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MessageSujet: Any truth is better than indefinite doubt Any truth is better than indefinite doubt Icon_minitimeSam 10 Mar - 9:36





Any truth is better than indefinite doubt

Isil Ceuran ~ Alejandro Dun




   C'était il y a maintenant une quinzaine d'années auparavant. Je me souvenais encore de la petite robe de nuit pour enfant que je portais. Le grincement de la porte d'entrée de la boutique paternelle était venue briser le silence de cette chaude nuit d'été. Une nuit telle que nous les connaissions en Californie. Le calme était alors revenu comme il était parti, jusqu'à ce que des voix d'hommes s'élèvent. Intriguée par l'ampleur croissante de leur discussion, je m'étais décidée à descendre le plus silencieusement possible les escaliers menant jusqu'au magasin. Au fur et à mesure que je descendais les marches, je parvenais à mieux distinguer les deux voix. La première était sans aucun doute celle de mon père. La seconde m'était totalement inconnue. Et c'était en restant cachée dans la cage d'escalier que j'assistai au deuxième drame de ma vie, le premier étant le départ de mon meilleur ami, Cal, à l'autre bout du pays. Je vis la pointe de la lame de l'étranger se percer un chemin dans le dos de mon père, telle un dard qui sortait de sous la peau. Et lorsqu'elle retourna dans les ténèbres des entrailles, mon père s'effondra, me laissant ainsi orpheline. A l'époque, cette vision d'horreur qu'offrait la mort me terrifiait. Aujourd'hui, elle constitue mon quotidien.
   
   Cela faisait maintenant un long moment que j'avais pris les services d'un détective pour m'aider à retrouver la trace du meurtrier, mais également de son commanditaire. Tout ce que je voulais, c'était obtenir les noms et les adresses. Je ne voulais pas que la police et la justice s'en mêlent. Je souhaitais mettre en application ma propre justice. Et la sentence que j'avais établie était irrévocable : la peine de mort. Je m'étais jurée qu'un jour, je ferai payer à ces moins que rien leur geste à l'encontre de la seule famille que je possédais.
   
   Ce soir-là, j'avais justement rendez-vous avec ce détective, Alejandro Dun. Nous nous étions déjà rencontrés à de multiples reprises afin que nous puissions plus facilement discuter de ce qu'il avait trouvé suite à ses recherches. J'avais déjà réalisé quelques tentatives en usant des mes talents de pirate, mais sans succès. Peut-être que cet homme que je recherchais tant était déjà trop vieux à l'époque que pour s'intéresser à la croissance de l'informatique, ce qui expliquerait pourquoi je ne retrouvais aucune information sur lui. Et c'est pour cette raison que j'avais besoin d'engager quelqu'un pour m'aider, une personne capable d'enquêter sans les technologies de nos jours.
   
   J'étais arrivée environ une dizaine de minutes à l'avance à notre point de rendez-vous. Un petit restaurant japonais. Je ne l'avais pas spécialement choisi pour la qualité de sa nourriture, mais plutôt pour les quelques avantages particulièrement intéressant qu'il nous offrait. En effet, d'une part, les tables étaient relativement espacées les unes des autres, et nous serions ainsi facilement à l'abri des oreilles indiscrètes et, d'autre part, les serveurs s'avéraient particulièrement discrets et respectueux de la vie privée, tout comme leurs compatriotes du pays du Soleil-Levant. Il n'y avait donc aucun risque que quelqu'un écoute ou puisse entendre, par inadvertance, la teneur de nos discussions.
   
   Lorsque je fis irruption à l'intérieur du bâtiment, je fus accueillie par une jeune femme qui me demanda ensuite si j'avais effectué une réservation ou non et, comme ce fut le cas, elle me demanda à quel nom. Finalement, elle me conduisit à une table située à proximité d'une fenêtre donnant sur un magnifique jardin japonais faiblement éclairé par quelques lanternes dispersées par-ci par-là. Dans le clair-obscur, je parvenais à distinguer la petite statue de Bouddha ainsi que les deux pierres représentant une tortue et une grue, symboles nippons de la longévité et du bonheur, situées de part et d'autre d'un petit cours d'eau. Comme de tradition, cet espace était rempli d'une symbolique, une image miniature du monde. Les déserts, les océans, les forêts. Toute la nature s'y retrouvait représentée d'une manière ou d'une autre, que ce soit à l'aide d'une petite étendue de sable ou d'un rideau de bambous. Décidément, les japonais avaient une culture particulièrement intéressante.
   
   Profitant du reflet que m'offrait la parois de verre, je réajustais ma coiffure, quelque peu ébouriffée par le vent qui soufflait à l'extérieur. Bien entendu, ce n'était qu'un rendez-vous professionnel, mais cela ne représentait nullement un frein à mon envie de me sentir un minimum désirable. J'avais opté, comme à mon habitude, pour une robe noire, peu moulante et sans décolleté. Toutefois, j'estimais que son côté quelque peu transparent me mettait un relativement bien à mon avantage, sans être toutefois aussi vulgaire qu'avec un décolleté particulièrement profond ou qu'une robe descendant à peine plus bas que mes fesses.
   
   Il ne me restait plus qu'à attendre patiemment le journaliste, plutôt séduisant il fallait l'admettre, qu'était mon cher détective, Alejandro...

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MessageSujet: Re: Any truth is better than indefinite doubt Any truth is better than indefinite doubt Icon_minitimeMar 13 Mar - 16:28



Alejandro vient d’empocher plus de dix mille dollars. Et c’est avec un air de triomphe qu’il sort de sa banque avec le journal qui contient le précieux article. Quelques semaines plus tôt, il avait fait une interview avec un voleur très recherché que lui seul, grâce à son talent d’investigateur, a fini par trouver. Il a vendu très cher son article à un journal réputé et a reçu en plus d’une somme astronomique, sa distinction dans le monde du journalisme. Et ça, ça n’a pas de prix. Ce soir, il doit se rendre à un restaurant japonais pour faire le point sur ses recherches avec une charmante jeune femme qui répond au nom d’Isil. Elle l’avait contacté quelques semaines plus tôt, juste après avoir fini son interview justement, pour demander ses services. Elle recherche un homme qui lui a causé du tort dans le passé et c’est avec plaisir qu’Alejandro a accepté de l’aider, en partie pour tout l’argent qu’il va tirer et aussi par envie de revoir cette femme qu’il trouve incroyablement attirante.

Habillé d’un costume noir et d’une cravate rouge, le journaliste a décidé de sortir le grand jeu. Il ressemble un peu à ces types qui travaillent dans le business, toujours habillé avec classe et dans l’optique de séduire de potentiels acheteurs avec leur élégance. Indirectement, Alejandro fait un peu parti de ce monde qui ne vit que pour la réussite professionnelle. Depuis tout petit, il rêve d’être Le meilleur. Il n’était pas né avec une cuillère en argent dans la bouche et il savait que sa condition sociale ne donnait pratiquement aucun espoir pour lui de voir son rêve se réaliser. Et pourtant, il a réussi. Et il en est fier. Toute sa posture montre un homme confiant, qui respire la réussite de ses vêtements jusqu’à sa manière de marcher. Le dos bien droit et la démarche assurée, le journaliste continue sa route vers le lieu du rendez vous, un sourire collé à ses lèvres. Arrivé à la hauteur d’un fleuriste, il décide de s’y introduire pour acheter un bouquet de roses rouges avec l’idée de vouloir être le plus présentable possible face à la belle Isil.

Le restaurant est situé dans une petite rue assez fréquentée de New York où de nombreux clients viennent tous les soirs y satisfaire leur faim. Le bâtiment est assez coquet, décoré d’une manière typiquement japonaise. Alejandro tire sur sa cravate pour qu’elle soit la plus droite possible et ouvre la porte pour pénétrer dans une grande salle où règne une aura relaxante, entourée de bambous et des reproductions des tableaux d’Hokuzai. L’homme aperçoit la jeune femme, déjà assise, sûrement arrivée en avance d’ailleurs. Alejandro sourit, les femmes ne pratiquent pas toutes cette habitude d’arriver en retard juste pour se faire désirer. Il arrive près d’elle et prend délicatement sa main pour y déposer un petit baiser. Ses yeux remontent pour croiser son regard nocturne, bleu comme un ciel de nuit et incroyablement beaux. Il a l’impression de voir les étoiles briller dans ses yeux malgré tout le mystère que cache son regard. Il se surprend à se perdre dans ses yeux et à les regarder avec cette curiosité qui anime son regard que dans l’exercice de ses passions. Il tend son bouquet de roses et ses yeux se posent sur sa magnifique robe noire qui dévoile son corps de guêpe et sa silhouette de femme qu’il sait séductrice au premier coup d’oeil. Il s’installe sur sa chaise et pose toutes ses affaires sur la table en bois. Il y sort son magazine ainsi que ses notes sur ses recherches, toutes écrites à la main.

- Ma chère Isil, j’ai une bonne nouvelle: il se trouve que j’ai trouvé pas mal de choses sur ce que vous m’avez demandé même si cela a été plutôt laborieux. Vous voulez que je vous montre tout maintenant ?

Alejandro se surprend à la regarder encore. Quelque chose chez cette femme éveille sa curiosité de journaliste. Il ne connaît qu’une chose d’elle: les motivations de son enquête. C’est tout. Et il doit bien avouer qu’il se sent plutôt frustré de ne rien savoir d’autre de cette femme qui joue, à chacune de leur rencontre, les filles mystérieuses qui cachent au plus profond d’elles leur vie privée pas par pudeur mais par volonté jouer avec la curiosité parfois malsaine des hommes. Elles connaissent bien la frontière qui sépare la curiosité du désir. Et elle savent pertinemment comment attirer l’attention des hommes jusqu’à ce qu’ils se retrouvent au bord de cette frontière et à embrasser des yeux, l’autre côté de cette dernière avec l’envie de la traverser. Il détourne subitement le regard pour s’emparer du menu et le feuilleter en diagonale.

- En tout cas, c’est un bon choix de restaurant. J’ai rarement eu l’occasion de manger japonais dans ma vie.

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