Un matin, un lapin aurait tué un chasseur. Mais ce chasseur était trop musclé et plein de graisse en trop. Cela l'aurait alors ralenti et il se serait débarrassé de son arme de chasse pour courir plus vite. Malheureusement, le lapin s'était saisi de l'arme et avait changé d'apparence pour prendre celle d'Arès. Le chasseur qui s'était alors retourné pour voir où se trouvait le lapin voyait un homme. Arès lui tira dessus et l'homme tombait au sol. L'homme en question avait le visage d'Aaron. Fort heureusement, Aaron se réveilla de son cauchemar et transpirait comme une pute à l'église. Son cauchemar l'avait tellement effrayé qu'il était tombé à la renverse de son lit.

Aaron se leva en grognant intérieurement. Que son père lui soit apparu dans ses visions de la nuit du à son sommeil, le dérangeait vraiment. Cela est s'en doute dû au fait qu'il voit tous les jours des statues de son père au bungalow et que cela l'enrage toujours. Revêtant un simple pantalon et mettant des bottes en cuir, Aaron ne chercha pas à mettre de T-shirt. Aujourd'hui, il allait faire de l'exercice et pas qu'un peu. De ce fait, il n'était pas question de faire une lessive pour cela. Et puis, être torse nu permet aussi d'être plus libre dans ses mouvements tout en entraînant sa condition physique. Il ne rajouta à ce qu'il avait sur lui, qu'une épée qu'il calait contre la ceinture bloquant son pantalon.

Cela fait, il sortait de chez lui avec un regard sévère, prêt à faire ce qu'il doit faire. Il n'avait nul peur et personne ne l'arrêtait, car tous connaissaient ce dont il était capable dans cet état. Sa marche n'était pas bien longue, à peine cinq minutes. Et encore, peut-être que cela faisait moins long. Étends arrivé là où il souhaitait se rendre, Aaron regardait avec haine et rage la statue d'Arès. Il n'avait aucunement le droit de venir dans ses rêves pour les transformer en cauchemar. Plantant son épée dans le sol, il changea peu à peu son corps en acier et un sourire sadique remplis de haine apparu sur son visage. Sans plus attendre, il frappa la statue d'Arès en utilisant toute sa force dans chacun de ses coups. Il se moquait pertinemment que ce soit la représentation de son père.

Plongée dans sous le sombre couvert de Nyx, la colonie des sang mêlés semblait étonnement calme. L'agitation de la journée avait depuis longtemps cessé  et les enfants des dieux étaient pour la plupart profondément endormis et livrés aux bras de Morphée, le Seigneur des rêves.  Me prélassant dans mes quartiers sur un somptueux divan, j'observais mes enfants depuis l'Olympe à travers l'un de mes miroirs particuliers, par habitude. Ces derniers temps, je me sentais assez préoccupée par toutes les émotions négatives que je percevais dans le cœur des demi-dieux. Ils étaient de plus en plus à se renfermer sur eux même et à a rejeter l'amour de leur parent divin, et cela valait même pour mes propres enfants, ce qui m'attristait beaucoup. C'était mon rôle après tout que de répandre l'Amour sous toutes ses formes et de préserver son étincelle dans les cœurs des mortels.  

Toute à ma contemplation, mon attention se porta vers un sang-mêlé, parfaitement éveillé en dépit de l'heure avancée. Ce sont les émotions fortes et revanchardes que je sentais émaner du jeune homme qui ne manquèrent pas d'attirer mon regard. Son cœur m’apparaissait aussi dur que l'acier recouvrant sa peau, si sombre et tumultueux qu'il en étouffait la faible lueur d'amour qui vacillait en son sein.

« Il semble que ton fils soit remonté contre toi. » Commentais-je d'une voix mélodieuse à l'attention de mon amant qui ne semblait pas dérangé le moins du monde par la démonstration de violence gratuite à laquelle se livrait son rejeton. C'était normal au fond, de la part du Dieu de la Guerre, tout comme l'était d'ailleurs le comportement emporté du garçon. Les chiens ne font pas des chats, comme les humains se plaisaient à dire. La voix grondante d'Arès, qui était en train de se rhabiller non loin de moi, ne tarda pas à me répondre. « Ce gamin a encore beaucoup de chemin à faire s'il veut prétendre se mesurer à moi. »  

Alors que je me levais pour enfiler une légère robe en soie rouge absolument divine, je l'entendis vaguement ajouter quelque chose à propos de statues qui ne rendaient pas les coups et de leçons méritées avant que mon compagnon ne s'en aille, m'annonçant qu'il avait beaucoup à faire avec tous ces affrontements au Moyen-Orient. Les choses auraient pu en rester là. J'aurais pu me contenter d'ignorer ce jeune demi-dieux comme je le faisais d'ailleurs bien souvent, mais cette fois ci, je décidais de m'en mêler. Nos enfants demi-sang étaient supposé nous respecter et se battre à nos côté, non nous haïr et au vu de la situation actuelle il n'était guère étonnant que certains d'entre eux aient comploté pour nous renverser. Il fallait vraiment faire changer les choses et l'Amour c'était mon domaine.  

Un battement de cœur plus tard, j'apparaissais derrière le jeune homme dans un silence de la nuit. Il semblait de toute façon bien trop occupé à briser la pierre à coup de poings pour me remarquer. Non pas qu'il reste grand chose de la fameuse statue qui se trouvait désormais dépourvue de la plupart de ses membres et présentait un trou béant dans la poitrine. Je l'épiais quelques instants et profitais qu'il reprenne son souffle une seconde pour révéler ma présence en déclarant:

« Je me demande ce qu'a donc bien pu faire ce malheureux bloc de pierre pour mériter un tel traitement. » Esquissant un doux sourire, je sortis de la pénombre et m'approchais d'un pas gracieux pour me rendre à ses côtés. « La violence n'a jamais aidé à résoudre les conflits, tu sais. »

Aaron ne pouvait espérer plus merveilleux punching-ball que cette statue. Les coups qu'il portait étaient la personnification de la rage qu'il avait envers son père et il n'était pas question pour lui de baisser ne serait-ce qu'un instant, sa rage. S'était de sa faute s'il avait ce don maudit, sa faute s'il ne l'avait pas prévenu. S'il n'avait pas eu ce don maudit, il ne se sentirait pas autant coupable d'être né demi-dieu d'un dieu coureur de jupons qui se moque éperdument de ses fils. En réfléchissant à tout cela, sa rage ne faisait qu'augmenter et il ne se sentait toujours pas calmer, même après avoir donné autant de coups sur la statue de cette chose.

Sa rage continuait de couler en lui comme un volcan en éruption, si bien qu'il continuât de frapper chaque parcelle de morceau pour n'en faire que des cailloux ou de la poudre de minéraux. Il n'était pas épuisé après avoir fait cela, mais il se reposait un peu quand même. Il n'était qu'un simple mortel un peu mieux entraîné que la normale. Et bien qu'il sache qu'il est un demi-dieu, il ne se considère pas comme un fils d'Arès. De ce fait, il se considère comme un simple humain. Un humain en colère, en rage et plein de haine envers... Cela l'énervait encore plus de chercher la bonne signification de ce qu'il ressentait. Aaron n'était même pas sûr de trouver le mot justifié pour tout ce qu'il ressentait envers ce genre d'individu.

Aaron n'était du genre à détesté les gens pour de mauvaises raisons, mais une fois qu'il était énervé à ce point, il était difficile de le raisonner. Que ce soit par des mots, des sorts ou encore par la force. Jamais il ne ressenti l'amour pour ce genre de personne. Soudainement, il entendait quelqu'un lui parler en lui posant une question idiote et insignifiante. Pour lui en tout cas. Aaron se retournait sans voir qui que ce soit et malgré le fait qu'il soit torse nu, sa rage restait palpable dans ses yeux. Quiconque le regardait pouvait le voir très distinctement.

Bien qu'il se soit retourné, il ne voyait toujours personne et grognait un peu " Qui est là ?" Dit-il en hurlant presque avec un ton haineux. Qu'on regarde ce qu'il fait ne le dérangeait pas plus que cela, mais qu'on l'épie à son insu, il détestait. C'est alors qu'il voyait une femme sortir de la pénombre pour lui dire une chose qu'il ne comprend pas. " Qu'est-ce qu'une femme connaît de ses choses. Vous ne me connaissez pas et je ne vous connais pas." Sa rage sortait tout comme ses phrases au bord de l'insulte. Par chance, sa rage étouffait les injures qu'il aurait pu dire ou non. Son corps était encore chaud au vu de ce qu'il avait fait et la fumée se dégageait de son corps pour s'évaporer dans les airs. Et bien qu'il la trouvait pas trop mal, il s'en fichait éperdument. Sa haine prenait le dessus sur sa raison et les jugements plus neutre qu'il aurait pu faire.

Alors que je m'avançais, le sang-mêlé n'eut pas l'air de faire grand cas de ma présence. A vrai dire c'était tout juste s'il me prêtait de l'attention ou avait pris le temps de lever les yeux pour me regarder. Feignait-il volontairement de ne pas me reconnaître ou était il devenu sot à force de taper comme un forcené sur ces foutues pierres ? Il n'y avait pourtant nul besoin de l'avoir déjà vu pour reconnaître la beauté où qu'elle soit ! Or j'étais précisément la Déesse qui l'incarnait ! Tout en moi était conçu pour inspirer désir et fascination que ce soit le timbre de ma voix, le moindre détail de mon apparence ou encore le parfum que je dégageais. Il était impensable que l'on me témoigne si peu d'intérêt, car je ne laissais personne indifférent, personne, à l'exception près de trois Déesses de l'Olympe qui malgré tout me témoignaient bien plus de respect que ce garçon à cet instant. Oui j'étais vexée et peut-être étais-je susceptible, mais qu'importe. La beauté la plus éblouissante de l'Olympe ne saurait être dénigrée ainsi. Je pinçais les lèvres, mécontente face au machisme insultant de ses propos, puis quand je l'entendis dire qu'il ne me connaissait pas, je laissais échapper un rire amer, qui, s'il n'en était pas moins mélodieux, sonnait comme un sombre avertissement. Il valait mieux pour lui qu'il se rattrape rapidement en ne tarissant pas d'excuses car il n'était jamais bon de m'offenser.

« Et bien, il serait temps que tu passes chez un opticien, mon garçon, si tu n'es pas capable de reconnaître la Déesse de la Beauté lorsqu'elle se présente devant toi. Cela t'éviterait peut être de commettre de graves offenses. »

Mon ton était dur, cassant et mon sublime visage arborait une expression sévère et contrariée. La nuit avait bien commencé pourtant et voilà que cet impertinent avait réussi à me mettre de mauvaise humeur en un temps record. Je m'efforçais de me calmer en pensant à Arès pour éviter de faire immédiatement payer l'outrage au sang mêlé. Au lieu de cela, je me rapprochais encore de quelques pas et tendis la main pour la poser  un instant la poitrine métallique du jeune homme. J'utilisais alors mon pouvoir pour chasser la haine et la rage qui brûlait dans son cœur de mortel, alimentant du même coup la lueur de clarté qui s'y raccrochait encore. Je répandis en lui une douce chaleur, pas brûlante mais tiède, prodiguant calme et réconfort. Il n'en fallait pas plus pour apaiser un cœur tourmenté. C'était un talent bien utile et j'étais d'ailleurs la seule en mesure de calmer le Dieu de la Guerre et lui faire oublier momentanément sa soif de sang par un simple toucher. Avec un peu de chance, de cette façon, le garçon sera en mesure de penser normalement et de parler sans s'emporter.

Je me reculais juste après, ne cherchant nullement à envahir l'espace personnel du jeune homme ou à le mettre mal à l'aise et baissais les yeux une seconde pour contempler ma parfaite manucure dans le détachement le plus total par rapport à ce que je venais de faire. Pour moi, cela n'était rien du tout. Une broutille insignifiante que je balayais du revers de la main. Lorsque je reportais finalement mon attention sur lui avec une moue superbement désinvolte et un brin hautaine, je déclarais :

« Peut-être pourrais-tu à présent m'expliquer la raison de ce ridicule acharnement sur la statue d'Arès ? On dirait la tentative désespérée d'un enfant capricieux pour attirer l'attention de son père. »