Un petit café, un pancake pour bien démarrer la journée ? ☂ Miranda NOLAN

Un café, un pancake pour bien démarrer la journée ?

Miranda NOLAN ☂ Oswin MCALISTER

Tic Tac goes the clock… Mon réveil vient me tirer tout juste de ma rêverie, sur les coups de trois heures du matin. La ville n’était même pas encore réveillée à cette heure-ci : les enfants étaient encore au lit, la lune était seule source de lumière et pas un seul bruit ne perçait à l’horizon. Hormis le cri presque perçant de mon fichu réveil. J’étais comme on pourrait le dire plus communément ‘’de matin’’ cette semaine : ce qui signifie que je faisais la fin de la soirée, jusqu’aux lueurs du jour et aux odeurs friandes des hamburgers du déjeuner avant de pouvoir pointer le bout de mon nez en dehors de l’établissement. Cette plage horaire était toujours mieux que celle de l’après-midi ! Sur celle-ci, il ne se passait rien à part des gamins pour le goûter, rien à signaler sur cette plage horaire ! Autant vous dire que la meilleure partie du job était le soir, parce que là au moins on pouvait parfois y voir de vrais phénomènes ! Et de vrais rencontres également, des personnes sympathiques : parce qu’on est la meilleure équipe de barman, la nuit ! Assez rêvassée, encore fallait-il que je prenne ce service ! Me levant plus péniblement qu’autre chose, car le réveil-bip me faisait toujours cet effet, je pris garde à faire le moins de bruit possible lorsque je descendais les marches afin d’aller prendre un café des plus revigorants. Ma grand-mère dormait dans la pièce en face de ma chambre, je ne voulais pas la réveiller. Maniant avec brio la machine à café, je me préparais rapidement un café, tout en allant une tartine pleine de confiture avant de remonter à l’étage afin de prendre une douche et de m’habiller. J’avais déjà revêtue ma tenue de boulot qui se constituait d’une jupe en cuir noire qui descendait à peu près jusqu’aux genoux avec collants bruns en-dessous, par-dessus le tablier obligatoire avec l’écusson de l’établissement et d’un pull brun-or avec un col noir. Attrapant par la suite, les clés de ma voiture, je refermais doucement la porte derrière moi avec mon blouson sur les épaules. A cette heure-ci, j’avais toujours promis à ma grand-mère de prendre ma voiture, car ce n’était pas une heure très sûr pour elle. Et vu mon talent pour m’attirer des ennuis, je préférais largement suivre ses recommandations.

Sortant de la voiture, je passais la porte de service pour aller saluer mes petits camarades : ceux qui allaient assurer leurs services avec moi, et ceux qui nous passaient maintenant le relais. En cette début de journée, on voyait de tout à l’intérieur du bar : des gens qui venaient finir leurs soirées ici, d’autres qui viennent eux aussi commencer leurs journées par un bon café, et beaucoup d’autres encore. Faire marcher la machine à café, verre de whisky, shooters et quelques heures plus tard ; les premières lueurs du matin décidaient enfin à pointer le bout de leurs nez et essayaient de réchauffer tant bien que mal, la saison automnale dans laquelle nous étions actuellement. L’odeur du café emplissait mes narines, et je prenais à mon tour un café lors de ma petite pause. Nous mangions également un petit morceau tous ensemble le temps du petit pic basse fréquentation. Un petit bout de pancake dépassant encore à moitié de mes lèvres, j’apportais son café à un de nos clients assis à table qui ria en me voyant arriver. J’en riais moi aussi en retournant derrière mon comptoir.

J’entendais au loin l’église sonner les coups de six heures et mon collègue me demanda de garder la baraque le temps que la relève arrive. Tasse et torchon à la main derrière le bar, je scrutais la salle à la quête d’un quelconque appel au café. Un des clients assis au bar me tira de ma rêverie, en me demandant de jeter un coup d’œil aux nouvelles sur le journal placé devant lui. Je le connaissais celui-ci, c’était un habitué de la maison, et après avoir lu très rapidement l’article, il déclara bon de me faire la conversation là-dessus, le temps que j’essuyais ma vaisselle en tout genre. D’ailleurs, je lui offrais souvent un café pour sa gentillesse et sa bonne humeur matinale. Peut-être parce qu’il ressemblait quelque peu à mon grand-père que j’avais perdu lorsque j’étais jeune ? Il devait être légèrement plus jeune que mon grand-père aurait dû l’être actuellement. C’était comme si je payais un café, à mon grand-père, peut-être en quelque sorte…

Une énième fois le bruit du carillon de la porte annonça l’entrée d’un nouveau client, et je ne levais même pas le regard avant de terminer ma conversation, sachant pertinemment que si ce client était pressé il viendrait déjà au bar, et je le verrais…

La veille au soir, je m'entends dire que mon prochain combat est qualificatif pour le titre mais que ça se fera à New York. Dommage, j'aime bien Chicago, je suis originaire de là, pas étonnant du coup que j'y sois retournée lorsque j'ai choisis de quitter la vie au camp. Est-ce que j'ai fais une erreur en faisant ça ? Peut-être bien, parfois ça me manque, les regards curieux et intéressés des petits jeunes qui découvrent le maniement d'une épée et d'un bouclier, même le regard des plus âgés qui ont déjà rêvé de manier un glaive sans jamais penser que ça arriverait un jour. J'étais bonne professeure, en tout cas c'est ce qu'on m'a dit, je m'efforçais de l'être un maximum mais pourtant je ne le suis plus. C'est fou l'effet qu'une simple remarque peut avoir sur quelqu'un quand ça vient de la bonne personne. La nymphe qui fut ma mère n'avait eu qu'à prononcer une petite phrase, même pas forcément pensée à mal pour que soudainement tout mon univers bascule, c'était affolant, alarmant et pourtant c'était le cas, si c'était pour le meilleur ou le pire, seul le temps le dirait. En tout cas depuis que j'avais quitté le camp, j'avais essayé plusieurs métiers, aucun ne s'était vraiment bien passé, ma nature guerrière reprenait le dessus quand un client me pelotait les fesses pendant que je lui sers son café, triste constat je sais, pas bien du tout j'en suis consciente mais c'est fou ce que ça peut faire du bien ! En tous les cas, je me retrouve à devoir aller à New York, est-ce que vous savez combien pénible ça peut être d'aller d'une ville à l'autre quand vous ne supportez pas de prendre l'avion ? Je n'ai rien contre le fait de voler mais les avions, je n'ai fondamentalement aucune confiance dans cette technologie, ce qui veut dire que le voyage se fera en voiture, que voulez-vous, aux grands maux, les grands remèdes et puis j'aime bien rouler, de nuit c'est d'autant plus agréable qu'il n'y a finalement strictement personne sur la route ou de très rares personnes dans les horaires de fin d'équipe de nuit. Je sais que ça va être une sacrée route mais sacs dans le coffre et installée derrière le volant, j'entame tranquillement mon périple, ma tête déjà complètement consacrée au combat de ce soir.

Les kilomètres défilent, la route est très tranquille, c'est une grande route donc majoritairement de la ligne droite, aucune sortie à emprunter ou presque, c'est le genre de trajets pièges pendant lesquels on peut facilement s'endormir parce qu'il ne se passe vraiment pas grand chose. Je reste éveillée, concentrée, je m'arrête à la faveur d'une aire d'autoroute pour boire un café, je crois bien que le serveur est carrément heureux de voir quelqu'un, il faut dire que le calme plat et le silence presque morbide des lieux, avec encore la nuit noire aurait de quoi rendre paranoïaque un accroc aux films d'horreur. Pour peu que je sois encore la blonde sortie des enfers annonciatrice de l'apocalypse, il avait de quoi se monter tout un film dans sa petite tête. Pour ce qui est d'être annonciatrice, je ne le suis pas vraiment, concernant l'apocalypse j'essaye d'éviter et les enfers ne sont pas le domaine de mon père, lui c'est plutôt la guerre et la destruction. Alors que je m'apprête à repartir le, pas si courageux, serveur me demande un autographe, je lui en signe un avec le sourire mais je déteste cette partie du métier, être reconnue de temps en temps, signer des autographes, avoir des "fans". Les humains condamnent les actes violents mais adorent voir des gens se taper dessus. Boxe, savate, championnats d'arts martiaux, free fight, catch, lutte, que des sports qu'on trouve à la télévision et devant lesquels des millions d'humains aiment s'extasier, boire de la bière, manger des pizza, parier, s'égosiller, encourager. Pour un monde condamnant la violence, c'est tout un paradoxe mais j'en vie, alors ne serai-je pas un peu mal placée pour m'en plaindre ? Et puis je ne m'en plains pas, ça reste agréable d'avoir des gens qui vous reconnaissent pour ce que vous faites, ce que vous savez faire, pour vos victoires.

Je reprends la route un bon moment encore, j'ai pris une chambre dans un hôtel en ville, pas vraiment le Ritz mais il y une salle de sport, un coin balnéo, chambres confortables. Bref de quoi s'entrainer un peu dans la journée pour bien réveiller les muscles et quoi se prélasser et se détendre après le combat, hic de l'histoire la chambre et donc les installations ne sont pas disponibles avant dix heures et si j'ai prévu beaucoup de choses, j'ai oublié de comptabiliser le décalage horaire entre Chicago et New York. Me voilà donc en ville, garée près de mon hôtel, à six heures moins cinq le matin. Après trente secondes dans la voiture, je décide de prendre un petit déjeuner, rester en place, ce n'est pas mon fort, moins encore enfermée dans une voiture garée à attendre que le temps passe. Par chance il y a un bar tout à côté qui fait petit déjeuner, pas grand monde quand je rentre dedans, peu importe je ne suis pas là pour draguer. Tranquillement je m'installe à une table, adressant un sourire à la serveuse lorsque j'entre. Je regarde la carte des petits déjeuners, les choix sont appétissants et les odeurs de café et de pancakes qui se mélangent dans l'air me mettent en appétit. Finalement mon choix s'arrête sur le petit déjeuner "complet", comprendre café, jus, d'orange, oeufs au plat, bacon, pancakes ... bref tout ce qu'il faut pour bien commencer une journée !

Un café, un pancake pour bien commencer la journée ?

Miranda NOLAN ☂ Oswin MCALISTER

Terminant de lire l’article que le client au bar me montrait, j’acquiesçais de la tête face à ce qu’il me racontait – même si pour tout vous dire, j’avais, je crois, déjà oublié ce qu’il m’avait demandé de faire attention dans le texte –. Levant la tête, je scrutais la salle à la recherche de la nouvelle personne, du nouveau visage qui devait forcément avoir fait interruption dans la salle après le son du carillon. Tombant sur une jeune femme blonde, je lui rendis son sourire lorsque je remarquais qu’elle regardait dans ma direction. C’était elle le nouvel élément de la pièce : je le savais pour sûre, j’avais dans ma tête une image très nette de la salle et donc des différents visages présents ; avant son arrivée. J’avais toujours tendance à tout enregistrer, tout retenir : il suffisait juste que j’y prête, ne serais-ce qu’un peu d’attention. J’avais un petit don, si l’on pouvait dire ça ainsi : j’étais hypermnésique. Chaque petit détail de la moindre petite image enregistrée dans ma mémoire, je m’en souvenais. Hormis cette fameuse soirée, le seul trou noire dans ma mémoire qui me travaille depuis deux ans. De plus, le soudain oubli du visage-même de mon ancien meilleur ami venait rajouter du pain sur la planche. Comment pouvait-on oublier toute une soirée et le visage de son ancien meilleur ami tout ça en une soirée ? En temps normal, ça serait impossible : j’avais toujours pensé que ce n’était pas normal tout ce qui m’arrivait. Surtout que depuis cette soirée, à la moindre petite bizarrerie ma tête se mettait à tambouriner comme jamais. Ces petites choses que personne ne semblaient voir : des énormes bulldogs avec des yeux rouges sangs. Ils les prenaient tous pour des pauvres petits teckels sans défense. Qui à mes yeux, avaient beaucoup plus de défense qu’eux ne le pensaient ! Pourquoi est-ce qu’ils ne voyaient pas la même chose que moi ? Voilà une autre des questions que je m’étais toujours posée, et j’espère un jour trouver des réponses. J’attends encore et encore que quelqu’un veuille bien tomber du ciel pour m’aider. Secouant légèrement la tête et attachant mes cheveux en une queue-de-cheval grâce à un des élastiques qui traînait encore dans mon tablier, j’attrapais mon stylo et mon carnet avant de me diriger vers la nouvelle cliente.

Arrachant une page déjà usée et l’enfonçant dans mon tablier, je fis cliqueter mon stylo pour en sortir la mine et écrire le numéro de la table de la jeune femme, en haut à droite. Arrivant à la hauteur de sa table, stylo et carnet armés, je lui souriais avant d’ajouter « Bonjour, bienvenue chez nous ! Qu’est-ce que je vous sers ? Jus, café, petit-déjeuner complet ? On fait les meilleurs pancakes du coin, je peux vous le garantir ! » Je terminais ma phrase même avec un petit rire : pour savoir vendre quelque chose, je n’étais pas si mauvaise que ça au fond. Malheureusement, le gon avait été sonné pour le changement d’atmosphère. En effet, le dernier coup de carillon en plus de son petit bruit agaçant – à force de l’entendre à longueur de journée – ramena avec quelques nappes et voluptés d’alcool qui transpiraient à même de la personne qui venait de rentrer. Réprimant une petite grimace de dégoût, j’espérais que la relève de mon partenaire allait bientôt arriver, sinon je sentais que les ennuis allaient me tomber dessus. Le voyant se diriger vers le bar, je me réjouissais déjà intérieur des futures longues minutes que j’allais passer à attendre le deuxième barman. Des futures minutes qui allaient être interminables. Finalement, le matin n’est peut-être pas ma tranche horaire préférée dans la journée.

Me rendant compte que j’avais suivi du regard l’homme, je me retournais précipitamment vers la jeune femme que j’étais après tout venue servir en première. Entendant mon indésirable client se racler bruyamment la gorge et taper nerveusement de l’index sur le bar, je ne pus m’empêcher de réprimander une grimace – qui ressemblait plus à cette expression qu’on a quand on crie, mais sans le son – avant de fermer les yeux et de respirer un bon coup. Je n’avais même écouté ce qu’elle me disait : enfin si elle avait ouvert la bouche. « Excusez-moi, vous disiez quelque chose ? » Dis-je avec un certain sourire retrouvée. Allez Jordan, ramène tes fesses, c’est la troisième fois que tu vas être en retard ce mois-ci : et je ne dis pas seulement ça, car je n’ai pas envie de rester seule avec lui au bar ! Enfin si quand même un petit peu, mais je suis téméraire : peut-être un peu trop des fois et je savais pertinemment qu’une discussion avec quelqu’un n’ayant pas les idées claires, pouvait très vite tourner au drame. Je suis du genre assez susceptible et je suis la première pour m’attirer des ennuis : deux traits de caractères qui pouvaient sembler totalement opposés, mais moi pour combiner les deux je pouvais vous assurer que finalement ça donnait quelque chose de très électrique. Jordan, bouge vraiment tes fesses, s’il te plaît et je te couvrirais durant toute l’année, c’est promis. En attendant, je retardais le plus longtemps le moment où j’allais y retourner en attendant accessoirement la commande de ma cliente…

Un bon petit déjeuner dans un bar, ce n'est pas nécessairement ce que je préfère mais certains sont vraiment bons et si j'en juge par la bonne odeur de café et celle de pancakes, je pense que je vais me plaire ici. Evidemment je réserve mon jugement pour après les pancakes mais cela n'empêche pas que ça sente bon et que ça creuse mon appétit pourtant déjà aiguisé par les heures de route. L'ambiance est agréable autant qu'un bar le matin mais au moins il règne quelque chose de chaleureux dans le café, pas comme à la maison mais on s'y sent bien. Et puis il y fait bon en plus d'y avoir une bonne odeur, c'est donc tout bénéfice pour moi. J'ai toujours été active à cause de ma nature semi-divine mais ça ne m'a jamais empêché d'être une véritable droguée au café, enfin droguée, tout est relatif, un le matin, un à midi, parfois un dans l'après-midi. La caféine ne m'a jamais empêchée de dormir, à l'inverse de la théine, si bois un thé à six heures du matin, je ne dors pas avant minuit donc le thé est condamné mais pour le café, c'est une autre histoire. M'asseyant, je prends sous les yeux la carte, détaillant les diverses offres, autant le dire j'ai faim alors café croissant c'est condamné d'avance au profit de petits déjeuners bien plus complets que je détaille un à un avec envie. Au moins on ne peut pas dire que la carte ne rende pas les petits déjeuners appétissants, ne reste donc que le plus difficile qui consiste à faire son choix. La serveuse me rejoint finalement avec un stylo et un peu de papier pour prendre ma commande, son sourire est chaleureux, je le lui rends comme lorsque je suis rentrée, son enthousiasme est contagieux, les meilleurs pancakes du coin ? Alors là j'avoue que c'est sacrément s'avancer de me dire une chose pareille mais finalement je veux bien me risquer au jeu. Reste donc de savoir si c'est vrai ou pas et j'ai bien envie de me faire un avis. Je commence donc par sourire en revenant vers ce qu'elle vient de me dire.

« Bonjour. Je suis encore en train de réfléchir mais votre façon de vendre vos pancakes est des plus convaincantes. Les meilleurs du coin ? Voilà une promesse que je veux bien mettre à l'épreuve, reste à savoir dans quelle formule. »

Petite moue de la cliente qui ne sait pas encore ce qu'elle veut et je retourne à la carte, tachant désormais de faire en sorte de choisir rapidement. Les yeux sur la carte je ne les lève que rapidement quand quelqu'un entre, je n'y prête pas attention jusqu'à ce que mes narines soient taquinées par des odeurs fortes d'alcool de plus ou moins bonne qualité. Drôle de client à six heures dans un bar mais quoi qu'il en soit j'ai finalement pris ma décision quand à ce que je veux, c'est donc avec le sourire que je m'adresse à la serveuse :

« Je vais prendre votre formule petit déjeuner complet, s'il vous plait. »

Sauf que la serveuse n'écoute pas, captivée qu'elle semble être par ce nouvel arrivant si curieux. De toute évidence ce n'est pas la première fois qu'elle voit un client dans ce genre alcoolisé de la sorte et ça ne la rassure pas. En tout cas elle ne semble vraiment pas à l'aise avec lui. Il faut dire que l'attitude du client est des plus méprisables, raclement de gorge, index qui frappe le bar, le bon poivrot en manque de sa dose en somme. Elle me demande finalement si j'ai dis quelque chose, je lui souris en secouant la tête, inutile de rajouter à son inquiétude évidente le fait de faire répéter une cliente.

« Non, j'étais encore en pleine réflexion mais je vais prendre la formule petit déjeuner complet, s'il vous plait. Après tout, quelqu'un ici m'a promis que j'aurais les meilleurs pancakes que je puisse trouver dans le coin, il faut bien que je vérifie ça ! »

Ma commande prise, je range la carte en bonne cliente bien polie que je suis. Je la regarde s'éloigner sous l'oeil de cet homme qui est entré et qui se montre plus que discourtois dans son attitude. Je ne dis rien, me contentant de chercher un journal du jour que le café laisse a disposition des clients. Quelques nouvelles intéressantes, rien de bien intéressant ou de vraiment perturbant, rien qui puisse appartenir à "mon" monde en tout cas. Je relève le regard vers la serveuse et l'homme au bar, je ne prête pas plus attention à ce qui se fait ou dit, j'en vois assez pour remarquer qu'il la prend à partie. J'avais été serveuse, c'est le genre de client qui veut boire tout de suite et payer à la fin sans avoir un rond, c'est aussi le genre alcoolisé qui sort de ses gonds et de son calme quand on lui demande de payer de suite sa consommation, le genre qui vous pelotte les fesses au passage, louche dans le décolleté, vous trouve toujours trop lente, vous souffle son haleine chargée en plein visage. Bref le client que toutes les serveuses maudissent. L'attitude de cet homme a de quoi me mettre en rogne mais j'ai un combat ce soir, je ne veux pas être forfait parce que je suis au poste pour avoir mis à mal un poivrot crétin. Je ne fais donc rien, me replongeant dans ma lecture, après tout je ne suis pas une super-héroïne et la serveuse ne doit pas en être à son premier poivrot du genre, je vais la laisse s'en sortir, je suis sûre qu'elle peut y arriver. Elle arrive d'ailleurs rapidement avec mon petit déjeuner, un superbe plateau alléchant qui me met l'eau à la bouche mais est-ce que j'ai bien vu l'homme en profiter pour avoir une main sur ses fesses ? Non, je dois être parano, je déteste trop ce gens de personne.

« Alors là ... J'ai super faim mais ce plateau. Si c'est aussi bon que ça sent bon ... Merci. »

Un sourire mais avant qu'elle ne parte, je désigne d'un regard l'homme en question :

« Tout va bien ? Pas de problèmes ? »

Un café, un pancake pour bien commencer la journée ?

Miranda NOLAN Oswin MCALISTER

Un petit sourire de bon matin, fait toujours du bien. Ça tombe bien parce que le sourire ça me connaît : c’est une expression qui ne me quitte quasiment pas ! Ou du moins, au moins pour dormir ; sinon bonjour les crampes musculaires ! Mais plus tard, je serais la dernière à avoir des rides… 20 ans et voilà que je pense déjà à mes 80 ans : complétement défoncée cette fille ! La jeune femme, assisse en tant que cliente, leva alors le regard sur moi avant de me rendre mon sourire et de continuer : « Bonjour. Je suis encore en train de réfléchir mais votre façon de vendre vos pancakes est des plus convaincantes. Les meilleurs du coin ? Voilà une promesse que je veux bien mettre à l'épreuve, reste à savoir dans quelle formule. » Lâchant un petit rire nerveux, je me frottais légèrement l’arrière du crâne : il ne restait plus qu’à notre chef cuistot de faire les meilleurs pancakes qu’il n’a jamais fait ! Parce que, vu que moi je les trouve déjà super ; s’il fait encore mieux, je serais alors persuadée d’avoir tenue ma promesse ! Voilà que ma parole est maintenant en jeu : ça met toujours de bonne humeur, d’avoir de la réceptivité à mon débit de paroles et à mes plaisanteries. J’attendis alors qu’elle choisisse finalement sa formule, lorsqu’un client – qui ne devait plus être très seul dans sa tête – décida d’entrer dans le bar. Pas que j’en ai peur, mais disons que vu que je suis une professionnelle pour parfois m’attirer des ennuis, j’aurais vraiment préférée avoir quelqu’un avec moi : Josh le retardataire par exemple. Il allait m’entendre celui-là lorsqu’il viendrait ! Lorsque sortant de ma réflexion, je retournais mon attention vers la jeune femme, elle répondit à ma question en disant : « Non, j'étais encore en pleine réflexion mais je vais prendre la formule petit déjeuner complet, s'il vous plait. Après tout, quelqu'un ici m'a promis que j'aurais les meilleurs pancakes que je puisse trouver dans le coin, il faut bien que je vérifie ça ! » Riant maintenant, je griffonnais sur ma feuille la formule du petit-déjeuner complet avec le numéro de table à côté. J’ajoutais également à son attention : « D’accord, d’accord : je viens de mettre toute la réputation de cet établissement sur des pancakes, quelqu’un d’autre l’aurait peut-être fait sur les cocktails ! » Nouveau petit rire : après tout, on est bien dans un bar, non ? « Si ce ne sont pas les meilleurs, je prendrai la formule sur mon compte ! » Terminais-je avec un petit sourire, en retournant derrière le comptoir. Je passais la tête à travers l’ouverture qui donnait sur la cuisine, punaisait la feuille sur le tableau et criait « Mario, fais-moi tes meilleurs pancakes et que ça saute : ma réputation est en jeu ! »

Les vapeurs de mauvais alcool étaient malheureusement assez fortes – assez fortes pour qu’une barman les remarque ! – et elles me remplissaient les narines. D’ailleurs il voulait encore un verre. Techniquement je n’avais pas le droit de lui refuser, mais suite à différents problèmes, j’avais dû lui demander de payer en avance sa consommation. Et la scène qu’il a pas décidé de me faire : quelque chose d’horrible. Il s’est mis à marmonner dans une barbe inexistante en jurant contre je ne savais trop qui. Faisant des moulinets avec mon poignet droite, pour lui faire signe de continuer avec son histoire, tout en levant les yeux au ciel ; lorsqu’il s’arrêta enfin je lui annonçai le prix de sa consommation avant de prendre ne serais-ce le moindre verre. Il avait bien pourtant essayé de répliquer mais j’avais tourné le dos prétextant faire autre chose. Ce n’est que lorsque j’entendais des pièces tinter et une main s’abattre sur le comptoir que je me retournais, encaissais ses trois sous et lui servais sa boisson. La sonnette de la cuisine sonnant, j’attrapais le plateau destinée à la Blonde de la table Une. Je dus faire un petit pas de côté lors de la promenade de certaines mains baladeuses, mais j’essayais de ne pas relever : pour ne pas m’attirer encore plus d’ennui. Le but était toujours le même ! Posant son plateau sur la table, j’étais presque fière lorsqu’elle me dit : « Alors là ... J'ai super faim mais ce plateau. Si c'est aussi bon que ça sent bon ... Merci »

Répondant à son remerciement par un simple hochement de tête et un petit sourire, elle se permit de rajouter, avant que je ne m’éclipse : « Tout va bien ? Pas de problèmes ? ». Son regard était dirigé vers mon indésirable client aux fortes senteurs d’alcool. Haussant les épaules, je me permis de lui répondre : « Que voulez-vous, je suis bien obligée de faire avec ! Je n’ai pas encore le droit de virer les gens comme ça, ça se saurait sinon ! Mais c’est sympa de vous en préoccuper… Ne prenez surtout pas ça pour un reproche ! D’habitude, les gens ne sont pas toujours très ‘’matinaux’’ et ne font pas toujours attention à ce genre de choses ; ou alors ils ne le voient pas, je ne sais pas. C’est la solidarité féminine, j’parie ! » Terminais-je avec un petit sourire.

Je crois que je n’avais pas contrôlée au mieux le débit de ma voix, mais dirons-nous peut-être aussi que cela est fait exprès aussi. Mais je sentais son regard posé dans mon dos – ou plus bas si vous voyez ce que je veux dire – et ne supportant plus cela, après avoir lâchée cette petite phrase, je me retournais sans prévenir juste après la réponse de la femme et prit en flagrant délit, j’ajoutais : « Levez les yeux soldat ! » Pas sûre qu’il ait apprécié, car ce dernier se leva en titubant, renversant son verre ne contenant maintenant que quelques gouttes. La blague du ‘’tu casses, tu paies’’ ne pouvait même pas s’appliquer dans ce cas-là, car il avait déjà payé ! Dommage sinon je suis sûre que je l’aurais bien faite. Mais pour en revenir à nos moutons, ce dernier n’avait pas l’air d’avoir très bien pris ma petite remarque. Tant pis. De plus c’est sorti tout seul, je n’y peux rien moi ! Cela pouvait être bien pris, comme mal pris ; et maintenant j’allais devoir gérer la situation où cela avait été mal pris…

PS:

En effet, j'ai faim, ce n'est pas difficile de le deviner et de dire le contraire vu que mon estomac décide de gargouiller un petit coup, comme pour indiquer que les pancakes ne seraient pas de trop. Il faut dire que de rouler toute la route séparant Chicago de New York n'est pas franchement le genre de choses reposantes mais je n'aime pas l'avion. Disons que quand je peux me faire à l'idée de me retrouver dans un avion ça peut aller, quand j'ai le temps de me dire que je vais voler, que je ne prends pas un vol à la dernière seconde mais là il aurait fallu que je prenne un vol en catastrophe et ça, hors de question que ça arrive ! Donc le voyage m'avais mise en fin et ce n'était pas peu dire, cela va de soit. Alors que la jeune femme prend ma commande, je remarque que l'homme au bar, en plus de sembler particulièrement malpoli, ne me donne franchement pas l'air de vouloir faire un quelconque effort. Le genre poivrot qui a beaucoup trop bu et qui pense que tout lui est dû. C'est regrettable et triste mais c'est ainsi, pauvre serveuse avec lui, elle risque de passer un moment désagréable. J'ai été brièvement serveuse, ça a duré deux heures jusqu'à ce qu'un homme me faisant penser à lui, le genre à l'haleine si chargée en alcool que vous êtes positive rien qu'en le sentant parler, l'homme en question avait profité que je serve son verre pour me peloter les fesses, en douceur je lui ai demandé d'arrêter, il a arrêté. La fois suivante alors que je servais la table à côté, il m'a pelotée les fesses pendant que je servais le champagne, j'ai été moins polie mais j'ai tâché de prendre sur moi. La troisième fois, il a carrément claqué mes fesses et j'ai craqué finalement. Sa tête a fait la rencontre soudaine de la table devant laquelle il était et évidemment j'ai été virée dans la seconde suivant, ce qui était peut-être même chanceux parce que de toute façon j'aurai démissionné donc problème réglé. J'imagine que la serveuse doit avoir l'habitude, peut-être plus de patience que moi ou alors elle n'a pas un parent divin qui soit Dieu de la Guerre du genre à ne pas se laisser faire. Bref voilà comment ma carrière de serveuse avait pris un dernier tournant.

Alors que la jeune femme va signaler ma commande en cuisine et la préparer pour ce qui est du café, je la vois prise à parti par le client qui semble extraordinairement bavard. Il parle, il parle, il parle et je remarque rapidement que la jeune femme est ennuyée par tous ces bavardages qui ne doivent pour le coup pas être très intéressant et ça je n'en doute pas une seconde. J'en suis presque désolée pour elle qu'elle se retrouve dans une situation pareille parce que moi, ça m'aurait fait exploser. Enfin en même temps, je suis à moitié une déesse de la guerre alors je dois dire que me faire exploser n'est pas ce qui est de plus difficile. Pourtant je suis de mieux en mieux en accord avec ma nature depuis plus de dix ans que je la gère et je m'en sors bien, à la façon de ce personnage de Comics nommé Hulk, je fais taire mes pulsions et je m'en sors même avec brio si on considère qui je suis. Et quand le plateau arrivait, ma faim ne manqua pas de se faire sentir parce que ça semblait absolument appétissant et délicieux. Je commence par humer l'odeur mais avant de me lancer à l'assaut des pancakes et du café, je m'inquiète de savoir si tout va bien avec le client. Sa réponse provoque un petit rire amusé, j'aime bien l'humour dont elle fait démonstration en cette seconde, surtout en considérant l'homme en question qui semble n'attendre que son retour pour lui prendre la tête avec la suite de son … épique récit.

« Je crois plutôt que j'ai été serveuse et que je connais ce genre de clients. »

Sa réflexion suivante, à l'adresse de l'homme me fait carrément rire, je peux parfaitement comprendre que l'homme ait perdu son regard à cette hauteur, en fait il n'a pas forcément été le seul à le faire mais j'ai été discrète alors que lui … Dans le genre de regarde et je fixe, on ne fait pas pire. Prenant ma tasse, je me délecte d'abord de l'odeur du café et puis je le goûte … délicieux. J'attaque donc un pancake tout en guettant du coin de l'oeil l'homme qui s'approche, visiblement pas content de la réflexion de la jeune femme.

« T'as pas le droit d'me parler coça ! Je suis client et je paye, je fais qu'est-ce que c'est que je veux, d'abord ! »

Je termine mon pancake tranquillement, ne pas m'en mêler, surtout ne pas m'en mêler. Et puis l'homme, sans doute motivé par l'alcool et peut-être aussi ma présence pouvant semer la discorde, devient plus agressif, il attrape la serveuse par le bras, douloureusement vu la poigne qu'il y met.

« T'avais raison, ils ont délicieux les pancakes. »

Je lance cela en regardant la serveuse, je me dis que l'homme n'osera pas continuer son cirque et son cinéma devant une autre personne, en général ils sursautent de honte et laissent tomber mais de temps en temps … Je ne le souhaite pas pour son propre intérêt mais enfin bref, nous verrons bien.

Un café, un pancake pour bien commencer la journée ?

Miranda NOLAN ☂ Oswin MCALISTER

Lorsque la cliente s’enquit de ce qui se passait au niveau du bar, je lui répondis sans tabou – car après tout, rien ne servait de mentir, tout se voyait de la salle – avant même une petite plaisanterie, et un petit clin d’œil à sa pseudo imaginaire solidarité féminine. Apparemment, elle avait bien perçu la plaisanterie, car mon petit récit provoqua chez elle un petit rire amusé. C’était le mieux que je pouvais faire : prendre les choses comme elles venaient et être le plus optimiste possible. Heureusement, je n’avais pas souvent ce genre de client – à faire tomber n’importe qui avec sa forte odeur d’alcool ! – mais il arrivait d’en avoir de temps en temps, comme maintenant par exemple ! Cela fait partie des aléas de la vie dont je me serais bien passée ! Que voulez-vous, ce sont des choses d’où on ressort grandi comme dirait l’autre ! La jeune femme répondit à ma remarque avant de s’attaquer à son plateau : « Je crois plutôt que j'ai été serveuse et que je connais ce genre de clients. » Un petit rire s’échappa de mes lèvres face à sa remarque. Dommage, mon idée de solidarité féminine tombait un petit peu à l’eau. Mais sa remarque en elle-même voulait tout dire : je n’étais pas la seule à avoir à faire avec ce genre de personne, elle pouvait donc comprendre en quelque sorte ce que je vivais à présenter. Et l’effort monstrueux que je faisais également pour me contenir et pour ne pas exploser. Parce que de un, je pourrais me faire virer et de deux ça prouverait qu’il avait gagné, et je déteste ça ! Perdre ne me dérange pas, mais contre ce genre de personnes oui ! Je contrôlais chaque pensée, chaque mot, mais la phrase qui m’avait échappé sur le levez les yeux soldat, celle-ci était tout sauf contrôlée ! Elle eut au moins l’effet de faire rire ma cliente aux pancakes, même je pense que n’importe quelle personne en aurait ri, n’importe quelle personne sobre. Seulement, c’est à ce moment-là que tout a commencé à déraper…

En effet, ma remarque ne l’enchanta pas plus que ça, et l’homme en question se levait alors pour se poster à ma hauteur. Oswin, les ennuis commencent. Comme d’habitude. J’avais ce sentiment d’habitude qui m’envahissait : ce sentiment qui me disait qu’au fond j’en avais vu plein des comme ça et que je pourrais gérer cette situation aussi. Et comment vous dire qu’un sentiment tout autre m’envahissait aussi ? Certes j’avais pris l’habitude de me fourrer dans le pétrin toute seule mais j’avais développé même la faculté de prendre la situation du côté positif, et à essayer d’entrevoir une solution positive à tous mes problèmes. Des fois, mon comportement me fait peur à moi-même : ne me regardez pas comme ça ! Bon pour en revenir à mes imminents ennuis, le vieil homme lâcha : « T'as pas le droit d'me parler coça ! Je suis client et je paye, je fais qu'est-ce que c'est que je veux, d'abord ! » Ses paroles réussirent à me faire décrocher un regard des plus désintéressés et méprisant. Le toisant de haut en bas, ce fut certainement la deuxième chose de la journée qu’il n’apprécia pas. Le pauvre, il ne pensait certainement pas tomber sur quelqu’un comme moi : impulsive et téméraire sont mes seconds prénoms ! Il m’attrapa alors brusquement par le bras et il y mit de la fermeté. Je lâchais un léger mais strident « Hé, bas les pattes ! ». Il devait transpirer de l’alcool et plus de l’eau : c’est décidé lorsque je rentre, je prends une douche, voire même trois ou quatre oui !

C’est le moment que choisi la jeune blonde pour refaire son apparition, ou du moins pour montrer que toute cette scène se passait sous les yeux d’une autre cliente. « T'avais raison, ils ont délicieux les pancakes. » Comme si le temps s’était arrêté, ou du moins mit sur pause pour un petit moment, je tournais la tête vers la voix sans me soucier du client indésirable et ajoutais en réponse à sa remarque : « Je vous l’avais bien dit ! C’est pas le genre de la maison de mentir ! ». Je ponctuais même le tout d’un petit sourire. Je savais que l’ignorance était le meilleur moyen pour déconcerter quelqu’un – mais aussi pour l’énerver encore plus soit dit en passant –. Profitant d’un petit moment d’inattention de sa part, d’un mouvement sec de bras, je réussis à libérer ce dernier de la poigne de fer du client. Trop était trop, Josh n’arrivant toujours pas, il était temps pour moi de prendre les rênes ici : je peux être patiente, mais même moi, j’avais mes limites. Mais alors que je n’avais pas eu ni le temps de bouger, ni de prononcer une parole, l’alcoolique avait toujours un regard fixe sur la fameuse cliente aux pancakes. Il continua d’ailleurs à son intention : « C’est que je t’ai pas sonné toi ! J’parle avec elle, pas avec toi ! Alors reste avec tes pancakes, compris ? »

Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase : tant pis si on me reprocherait quelque chose, mais moi je n’aurais rien à me reprocher. En plus il avait déjà payé d’avance, tout est en règle, non ? J’avais profité de cela pour avancer de deux pas près du bar, afin que le chef cuistot Mario, m’entende. « Mario, tu t’es toujours demandé pourquoi il y avait un téléphone dans la cuisine, je vais te donner une réponse ! Appelle la sécurité, j’ai un client indésirable en salle. » L’attention de l’homme sembla se recentrer sur moi, et pour la troisième fois en moins de dix minutes, il n’avait de nouveau pas apprécié mes propos. Tant pis. Lui désignant du pouce la porte du bar, j’articulais à son intention : « Vous feriez mieux de partir, c’est votre dernière chance monsieur. » Allez savoir s’il va sortir sans rien dire, personnellement je n’y croyais pas plus que ça. A moins que par miracle, il soit frappé par la grâce et retrouve la raison – ce qui sonne tout à improbable et impensable, même si je viens de le penser – ; je sentais que quelqu’un allait devoir intervenir pour tout arrêter…

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