Je suis un jeune homme haut en couleur, un trublion, un hurluberlu, un bout-en-train. La vie est une fête pour moi. Je suis assez comique, j'aime faire rire les autres, j'ai assez d'humour pour pouvoir dégriser une situation critique. Malgré ce bon aspect de ma personnalité, je dispose également d'un fort caractère, je ne me laisse pas marcher sur les pieds. Enfin je suis un garçon autant généreux, humain que loyal envers ses amis.

Je fais un mètre soixante-seize pour soixante-quatorze kilos. Les autres me considèrent comme étant de taille normale même si je me considère moi-même comme quelqu'un de petit. J'ai des yeux bleus et un corps assez désorganisé. Plutôt mignon de visage, je cache derrière mon assurance de forts complexes concernant mes légères rondeurs au niveau du ventre et du buste. Enfin, j'ai un percing à chaque oreille noir et pour finir un tatouage sur la clavicule représentant trois colombes en envol. Mes habits, je m'habille avec des couleurs vives, des pantalons style slim de couleur et des tee shirts en col V généralement. Mes chaussures sont des boots bleus marquées par une usure évidente.

N'ayant connu que très peu ma mère partie après mes trois ans, on aurait pu penser que me retrouver dans une famille recomposée composée principalement d'hommes me rendrait d'autant plus masculin. Ce ne fut pas le cas. Deux ans après le départ de la déesse, mon père, Nelson, se remaria avec une autre femme, Théodora, ayant déjà deux fils, Tommy, sept ans et Robin, neuf ans. Ma belle-mère, une belle femme ambitieuse et conformiste, était très fière de ses deux beaux fils, les encourageait dans tout ce qu'ils entreprenaient et les poussait au bout de leurs capacités. Ce ne fut pas le cas pour ma personne. Je n'ai jamais su si c'était de la jalousie ou de la méchanceté simple mais en dehors de mon père, totalement passif dans l'histoire, tout les autres se léguaient contre moi et me faisaient bien sentir que j'étais de trop dans cette maison du Maine. Les années passèrent, je me vis confronté à un autre problème : mon homosexualité. Aimé de mes amis Taylor et Hugh, les inconnus me jugeaient à mon allure trop peu masculine et se riaient de moi. Un jour, je fus attiré par un autre garçon de l'école : Fabi, fraîchement arrivé de Floride. Nous devinrent vite amis, proches, très proches, trop proches. Je découvris un soir de cours, que le beau jeune homme semblait tout autant attiré par les hommes que je l'étais. Lui prononçant des mots doux à voix basse, un jour, celui-ci franchit la limite de l'intimité et m'embrassa devant toute l'école. Ce fut un baiser qui défraya les foules et provoqua de nombreuses moqueries et des cris. Ne comprenant que lors de l'apparition de tous ces cris ce qu'il venait de se passer, Fabi recula de plusieurs pas de moi et je me retrouvais très vite plaqué au sol par Peter, le garçon le plus populaire du lycée. Ce que j'ai lu à ce moment dans ses yeux n'était pas de la haine pour ce que j'étais...mais de la colère, de la tristesse, ses yeux rouges et embués jetaient des regards noirs en direction de l'autre garçon qui était lui aussi le centre d'attention : Fabi. Ni une ni deux, je fus convoqué chez le proviseur avec comme motif d'avoir provoqué une émeute au milieu de la cour, me causant ainsi une exclusion définitive de l'établissement accompagné d'une remarque salée du chef d'établissement : " Je ne veux pas de gens comme toi ici. "
Cette remarque me choqua profondément. Raccompagné à la maison par Théodora, la gifle ne se fit pas attendre, j'étais une honte pour la famille, mes demi-frères n'avaient pas supportés les railleries à la sortie du lycée, ils me bousculèrent violemment; moi, c'était le regard empli de colère que m'avait lancé Fabi à ma sortie du bureau du proviseur que je n'avais pas supporté. En une journée de temps, j'avais fais de ma famille, la risée de notre bourgade, j'avais brisé un couple et j'étais devenu un paria au sein de mon foyer. Mon père qui avait assisté aux sévisses infligés  par ma belle-famille ne réagit pas, il m'examinait de haut en bas, le regard vide. Ce n'est que lorsque je réussi à m'éclipser de ma chambre que j'éclatais en sanglots, j'étais en colère contre le monde, contre ma belle-mère et ses fils pour leur violence, contre mon père pour son inaction et contre moi-même pour toutes mes fautes. Les yeux larmoyants, je préparais donc mon sac et cette nuit là, sans rien dire à personne, je me jetais par la fenêtre pour m'enfuir. Plus loin sur la route sortant de mon village, je tombais nez à nez avec trois femmes qui me dirent à peu près ceci :
" L'enjôlement est un don puissant jeune demi-dieu, surtout quand on ne sait pas le maîtriser. Laisse donc les empousa se délecter de ta chair."
Elles sortirent de leurs manteaux calcinés une crinière de flammes et un fouet qui l'était tout autant. Apeuré, je remarquais assez tard la voiture foncer sur ces trois démones les désintégrant en poussière.
Andy, surveillant du lycée, descendit de la voiture et m'y monta de force.
Ce qui me choquais, ce n'était pas la vitesse à laquelle il roulait...mais plutôt ses deux jambes poilues se terminant par deux sabots. Il m'expliqua ainsi que j'étais un demi-dieu, fils d'un être puissant de l'Olympe et qu'il m'amenait à un endroit où des êtres comme moi m'accepteraient comme je suis. Il insista également à quel point il était désolé de n''avoir pu intervenir dans l'esclandre de cet après-midi et conclu son discours par un gracieux : " BORD**, Gleeson avait raison ! Ses maudits véhicules ne sont pas du tout adaptés pour les satyres !!"  
Il me fit descendre de la voiture, m'emmena dans les bois et me fit passer une arche de pierre... Je longeais un grand pin posé près d'un tas informe dont j'aurais juré avoir vu se dégager une espèce fumée et une odeur de brûlé. Enfin, j'arrivais devant une assemblée de bâtiments tous plus étonnants les uns que les autres :

" Bienvenue Eden... A la Colonie des Sang-Mélés !"