Une histoire comme mille autres. Un shérif texan et une jeune ménagère. Une histoire de romance comme on peut en citer tant d'autres. Une rencontre hasardeuse -ou non, tout dépend si vous croyez encore au hasard après cette histoire-, un coup de foudre -si vous y croyez encore, également-, un amour clandestin entre deux jeunes gens épris l'un de l'autre dans le plus grand des secrets. Lui n'avait jamais put finir ses études, trop impétueux et fougueux pour qu'il soit bridé. Elle préparait un examen pour entrer en études supérieures, quittant le Texas et ses rêves d'avenir pour un tout autre futur... Un amour semblable à l'eau et à l'huile, deux opposés qui ne pouvaient se confondre, et pourtant... Si l'on mélange les deux liquides, n'obtient-on pas une vinaigrette ? Ils essayèrent de se mélanger. Une nuit, deux corps épris l'un de l'autre, qui se confondent et s'unissent en un seul le temps d'un instant. Néanmoins, avec le temps, les deux liquides que sont l'eau et l'huile finissent par se séparer quoi qu'il advienne sans un autre ingrédient pour les souder entre eux...

« 'Becca... Tu es sûre ?
- Le docteur est formel. Je ne peux pas avoir d'enfants... Annonça t-elle en pleurs.
- Je... Enfin... Balbutia t-il, perdu. Je suis désolé.
- Ce n'est pas ta faute... Pleura t-elle à chaudes larmes, sans pour autant fondre en sanglots. On pourra vivre sans. »

Des paroles vides. Elle n'était pas convaincue. Un enfant, c'était ce qu'elle désirait depuis toute petite. On lui avait raconté depuis toute petite qu'un jour, un prince charmant viendrait l'enlever pour la combler de bonheur et lui offrir le plus précieux de ses biens : une descendance. A quoi bon laisser des bonnes fabuler pareilles bêtises ? La nonne qui avait conté ces quelques fables aurait mieux fait de se taire, car elle venait de faire le malheur d'une femme... Ben, son fiancé, ne savait pas quoi dire pour la réconforter et la laisser donc se reposer au creux de ses bras. C'était bien la seule chose qu'il pouvait lui offrir. Il s'en voulait, bien qu'il n'y était apparemment pour rien. Ils décidèrent d'adopter, mais ce fut bien difficile, tout n'était pas en règle et l'adoption leur fut refuser. Le drame fut plus important encore pour Rebecca... Être mère, c'était tout ce qui l'importait ! Et ce, à n'importe quel prix. Si bien que la dame succomba aux charmes d'un bel étranger qui prétendait pouvoir la combler et lui apporter ce qu'elle désirait le plus au monde. D'abord réticente vis à vis de son mari qu'elle aimait passionnément, elle décida d'accepter la demande de l'inconnu. Inconnu aussi appelé Héphaïstos, maître-forgeron de l'Olympe qui avait bien décidé de se forger une nouvelle descendance. Était-ce par amour ? Par désir sexuel ? Par pitié qu'il avait décidé de féconder la mortelle ? Nous n'en savons rien. Il ne s'est pas prononcé sur la chose, et ne le fera peut-être jamais. Et là, le miracle s'accomplit... Mais un miracle n'arrive jamais seul, et il entraîne toujours des complications !

Un 16 octobre 1990... Dans une maternité au Texas, Rebecca Landers venait de décédée. Son enfant, Reynold, survit contre toute attente. Ben, le prétendu "père" était effondré, en larmes, d'autant plus qu'il savait -de la bouche de sa femme- que cet enfant n'était pas le sien. Que s'était-il passé dans l'envers du décors ? Comment cet enfant avait bien put survivre ? Son état était apparemment particulièrement mauvais, il aurait dût mourir d'un problème cardiaque quelques secondes après son arrivée sur Terre... Son père, Héphaïstos, en avait décidé autrement. Certainement touché par le drame des Landers, malheureux couple qui ne pouvait avoir d'enfants, ou alors par simple amour pour son fils, le forgeron sortit de sa forge et alla implorer Héra, sa mère, de l'aider à sauver son rejeton. Le malheureux boiteux inspira certainement de la pitié à sa mère dédaigneuse, ou alors ce fut la bouille du bambin qui la ravie, mais quoi qu'il en soit : elle le sauva in extremis. La naissance de Reynold Alexander Landers fit taire les docteurs qui avaient annoncés à la défunte Rebecca qu'elle ne pourrait avoir d'enfants, et la naissance de cet enfant demeura longtemps un mystère pour tous, y comprit pour lui.

Un enfant illégitime, un bâtard comme on pourrait l'appeler, bien qu'il portait le nom de son père d'adoption. Ben l'accepta malgré tout, il en fut presque contraint, étant donné que les derniers souhaits de son épouse furent qu'une bonne éducation et de l'amour soient offert à son fils unique. Comment aurait-il put lui refuser cela sur son lit de mort ? C'est ainsi que le shérif décida de prendre soin, seul, de ce fils qui n'était pas le sien... Il l'éleva de son mieux, comme si il était fait de sa chaire et de son sang, lui inculqua des valeurs propres à tout Homme qui se respecte, lui apprécie à différencier le bien du mal et à aider son prochain. L'enfant fut élevé dans l'ignorance, et jamais un Olympien ne vint réclamer un dû à son tuteur : Reynold grandit paisiblement, loin de ses origines...
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Seize années plus tard.

« Landers, encore toi... Soupira un shérif assez massif en s'asseyant sur un siège, dans la pénombre, non loin de Reynold.
- Exemptez-vous de votre sermon habituel, Hopkins. Soupira le texan en détournant son regard, le dos voûté.
- Je suis même plus étonné de voir ici. De la mauvaise graine, v'là ce que t'es gamin ! Ton vieux père doit avoir honte de toi...
- Ne parlez pas de mon père comme ça ! Lâcha subitement Reynold en essayant de peser ses mots.
- Tu trouves pas qu'il a déjà assez de soucis comme ça en ce moment, garçon ?
- Alors épargnez lui le besoin de devoir payer une caution ou un truc du genre... Vous avez qu'à me laisser partir, si vous voulez pas le peiner.
- Va pas croire que tu peux m'avoir par les sentiments, gamin. Je suis pas né de la dernière pluie !
- Je sais pas quand vous êtes né, Hopkins, mais votre mère a dût douiller à en croire votre circonférence !
- Toujours les mêmes piques, hein... Tu me feras plus sortir de mes gongs, petit. Dit-il calmement en entremêlant ses doigts sur la table qui le séparait de son interlocuteur. On a tout cette fois... "Burning Chicken", hein ? J'ose espérer que tu te fous pas de notre gueule.
- Bien sûr que non, c'est pour promouvoir notre prochaine ligne de fast-food de poulets panés... Je croyais que vous n'étiez pas né de la dernière pluie, "m'sieur" ?
- Continue de jouer au plus malin, garçon... Riras bien qui rira le dernier !
- J'ai toujours eut la plaisanterie facile, je rirais toujours plus fort que vous, Hopkins... »

Il n'avait que seize ans et pourtant, Reynold Alexander Landers avait déjà un casier judiciaire bien fourni. C'était difficile à croire en le voyant... Un gamin avec une gueule d'ange, un petit sourire espiègle au coin de la face, tout mou, ayant plus l'air d'un garnement arrogant que d'un délinquant juvénile. Il avait été contrôlé à de nombreuses reprises pour différents piratages, intrusion dans le réseau informatique de son collège, ou encore pour quelques bricoles. Là, c'était plus sérieux : création d'une radio indépendante proliférant diverses informations mensongères. Avec deux de ses amis, Reynold avait réussi en un temps record à transformer son garage en un véritable réseau radiophonique très performant... Néanmoins, deux jours plus tard, les forces de l'ordre ont débarqué et ont embarqué le matériel. Dommage... Le "Burning Chicken" s'est vraiment brûlé les ailes en s'approchant trop près d'un soleil ardent !

Rey' avait désormais l'habitude de se retrouver face à des ex-collègues de son père, désormais en retraite anticipée à cause d'un problème cardiaque ayant affecté son travail au sein du corps exécutif texan. Il n'avait pourtant que quarante neuf ans, mais il était déjà au plus mal... Ce jour là, il n'eut même pas put se bouger pour aller rechercher son fils à cause des examens à domicile qu'il devait subir, et envoya donc un de ses plus fidèles amis : Larry. Un gars du voisinage au teint mât, portant toujours un bob et utilisant des béquilles pour se déplacer suite à l'amputation de son pied gauche, suite à une blessure de guerre. Reynold n'avait jamais sût laquelle, par ailleurs... Le Golfe, peut-être ! Qui sait ? Il n'osait pas demander, même si ça l'intriguait. La garde à vue ne dura que quelques heures, juste le temps d'engourdir les membres du demi-dieu qui peinait un peu à suivre l'éclopé qui lui servait de garde pour retourner chez lui. Il savait par ailleurs que dès qu'il franchirait la porte de chez lui, son père allait piquer une crise... Et ça n'avait pas manqué. Mais il ne lui en voulait pas. L'adolescent savait pertinemment qu'il causait beaucoup de tort à son père mais c'était plus fort que lui. Il passait ses journées à trafiquer des choses dans le garage qui lui servait de repaire. Il alternait la construction d'un appareil avec la réparation d'un autre. Avec un père malade, il devait s'assurer lui-même de certains labeurs pénibles comme la réparation du toit de leur bonne vieille maison ou même celle du moteur de la bagnole : une vraie épave d'un jaune pâle dont la peinture s'écaillait sous le soleil de plomb du Texas...

Rey' avait toujours vécu ici, au Texas. Grandissant à travers les vaches, un chapeau de cow-boy sur la tête, toujours en train de répéter les répliques de Clint Eastwood avec cette même assurance, ayant apprit les mythes de l'Ouest... Il fantasmait déjà tout petit sur la carabine de son paternel qui était accroché au dessus de cette grande étagère en bois sombre, du cerisier apparemment. Une carabine qu'il rêvait de porter un jour, mais qui ne lui avait jamais été confié. En dessous, se trouvait l'une des rares photo de sa mère lorsqu'elle était encore en vie... Rebecca. Une femme charmante, à en croire ceux qui l'eurent connu. Son père lui, parlait rarement du passé, préférant se tourner vers l'avenir comme il le disait si bien, bien qu'il lui arrivait de se saouler le soir pour oublier sa tristesse, ses mœurs... Rey' s'efforçait de le comprendre. Il n'avait jamais connu sa mère et n'avait jamais été un grand curieux, donc il évitait de lancer trop souvent son père malade sur ce sujet. Préférant alimenter sa faible curiosité en rumeurs qui couraient au sujet de sa mère, une femme brillante destinée à un grand avenir avant de rencontrer Ben, son père -adoptif-, et de sombrer dans une profonde déprime quant à sa stérilité, jusqu'à la naissance de son unique fils : Reynold.

Pauvre Reynold... Sa mère, et maintenant son père : Ben. Il ne fallut pas attendre bien longtemps pour qu'un triste jour d'été, il lui soit enlevé. Son coeur avait lâché dans la nuit et au petit matin, l'adolescent avait découvert son père sans vie dans le fauteuil du salon, en train de regarder les informations nationales dans le plus grand des silences. Aucun enfant ne devrait vivre ça... Celui ci fut particulièrement affecté, il resta des jours cloîtré dans sa chambre, ne touchant même plus à un outil pour confectionner quelques trucs. Il se remettait en question, pleurait à chaudes larmes, et ne s'alimentait plus tellement. Il était devenu une loque, purement et simplement. Un jour cependant, il reçut un mail différent des autres... Aucune condoléance, aucune lamentation, aucune excuse. Un simple email explicatif dont le rédacteur n'était autre qu'une dénommée "Iris". L'email était doré, comparé aux autres qui étaient d'un blanc immaculé. Une petite musique triomphante s'activa quand Rey' ouvrit le mail :

Iris a écrit:

Cher demi-dieu,
Mon nom est Iris, je suis messagère des Dieux -bien plus efficace qu'Hermès, soit dit en passant.-
J'ai l'honneur de t'informer, Reynold Alexander Landers, que tu es le fils du dieu des forges Héphaïstos ! Tu te demandes sûrement si tu ne devrais pas plutôt fermer ce fichu mail qui ne raconte que des bêtises, eh bien tu as tort ! Les demis-dieux... Vraiment tous pareils ! Vous ne croyez vraiment que ce que vous voyez !
N'as-tu pourtant pas des dons particuliers ? Des dons que toi seul possède ? Je suis sûr que j'ai touché dans le mille ! Ton véritable père n'est pas Benjamin Stanley Landers, mais bien Héphaïstos, dieu des forges; quant à ta mère, il s'agit bel et bien de Rebecca Loanna Landers, née Brown.
Vous trouverez ci joint à ce mail divin toutes les informations nécessaires pour rejoindre un endroit où des personnes comme vous se trouve : le camp des sangs-mêlés! Il y a également d'autres choses comme des explicatifs concernant votre naissance, itou itou !
Cordialement, Iris !

Comment l'auriez-vous prit, vous ? Certains auraient probablement sauté de joie -et je ne comprend pas ces gens !-, d'autres auraient été bouche-bée, et il y a Rey' qui, quant à lui, s'est levé d'un bond, à commencer à se frictionner le crâne, à prendre des bouffées d'air, avant de finalement jaillir hors de chez lui, en boxer, pour s'extérioriser et commencer une crise de panique... Et devinez quoi ? Il ne se rendit pas par ses propres moyens à la colonie, mais bien par l'intermédiaire d'un ex-ami de son père : Larry, le satyre ! (et non pas l'estropié !).
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Quatre ans plus tard.

Désormais âgé de vingt ans, Rey' se trouvait depuis quatre ans à la colonie. Il avait prit en muscles, mais aussi en pilosité -son papa adoptif n'ayant pas eut le temps de lui apprendre à se raser, certainement-. Il avait prit ses marques à la colonie, mais également à l'extérieur où il avait un petit job en tant que garagiste à mi-temps, pour combler son temps libre mais aussi pour poursuivre sa passion pour la réparation et la mécanique. A la colonie, il était devenu forgeron en compagnie d'un jeune demi-frère mexicain appelé Alejandro dos Santos Pareja, un morveux de douze ans à tout cassé qui ne savait rien faire d'autre que courir partout en agitant ses cheveux bouclés et son bonnet à pom-pom, rendant Reynold responsable du moindre de ses faits et gestes dans la colonie...

Rey' n'avait, par ailleurs, pas fait que des bonnes rencontres à la colonie. Parmi ces mauvaises rencontres, il pouvait citer Felicia, la centaure qui était tombée follement amoureuse de lui et qui le pourchassait au galop pour quémander un baiser... Une sangsue par excellence ! Il y avait également Andrea, une fille d'Aphrodite qui s'était bien moqué de lui à son arrivée ici avec son pouvoir d'enjôlement... Elle l'avait charmé pour mieux le larguer, et ainsi l'humilier aux yeux de ses comparses insupportables qui la suivait comme des petits chiens ! (bien que Rey' fut parti de ces "petits chiens", fut un temps). Et le voilà aujourd'hui, âgé de 25 ans... Et toujours là, à la colonie !