit en une véritable mini-jungle urbaine. Il voulait que celles-ci soient un symbole de vie et d’espoir face à cette maladie qui la rongeait. Cette journée-là, il avait ramené une orchidée blanche rayonnante, dans la prime de sa vie. Il attrapa sa mère en train de livre. Il toqua à la porte déjà ouverte avant de se permettre d’entrer et de la saluer sur un ton joueur ?
« Ne serait-ce pas la femme la plus forte du monde dans ce lit blanc ? »
Elle se tourna vers son fils, et immédiatement un sourire germa sur sa bouche gercée, rendue presque blanche par la fatigue.
« Et le meilleur des fils venu lui rendre visite ? » elle tendit ses bras vers lui pour demander un câlin : « Oh mon Doums, tu m’as manqué. Tu sais que j’ai besoin de ta tignasse blonde pour me sentir mieux. » elle passa sa main dans ladite tignasse avec un petit rire : « J’ai encore de l’espoir que tu arriveras à les dompter un jour. »
Damon répondit avec une moue joueuse avant de poser l’orchidée sur un coin encore libre d’une commode. Il récupéra un arrosoir qu’il avait laissé là auparavant, et entreprit d’arroser méticuleusement chacun des pots qui décoraient la chambre, tout en discutant avec sa mère de tout et de rien. Finalement, il vint s’assoir sur le rebord du lit, et Anthea commença à passer soigneusement une brosse dans les cheveux du garçon dans un acte tendre. Il se sentait indigne de cette attention, presque comme s’il allait ternir la pureté de cette femme qu’il affectionnait tant. C’est uniquement avec elle qu’il était capable de ressentir du regret et de remettre en cause la personne qu’il était. Si seulement elle savait les choses qu’il avait fait. Elle serait probablement choquée, triste, dépitée de son fils qu’elle aimait tant. Elle le verrait comme un déchet, une déception, et il se trouver incapable d’en entretenir l’idée. Il n’était rien sans l’amour inconditionnel de sa mère. Ça, sa mère le savait. Aussi, elle continuait de son mieux à sourire, trouvant de la joie dans chacune de ces fleurs qu’il lui amenait, mais l’espoir prenait un coup à chaque nouvelle du docteur, à chaque évolution de sa maladie. Son sourire se faisait terne, ses yeux se tintaient d’une tristesse résignée. Mais elle se forçait, encore et toujours, à sourire. Pour son fils. Celui-ci quittait donc toujours la pièce le cœur réjoui face à l’éternel optimisme de sa mère, sans voir son sourire se faner dès qu’il passait la porte.
C’est au détour d’un couloir blanc de cet hôpital qu’il rencontra Aspasia. Entre eux, tout était électrique dès le début. Elle exhumait un charme naturel, une facilité déconcertante à croquer la vie à pleine dent. Au début, elle n’était qu’une proie de plus sur un tableau de chasse qui n’en finissait plus, juste un autre joli visage à se mettre sous la dent, mais rapidement il fut saisi d’une réelle affection envers elle. Celle-ci venait d’une journée particulière. Il était en train de discuter avec sa mère, mais leurs sujets de conversations étaient plus inquiets que d’habitude. Aspasia les remarqua et se permit d’entrer. Après quelques minutes de discussion, elle remarqua les sourcils froncés d’Anthea, et vint déposer ses lèvres contre le front de la dame. Le geste était simple, affectueux. Et surtout, il était guérisseur. En effet la jeune fille insufflait le réconfort d’un simple baiser, et avait ainsi allégé les souffrances de la mère de Damon. Celui-ci ne savait guère comment réagir, pris de court par ce geste altruiste. Presque naturellement, ils sortirent ensemble. Anthea et Aspasia s’adorait, et Damon adorait les regarder ensemble glousser comme des enfants, il adorait leur expression joyeuse. Pendant ces quelques semaines précieuses, il avait entrevu la vie normale, heureuse qu’il aurait pu avoir.
Mais la vie a un goût tordu pour le désespoir. Deux menaces se profilaient à l’horizon du couple que formaient Damon et Aspasia. La première était sa maladie. Elle était là, comme une épée de Damoclès constante entre eux deux. Mais surtout, c’était ce désir qu’il voyait en son cœur, ce désir d’anéantir la résistance. Évidemment, ce n’était pas quelque chose qu’il pouvait ignorer. Il le savait, il avait essayé. Pendant plusieurs semaines il avait tenté de ne pas y penser, de continuer son bonhomme de chemin avec elle. Il avait tenté de fermer les yeux, après tout ce n’était peut-être qu’une illusion et quand il les rouvrirait, le désir serait parti. Mais non, il était-là, titillant constamment son esprit haletant avec des mauvais pressentiments. Il tenta de se raisonner, se disant qu’elle ne pouvait pas réellement faire de dégâts considérables à la résistance, et c’est quand il tomba sur son carnet. Celui-ci détaillait les activités de tous les membres de la résistance, des détails, des points faibles. La dernière page, enfin, lui correspondait en tout point. Il ne lui manquait que le nom. Il avait envie de le brûler, ce maudit carnet, de lui arracher toutes les pages pour laisser le vent les dévorer, de le maudire pour avoir osé se tenir sur le chemin de son bonheur.
Mais il ne pouvait pas lui faire ça. Il ne pouvait pas la forcer à abandonner tout ce travail qu’elle avait fait pour une cause qu’elle trouvait juste, tout comme il ne pouvait pas se forcer à l’accepter, ignorant ses propres idéaux. Il ne pouvait pas se résoudre à l’éliminer non plus, il ne pouvait juste pas. Ainsi, il ne lui restait qu’une solution. Il lui brisa le cœur. Son jeu d’acteur toujours aussi bon, il était rentré dans la peau d’un connard un peu trop facilement. Pour elle, il aurait pu être plus que ça. Mais il devait se rendre à l’évidence, le monde ne voulait pas faire de lui quelqu’un de bon. Il se sentait comme s’il lui devait la vérité, et révéla finalement son appartenance à la résistance, cerise sur un gâteau nauséabond d’auto destruction. Il ne la revit plus jamais.
Ainsi, il était de nouveau seul, à faire face à une tumeur qui grandissait, corrompant chaque aspect de sa vie, prenant contrôle de son cerveau, alourdissant ses mouvements et plombant son esprit. Il pouvait voir que le sourire de sa mère se faisait faux. Ni ses mots, ni ses fleurs ne semblaient capables de ramener le bonheur. Chaque jour, la maladie prenait un peu plus de sa force. Chaque jour, il s’enfonçait un peu plus dans ces sables mouvants de désespoir.
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| Sujet: Re: Anthea Mer 10 Jan - 7:52 | |
| Anthea - Partie III WARNINGS : deuil, cancerLe jour où le monde s’est effondré, Damon avait commencé sa journée chez lui, dans son petit appartement à la lisière de Manhattan. C’était un samedi, probablement. Il se rappelait ne rien avoir à faire. Peut-être que c’était juste un jour férié, ou peut-être qu’il ne travaillait juste pas. Par contre, il se rappelait avec distinction les vagues de nuages gris qui déferlaient sur le ciel innocent de New York, sombres augures d’un mauvais temps. Il les avait fixés longuement, leurs formes tourmentées avaient quelque chose d’étrangement apaisant. Il avait laissé sa main caresser la vitre, suivant de ses doigts frêles les gouttes d’eau qui y glissaient. Il aurait dû le voir, que le monde préparait sa foudre pour le frapper. Il aurait dû savoir. Il était sorti, un parapluie en main, pas la moindre inquiétude sur son esprit. Il n’avait pas de destination, ses pas étaient allégés par leur liberté, chaque route tentante et prometteuse de surprise. Il opta pour une petite rue rabougrie, presque entièrement noyée par des gouttières débordantes. Le chemin était gris et vide de vie, comme toutes les routes environnantes. Comme toute la ville même. Il aurait dû remarquer ce monochrome dont le monde était teinté et courir se réfugier chez lui, mais il avait décidé de voir la couleur ce jour-là, dans un élan étrange d’optimisme. Il avait donc remarqué la couleur, la lumière d’un petit magasin de café, avant de s’y glisser quelques instants, profitant de sa chaleur réconfortante. Un café, quelques gouttes essorées de ses cheveux, et il était reparti. L’aventure guidait ses pieds désireux de découverte vers mille-et-une péripéties. Le vent de l’insouciance, qu’il ne connaissait d’habitude qu’à peine, gonflait ses voiles, et il se retrouva perdu au détour d’une rue face à un parc abandonné de toute sa vie coutumière. Il était seul face au déluge de la nature, égaré dans une folie aventurière, ses pieds plongés dans les herbes submergées. Quelques pas et il se sentait au centre du monde, le regard hagard jeté contre un ciel enragé. Il regardait désobéir la tempête aux maigres intentions humaines, se jouant de nos règles avec la facilité indifférente d’un dieu. Le garçon voulait rire. Il voulait rire de cet orage battant, et de ce monde si gris. La pluie avait fait fuir toute trace de vie, et le voilà qui était roi hilare face à son fief de solitude. L’heure où le monde s’est effondré, Damon voulait rire. C’était peut-être le rire jaune du condamné à mort, qui sait. Dans son cœur il ne sentait qu’une allégresse grisante, sans aucun mauvais pressentiment ni ombre de doute. Il était aveugle aux maux qui tourbillonnaient autour de lui, aveugle à l’épée de Damoclès qu’un destin joueur faisant penduler au-dessus de lui. C’est la sonnerie de son téléphone qui lui fit ouvrir les yeux, affichant un numéro qu’il ne connaissait que trop bien. Le tonnerre se fit sourd. Les gouttes semblèrent rester en suspend autour de lui. Le monde entier s’était fait muet, comme pour mieux entendre les battements de son cœur. Dans la quiétude absolue, ce n’étaient plus les gouttes de pluie qui martelaient les trottoirs luisants, mais le pas hâtif, désespéré, d’un enfant terrifié. Il ne voyait même plus où il allait, les yeux embrumés de ces gouttes qu’il ne discernait même plus. Elles étaient peut-être des larmes, peut-être la pluie. Son corps entier était trop engourdi pour savoir. Mais ses pas semblaient connaître par cœur la direction, et il leur faisait confiance. Il était haletant, le cœur enflé et brûlant par l’effort physique et par ses pires cauchemars qui semblaient devenir un par un réalité, quand il arriva enfin face à la chambre d’hôpital. Dans ce lit stérile d’hôpital qu’il connaissait par cœur, était étendue sa mère, branchée de tous les côtés à des dizaines de machines clignotantes. Il les ignora toutes, pour regarder l’électrocardiogramme. Il battait le rythme avec un bruit électronique rassurant. Le rythme de la vie de sa mère. La demi-heure où le monde s’est effondré, Damon se faisait implorant. Il ne pouvait pas le croire, il le refusait. Les médecins s’affairaient autour du lit, se criant l’un à l’autre des instructions dans une danse chorégraphiée à la perfection. Il reconnaissait à peine sa mère, dont les cheveux avaient disparu. Dans sa peau, sur ses joues, autour et en dessous de ses yeux, l’épuisement avait creusé des dédales de sillons. Il voulait voir sa bouche, il voulait voir son visage s’éclairer de ce sourire qui réussissait toujours à le réconforter. Mais sur sa bouche se trouvait un morceau de plastique, une énième machine pour la garder en vie. Il se précipita à son chevet, saisissant sa main maigre et tremblante. Sa peau n’était plus qu’un maigre voile blafard qui tentait tant bien que mal de couvrir des veines bleutées. On pouvait voir chaque phalange, sur lesquelles Damon vint déposer ses lèvres. Il sentait une boule dans sa gorge. Presque comme si lui aussi avait une tumeur qui le prenait et aspirait toute sa vie peu à peu. Il était à genoux, suppliant. Il prit la main de sa mère et la posa contre son front. Il souffla à lui-même : « Dieux de l’Olympe… Je sais que vous êtes là. Je sais que vous existez. Zeus, Hermès, Apollon, quelqu’un, je vous en supplie sauvez la. » Anthea tenta, avec les maigres forces qui lui restaient, d’arracher sa main. Elle voulut protester, arrêter son fils. Mais avec sa bouche elle ne fut capable que d’être prise d’une crise de toux. Damon reprit sa prière, sa voix se remplissant de sanglots qu’il réprimait du mieux possible. « Je vous en prie, jvous en supplie. Je ferai tout ce que vous voulez, je tuerai toute la résistance à main nue s’il faut, je… » il leva ses yeux obscurcis de larmes de rage et de désespoir vers le plafond « Jvous en supplie, je vous en supplie. Sauvez ma maman. » Les mots lui manquaient, butant sur sa langue et ses lèvres tremblantes. Il se retrouva à regarder vers le ciel, ignorant les larmes chaudes qui coulaient contre sa joue. Il était à bout de souffle, attendant un signe divin, attendant un miracle. Rien. La minute où le monde s’est effondré, Damon voulait crier de rage. Il voulait hurler sa colère aux vents, cracher son venin dans la pluie. Il voulait brûler le monde entier et lui avec. Il voulait brailler et beugler de désespoir et de rage, mais il ne parvint à émettre qu’un hoquet de tristesse. Il était par terre, suppliant dans un gémissement de douleur sa mère de ne pas le quitter. La seconde où le monde s’est effondré, Damon n’est plus qu’un enfant. Devant lui, sa mère le gronde de s’être encore battu avec les garçons de l’école, peinant à dissimiler un petit sourire fier. Devant Damon, sa mère lui caresse les cheveux avec un sourire tendre, pansant ses plaies avec douceur. Devant Damon, sa mère rit aux éclats à une de ses blagues nulles, danse avec lui sur du Frank Sinatra, mélange avec lui un bol de pâte à biscuit. Devant Damon, sa mère lui donne avec un visage rayonnant à en faire fondre la neige un petit bracelet doré, sur lequel elle a brûlé toutes ses économies. Devant lui, sa mère sourit. Devant lui, sa mère meurt. Devant lui, le monde s’effondre. |
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