C'était… la totale. Sa maison se transformait letement en refuge pour demi-dieux handicapés plus ou moins amochés et il ne pouvait strictement rien y faire. Médusé, Aidan regarda sans rien dire la petite grand-mère le bousculait pour pénétrer dans l'appartement, entraînant au passage le garçon qui l'accompagnait. La petite vieille traversa le couloir et le salon à une vitesse étonnante avant de se jeter dans les bras de Sonny. « Que… ? » Non, là ça dépassait l'entendement quand même. C'était juste impossible, même le destin ne pouvait pas être aussi… malicieux. … Si ? Si, il fallait croire. « Le temps que les choses se tassent ? C'est le cas de le dire, mamie, mais tu vas certainement pas camper ici. » La surprise avait calmé sa voix, adouci son ton, mais Aidan n'en était pas moins sérieux. Hors de question que sa maison, son refuge loin de toutes ces choses issues d'un monde bizarre, viennent élire domicile chez lui. « On fait pas la charité ici. Sonny, fais-les sortir. Maintenant. » Il n'y avait rien de plus à dire, son ton était sans appel. D'un regard, il lança un avertissement à Sonny et quitta la pièce. C'était aussi simple que cela : s'il ne voyait plus tout ce petit monde, il pourrait faire comme si tout ça n'existait pas, comme s'il était encore chez lui, avec ses parents, petit enfant qu'il était. Aidan, il n'avait pas grandi. Jamais. Il était resté le petit garçon malheureux découvrant la dépouille de ses parents dans le salon. Celui qui avait fui, entraînant son petit frère avec lui, se réfugiant auprès d'une nymphe… Il n'avait jamais vraiment existé. Juste un petit écho de ce qu'il aurait pu être sans tout cela, juste… un reflet. Il claqua la porte et la verrouilla soigneusement avant de s'asseoir au bout de son lit. Dans la pièce voisine, une fille devenue autre chose. Une demi-déesse. Dans le salon… Une armée de sangs-mêlés. Il était seul, même chez lui. Entouré de l'ennemi sans pouvoir fuir – car enfin, il n'allait pas abandonner sa maison, son appartement. Tous des monstres.

La journée avait pourtant bien commencé. Ils prenaient leur petit déjeuné, comme au bon vieux temps, rien que tout les deux. Clovis avait les yeux rivés sur le jeu au dos de la boite de céréales, se demandant pourquoi les gens prenaient les enfants autant pour des idiots et leur mettait des labyrinthe à démêler aussi évident. Il écoutait son frangin d'une oreille, en se disant que s’il continuait, il allait lui acheter un stock de journaux intimes afin qu'il y déverse toutes ses humeurs, aussi bonnes ou mauvaises soit-elles. Il ne lui répondait que par des regards compatissants, des signes de la main gauche ou par des hochements de tête, quand Aidan était lancé, il était lancé. Et alors l'impensable se produisit. On sonna, son frère alla ouvrir et... Tout se passa très vite. Leur boss était rentré (oui, c'était aussi leur colocataire, le meilleur ami ou un truc dans le genre de son frère, mais il était aussi leur patron) et Aidan lui balança son bol à la figure. La chose n'aurait pas été marrante si Sonny était venu seul. Non non, il avait ramené un autre gars chez eux et Clovis la sentit tout de suite mal. Parce qu'il connaissait tout de même son grand frère mieux que personne dans cette pièce, il savait que ce dernier allait mal, très mal le prendre. Et la suite lui donna raison. Il se chargea de guider le pauvre Valentin à la chambre de Sonny tandis que les deux autres répétaient une de leur -nombreuses – scène de ménage. Un peu plus et ces deux là pouvaient s'engager dans un troupes de théâtre absurde.

- Y'a des affaires dans les tiroirs du bas, je pense pas que ça gène Sonny si tu pioche, dit-il au nouveau venu.

Sur ce, il referma la porte pour tomber nez à nez avec un Sonny dépité et un Aidan fou de rage. Il avait manqué quelque chose là. Clovis eut la brusque envie de prendre les jambes à son coup. Et vite. Enfiler un manteau et sortir prendre l'air avec ses chiens. Sauf que non, il se réfugia plutôt dans le placard à gâteau tandis que les deux autres poursuivait leur battle d'insultes et de réplique digne de... D'un drama anglais. Comme un gamin de cinq ans il se boucha les oreilles, attendant que la tempête passe. Oh, une partie de lui se sentit vexé par tout ce qui se disait autour de lui, mais l'autre restait celle de son éternelle optimisme. Et on sonna à nouveau. Avant même qu'il eu pu dire Quidditch ce fût Aidan qui alla ouvrir. Et là Clovis cru rêvr. Oui, ce fût bien une mamie qui débarqua, qui fit un câlin à Sonny - il avait combien de relations à la fois ce gars ? - et qui leur demanda une aide. Bon, en réalité elle était sa demi sœur, tant mieux pour eux. Enfin tant mieux, si elle était comme son frangins, ils étaient pas couché. Il se redressa, se maudissant vraiment de ne pas avoir eu le temps de s'habiller et de traînasser toujours en pyjama.

- Aidan ! On parle pas comme ça au vieux !

Il sentit le regard de la mamie en question se poser sur lui et eu envie de prendre la fuite, encore une fois. Oups ? Son frère était partit visiblement, Sonny s'était affalé sur le canapé, fermant mes yeux et grommelant tout seul dans son coin. Il posa une main sur l'épaule de la petite vieille et la regarda sans comprendre. Il leva les yeux vers la garçon qui l’accompagnait et qui avait l'air tout aussi paumé qu'elle.

- Tu veux dire ton petit fils plutôt, non ?

Elle devait perde la boulet elle aussi... Aussi se dit-il qu'il allait leur laisser sa propre chambre, hélas, et qui'l irait squatter avec Sonny et Valentine. Parce que venir embêter Aidan maintenant, c'était sans aucun doute un très mauvais plan.

- Vous pouvez vous installer ici, vous en faites pas pour mon frangin, ça lui passera. Ma chambre est ici, par contre y'a qu'un seul lit et heu... Bref, vous vous arrangerez ? Heu, au fait il se passe quoi pour vous ? Parce qu'entre la fille qui est en fait un gars... 'se passe des choses étranges ici.

Chez Sonny aussi d'ailleurs il n'y avait qu'un seul lit. Promis, dès demain il foncerait faire les magasins de meubles pour tout ce peuple qui comptait décidément crécher ici pendant longtemps.

Ce putain de bordel dans cette baraque, c'était impressionnant. Neal regarda les habitants se disputer tour à tour avant que celui qui devait être le propriétaire initial ne parte s'enfermer dans sa chambre en claquant la porte. « Hum... On dérange peut-être ? » Neal, ta gueule. Il y avait des fois, il était bon de se répéter ces trois simples mots en boucle avant de parler trop vite. Si quelqu'un lui répondait que oui et mettait Grace et lui-même à la porte, ils seraient... très mal. « OUI ! » La voix s'éleva de la chambre du dénommé Aidan, sans que celui-ci ne daigne faire sa réapparition, aussi le fils de Déméter ne prit-il pas cette exclamation venant droit du fond du cœur comme argent comptant. « Bon sinon, je suis navré mais on a amené toute une garde-robe avec nous, principalement en raison des quelques problèmes actuels de Grace... » Il posa son – lourd – sac à dos rempli d'une tenue par âge sur le sol et secoua la tête. « On a quelques ennuis, je l'avoue, et... » DRIIING. Neal n'eut pas le temps de terminer sa phrase que la sonnette retentit à nouveau et qu'un Aidan fou furieux traversait la pièce. « De toute façon, après la meuf devenue femme, j'crois que vous êtes bien aux royaume des fous ! » Et il ouvrit grand la porte, écumant de rage... Avant de se radoucir d'un coup. « BAE ! » De toute sa courte vie, Neal n'avait jamais vu un type changer d'humeur aussi rapidement. De fou de rage, il passa au ravissement en attrapant la personne qui avait sonné et en la serrant fort contre lui. « Entre, entre ! » D'un autre côté, ce Aidan semblait aussi vaguement gêné. « Euh bon, ça vous ennuie si on vous emprunte une chambre ? » Grace avait encore vieilli depuis leur entrée ici, et il commençait sérieusement à flipper. Qu'est-ce qui arriverait quand elle serait au... bout de sa vie ? Si elle mourait...

Bae arrosa sa nouvelle petite plante. Encore une bonne soirée qui s’annonçait. Elle referma son sac jaune pétard et passa une main dans ses cheveux. Elle ne quittait pas son appartement pour très longtemps, juste pour quelques jours, le temps de revoir un vieil ami. Il y a deux jours, la petite nymphe avait retrouvé sa trace. Du petit mortel qu'elle avait toujours considéré comme un fils, avec qui elle avait passé plusieurs années à vadrouiller, dont elle était complètement fan. Elle l'avait vu, sortant d'un immeuble à SoHo, en compagnie d'un autre garçon, qui devait être son jeune frère. Alors elle s'était mit en tête de le voir. Peut-être qu’il se sauvait d'elle après toutes ses années ? Six ans. Elle ferma sa porte à clef et sortit de sa petite maison. Des passant la regardèrent d'un rôle air, sans doute parce qu'elle portait une robe bleu pastel, avec des sandales. Et qu'on était en hiver. Elle avait toujours eu du mal avec les pantalons, et les nymphes en jean, moyen. Elle héla un taxi et lui donna l'adresse toute fière d’elle. Elle avait fait une fournée de cookies caramels et chocolat blanc. Si elle avait bonne mémoire, il aimait ça.

Elle descendit de son taxi un immense sourire aux lèvres. C'était donc là qu'il habitait désormais ? Ça avait l'air sympa. Elle gravit les escalier au triple galop (enfin, façon nymphe qui portait une valise et un panier plein de cookies) et arriva en face de la porte, au cinquième étage. Elle prit une profonde inspiration. « Et si il me reconnaît pas... Oh, et s'il me rejette... Et si... » Non, pas de ça, pas maintenant. Elle sonna. Et la porte s'ouvrit sur un homme, beaucoup plus grand qu'elle ( ce qui n'était pas compliqué en soit) et avait l'air légèrement... Épuisé. Et elle le reconnu aussitôt, tout comme lui. Elle entra et le serra dans ses bras, le couvrant de baisers.

- Mon petit Dan ! Tu as changé ! Tu es devenu... - elle posa ses pieds sur le sol – Grand ! Oh ce que tu as grandis ! Tu es tout beau !

Elle le serra encore une fois dans ses bras. Il y avait un de ces monde ici. Un mec qui devait être le petit – enfin petit – Clovis, une mamie, un mec qui boudait sur le canapé et... Neal. Elle évita soigneusement de le dévisager, et de lui sauter au coup aussi. Qu’est ce qu'il... Qu'est ce que son petit fils faisait ici ? Et avec une vieille en plus. Le demi dieu sur la canapé s'était levé et Bae le reconnu bien assez tôt. Une de ses vieilles connaissances de la colonie.

- Aidan c'est quoi c'bordel là ?! Bae ? Bon sang, vous vous connaissez ? Et pourquoi tu... pourquoi tu peux le câliner toi ?

Elle le snoba comme jamais, qu’est ce que Sonny Gaither faisait ici aussi ? C'était la maison des surprises ou... ? Elle attrapa son panier rempli de gâteau et le tendit à Aidan en souriant.

- Surprise ! Ils sont pour toi Dan !
- Et pourquoi tu l'appelle Dan ?
- Bon, on va s'installer nous... Viens Neal, j'veux pas mourir seule dans une chambre d'inconnu, grogna la mamie.

Ils avaient tous l'air... Dépité. A croire qu'elle avait raté quelque chose. Bah, Aidan lui raconterait bien tout ça ! Elle se hissa sur la ponte des pieds et lui ébouriffa les cheveux.

- Est ce que je peux passer quelques jours chez toi ? Ça fait si longtemps...

Et un Sonny en colère lui envoya un coussin avant de partir sûrement bouder dans une chambre.

Il ne l'avait pas vu depuis une éternité et l'avoir ici, juste dans le minuscule hall de l'appartement était... Merveilleux. Surtout après toutes ces choses qui ne pouvaient pas s'empêcher de lui tomber dessus. Aidan serra la petite nymphe fort contre lui, humant l'odeur de ses cheveux, l'associant presque aussitôt à l'idée qu'il se faisait d'une famille. Un peu comme Clovis, elle avait toujours été là si besoin et il lui devait tout, absolument tout. Et puis Sonny vint tout gâcher, comme d'habitude. La réaction de Bae le réconforta un peu mais ça ne l'empêcha pas la colère de revenir au grand galop s'emparer de lui. « C'est ça, bon débarras ! » hurla-t-il lorsque Sonny claqua la porte de la chambre d'amis pour s'y enfermer à son tour. Neal et Grace débarrassèrent à leur tour le plancher, laissant Aidan, Clovis et Bae seuls dans la pièce principale. « Bien sûr, tu passes le temps que tu veux ici ! Bon, on risque d'être un peu à l'étroit mais il y a un canapé dans ma chambre si tu le souhaites. » Il n'était pas très grand, mais la nymphe non plus n'était pas gigantesque donc ça devrait aller. Il ramassa tranquillement le coussin, l'expédia sur le canapé, et attrapa le panier rempli de cookies avant de l'ouvrir et d'en humer l'odeur. « Oh là là, ça me rappelle mon enfance, tout ça. Caramel et chocolat blanc, t'es trop forte. » Aidan détendu et souriant, c'était une vision que l'on n'avait pas vu depuis une éternité. Aidan parlant de son adolescence, c'était carrément de l'inédit. Il piocha un cookie et croqua dedans. « Punaise, j'adore. » Il tendit le panier à Bae, l'incitant à en prendre aussi. « Je te raconte, si tu veux, mais tu vas nous prendre pour des dingues. » Bien sûr, il passerait l'épisode Sonny sous silence, se contentant de parler du cabaret comme d'un simple lieu de travail. Il s'assit sur le canapé et tapota le coussin à côté. « Mais ça va être long... »

Elle regarda la nymphe s'engouffrer dans la maison, se demandant si ce gars ne tenait pas une maison d’hôte finalement... Les gens quittèrent la sale peu à peu et elle entraîna Neal dans la chambre que leur avait désigné Clovis. Aidan commença à raconter sa situation à son amie la nymphe. On pouvait dire ce qu'on voulait mais ce mortel avait une vie assez... Étrange. Il vivait quand même avec deux demi-dieux, maintenant trois nouveaux et était ami avec une nymphe. Elle devait bien l'avouer, ce n'était pas courant, et elle aurait aimé en savoir plus sur lui. Elle referma la porte et regarda Neal avec un air complètement dépité. Elle ouvrit son, elle ne grandissait plus trop, sa traille semblait s'être stabilisé, mais elle préférait prévoir à l'avance.

— Bon, alors, tu pense que je vais vieillir jusqu'à quand ? J'vais pas mourir, non, je pense pas... - au fond elle essayais du mieux qu'elle pouvait de se réconforter – Je pense que Artémis va jouer encore un peu. Genre je vais faire tout le cycle de la vie... Oh la poisse...

Elle secoua la tête et enfila un sweat assez large. Elle s'assit quelques minutes sur le lit et regarda les murs couvert de posters de films d'action en tout genre. Ce mec était étrange, mais il avait de bon goût niveau cinéma.

— J'vais pas dormir avec toi hein ? Dormir avec une vieille ça doit être dégeu. Et puis, si je redeviens un bébé...

Elle dormirait par terre. Au pire, elle roulerait sous le lit ? Neal la retrouverait bien le lendemain, ou bien elle se contenterait de brailler pour qu'il vienne la chercher. Elle prétexta sortir pour chercher la salle de bain, mais en vérité, elle n’en pouvait plus. Il était hors de question qu'il la regarde une minute de plus comme ça. Elle passa devant une Bae morte de rire, un Clovis qui buvait un verre de lait et un Aidan qui avait l'air plus détendu, piocha dans leur réserve de cookies qui avaient l'air très bon et poussa la première porte qui s'offrit à elle. Ah non, loupé, ce n'était pas la salle de bain. Ah. Elle tomba nez à nez avec son demi frère et un autre gars qu'elle ne connaissait pas. Mais ils étaient combien ici ?

— Tu ramène tes conquêtes chez ton pote maintenant Soso ?
- Ta gueule toi, sale vieille.

Ouuh, que de bonne humeur chez lui. Sonny se leva, complètement furax, hurlant qu'il n'avait nul part où aller dans cette maison, qu'ils étaient tous des dingues et partit s'enfermer aux toilettes. La porte claqua derrière lui et Grace vint s'asseoir à côté du jeune homme qui se tenait là. Sans vraiment savoir pourquoi elle se sentait... proche de lui. Ses yeux lui rappellait celle de son amie qui n'avait pas repointé le bout de son nez depuis...

— Valentine ?

C'était partit tout seul. Non, ce n'était pas elle. Aux dernières nouvelles, Valentine était une fille, pas un garçon bouclé. « Oui, et toi, aux dernières nouvelles tu as vingt six ans... » Comment... Oui, c'était forcément elle, trop de hasard dans cette maison. Qu'avait-elle fait ?!

— C'est moi, Grace...

La porte s'ouvrit soudainement, livrant la place à une grand-mère. Sonny profita de cette entrée pour arrêter un bref instant de crier et s'engouffra entre la petite vieille et l'encadrement de la porte pour se réfugier aux toilettes. Tant mieux. Rien que de le voir, Valentine ne pouvait que penser à la veille, à sa vie tranquille qu'elle aimait, et à aujourd'hui, l'enfer sur terre. La demoiselle regarda la grand-mère trottiner vers le lit et s'installer juste à côté d'elle. Comme si sa situation n'était pas assez horrible, il semblait qu'elle soit obligée d'avoir de la compagnie à chaque instant. Quand la vieille prononça son nom, Valentine ne retint pas à violent sursaut, et elle s'écarta à la va-vite de l'inconnue... qui ne l'était pas tant que ça. Bien sûr, elle ne connaissait pas beaucoup de personnes âgées, et encore moins personnellement mais là, un trait par-ci, un trait par-là, une courte expression, un haussement de sourcils caractéristique...

Son cœur se remit à battre la chamade, mais elle garda le silence. Les trois autres mots achevèrent d'anéantir sa journée et de grosses larmes lui emplirent les yeux. « Grace... ? Non. » Et pourtant si. Prise de violents tremblements, elle se rapprocha involontairement de la sexagénaire – voire plus, puisque l'heure tournait nochalament – qu'était devenue sa meilleure amie. « C'est... Artémis, hein ? » Visiblement, Grace avait pêché au vif et son copain, le gamin de Déméter, s'était jeté dans ses bras. (Cela dit, sortir avec une chasseresse devait s'avérer assez contraignant, Valentine voulait bien le croire.) Et Artémis avait sans doute dû venir faire un petit coucou en rêve, histoire de lui remettre les pendules à l'heure. « On est trop mal... » C'était un euphémisme au vu de leur situation réelle. Ex-chasseresses, Valentine doutait qu'elles le soient encore aujourd'hui et qu'elles puissent même le redevenir un jour. « Peut-être qu'elle veut simplement nous faire peur, qu'elle va annuler tout ça en nous disant de ne pas recommencer ? » Elle n'y croyait pas, mais elle poursuivit. « Ou que c'est juste pour aujourd'hui, pour cette semaine, et qu'ensuite, tout redeviendra comme avant ? Qu'elle nous chassera du groupe mais qu'elle nous rendra à peu près nos vies ? » Artémis était une déesse, et les dieux étaient cruels par nature. Pour commencer, ils se rendaient assez peu compte de tout ce qui pouvait avoir de l'importance dans une vie humaine – ou quasi-humaine. Valentine se laissa aller contre la vieille épaule de Grace.

Elle l'avait reconnu, et oui, c'était bien elle la mamie du coin. Elle haussa les épaules pour toute réponse. Que dire de plus, les deux chasseresses s'étaient mises dans une situation bien inconfortable. Oui, 'était Artemis, il n'y avait qu'elle pour faire des choses aussi... Tordues.

— Oui, je crois bien... J'aurais pas dû... Faire ce que j'ai fais, et toi non plus je suppose. T'as comme ça à cause de qui toi ?

Parce que pour Grace, la réponse était évidente, hors elle avait vite perdu de vue son amie lors de leur super soirée qui en réalité c'était terminé pas vraiment comme elles le souhaitaient toues les deux.

— Ouais, on est mal... Tu pense vraiment que c'est juste un avertissement toi ? Perso, ce matin j'ai flanqué la peur de sa vie à Neal en me réveillant à l'âge de dix ans. Là, je suis une vieille cloque qui... Non, je pense pas que cela soit juste un avertissement hélas. Je sais pas combien de temps ça va durer, mais si un jour te croise Artemis, j'te jure qu'elle va déguster...

Bon en réalité elle n'avait aucune chance contre une déesse comme Artemis, mais l'insulter lui faisait le plus grand bien. Elle regarda la fille qui était autrefois, sa meilleure pote – son meilleur ami maintenant du coup ? - des pieds à la tête. Un homme se tenait face à elle.

— T'es... Enfin t'es un mec des pieds à la tête ou bien...

Ou bien Artemis lui faisait juste peur en lui changeant uniquement la tête de... Non, vu comme ça elle n'avait plus vraiment l'air d'une fille. Plus du tout même. Elle passa une mains sur son front ridé et soupira. Elle lui tapota la tête. Quel drôle de spectacle elles devaient offrir les deux. Deux anciennes chasseresse punis pour avoir dépassés les bornes. Grace n'avait jamais été raisonnable, et cette soirée avait été la soirée de trop. Oh, mais elle regrettait ce jour où elle l'avait rencontré pour la première fois. Elle s'en souvenait comme si c'était hier. Elle l'avait trouvé hautain, mais terriblement craquant. Oh, sur le coup, elle n'avait rien vu venir. Tout c'était mal terminé avec le fils de Déméter, et puis ils s'étaient revus dans cette taverne, et elle avait compris que finalement,t il comptait un peu pour elle, mais pas comme il fallait. Et ils avaient continué à ce voir jusqu’à franchir la limite. Parfois elle se demandait ce qui aurait bien pu se passer s’ils ne s'étaient plus jamais croisés. Ironie du sort, la première fois que Neal Evans avait croisé Grace Turner, elle était là aussi, sous une apparence de vieille femme. Les Dieux devaient tellement s'amuser de là-haut.