Au début Grace trouvait son idée... Excellente. Elles allaient passer une soirée inoubliable, elle en était certaines. Elle en avait enfin parlé à sa meilleure amie – oui parce qu'elle avait beau les dénigrer, elle avait quand même une véritable amie au sein des chasseresses – et elle lui avait proposé de venir le rencontrer. Lui, c'était Neal, elle avait gardé ça trop longtemps secret alors forcément, elle avait fini par se confier. Et quoi de mieux qu'un bar où on pouvait s'amuser comme pas permis pour cette rencontre ? Évidement elle n'avait pas choisis le lieu eu pif, non, elle avait pris celui d'un de ses demi-frère. Et puis elle était sûre de passer une super soirée. Étrangement, elle n'avait jamais fait ça avec Valentine, c'était pourtant le genre de fille... Oui, elle voyait pas pourquoi elle avait choisit les chasseresses, franchement, avec tout son potentiel elle méritait un bien meilleure vie.

— Tu vas voir, on va s'éclater !

Et pour l'occasion elle avait fait un gros effort, celui de ne pas se trimballer en jean. Elles arrivèrent enfin devant la cabaret bar et Grace poussa la porte. Le monde était déjà là, il faisait une chaleur, étouffante. On avait mis la musique à fond et en tendant le cou, on pouvait voir que les danseurs avaient déjà commencé leur job dans le fond de la pièce. Quant à son demi frère, il était accoudé à son bar, occupé à tenir la causette à un pauvre type qui semblait déprimant. Elle le pointa du doigt et donna un coup de coude à son amie.

— C'est lui, c'est Sonny ! Bon, faut que je trouve Neal dans toute cette foule... Tu vas l'adorer !

Elle l'entraîna alors parmi les gens, toute joyeuse. Oh, Grace n'avait pas ressentit une excitation pareille depuis longtemps. Pourquoi ? Peut être parce que Valentine avait le sens de la fête, qu'elles allaient vraiment s'éclater comme des dingue. Elle avait envie de la défier d'un tas de truc, cap ou pas cap ? Oh elle en serait cap, tout comme Grace en fait. Et enfin elle le trouva, écrasant le pied d'une pauvre fille – elle nota son maquillage raté au passage – elle lui sauta dans les bras et lui adressa son plus beau sourire. Elle lui présenta sa meilleure amie, dont elle était très fière ce soir. Oui, elle prouvait bien que Grace était capable d'aimer autre chose que ses cheveux et Neal. Elle se pencha alors vers elle et lui glissa à l'oreille le premier – et le dernier mais cela la petite fille d'Aphrodite ne le savait pas encore – défis de leur soirée. Cap ou pas cap ?

À l'origine, l'idée était… merveilleuse. Et originale. Voyez-vous, quant on est une chasseresse, on n'a pas souvent l'occasion d'aller voir ailleurs, de profiter de la vie comme n'importe quelle demoiselle. Il y a des interdits, des tabous presque, et une nette aversion pour les hommes. Enfin ça, c'est sur le papier. Dans la vraie vie, ça ne se passe pas tout à fait comme ça. Bien évidemment, certaines respectaient le contrat à la lettre détournant les yeux si elles venaient à croiser le regard d'un individu de sexe masculin, allant jusqu'à changer leur itinéraire si besoin pour ne pas passer trop près. Pas Valentine. Et encore moins Grace. Grace ? Grace, c'était une fille un peu particulière qui faisait partie du groupe, qui était plutôt douée en fait, mais qui avat ce petit quelque chose qui avait immédiatement attiré la fille de Ploutos. Immédiatement. Elles s'étaient bien entendu, leur amitié s'était renforcée jusqu'à ce qu'elles soient honnêtes l'une envers l'autre. « J'espère bien, qu'on va s'éclater ! » Elles étaient là pour ça, après tout. Pour passer une soirée entre filles loin des idiotes qui constituaient les Chasseresses d'Artémis, et s'en mettre plein la vue côté masculin. Certainement pas pour aller plus loin, il ne fallait pas rêver non plus, mais boire un coup et danser avec un garçon n'avait jamais tué personne. Artémis avait peu de chance de le découvrir et franchement, ça valait le coup. La porte se referma derrière les deux demoiselles. « Waouh, t'as pas pris n'importe quel endroit ! » Valentine se dressa sur la pointe des pieds, balayant la salle du regard et suivant à l'occasion la direction que lui montrait Grace. « Il est chou, ton frangin. J't'attends là ! » La fille d'Aphrodite disparut dans la foule à la recherche de son copain, et Valentine en profita pour lisser sa robe. Adieu la tenue quasi-militaire imposée aux chasseresses, les deux s'étaient un peu lâchées pour la soirée. Un décolleté, ça lui semblait presque bizarre. Grace revint, accompagné d'un garçon aux traits encore enfantins. Cela dit, seuls ses traits pouvaient entretenir l'illusion d'avoir affaire à un grand enfant, le reste suffisait à détromper cette impression. « Enchantée, Valentine. Grace m'a beaucoup parlé de toi. » Grace se pencha vers elle juste à cet instant. La demi-déesse lui renvoya son regard. Cap. Clairement cap. Artémis n'en saurait rien. « File faire mumuse avec ton copain, je pars à la pêche au garçon. »

Dans l'idée… Valentine avait clairement l'intention de saluer un type sur l'oreiller ce soir. Ça paraît si innocent comme ça, juste dire coucou… Elle adressa un bref clin d’œil à Grace et s'enfonça à son tour dans la foule en direction du bar. Son poisson était là, juste devant. « Salut vous deux, moi c'est Valentine. » Elle s'accouda devant un verre juste entre le patron, Sonny, et le type qui l'accompagnait. Ce dernier lui jeta à peine un coup d’œil. « Aidan. » Le regard assassin qu'il adressa en revanche à Sonny juste avant de prendre le large n'échappa pas à la fille de Ploutos. « Oups, je vous coupe dans quelque chose ? »

Encore une soirée... Bien chargée. Ces jours ci il faisait carton plein, c'était le cas de le dire. Il avait dû embaucher à la va vite deux ou trois demi dieu qui étaient capable de tenir un plateau plein de verres plein, histoire de combler les effectifs manquant. Il le savait, un de ces jours il allait devoir s'y mettre sérieusement, pour son nouveau recrutement. Accoudé au comptoir comme toujours il regardait les gens s'amuser. Cela pouvait paraître étrange mais Aidan était là ce soir. Bon la discussion n'était pas vraiment celle qu'attendait le fils d'Aphrodite, mais bon tant pis, le mortel n'était sûrement pas d'humeur pour causer d'autre chose. D'ailleurs quand un jolie demoiselle se pointa son ton fut assez sec. Super. Aidan l'aimable, le surnom qui lui irait à merveille. Comment est ce qu'on pouvait aimer, voire apprécier un gars comme ça.. Mystère.  Il nota son coup d’œil et se contenta de lui adresser un grand sourire, sachant très bien que de toute façon ou il trouverait ça mignon, ou juste insupportable. Au choix.

- Pas du tout, pas du tout ! - il passa de l'autre côté du bar avec souplesse – Je suis Sonny ! Valentine, c'est très mignon comme prénom.

Comme tout bon Français qui se respecte – et qui aimait être tactile – il lui fit la bise et tapota l'épaule d'Aidan. Bah, s’il voulait pas s'amuser avec lui ce soir, lui aller s'éclater un coup avec d'autre gens.

- Je te sers quelque chose ? Pour toi tout est gratuit ce soir !

Ce n'était pas comme si Sonny était dans le besoin ces jours ci de toute façon. Il vivait chez Aidan et le frère de ce dernier faisait sortir des pierres précieuses du sol. Problème réglé ! Il lui attrapa la main et sentit que la soirée n'allait finalement pas être si longue.

- Comment une jolie fille comme toi ne peut pas être accompagné ce soir ? Vient on va danser !

Et sans même se poser la question il l’entraîna vers les pistes de danses. Il voulait s’amuser à fond ce soir, oublier tout ce qui lui été tombé dessus récemment. Bien sûr il en se doutait pas de la tournure de la soirée, Sonny ne planifiait pas souvent ces choses là, il les laissait venir. C'était mieux quand c'était pas prévu. C'était encore mieux quand il y avait une surprise au bout...

Surprise par la bise du garçon, Valentine faillit se dérober avant de se reprendre de justesse. Elle et Grace n'étaient pas là pour s'enfuir au premier contact avec un garçon, tout de même. « Oh... » La chasseresse jeta un coup d’œil à la liste des boissons placardée sur un coin du mur. « J'vais prendre ça, tiens. » Chasseresse ou pas, elle avait déjà touché à l'alcool et ne le tenait pas trop mal. Ceci dit, pour une soirée telle que celle-ci, elle préférait lâcher un peu prise. Elle accompagna ces mots d'un charmant sourire et s'accoudant près de Sonny. « Mais je suis accompagnée, voyons. » Valentine posa un regard sur le gérant qui ne laissait aucun doute vis-à-vis du sens de ses paroles et accepta son invitation avec un sourire satisfait. Le demi-dieu l'embarqua sans même qu'elle ait le temps de lâcher son verre. Le temps sembla s'accélérer, s'envoler, tandis qu'elle se démenait sur la piste aux côtés de ce charmant compagnon. Les verres aussi firent la fête ce soir-là, se succédant presque non-stop dans ses mains. Une allégresse inattendue l'avait envahie, la pressant à continuer ; si bien qu'elle en avait quasiment oublié Grace. Et elle s'éclatait comme jamais elle ne s'était amusée auprès d'Artémis et de sa chasse ces dernières années. Qu'est-ce que l'immortaité à côté d'un instant auprès de ce type ? De Sonny ?

Elle fit bien une pause, un bref instant, le temps de foncer aux toilettes pour se raffraîchir – elle se sentait prète à prendre feu. Valentine poussa la porte des toilettes des femmes et... se retrouva brutalement collée aux robinets, en face d'un type vaguement ivre. Comme elle, en fait. Un rire strident lui échappa et l'effraya un bref instant. Ouh là, elle ne se contrôlait plus, là... La chasseresse continua de rire au nez du type quelques secondes avant d'aviser son regard assassin, quoi que voilé par l'alcool. « Ouh là, monsieur n'est pas conteeent. » Valentine chantonna le dernier mot, appuyant bien dessus. Des deux, elle était sans doute la plus ivre mais ça ne l'empêcha de reconnaître – enfin – celui qui lui faisait face. « T'es Eden, c'est çaa ? » Nouveau rire. « Aidan, connasse, c'est à mon copain qu'tu touches. » Tout aussi bourré qu'elle. Fort bien. « Mais c'est lui qui m'touche. D'ailleurs, je vais le retoucheer et lui aussii. » Avec un nouveau rire un peu trop aigu, elle tapota l'épaule transpirante du type et sauta du robinet sur lequel elle s'était retrouvée assise. « Mais tu peux venir s'tu veux. » Sérieuse ? Aucune idée. Elle sortit des toilettes, plantant Aidan ici, et fonça dans les bras de Sonny.

Vingt-et-une heures. Vingt-deux heures. Vingt-trois. Minuit. À deux heures du matin et sans doute quelques minutes, Valentine repoussa violemment Sonny contre un mur avant de l'embrasser avec férocité. La grande salle était derrière eux, ils étaient seuls en haut de cet escalier. Ses mains se faufilèrent sous le t-shirt du gérant, caressant son dos avec avidité. Sans qu'elle cesse de l'embrasser. Valentine avait bien essayé avec une autre chasseresse une fois, juste pour voir ce que cela faisait. Rien à voir avec ce soir, c'était certain. « T'aurais pas plus intime par hasard ? » Elle murmura ces mots à l'oreille de Sonny.

Elle avait l'air de franchement s'éclater, et tant mieux. Sonny aussi à vrai dire. Il jetait quelque coup d’œil nostalgique, ou malheureux au choix, à Aidan. Juste le temps d'une soirée, histoire d'amuser cette demoiselle. Dans quelque heures il serait à lui. Elle enchaîna les verres et se demanda si sa demi sœur, qui était visiblement venu avec elle ce soir, faisait de même de son côté. A sa connaissance une fille de son statue, qui avait prêté serment à Artemis devait être plus raisonnable que ça… Mais il la comprenant de vouloir se lâcher de temps en temps, il fallait avouer que 'était tentant. Elle le quitta quelques instants, sans doute pour se rafraîchir et Sonny en profita pour se servir un verre. Il nota qu'Aidan n'était plus là et se surpris à le chercher des yeux. Et Valentine le retour.

Sonny n'avait jamais été bourré de toute sa vie. Vingt quatre ans sans aucun écart de ce côté là. Comment ? Très bonne question. Il buvait ce qu'il fallait pour rester maître de lui même. Il aimait savoir ce qu'il faisait, se maîtriser quoi. Et là, ce n'était visiblement pas le cas de Valentine quand elle lui fonça dessus. D'ailleurs Sonny nota même un air marrant qu'elle avait sur le visage quand elle avait un air surpris. Quelque chose qui lui rappelait Clovis, ou encore Aidan. Ils dansèrent encore longtemps, jamais Sonny n'avait autant danser, enfin, avec la même personne. Le temps fila à une allure folle et sans qu'il se rende compte de quoi que ce soit, il se retrouva à l'embrasser. Ses démons avaient repris le dessus. Et cette fille avait visiblement une idée très clair de comment allait se dérouler le reste de leur soirée. Et elle avait l'air pressé en plus… il lui facilita le travail et un tee shirt chuta.

- J'habite juste là…

Comme quoi habiter juste au dessus de son bar avait des avantages sympathiques. Comment pourrait-il un jour renoncer à cet endroit ? Peut être qu'un jour, avec plus de maturité, il passerait le cap. Il poussa la porte, et se concentra sur la jeune fille qui se trouvait avec lui. Elle, ne pas penser à l'autre, juste elle. Un peu de plaisir en cette soirée qui lui avait semblé molle et pas vraiment folle jusqu'à son arrivée. Il l’entraîna dans sa chambre à couché en rigolant et se laissa embrasser de nouveau. Il l'allongea sur son lit et laissa leur corps faire le reste. Jamais il n'aurait cru un jour, faire ça avec une des filles vouant un culte à Artemis. Evidement que la nuit qu'ils étaient en train de passer était sans conséquences. Demain tout serait terminé, fini. Cette Valentine serait comme toutes les autres. Un lointain souvenir.

Neal Evans était accoudé au comptoir.
La musique battait son plein dans la grande salle, agitant sur son rythme éffréné de nombreux danseurs. Pas lui. Non pas qu'il n'aima pas cela mais il se réservait pou une seule demoiselle. Une demoiselle qui lui avait donné rendez-vous ici même il y a peu. Le fond de bière tiède tournoya au fond du verre et termina sa course dans le décolleté plongeant – effectivement, il y avait une assez belle vue – de la nana qui lui avait soigneusement écrasé les pieds quand il avait refusé son invitation. « Connard. » « Désolé, ma chère. » Ces mots auraient été à l'écrit, le demi-dieu les aurait sans aucun doute ponctué d'un joli petit cœur. Neal lui adressa un charmant sourire avant de pivoter dans l'autre sens sur son tabouret. « Yo ! » Grace. La seule fille de cette planète à qui il se permettait de la saluer avec un simple mot de deux lettres. La seule aussi qu'il embrassait dès qu'ils se croisaient. Pour ne pas changer de cette tradition, le sang-mêlé sauta au bas de son tabouret et posa un baiser furtif sur les lèvres de la chasseresse. Prudence oblige, l'endroit était un lieu public et plus bien occupé. Trois secondes après, elle lui avait déjà fait faire la traversée de la salle et le présentait à l'une de ses... collègues. « Enchantée, Valentine. Grace m'a beaucoup parlé de toi. » Il ne put s'empêcher de rougir furtivement. « Oh enchanté, Neal Evans. » Le regard du garçon ne s'attarda pas sur les jolies courbes de l'amie, se posant déjà à peine sur son visage. Elle était jolie, c'est vrai, mais ce n'était pas vraiment son style. Et puis c'était une chasseresse. Bon certes, comme Grace. La dénommée Valentine partit comme une fusée, les plantant là tous les deux. « Mmh, bizarre ta copine. On danse ? »

Grace regarda Valentine filer vers le bar. En voilà une qui s'était mis en tête de passer une soirée accompagné. Bah, en même temps c'était leur cap ou pas cap, et elle savait que Valentine, ne se défilerait pas. Sans doute trop fière pour ça.

- Oh, tu sais, elle est spécial, mais trop cool. Si elle était pas avec moi, j'aurais craqué depuis longtemps, je pense. Faut dire qu'elle sait s'amuser elle au moins !

Trêve de bavardage, il l'avait invité à danser et c'était pas tout les jours qu'ils pouvaient se retrouver comme ça et se faire plaisir. Elle nota le regard peu sympathique d'un fille accoudé au bar, qu'il lui semblait avoir vu demander quelque chose à Neal juste avant quelle arrive. La danse, Grace avait essayé, enfant. Elle avait vite comprit qu'elle ne terminerait pas danseuse étoile. Mais danser dans ce genre de lieu, cela n'avait rien à voir. Là, Grace s'amusait franchement et pour une fois, pas de monstre pour venir perturber tout ça.

- Hé, Neal, on sort prendre l'air deux minutes, 'commence à faire chaud !

Sur ces paroles elle l’entraîna vers la porte de sortie en rigolant. Où était passé Valentine ? Elle avait cru la voir danser il y a quelque minutes, ou bien une heure... Grace n'avait aucune idée de l'heure qu'il était. Elle agita sa main et prit une bouffé d'air frais avant de se tourner vers Neal.

- Je m'amuse beaucoup, merci ! Ça te dis qu'on aille heu... - elle regarda la rue et les commerces encore ouverts – qu'on aille manger une glace ? C'est moi qui paie !

Enfin façon de parler parce que la jeune demi-déesse n'avait pas l'intention de payer. Manger une glace en hiver, c'était étrange, mais c'était tout elle. Elle le prit par la main et s’avança vers la queue des passants, juste devant le stand.

- J'vais prendre tiramisu !

Le marchand leur tendit leur glace, en leur souhaitant un bonne appétit et annonça que c'était gratuit pour cette fois. Que les gens étaient gentils quand on leur souriait, ah les mortels et leur faiblesses. Non, Grace ne s'en voulait pas vraiment, depuis le temps, elle avait apprit à faire la part des choses.

- Au fait, j'aime bien ta nouvelle coupe Neal, dit-elle en lui passant une main dans les cheveux.

Tout en marchant elle regardait le grand hôtel – de luxe, elle nota la présence de plusieurs portiers - et ne pu s'empêcher de s'arrêter pour regarda au travers des vitres. Le hall était vraiment immense. Sans aucun doute, les chambres devaient coûter un bras. Pourtant cela ne lui effleura même pas l'esprit. Elle tira son copain par le bras et lui désigna la réception. Elle croqua dans son cornée et leva les yeux vers lui.

- A ton avis, tu pense qu'on peut avoir une chambre pour ce soir ? J'aimerais bien qu'on passe une vraie soirée ensemble tout les deux.

L'air frais lui caressa les joues et Neal prit la main de Grace. Elle était chaude, elle était présente, juste là à côté de lui. Le sang-mêlé suçotta sa glace au citron, le regard perdu sur les lumières de la ville. « À ton avis, tu penses qu'on peut avoir une chambre pour ce soir ? J'aimerais bien qu'on passe une vraie soirée ensemble tous les deux. » Le citron manqua de lui ressortir par le nez tandis que son cœur trébuchait un grand coup. Grace et lui n'étaient jamais entré dans un hôtel pour autre chose que pour esquiver des créatures plus ou moins mortifères ou se jeter dans la salle de jeu. Pourtant, sa voix ne tremblait pas trop quand il répondit. « Je pense, oui. On a bien eu des glaces, une chambre d'hôtel c'est un peu pareil après tout. » Une chambre, pour eux deux. Une chaleur étrange se répandit doucement dans son ventre et il observa Grace de ce regard qu'il avait parfois, quand il ne voulait qu'elle mais qu'elle restait si loin de lui, intouchable et inatteignable. « Viens. » Il l'entraîna dans le hall, sentant ses doigts fourmiller au contact de ceux de sa copine. C'était.. « Bonjour, nous voudrions une chambre pour deux. » Le type lui lança un regard agacé par-dessus son bureau, Neal laissa Grace gérer.

Le t-shirt tomba au sol. Neal n'avait même pas demandé l'avis de Grace mais déjà, il la poussait contre la table qui ornait l'entrée de leur chambre. Pardon, de leur appartement privé. Un vase vacilla dangereusement avant de s'écraser au sol, le sang-mêlé posa Grace sur la table avant de s'acharner sur sa robe en cherchant de nouveau ses lèvres. « Tu es si belle. » Bonjour Neal, où es-tu vraiment ? Grace, c'était différent de toutes les autres filles. Peut-être à cause de sa condition de chasseresse, ou peut-être parce qu'il était véritablement amoureux d'elle. C'était des baisers, des gestes sauvages, pourtant il finit par s'interrompre. « Je... Je peux ? »

Convaincre le réceptionniste ne fut pas très compliqué non plus, à vrai dire, il était comme tout les autres, une gentille parole, un grand sourire et le tour été joué. Il lui tendit les clefs de leur suite et Grace sentit son pouls s’accélérer. En vérité, elle n'eut pas vraiment le temps d'admirer la bête en question, la porte claqua et le fils de Déméter ne perdit pas une seconde. Oups. Enfin oups, non pas oups, elle l'avait bien cherché aussi. Il ôta son t- shirt et elle le laissa faire bien trop contente pour le stopper. Il était trop craquant pour qu'elle puisse dire quoi que se soit de toute façon. Il leva tout de même les yeux vers elle et lui demanda sa permission. Elle rigola et l'embrassa en retour, baladant ses mains sur son torse nu. Il en avait pas l'air comme ça mais il était musclé en fait le petit Neal...

- A ton avis jardinier...

Et au diable le serment qu'elle avait prêté il y a des années, les chasseresses et Artemis pouvaient aller se faire voir. Elle en avait assez d'être bloqué dans cette situation et cela était frustrant. Pour elle. Et pour lui. Oh et puis après tout, elle en avait envie, lui aussi, où était le mal ? Elle se pressa contre lui et reprit ses baisers de plus belle. Peut être qu'ils finiraient pas atteindre le lit immense qui se trouvait dans la pièce.

Grace faisait un rêve vraiment... Étrange. Elle dormait bien, la tête posé sur la poitrine du demi-dieu. Elle pouvait sentir ses battements de cœur, elle se sentait vraiment bien, et pourtant son rêve virait vraiment à l'absurde. Artemis, voilà de quoi elle rêvait. De la déesse en tenue de chasse, qui la sermonnait. A propos de quoi, très bonne question. Elle semblait vouloir la punir, ou quelque chose dans le genre. Son regard était dur et elle semblait avoir tout vu. Mais c'était un rêve après tout. Grace sursauta et elle ouvrit les yeux. Il faisait encore sombre et Neal devait dormir. Un sourire aux lèvres, elle se colla un peu plus, passa une main sur sa joue, l'embrassa sur le front et ferma les yeux pour se rendormir. C'était un rêve, juste un vilain rêve.

Valentine Tyrell, chasseresse de son état depuis des années, dormait paisiblement. À ses côtés, un homme. Le premier qu'elle ait touché, le premier important pour elle. Elle ne l'aimait sans doute pas, du moins ce n'est probablement pas de l'amour, mais juste pour cette nuit, ils avaient un lien. Le souffle régulier du demi-dieu lui caressait le bout du nez. Elle frissonna de son côté.

Elle tombe brutalement en avant, se réceptionnant de justesse sur ses poignets endoloris. Son pied s'est coincé dans une racine. Une vulgaire racine qui prend lentement un aspect beaucoup plus effrayant. Dans l'obscurité du rêve, Valentine plisse les yeux. Ce n'est pas – plus – une racine, mais un serpent qui la cloue au sol. Les yeux rubis de l'animal la fixent sans ciller et c'est elle qui détourne le regard la première. Pour se poser sur des pieds d'une blancheur immaculée. Vaguement perplexe, la sang-mêlée lève les yeux, encore et encore, jusqu'à voir la propriétaire de la paire de petons. Pas l'air aimable. Normal, il s'agit de sa chef, de la grande Artémis. « Valentine Tyrell. » La voix de la déesse est douce, plus que l'éclat inquiétant qui luit au fond de ses prunelles, et elle se penche en avant. Sa longue chevelure glisse sur les joues de Valentine qui tente de reculer. Impossible, monsieur serpent. Artémis s’assoie en tailleur à moins de trente centimètres de la jeune fille et l'observe, pensive. « Je te croyais moins faible que cela. » Ce n'est qu'une constatation mais ça a tout l'air d'une condamnation. Un léger silence flottent entre elle, durant lequel la déesse semble écouter la forêt. « Aimes-tu les garçons, jeune demoiselle ? » Hésitation. Qu'est-ce que Valentine peut bien répondre à une telle question ? Bien sûr qu'elle aime les garçons. Qu'elle aime être avec eux. Elle est une chasseresse, certes, mais elle reste avant tout elle-même. Et aller contre sa nature, c'est... Malsain. « Je... Oui. » Sa voix n'est pas assurée mais ses pensées le sont. Elle ne regrette pas son geste. « Je vois. » Artémis attrape le poignet de Valentine. Sa main est froide et dure comme la glace. Une douleur cuisante brûle l'intérieur du poignet de la sang-mêlée, un grognement lui échappe. Elle regarde avec horreur la marque de brûlure de son poignet. La douleur remonte, se fraye un chemin dans son bras jusqu'à l'amener aux portes de l'inconscience. Bénite inconscience qu'elle ne voit pas. Elle se réveille avant.

Valentine se redressa brusquement dans le lit. Un rêve. Juste un rêve. Elle quitta maladroitement les draps, toujours secouée, et esquissa quelques pas en direction de la petite salle de bain jouxtant la chambre. Un peu d'eau fraîche pour se remettre de ses émotions et elle sortirait discrètement de là. Adieu Sonny, adieu soirée de rêve. Elle attrapa en passant la robe de la veille, la jetant sur son épaule. Dans la salle de bain, l'atmosphère était moins étouffante, moins saturée de... De mec, en fait. La demoiselle alluma l'unique lampe au-dessus du lavabo et s'observa dans le miroir. Elle avait les traits tirés mais sinon, tout allait bien. Rien qui n'explique cette impression persistante et bizarre en elle. Valentine attrapa un verre posé sur le rebord, le rempli d'eau. Sa main tremblait, tremblait trop. Elle observa ses doigts. Toujours cette impression fugace de ne plus être vraiment elle, d'avoir échangé son corps pour un autre. Le miroir lui confirma que non, qu'elle était toujours Valentine Tyrell. Inspirant profondément une nouvelle fois, elle revêtit sa robe et se ferma la porte. Sonny dormait toujours profondément, sans doute trop habitué à avoir de la compagnie pour s'en inquiéter. Un éclair de douleur aussi brutal qu'inattendu lui traversa le corps, la jetant presque au sol. Les larmes débordèrent, roulant sur ses joues, et avec elle s'en allait sa féminité. Chose qu'elle ignorait parfaitement, trop occupée à regarder, abasourdie, les longues mèches de cheveux restées dans ses doigts. Un bruit bizarre, à mi-chemin entre le glapissement et les cri de terreur, la secoua et elle tira sur une autre mèche de cheveux. Qui lui resta entre les doigts. Encore. Encore. Ses longs cheveux, ses beaux cheveux, tous chutaient. De nouvelles larmes, et un nouvel éclair de douleur, plus bas cette fois-ci. Sa poitrine se soulevait frénétiquement pendant que Valentine essayait d'endiguer cette panique violente. Sa main caressa son crâne dénudé, étonnée d'y trouver les prémisses de nouveaux cheveux. Son cœur explosait à moitié dans sa poitrine.

Sept heures. C'est le temps que dura son calvaire tandis que son corps se transformait lentement sous ses yeux. Ses os, ses muscles, tout se métamorphosa lentement et douloureusement tandis qu'elle y assistait, parfaitement impuissante. Valentine n'avait pas ôté sa robe, préférant encore garder l'illusion qu'elle était toujours elle-même. Pourtant, le tissus baillait sur ce qui avait été autrefois sa poitrine, petite et jolie, tandis que d'autres formes nettement plus masculines se dessinaient. La porte s'ouvrit.

Il était encore retombé. Malgré ce qu'il s'était promis vis à vis de lui, de l'homme qu'il aimait vraiment, Sonny avait encore une fois joué au con. Au fond il était sûrement trop tard pour lui. Pour le petit demi dieu, seul une bonne leçon donné du ciel calmerait sans doute le jeu. Et une leçon, il était prêt à en recevoir, et une grosse. Il se frotta les yeux, se tourna et se retourna et fini par voir que la demoiselle était partit. Il grogna et chercha à tâtons un tee shirt, un bas. De la lumière. Il s'était trompé, elle était toujours là. Il s'étira, se leva et s'habilla. Elle avait de la chance, la chambre – bien qu'elle ne soit pas encore terminé – et la salle de bain était une des première chose que Sonny avait fait refaire après le terrible incendie qui avait sévit. Depuis il enjôlaient tout les ouvriers pour qu'il ralentissent les travaux, histoire de rester chez les Tyrell un peu plus longtemps. Il frappa deux petits coups à la porte.

- Valentine ? Tout va bien ?

Et il poussa la porte. Il n'aurait pas dû. Il eu envie de la refermer aussitôt sauf que non, debout en caleçon il resta... Paralysé. Et il hurla, recula d'un pas, se frotta les yeux à nouveau et sa bouche s'ouvrit grand comme pas permit.

- QU'EST CE QUE TU FOU LA TOI ?!

Un gars. Un gars dans sa salle de bain. Ou Sonny avait mauvaise mémoire, ou ils étaient trois hier soir. Ou alors Valentine était en réalité un homme mais non, il avait bien vérifié, c'était une fille. Un vraie fille. Avec les seins, les longs cheveux et tout ce qui allait avec.  Alors que foutait ce gars dans sa... Une robe, il portait un robe. Il manqua de tourner de l’œil et porta une main à sa bouche. Il entra dans la pièce et s'appuya au lavabo. Des cheveux partout. Son cerveau était branché, mais rien de concret se faisait. Impossible de comprendre, de se faire une raison. Non non, elle, enfin il, ne pouvait pas être elle, ou il...

- Valentine ? Merde me dit pas que je...

« Que je t'ai transformé en gars, si si, sûrement.» Comment c'était possible sinon ?  Les larmes lui montèrent aux yeux, et il eut envie de pleurer. C'était pas possible, tout simplement. Il n'avait pas ce pouvoir là, il s'en serait rendu compte bien plus tôt... Il s'essuya les yeux, passa une main dans ses cheveux en bataille et prit de grandes bouffés d'air. Il voulait prendre un pelle et aller s'enterrer vivant. C'était un cauchemar, rien d'autre. Pourquoi la vie était-elle aussi injuste avec lui ? Maintenant il comprit, oh les dieux devaient bien se fiche de lui maintenant, ils devaient rire tous. Non, il la touchait à présent, l'homme – enfin Valentine – qui se tenait juste devant lui était bien réel(le). Et il portait une robe qui baillait au niveau de la poitrine et qui avait l'air encore plus courte qu'au début de la soirée. En d'autre circonstance, Sonny aurait bien rit, sauf que là, il versait de vraies larmes et avait envie de se pendre. Il n'osait même pas imaginer la tête d'Aidan quand il lui dirait le... Truc qu'il avait fait à cette pauvre fille. Et la tête de Grace quand il lui rendrait son amie. Quelle panique cela allait être. Il essaya de se dire que non, c'était juste un mauvais coup pour lui faire la leçon, à lui et à elle, qu'elle n'allait pas rester ainsi. Sauf que quelque chose lui disait que les choses étaient désormais faites, et que rien ne bougerait.

- Mais qu'est ce qu'on va faire... Bordel c'est pas vrai...

Et il pouvait laisser tomber le mode d'emploi des lendemains de soirées difficiles parce que celui là était hors catégories.  Plus jamais il en toucherait à une fille, ça c'était sûr. La bise si elles voulaient, mais il n'irait pas plus loin. Hors de question, pas après cette erreur.

Clairement la meilleure soirée de sa vie. Et la meilleure nuit. Et il n'était même pas bourré, et en compagnie de la fille qu'il aimait en plus. Il n'en fallait pas davantage pour dormir comme un bébé après tout ça, tout en sentant la douce présence de la demoiselle à ses côtés. En entrant dans cet hôtel, Neal avait eu un excellent pressentiment concernant la chambre, et il était loin d'avoir été déçu. Même les draps étaient géniaux, doux au touché et tout. Allongé sur le ventre dans ce lit de rêve, il rêvassait à moitié, conscient que la lumière qui entrait par la porte menant à la pièce principale indiquait sans doute le lever du soleil, mais trop heureux de la situation pour oser la déranger. Enfin, en tant que demi-dieux, Grace et lui ne pouvaient que difficilement se permettre le luxe de traîner toute la journée à poil au pieu. Non pas qu'il n'en rêva pas, il ne le pouvait simplement pas. Neal se retourna difficilement sur le dos et contempla le plafond, parfaitement conscient de la main de Grace posée sur sa poitrine. Si les moments comme celui-ci pouvaient être mis en pause comme dans les Sims, il l'aurait fait avec plaisir.

« Grace, on se réveille. » On ne pouvait pas dire que Neal avait la voix douce, ou le ton doux ou autre chose encore. Pourtant, c'est ce qui s'en approchait le plus. Fermant les yeux, il roula sur le côté et souffla dans l'oreille de la Chasseresse, s'amusant de la sentir se trémousser à ses côtés. « Debout, debouuut. » Il souffla une nouvelle fois et ouvrit les yeux. « AAAAAH. » Il sursauta, entraînant draps et coussins dans sa chute du lit. Sa tête heurta le petit meuble qui longeait le mur dans un fracas épouvantable. Oh bordel, qu'est-ce que j'ai fait... ? » Il regarda le lit et ce qui se tenait dessus avec un grimace d'horreur. Je... Je suis dans la merde. Même ses pensées n'étaient plus suivies. Il porta lentement sa main à sa bouche, incapable de proférer le moindre son. Avait-il bu ? Il n'avait pas le souvenir de s'être bourré la gueule la veille, et d'ailleurs, il n'avait pas la sensation désagréable d'une gueule de bois. Et puis quand même, il n'aurait jamais fait une telle chose, même complètement soûl. Jamais. « Qu-qu-qu-qu'est-ce que t-tu fais là, toi... ? » Pas très convainquant venant du fils de Déméter mais là...

Son dos la démangeait terriblement. C'était comme si une colonie de fourmis y avait élu domicile et qu'elles n’arrêtaient plus de grouiller, partout, dans tout les sens. Ses os aussi lui faisaient un mal de chien. C'était une sensation horrible, vraiment, mais Grace essaya de faire comme si de rien n'était. Non, elle venant sans nul doute de passer la meilleur soirée de sa vie alors elle allait s'en tenir à ça. Enfin si elle devait ressentir ça à chaque fois après avoir couché avec Neal, elle allait vite s'en lasser. Tout s'arrêta quelque heures après. Pouf, plus rien, et là Grace pu enfin fermer l’œil et se blottir contre lui. Sauf que le lendemain, rien ne se passa comme prévu. Elle le sentait, il était toujours là. Elle l'entendit, elle se mit à sourire, aux anges. Et puis, il hurla, tout simplement. Lui brisant les tympans au passage. Elle ouvrit grand yeux – ça pour du réveil, c'était du réveil – et le regarda, par terre emmêler dans les draps. La scène aurait pu être drôle s'il n'avait pas eu cette expression de... Dégoût sur le visage. Elle pencha la tête et le regarda de travers comme elle savait si bien le faire.

- C'est ma tête du matin c'est ça, tu t'attendais pas à ça ?

Non, elle était très bien sa tête du matin, elle le savait parfaitement. Nouveau sourire, elle se pencha vers lui et bizarrement, tout lui paru... Plus grand. Elle se gratta la gorge, trouvant sa voix plus chantante qu'en temps normal. Plus enfantine aussi.

- Et je te signal que personne n'est rentré ni sortie depuis qu'on a mit les pieds dans cette chambre, alors oui, c'est toujours moi, je suis toujours Grace Turner. Pourquoi tu me regarde comme ça... ?

Parce que c'était plus dérangeant qu'autre chose, c'était même insupportable. C'était pas le même regard qu'il avait hier soir, ni même le même regard qu'il avait en temps normal. Non là, c'était comme si quelque chose clochait. Elle attrapa le tee shirt de son petit ami qui traînait par là et l'enfila. Grand, c'était le mot. Pourtant elle ne s'en inquiéta pas tout de suite. Elle bondit hors du lit, lui déposa un baiser sur le front et se dirigea vers la salle de bain.

- Bon, j'vais doucher moi, quand tu seras prêt à parler hein...

Et elle tomba face à face avec le miroir. Son pire ennemi depuis ce jour. « Mon dieu dite moi que je délire... » Elle n'était plus elle. Enfin si, mais plus la Grace d'hier soir. Dix ans, ou onze peut être, elle avait dix ans. Elle passa une main sur ses joues, sa poitrine qui avait disparue pendant la nuit visiblement et regarda ses pieds, ses mains. Plus de formes, plus rien. Même son maquillage et ses oreilles percés s'étaient envolés. Et sa bouche s'ouvrit grand et un bruit suraigus en sortie, celui d’une gamine au porte de l'adolescence.

- NEEEEEAL !

Elle sortit aussitôt, claqua la porte derrière elle et se rua sur le demi-dieu. Comment c'était possible ça, comment c'était possible ?! Elle n'arrêta pas de toucher ses cheveux, ses bras, tout était miniature. Et elle éclata tout de suite en sanglot. Et un pleur qui bien évidement, allait avec son âge actuel.

- Mais qu'est c'qui m'arrive... Putain, non... Neal, neal... J'ai dix ans. DIX ANS.

Normal que le tee shirt lui fasse une robe, normal aussi que le fils de Déméter lui paraisse si grand et enfin, elle comprenait la tête qu'il tiré depuis tout à l'heure. Elle eu beau essuyer ses yeux, tenter d'arrêter de pleurer, rien n'y faisait. Rien à faire, elle ne change pas d'un poil. Elle ne voulait pas rester comme ça. C'était... Horrible. Elle tomba à genoux et se roula en boule avant de gémir sur le sol. « Je suis hideuse, argh, il m'a vu à poil... Quand j'avais dix ans... La honte, la honte... Mais qu'est ce que j'ai fais pour mérité çaaa... »

- Jeveuxpasjeveuxpasjeveuxpas.... Aide moi je t'en pris, s'il te plaît...

Elle l'avait peut être cherché après tout. Elle savait que ce qu'elle avait fait avec lui était formellement interdit quand on rejoignait les chasseresses. Elle savait qu'elle serait puni. Mais pas comme ça, elle ne voyait pas ce type de punition. Alors elle pensa à Valentine. Elle croisa les doigts mentalement, priant pour que sa meilleure aime n'ai pas fait la même bêtise qu'elle. Toc toc toc. Au même moment, on frappa à la porte.

- C'est pour le ménage...

Choqué.
Neal était choqué. Choqué de voir une enfant nue dans son lit, choqué d'imaginer ce qu'il avait bien pu fabriquer la veille au soir. Une expression de pure terreur sur le visage, il regarda la gamine ramper vers lui sur son lit. Elle parlait comme Grace, elle ressemblait à Grace mais... Bordel, ce n'était pas Grace. Impossible. Il y avait beaucoup de choses invraisemblables dans la vie du demi-dieu mais là, ça dépassait les bornes. Non, il n'avait pas pu faire ça. Impossible. IM-POS-SI-BLE. Le mot tournait dans son esprit, rebondissant chaque fois de façon plus douloureuse. Lui, Neal Evans, avait une éthique, une règle de convenance qui régissait sa vie, non ? Même complètement désespéré ou sous l'emprise de quelques substances illégales, il n'aurait jamais... Non. Et pourtant, le doute continuait de l'assaillir. Quand elle sauta sur lit pour lui poser un baiser sur le front, il recula de nouveau contre le meuble, le coin de celui-ci lui rentrant douloureusement dans l'omoplate. « Me regardes pas, m-me touches pas ! » Il rapatria les draps vers lui et regarda la demoiselle miniature traversa la chambre jusqu'à la salle de main. Mais qu'est-ce qu'il avait fait, qu'est-ce qu'il avait fait ?

Un hurlement. Et la gamine sortit comme une furie de la salle de bain. Neal n'avait pas bougé d'un millimètre, se contentant de trembler dans ses draps. Qu'avait-il fait, nom de Dieu ? Cependant, la réaction de la petite lui fit lentement reprendre espoir. Peut-être que... S'enroulant comme il le pouvait dans le drap de l'hôtel, il progressa lentement jusqu'à la mini-Grace en pleurs. « Grace... C'est vraiment toi... ? » D'une part, il l'espérait. Il l'espérait vraiment. De l'autre, c'était son cœur tout entier qui disparaissait dans un abîme de terreur. C'était lui qui... Lui qui avait fait une telle chose ? Il tendit la main pour l'effleurer, se rajusta au dernier moment. Un toc-toc-toc discret retentit, une femme de ménage s'annonça. Et entra sans attendre d'y être invitée. Traînant chariot et balais, son regard se posa sur le Neal quasiment nu à genou à côté d'une gamine de dix ans qui pleurait toutes les larmes de son corps. La bouche de la vieille femme s'ouvrit en un O parfait et un éclat horrifié luisit au fond de ses yeux. « Oh mon dieu... Vous avez vraiment... ? Oh mon Dieu ! Oh là là, mais c'est... » Dégueulasse ? Si c'était aussi simple que cela. La chambr était à leur nom. Le regard du demi-dieu se posa sur son épée, posée paisiblement contre le mur près de la porte. Pas très efficace en cas d'attaque furtive de monstres mais en l'occurence, cela ferait fort bien l'affaire. Et empirerait probablement le casier de Neal qui venait tout juste de naître.

La main du demi-dieu attrapa la garde de l'épée et il attrapa la femme de ménage. « Venez par là, vous. » « M-mais vous êtes fou ! Je... Je vais crier ! » « Oh ça va, fermez-la ok ? » Elle ne voyait pas l'épée, mais quoi qu'elle aperçoive à la place, ça n'aidait clairement pas Neal. Pourtant elle prit la menace au sérieux. Le fils de Déméter l'entraîna dans la salle de bain et la verrouilla, coinçant une chaise sous la poignée. Il prit conscience qu'il haletait, là planté au milieu de la chambre. « Euh... Okay Grace, faut que... Qu'on sorte de là. » Les mots ne lui venaient pas naturellement dans une telle situation. « Aller, viens ! » Neal attrapa sa copine par la main et l'entraîna dans le couloir, dans la rue. Ils étaient trèèèès mal.

Grace regarda la femme de ménage entrer, traînant son chariot derrière elle. Évidement elle pensa que quelque chose d'ignoble venait de se dérouler. La petite Grace de dix ans qui en avait en réalité seize de plus pleurait toutes les larmes de son corps, reniflait et tentait de se calmer, en vain. Quant à Neal, il était choqué, et elle le comprenait parfaitement. Heureusement pour elle, pur lui, pour eux et son casier judiciaire il ne perdit pas une minutes. Trente secondes plus tard la pauvre femme était dans la salle de bain, et hurlait, complètement paniquée. Il lui posa sa veste sur les épaules – et Grace eu vraiment l'impression d'être une naine quand il se redressa – et ils quittèrent la chambre. L'horreur, l'angoisse. Tandis qu'ils couraient dans les couloirs, à moitié habillé tout les deux, quelques personne s’offusquaient sur leur passage. Grace avait beau avoir séché ses larmes, les rassurer du regard, tout ce que les gens voyait c'était un gamin de vingt ans qui traînant une pauvre fillette de dix dans un hôtel, sans chaussures et portant une veste trop grande.

- Bordel... - le juron sonnait si mal dans ce corps là – on va faire quoi, on va faire quoi...

Sortir de l'hôtel était déjà bien. Quand il passa dans le hall, le réceptionniste de la veille sembla reconnaître son petit ami. Ce crétin ne perdit pas une minutes pour prendre son téléphone et composer sans aucun doute le numéro de la police. Il faisait froid. Et Neal qui n'avait plus rien sur le dos. Grace regarda partout d'elle. C'était fou comme le monde pouvait paraître si grand.

- Faut qu'on trouve un magasin de fringues Neal... On peut pas rester comme ça.

Elle se hissa sur la pointe des pieds et chercha son bonheur des yeux. Elle serra fort sa main. Elle ne se sentait plus en sécurité, plus du tout. Elle n'avait pas ses armes, elle n'avait plus rien.

- Là !

Elle ne perdit pas une minute. Il entrèrent dans la boutique et une des vendeuse leur jeta un coup d’œil de travers. Vite, le rayon enfant... Elle attrapa tout ce qui lui passait sous la main, tandis que son petit ami faisait la même chose à son rayon. « C'est fou ce que c'est moche c'qu'on fait pour les gamines aujourd'hui... » A contre cœur pourtant elle fila en cabine. Elle ne garda que ce quelle jugeait assez adulte. Hors de question de porter un tee shirt mini ou une autre connerie dans le genre. Neal l'attendait devant la cabine.

- Je suis hideuse. Neal, je chausse du 36 maintenant, et je porte plus de soutif. J'me sens mal. En plus mon dos me fait maaal... Me dis pas que je vais rester comme ça hein ? Que c'est juste une punition temporaire, que Artemis va pas ma laisser dans cet état, c'est forcément elle, elle supporte pas qu'on casse nos engagements...

Cela faisait, si on comptait les une heure de sommeil  où elle était devenue enfant, deux heures. Et bientôt elle ressentie ce même petit picotement, qu'elle avait eu juste avant que tout cela arrive. Les larmes lui montèrent de nouveau aux yeux.

- T'as pas l'impression que...

Elle regarda ses manches, trop courtes.

Un enfer. Un enfer qui ne semblait plus avoir de fin. Ils entrèrent dans la première boutique de vêtements venus, Neal se rongeant les ongles jusqu'au sang le temps d'atteindre le rayon des gamines de dix ans – splendides vêtements que voilà, prenait-on les enfants pour des débiles mentaux ? - et il regarda sa copine essayaient divers trucs. Comme des chaussures. Et le temps de parvenir à la caisse... « Putain Grace... Tu grandis. Tu grandis encore ! » Oh ça pour grandir, elle grandissait. Elle grandissait trop vite, trop bizarrement. Comme si sa vie passait en accéléré. Le demi-dieu ne la voyait pas vraiment grandir mais ça se sentait. Entre leur entrée ici et leur sortie, elle devait bien avoir gagné quoi... Un an ? Deux ans ? Assez pour que ses manches soient déjà trop courtes et qu'elle commencent à perdre les rondeurs de l'enfance pour des traits plus adolescents en tout cas. Assez pour être effrayant. « Il... Il faut qu'on fasse quelque chose, qu'on aille quelque part... » Sonny. Il lui avait un peu parlé hier avant que Grace ne le rejoigne au cabaret et il avait aussi vaguement discuté avec l'autre type, le co-gérant. Un gars bizarre, un peu trop éméché pour être quelqu'un de responsable... Mais qui lui avait filé son adresse. Il devait y avoir quelque chose dans les verres. Un quelconque truc divin et dangereux. Plantant Grace devant la caisse, il fonça de nouveau au rayon des quinze-seize ans et prit les premières choses qui lui tombaient sous la main. « On prend tout ça. Vite ! » Le vendeur lui jeta un coup d'oeil perplexe. « Ça va, gamin, ça va... » « VITE. » Cette fois-ci, c'était un ordre et la menace sous-jacente n'échappa pas au caissier qui balança les vêtements pèle-mêle dans un sac avant de prendre l'argent que lui tendait Neal. Ce dernier ne prit même pas la peine de récupérer sa monnaie qu'il entraînait déjà Grace dans la rue.

« Faut qu'on trouve un coin de rue où te changer. Ça sera sans doute trop grand au début mais si tu continues à... à grandir, ça devrait vite passer. » On aurait presque pu croire que Neal était très posé et tranquille en cet instant. Presque. Car il s'était juste contenté de gommer ses émotions et de les coincer dans un petit coin. Au fond, il brûlait d'horreur et de terreur. Une longue journée d'horreur...

Finalement d'autres habits se rajoutèrent au panier. Alors comme ça elle n'allait pas rester jeune pour toujours, enfin jeune, sous cette apparence ? Elle grandissait, oui, mais jusqu'à quand... ? Ils sortirent du magasin en trombe, son pouls s’accéléra de nouveau. Oh, ces habits lui faisaient mal à présent. Elle sentait que les coutures des épaules n'étaient plus très solide. Elle suivit le conseil de Neal trouvant un coin de rue isolé et se changea.

J'ai mis du... Une taille grand ado. Ça devrait passer.

Elle l’espérait de tout cœur, pour le coup elle flottait dans ses habits et cela lui donnait l'impression d'être incroyablement maigrelette. Elle se racla la gorge, et tapota l'épaule de Neal ; peut être que dans quelques heures elle ferait à nouveau une taille correct et qu'elle pourrait le serrer dans ses bras. Elle en avait envie, là tout de suite, elle voulait qu'il la serre, qu'il la réconforte. Elle ne savait pas ce que l'avenir lui promettait, rien, c'était angoissant, horrible.

Bon, elle passa une main dans ses cheveux, on va où maintenant ? T'as une adresse c'est ça ?

Elle garda ses question concernant sa lente transformation pour elle. Elle rangea ses affaires dans le sac de course et soupira. Ils étaient bien barré. Peut être qu'elle allait mourir en fin de compte ? Peut être qu'elle allait vieillir jusqu'à sa mort, que Neal allait assister à tout ça et... pouf, Adieu Grace Turner. Non, pas comme ça, c'était tellement atroce. « Tu l'as bien cherché jeune femme... » Artémis, la voix dans sa tête, c'était elle. Elle la narguait en plus. Oh, à l'heure qu'il était elle devait être en train de faire la morale aux autres filles du groupe. Et Valentine... Oui, Grace s'inquiétait pour son amie. Elle espérait juste que sa meilleure amie n'est pas elle aussi fait ça. Qu'aucun garçon ne l'avait trop touché, approché durant la soirée. Qu'elle ne subissait pas le même sort qu'elle en ce moment même.

A ton avis, on a combien de temps avant que je crève ?

C'était partit tout seul. Mais Grace avait peur. Si elle continuait comme ça, sur les coups de seize heures elle était déjà vieille. Et après... Après elle mourrait, c' était la suite logique des choses non ? Alors c'était cela la punition d’Artémis ? Tant de cruautés. Causé par quoi au juste ? Oh non, elle ne regrettait en rien sa soirée avec Neal, elle ne le regretterait jamais. Elle avait dit non aux règles une fois de plus.

Désolé, je voulais pas dire ça... C'est juste que, je ne sais pas combien de temps il me reste. Neal, c'est pas de ta faute, d'accord ? C'est moi et entièrement moi. J'aurais pu tout arrêter parce que je savais que je n'avais pas le droit mais...

Décidément les larmes avaient décidés de refaire surface. Certes, elle aurait pu tout arrêter, mais non, il fallait toujours que Grace fasse le pas de trop. Elle sentit alors une certaines stabilité. Elle devait avoir grandit un peu, le ciel lui accordait une pause. Pause qui devait sans douter durer une heure, comme les autres...

Bref..., elle s'essuya les yeux, on est où là, c'est quoi l'adresse que t'as ?

L'enfer se poursuivait. Contrairement à Neal dans sa chambre d'hôtel, Valentine ne s'était pas dit que ce n'était qu'un cauchemar, un mauvais moment à passer. Elle savait que c'était la réalité, sa nouvelle réalité et que... C'était un véritable enfer. Neal et elle, à quelques kilomètres de distance, se trouvaient sur la même longueur d'onde pour cela. Deux demoiselles perdant leur virginité... Mais elles n'avaient pas perdu que cela cette nuit, ma foi. Oh qu'elle regrettait d'avoir autant bu, d'avoir touché Sonny, de l'avoir encouragé. Et par dessus tout, qu'est-ce qu'elle regrettait d'avoir accepté le pari idiot de Grace. Un instant, là assise dans la salle de bain du principal responsable de son malheur, Valentine maudit sa camarade chasseresse de tout son cœur. Enfiler les vêtements que lui donnait Sonny de derrière la porte fut sans doute l'une des pires choses que Valentine ait du faire de sa vie. Fixant le plafond pour ne pas voir ce qu'elle était devenue – elle préférait ne même pas y penser – elle enfila caleçon, pantalon, t-shirt, abandonnant derrière elle cette si jolie robe. Jolie robe qui aurait dû simplement être le symbole du soirée réussie et sexy. Tu parles, on avait jamais vu lendemain de soirée plus pathétique et terrible que celui-ci. Oser sortir de la petite salle de bain fut la seconde épreuve de la matinée.

Quand ils sortirent dans la rue ? Les regards la fixaient. Les gens savaient. Ils savaient qu'elle n'était pas elle, qu'elle n'était plus qu'un monstre, quelque chose d'étrange et d'abîmer par une quelconque magie. Les gens ne pouvaient que savoir, n'est-ce pas ? Sinon, ils ne l'auraient pas regardé ainsi en passant... Impossible. Les yeux posés sur le trottoir, Valentine serrait les bras contre sa poitrine, sentant son cœur battre avec affolement à travers le blouson masculin qu'elle avait maladroitement enfilé. Elle se sentait prisonnière dans un corps qui n'était pas le sien, ne le serait jamais. Sensation terriblement déstabilisante que toutes ces... choses... ! Plus de poitrine, plus de hanches, plus de taille... Étrange. Effrayant. Comment pourrait-elle un jour se regarder vraiment ? Jamais. Artémis ferait quelque chose. Elle était une déesse, blagueuse et vivant au gré de ses humeurs. Bientôt elle abolirait cette odieuse chose et Valentine redeviendrait une femme. Une vraie, perdant tout ce qui faisait d'elle aujourd'hui un homme, récupérant ce qu'elle avait toujours connu. Et aimé. Elle pressa le pas sur le trottoir, se tenant près de Sonny, mais pas trop non plus. Elle n'avait toujours pas parlé, craignant de perdre en plus sa voix. Où allaient-ils ?

Elle, enfin il, enfin... Ce que Valentine était devenue sortit de la salle de bain et son cœur fit un bon de nouveau. Plus il la regardait, plus il se disait qu'il était mal. Jamais, au grand jamais cela ne lui était arrivé. Mais pourquoi fallait-il que tout les trucs louches lui tombent dessus ? Il enfila une veste et ouvrit la porte de son appartement. Plus aucune filles ne mettraient les pieds ici, plus aucunes. Pas de gars non d'ailleurs, hors de question. Non, peut être qu'il était capable de leur jeter le sort inverse ? Il blêmit en repensant à Aidan. Pourquoi c'était toujours un gars lui ? Ou alors cela ne fonctionnait que dans un sens. Tant mieux. Il l'invita  le suivre, à traverser la rue. Oh oui, il savait où aller. Il savait qu'il s’en prendrait une belle dans la figure mais tant pis, c'était sa nouvelle maison de toute façon.

- Ne t'en fait pas d'accord, on va... Arranger ton soucis.

Il lui tapota le dos et commença sa longue ascension vers l'étage où logeait les frères Tyrell. Marche qui lui parut longue, interminable, sans doute parce qu'il savait qu'au bout se tenait un chasseur de demi-dieu un poil impulsif. Il sonna et se tourna vers Valentin. Oui, c'était u homme maintenant non ?

- C'est des amis à moi, en fait je loge chez eux et bref. Ils sont très sympa tu va voir. Aidan et Clovis, c'est deux frères.

Mensonge, ils pouvaient être sympa, c'est vrai, mais pas ces jours ci. Il évita aussi de lui dire au combien la situation était compliquée entre Aidan et lui et sonna encore une fois. Ses mains devinrent moites il donna une petite tape d’encouragement sur l'épaule de Valentin. Le toucher c'était tellement... Étrange. Comment dire, il n'osait plus trop. Bon, et comment présenter la situation hein ? C'était légèrement délicat. « Salut Aidan, j'te ramène un gars avec qui j'me suis envoyé en l'air hier soir. Oh mais avant que tu ne te pose trop de question, avant c'était une vraie fille. Ah, et c'est elle qui a commencé à grimper dessus, donc bo, je suis pas trop fautif, si ? » Ouais non. Pas crédible. La porte s'ouvrit finalement et son visage s'assombrit d'un coup.

- Aidan ! , le ton joyeux sonnait faux. Pour l'entrée en mode relax c'était foutu.

Il entra, entraînant Valentin derrière lui. Il se gratta la gorge, cherchant ses mots. Il espérait vraiment qu’il n'allait pas les jeter dehors tout les deux. Ils auraient l'air malin. Il avait besoin de son aide en quelque sorte. Il passa une main dans ses cheveux, regarda Valentin qui se tenait toujours à ses côtés et se lança.

- Aidan je... J'ai fais une connerie. Enfin, on a fait une connerie – il avait l'impression de parler à son père, de s'excuser pour avoir fait le mur ou autre chose de bien débile – On a heu... Raah bordel je sais pas comment t'expliquer ça moi... - Clovis sortit de nul part au bon moment comme toujours, en pyjama violet – Je l'ai comment dire, transformé en homme. C'était une fille avant.

Voilà, c'était tout. Plusieurs options possible. Il sortait son jouet favori et il leur collait une balle dans la tête. Ou, il explosait de rire avant de comprendre qu'il était sérieux. Ou... Ou tant de chose était possible avec cet homme. Sonny avait limite envie de se cacher derrière Valentin mais ce comportement ce serait pas très... Sympa. Ni brave d'ailleurs. Au pire, il ne c'était jamais revendiqué brave ou quoi, il pouvait toujours se barrer loin d'ici. Mais il ne le fit pas. Pour elle qui était devenu lui contre son grès et pour son logeur.

Clovis. Et lui. Ils n'étaient que deux dans le petit appartement new-yorkais et c'était une situation qui leur convenait fort bien.Assez libres pour faire ce qu'ils voulaient, ensemble en cas de coup dur. Juste eux, les deux frères Tyrell, contre le reste du monde. C'était ainsi depuis des années et, d'une certaine façon, Aidan aurait aimé que cela dure toujours. Les Tyrell contre le monde entier. Juste eux. Personne d'autre. Par la force des choses, Sonny s'était retrouvé à vivre dans le petit appartement, lui aussi. Enfin la force des choses... La force de Sonny surtout, puisqu'il ne leur avait pas vraiment laissé le choix. Et parce qu'Aidan n'avait pas vraiment refusé, ni trouvé la force de le faire. Bref, les deux Tyrell profitaient d'une courte matinée en tête à tête, pendant que le demi-dieu fils d'Aphrodite vagabondait... Quelque part. « C'est qu'un con, de toute façon. Il doit baiser quelqu'un quelque part et il va rentrer comme une fleur quand il aura la dalle. » Aidan, l'élégance incarnée dans un seul homme. La dalle, c'était lui qui l'avait, actuellement. « Clovis, c'est à toi d'aller faire les courses cet après-midi. Y a plus de céréales. » Il regarda le fond de sa tasse de chocolat. « Oups, pas de p'tit déj' pour le Sonny. » Et la sonnette retentit. « On parie que c'est lui ? » Parler tout seul, Aidan en avait l'habitude. Il se leva péniblement du canapé, le chocolat chaud se balançant dangereusement dans la tasse, et gagna l'entrée. Pour tomber effectivement sur Sonny... qui n'était pas seul. « Aidan ! » « Sonny ! » Même ton, pourtant beaucoup moins sympathique et pas dépourvu d'ironie. Et puis la suite... Aidan hésita grandement entre les différentes options qui s'offraient à lui. Lui claquer la porter au nez ? L'embrasser devant ce qui devait être sa conquête du jour ? Lui donner une gifle ? Le chocolat trancha ce difficile dilemme en effectuant un vol plané magistral, recouvrant les nouveaux arrivants. « Oups. » Là encore, ce n'était pas une excuse. « Le chocolat aime bien s'envoler de temps en temps... Vilain chocolat ! » Devant l'expression du deuxième type, Aidan se fraya un passage entre Sonny et le mur et s'approcha de l'inconnu. Et renversa ce qui restait de chocolat sur sa tête, histoire de parfaire son chef d'oeuvre. « Mmh... Beaucoup plus présentable. » Il fit volte-face pour tomber nez à nez avec Sonny. « Tu métamorphoses les gens maintenant ? J'aime bien le résultat, moi. Tant mieux pour lui. » Il éclata d'un rire qui lui ressemblait assez peu en définitive.

Pas de claques, pas de retour à la porte. Non, juste un chocolat bien chaud sur la tronche. Et sur celle de Valentine. Il fallait dire que ça, il ne s'y attendait pas.

- Putain tu fais chier bordel de merde...

Il passa une main sur ses vêtements sales à présent. Dès le matin, c'était dégueulasse. Bon, il pouvait s'estimer heureux de ne pas avoir reçus autre chose dans la figure. Et il avait l'air de se... Foutre d'eux complètement. Parce qu'il en comprenait pas sans doute la gravité de la situation, de sa situation à lui et à cette pauvre... Fille garçon ?! Le reste du chocolat termina sa course sur cette pauvre d'ailleurs et Sonny se retint de hurler à nouveau. Non non,il devait rester calme, très calme. Et dire qu'il avait dit à son, sa, nouvel(le) ami(e) qu’ils étaient sympa ici. D'un côté il comprenait. Aidan et lui c'était compliqué. Il savait ce qu'il ressentait, et Sonny... Évidement il était allé voir ailleurs. Et bien il avait eut une sacrée leçon, une chose était sûr, il ne recommencerait plus.

- Tu métamorphoses les gens maintenant ? J'aime bien le résultat, moi. Tant mieux pour lui.
- Tu te fou d'ma gueule là ? Tu crois que j'ai fais exprès ou que... Mais putain, c'est ELLE d'accord, pas IL ! - enfin non plus vraiment mais d'un côté, Valentine devait se sentir tellement mal – c'est ça, marre toi pauvre con. Ben je te signale que Valentine va rester ici quelques temps, d'abord.

Il se tourna vers Valentine et lui désigna sa chambre d'un signe de la tête. Il la voyait mal dormir avec Clovis, ou encore Aidan (la bonne blague) donc elle n'avait comment dire, pas trop le choix. Il mettrait un draps entre leur lit s'il elle préférait, ce que Sonny comprenait parfaitement. L'appartement des Tyrell se transformait peu à peu en un refuge pour hommes dans abris. Et lui, Sonny Gaither, avait le culot énorme d'imposer tout ça aux frères Tyrell. Il lui indiqua la salle de bain, histoire qu'elle aille se changer et éventuellement s'ôter tout ce chocolat.

- Écoute Aidan je...

Je suis désolé ? Non, pas vraiment, il ne pouvais pas lui sortir ça comme ça, parce qu'il n'avait pas pu s'en empêcher, une fois de plus. C'était plus fort que lui. Oh et puis ils n'étaient pas un couple non plus. Ni lui ni Sonny ne s'était un jour mis d'accord là dessus. Ils s’engueulaient souvent, se rabibochaient le temps d'un soir, et puis tout recommençait... Oui, il y avait quelques après midi où ils partageaient des trucs sympa mais... Mais il y avait toujours ce « mais » qui les empêchaient de passer au niveau supérieur. La subite envie de se jeter dans ses bras le prit mais non, ce n'était ni le moment, ni les bonnes circonstances.

- Faut t'en prendre à moi, pas à... Elle.

En fait si, il aurait aimé qu'il s’en prenne uniquement à cette fille. Mais il se sentait tellement coupable, tellement... S'il n'avait pas cédé, elle n'en serait pas là, lui non plus. Il serait rentré comme prévu avec les deux frères, aurait passé une soirée banale, et aurait pu déjeuner tranquillement avec ses deux colocataires. Au lieu de ça, cette journée était une des pires de toute sa vie.

Putain, il faisait chier bordel de merde ? Aidan considéra celui qui s'était imposé comme leur colocataire. « Je sais. » Ça pour savoir, il savait. C'était presque un art, en définitive, et Aidan tendait vers l'excellence dans ce domaine. « Je ne sais pas si tu as fais exprès et honnêtement, je m'en fous complètement mon cher. » Il y avait des jours avec et des jours sans. C'était un jour sans. Cela dit, il valait mieux pour les yeux de ce pauvre type et de Clovis : les jours avec étaient assez brûlants en général. Et rares. « Écoute Aidan, je... » « Tu ? »Toujours ce même ton, qui reprenait les mots et le ton de Sonny tout en les rendant dérangeants, pervertis. « Cet appartement n'est pas un hôtel. » Chaque mot claqua, l'un après l'autre, faisant tressaillir le dernier invité en date, le type inconnu. Aidan soupira aux derniers mots de Sonny et leur tourna le dos à tous. Qu'est-ce qu'il en avait à faire, que Sonny aille voir ailleurs ? Ce n'était pas comme si ça allait le déranger, de toute façon. Non, bien sûr que non, ça ne le dérangeait pas le moins du monde. Il n'attendait rien ne lui, n'attendrait jamais rien d'un type comme ça. Les plantant dans l'entrée – l'inconnu passa derrière lui et se réfugia dans la chambre indiquée plutôt par Sonny comme s'il avait le feu aux fesses – Aidan gagna le salon et jeta presque la tasse vide sur la table basse. « Je m'en fous, Sonny. Tout ce qui touche à toi... Je n'en ai rien à faire. » Sortir un tel mensonge avec tant de désinvolture était presque un record, en soit, surtout vu tout ce qu'il pouvait ressentir rien qu'en posant les yeux sur son camarades.

Sa gaieté s'était envolé tandis qu'il regardait Sonny et Clovis dans la pièce. Partir et tout balancé, partir sans se retourner... Ça ne manquait pas de charme. Partir et les oublier, tous autant qu'ils étaient, mener sa vie de petit mortel bien normal, bien banal, bien classique... Il n'était que ça, après tout. Un mortel. Juste un mortel. Un énième mortel parmi toutes ces choses. Si Sonny avait accepté son amitié, c'était uniquement par attrait pour un peu d'exotisme, mais sans doute aussi par Aidan n'était rien à côté de lui. Impossible d'exister quand on avait à côté de soi Sonny, l'enfant d'Aphrodite. Impossible de vivre, impossible d'aimer, impossible d'être. « J'imagine que ce type est la même chose que vous ? Sans doute, sinon il n'aurait jamais terminé dans ton lit. » Venimeux, chaque mot l'était, chacun davantage que le précédent.

Il regarda valentin gagner la chambre qu'il lui avait indiqué, Clovis bailler et Aidan partir en direction du salon. Il se sentait... Affreusement mal. Oh non, sans doute pas aussi mal que le pauvre demi-dieu qu'il venait de ramer chez les Tyrell, mais très mal quand même. Triste, un peu. Et complètement vidé aussi. Il osa faire un pas en sa direction, tâchant de rester droit, la tête haute. Les mots qu'il lui lâcha à la figure résonnèrent dans sa tête. Et ne le quittèrent plus. Il ne pouvait pas s'en foutre. Ce n'était pas possible. Pas Aidan, pas lui... « C'est de ta faute, la tienne. La tienne, la tienne... ♫ » Il se prit le visage entre les mains et réprima un sanglot/juron/grognement. Et tout ça devant l'autre frangin qui devait tenter de décrypter – à moins qu'il ai comprit depuis temps, c'était Clovis mais Clovis avait un cerveau – Sonny ressentait presque une certaine honte. Il avait envie de l'envoyer voir ailleurs mais il sentait que s’il s'en prenait au benjamin, Aidan allait moyennement apprécier. « Tout ce qui touche à toi... Je n'en ai rien à faire » Un mensonge, rien de plus il l’espérait. Parce qu'il l'aimait. Il l'aimait plus que tout au monde et Aidan ne l'entendrait probablement jamais. A chaque fois il reculait d'un pas, il s'éloignait. Il n'osait pas lui dire, sans doute par peur que cela ne soit pas réciproque.  Sauf qu'il savait très bien qu'il avait une chance. « Plus maintenant... » Le chasseur reprit la parole et Sonny ne pu s'empêcher de lâcher un long soupire. Comment lui expliquer... Qu'il se trompait tout simplement ? Il sentit Clovis battre en retraite derrière lui, le « vous » l'ayant sûrement vexé, il le vit partir en direction des placards et chercher sans aucun doute un paquet de biscuits pour se réconforter.

- Ça n'a rien à voir Aidan, rien du tout...

En fait il ne savait même pas de quel dieu elle descendait. A vrai dire, ils n'avaient pas vraiment parlé de ça pendant leur soirée. Mais puisqu'elle était pote avec Grace et qu'elle était venu dans un bar très côtoyé par les gens de leur espèce...

- C'est, enfin c'était heu une... Une chasseresse d’Artémis.

Plus maintenant en tout cas. La déesse avait du voir rouge. Bon, d'un côté sa disciple avait été quelque peu surexcité lors de la soirée, elle savait pas les choisir un point c'est tout. Parfois il se demandait comment sa demi-sœur pouvait en faire partie elle aussi.

- Et toi t'es jaloux c'est ça, hein ? Tu nous hais avoue, même ton propre frère, je suis sûr que quelque part, tu le déteste. Tu ne nous aime pas, parce que tu nous vois comme des monstres. Et tu pense que j'ai couché avec elle parce qu'elle est comme moi ? Et bien tu te trompe complètement. J'en ai rien à faire, rien du tout. J'ai craqué parce que je suis un être misérable voilà tout. Tu peux te foutre de moi autant que tu veux, tu le sais mieux que personne, on a tous nos vices. Je ne te mérite pas. Je ne sais même pas pourquoi j'essaie, je n'y arriverais pas.

« Prend une pelle, creuse un grand trou petit demi-dieu, et saute dedans ! » Clovis avait levé la tête de son placard, les regardant un à un. Sonny reprit son souffle. Parfois il se demandait pourquoi sa mère avait fait ça. Parce que c'était elle, la responsable de tout ça. S'il avait jeté son dévolue sur ce mortel c'était – à ses yeux – uniquement de sa faute. Oh, comme il la haïssait en cet instant précis.

La surprise écarquilla les yeux d'Aidan un bref instant avant qu'il n'éclate de rire. « Une chasseresse. En plus. » Le fou rire le reprit de plus belle, inontrôlable. Ce n'était pas lui qui s'exprimait, il ne se serait jamais moqué ainsi d'une personne... Si ? Mais cet inconnu, cette inconnue, il ne le connaissait pas. Tant qu'il ne savait rien de cette personne, elle n'existait pas vraiment, il pouvait se foutre d'elle à volonté, l'ignorer, la rouler dans la boue. Tant mieux si ça lui faisait du mal, Sonny était là pour la protéger de toute façon. Ô grand Sonny, toujours présent au bon moment, que ce soit pour Lucianna ou ce type. La tirade du sang-mêlé coupa cependant le chasseur ans sa bonne tranche de rigolade et un silence pesant s'installa dans la pièce qui faisait à la fois office de salon et de cuisine. Aidan jeta un bref coup d’œil à Clovis avant de revenir fixer Sonny. Il se leva prestement du canapé, se plantant devant son colocataire, raide comme la justice. « Si tu savais à quel point... » À quel point il était un monstre, à quel point il était un être misérable, à quel point il les haïssait tous. À quel point Aidan pouvait l'aimer malgré tout ça, à quel point il le désirait, à quel point il le méprisait. Et à quel point il se haïssait de haïr, combien il se dégoûtait d'être à ce point-là incapable d'être réellement amoureux. Amoureux pour de vrai, sans sentiment négatif, sans peur, sans crainte de ne pas être aimer. D'aimer... simplement. Et sans condition. Le nouveau silence qui s'était installé dans la pièce s'étira encore un peu, tandis qu'il fixait Sonny. Ils étaient très proches l'un de l'autre, ils se frôlaient, et pourtant ils n'avaient jamais été aussi loin de se toucher qu'en cet instant. À des années-lumières l'un de l'autre, aussi lointains que peuvent l'être deux opposés. « Mais bon, tu as raison, tu ne me mérites pas. » Le ton enjoué avec lequel il s'exprimait et ses gestes mesurés, précis, contrastaient avec les tremblements de ses mains quand il se retourna pour attraper la tasse posée sur la table basse.

Il gagna en sifflotant le coin cuisine sans plus un regard pour Sonny ou Clovis et s'apprêtait à passer la tasse sous l'eau quand la sonnette retentit. « Putain ! » Explosion violente de tasse, les débris de porcelaine giclèrent dans toutes les directions quand le petit récipient se fracassa au sol. C'était son seul geste de colère, seule symbolique représentant la violence qui l'habitait ces derniers temps. Ces derniers temps seulement ? Qui l'habitait depuis toujours. D'un pas empli de colère contenue, Aidan traversa le salon telle une furie et ouvrit brutalement la porte d'entrée. « Putain, quoi ? »

Me dis pas que c'est ici bordel... On est bien chez Aidan Tyrell ? grogna la petite mamie Turner.

Quelques heures avant de tomber nez à nez avec un mortel visiblement en colère, Neal et Grace étaient dans New York. Ils avaient quitté le magasin de fringues totalement épuisés, affolés aussi. Leur journée avait mal commencé et elle en faisait qu'empiré. Sur les coups de midi Grace avait atteint la vingtaine, oh joie. Durant une heure, brève hélas, elle avait cru que ce cauchemar était terminé, fini. Elle avait retrouvé le sourire, juste une fois, avant de se rendre compte que ses os la faisaient encore souffrir. Ils s'étaient alors mis en quête de l'appartement de Sonny, enfin, de l'adresse donné par Sonny ou son pote. Ils avaient besoin d'aider, sans aucun doute, et celle de d'autres demi-dieux serait sûrement utile.

Hé, Neal... C'est moi ou j'ai des cheveux blanc ?

Elle avait l'âge d'être sa mère maintenant. Elle regarda sa montre. Dix huit heure. Elle soupira. C'était quoi la suite, elle devenait vieille et restait coincé dans ce corps maudit à jamais ? Oui, elle avait bien des cheveux blanc. Ils s'arrêtèrent de nouveau pour qu'elle puisse se changer. C'était un sentiment horrible, se sentit aussi impuissante, vulnérable...

On est bientôt arrivé tu crois ?

Ils avaient eu le temps de se paumer vingt fois au moins. Ils durent faire une pause, les jambes de Grace souffrant atrocement. Combien de temps restèrent-ils là, assit sur ce banc de central park ? Aucune idée. Elle qui voulait passer le plus de temps avec lui, c'était gagné, elle avait gratté une journée entière plus la nuit. Fantastique. Toute la journée la même question avait tourné en boucle dans sa tête. « Est ce qu'il va me laisser tomber parce que je... Je suis comme ça ? » Elle savait que non, mais elle avait peur. Cette peur devait faire partit du plan d'Artemis. La démoraliser, lui faire perdre confiance en être qu'elle aimait le plus au monde. Mais Grace restait Grace, et, à dix neuf heures, quand elle sentit que le moment était venu, elle vola une canne à une pauvre vieille sans défense.

Tandis qu'elle grimpait les escaliers de l'immeuble en compagnie de son petit ami, Grace se demandait si elle n'allait pas y laisser sa peau. Sérieusement, le dernier étage ? Elle toussota et passa une main dans ses cheveux, geste qui pouvait paraître étrange quand on voyait l'âge de la personne qui le faisait. Et ils arrivèrent devant la terre – enfin l'appartement – promise. Et Neal frappa ( Grace ayant du mal à donner des coups à présents). La porte s'ouvrit et un homme d'une vingtaine d'année leur fit face, en gueulant. Accuiel chaleureux.

Me dis pas que c'est ici bordel... On est bien chez Aidan Tyrell ?
Oui oui ! C'est ici !

Elle tordit le coup pour voir un garçon blondinet dans sa cuisine, qui leur faisait des grands signe. Et son demi frère, planté là au milieu de la pièce et qui semblait... Démoralisé. Elle poussa comme elle le pu l'homme qui leur avait ouvert la porte.

Grace Turner, enchanté, Neal, mon copain. - elle se tourna vers son demi frère - Bon sang Sonny, j'ai besoin de toi !

Et comme c'était son frère, elle se jeta dans ses bras. Il ne la serra pas vraiment, sans doute dérouté par tant de... Vieillesse. Il la regarda sans comprendre, puis dévisagea Neal et puis reporta son regard sur elle.

Bordel...
Oui, c'est le cas de le dire. On peut rester Neal et moi le temps que... Les choses se tassent ? Enfin, si ton pote est d'accord évidement...

Grace avait un don pour s’imposer de force, et c'était bien ce qu'elle avait l'intention de faire. Neal n'avait ul part où aller, elle non plus.