Les liens fraternels, ou l'art de s'engueuler autrement

Je soupire, encore.

J'ai beau regardé partout, je ne trouve rien, pas un indice, pas un mot, aucun moyen pour intégrer le KERES. J'ai beau fureter du côté d'Ester, cette dernière ne fais pas partie du cercle des dirigeants, elle n'a pas la carrure.

Je me retrouve donc dans un bar, en face d'une bière qui ne me fait même pas sourire, je suis obligé de m'écarter du Glory, sinon Megara va encore penser que je vais taper dans ses réserves d'alcool gratos ... ce qui est totalement vrai. Je suis le fils du dieu des voleurs, même si je n'ai aucunes aptitudes pour détrousser quelqu'un, j'ai le don de voler leurs pouvoirs, et ça, c'est beaucoup plus marrant d'un coup. Il n'y a pas plus grisant que de voir la tête déconfite d'un demi-dieu sûr de lui et qui pense avoir des pouvoirs hors du commun. Je rigole, avoir des pouvoirs, c'est bien, mais il faut savoir s'en servir. Je n'ai survécu aussi longtemps avec un mode de vie aussi dangereux en me montrant le plus fort. Non, je suis un malin, je sais toujours tirer profit des situations.

Même si je me suis fait avoir pour la quête. Je suis parti en voyage avec Isalyne, ma douce petite soeur. Je me suis fais avoir par un fantôme mort depuis des lustres et j'en ai gardé une cicatrice au visage, couvrant ma tempe droite. Comme quoi, même après trente ans, on peut toujours apprendre de ses erreurs. Seulement, avec la tempête qui approche, je ne suis pas sûr que je me sorte aussi bien si je fais une nouvelle erreur. Non, je risque même d'y passer. C'est con, j'ai pas vraiment envie de mourir. Je regarde autour de moi, à la recherche d'un indice, d'un je ne sais quoi qui pourrait me donner un avantage quant à la suite funeste qui nous attend.

Depuis que j'ai une raison de vivre, je n'ai plus du tout envie de passer l'arme à gauche, comme quoi, la vie, ça tient à pas grand chose, en l'occurrence, une blonde volcanique.

"La vie est quand même marrante."

Les liens fraternels, ou l'art de s'engueuler autrement

« Pas pour tout le monde... »

Je me tourne vers la voix féminine le plus lentement possible, j'ai un don pour m'attirer les embrouilles et souvent, je me retrouve dans une galère tellement immense que je me demande comment je vais m'en sortir ... mais je m'en sors toujours. Parce que je suis expérimenté, et parce que j'ai la rage de vivre,plus que n'importe qui. On ne passe pas la trentaine chez un demi-dieu sans avoir quelque chose en plus. Nous sommes soit des combattants aguerris, soit d'excellents manipulateurs, soit très discrets ... j'appartiens à la dernière catégorie, les plus fous.

Je la regarde dans les yeux, plantant mon regard dans le sien, une fillette, à se demander ce qu'elle fait dans un bar, toute seule, c'est bien louche, un regard sombre et distant. Et surtout, cette étincelle.

Re Merde.

Mon secret pour avoir vécu aussi longtemps, c'est d'avoir un 6ème sens bien spécifique : celui de savoir si une personne est d'origine divine ou non. A force de tuer des gens ici et là, on apprend à les reconnaître, à savoir faire la différence. Je me retiens de me contracter, mon premier réflexe est de me demander dans quel camp elle se situe, je ne l'ai jamais vu à la Colonie, elle pourrait être de la Résistance ... je deviens paranoïaque avec toutes ces histoires ! Je lui fais un sourire charmant, les sens plus qu'en alerte.

L'envie de toucher ma poche, là où se trouve ma capsule capable de se transformer en arme me frétille un peu, mais je retrouve vite mon calme, je me sens comme un gosse. Je ne sais pas ce qu'elle veut, mais si elle pense m'avoir, elle va être déçue, on n'a pas le vieux Cal comme ça ... Ou sinon, votre durée de vie se réduit assez vite, penchant vers le zéro absolu.

" 'Faut savoir prendre le bon côté des choses ... être négatif, ça aide pas à rester en vie."

Je bois une gorgée, ouais, être un optimiste, toujours sourire, ne jamais montrer aux autres à quel point on doute, à quel point, on est terrifié de ce qui va nous arriver. Non, on doit rester fort, ne montrer aucunes failles, être le roc de tous, même si ça implique de mourir de l'intérieur.

"Dis-moi, t'as l'air un peu perdu, tu cherches quelque chose ?"

Le ton est aimable, j'avoue que je ne sais pas comment l'aborder sans révéler toutes mes cartes, bon bah, reste plus qu'une seule solution, jouons à l'idiot, ça, je sais faire.