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’air était irrespirable. Un entassement d’adolescents en sueur dans un bungalow pouvant accueillir au maximum la moitié de ce que l’on était. Ma couche était au sol, mais cela ne m’empêchait pas d’entendre les ronflements de certains. On s’y faisait à force. Je dus jouer des pieds, pour sortir discrètement, comme chaque nuit (j'étais devenu très silencieux !). Certains avaient bien remarqué mes escapades nocturnes malgré les précautions que je prenais. Et ils m’attendaient quelque fois à mon retour me faire une de leur farce de mauvais goût. Je n’étais pas comme eux. Je me sentais différent. Préférant la nuit au jour, la solitude à la compagnie, tout me distinguait d’eux, et ils me le montraient bien. J’étais différent. Oui, nous descendions tous de dieux, mais je n’avais pas le même mode de vie qu’eux.
Dehors, l’air était juste assez frais pour me rafraîchir. Et la lune était visible au-dessus des plus hautes cimes devant mon bungalow. Je suivis le chemin, seulement éclairé par  des torches fixées sur les bâtiments. Le clair de lune ne me parvenait pas à travers le feuillage des arbres. Mais j’arrivais à voir. Même loin des lueurs chatoyantes, je parvenais à voir parfaitement. Et quand je le disais, cela en étonnait plus d'un.  
L’air froid et la nuit même me revigoraient. La lune brillait comme un soleil argenté. Je me sentais bien, je me sentais mieux. J’avançais toujours plus loin. Quand enfin j’aperçus le scintillement caractéristique de ma destination, le scintillement de l'eau. Elle reflétait la pluie d’argent, faisant miroiter avec de légers mouvements une surface blanche et brillante. Une immense étendue très sombre par endroit, mais étonnamment brillante à d'autres. Quelques arbres entouraient les rives du lac. Je m’assis enfin contre un de ces arbres, perdu dans la contemplation nocturne de cette nature éphémère mais cyclique. Un lieu peut nous paraître bien étranger lorsque la nuit nous venons le voir et que ce fut le jour dont nous allions l’observer. Mais ce lieu me tenait à cœur, et souvent quand le crépuscule passé, je m'en allai me balader, j’y allais seul. Observant le domaine infini sur lequel régnait ma mère.
Le clapotis de l’eau à peu de pas de moi se mit à sonner comme le gong de quelque chose d’étrange. Le froid se fit plus insistant. Je me recroquevillai encore un peu plus. Le vent aussi se mit à souffler plus fort. La nuit me cachait encore bien des mystères.

Crédit: Neko-chan in Never Utopia