tu peux faire une histoire sous toutes les formes que tu veux (un journal, un rendez-vous chez le psy, des extraits de vie, de lettre, rp...) dans un minimum de mots.

Laissons entrer le soleil...

Neal se glissa dans un énième rayon de parfum et jeta un coup d'oeil entre deux flacons. Il s'était enfui de chez son père il y a un mois, lorsqu'une espèce de chose s'était encastrée dans sa fenêtre. Le monstre avait l'apparence d'un hybride entre la femme et le corbeau et c'est tout en agitant ses ailes graisseuses qu'elle s'était mise à proférer de sombres menaces à l'encontre du paternel du gamin. Bref, neuf ans et déjà à la rue, fuyant des choses qu'il ne comprenait même pas. Et puis le miracle : il avait rencontré Luna, une fille à peine plus âgée que lui mais qui lui avait appris beaucoup. Selon elle, ils étaient des demi-dieux. Son père à elle ? C'était Héphaïstos, le dieu forgeron. Quand à Neal... Il n'en avait pas la moindre idée, son père n'ayant jamais soufflé mot à ce sujet.
Mais bref, les deux gamins étaient désormais planqués dans un supermarché et Neal s'était retrouvé exilé au pays des parfums. Tendant l'oreille en quête de Luna, il ne vit pas venir l'affreuse chose qui lui tapota l'épaule. Et il tomba nez à nez face à un œil unique et rougeoyant.

- Ah !
- Eh ! Tu pourraisêtre plus poli, graine de dieu. Tu crois qu't'es mieux foutu avec ta tronche de gruyère, là ?

Visiblement vexé, le cyclope – car c'était bien de cela qu'il s'agissait – croisa les bras et siffla trois fois. Le cœur battant à tout rompre, Neal se tordit dans tous les sens, cherchant désespéré sa camarade du regard. Nul part en vue. Et voilà, il allait se faire dévorer tout cru par un gars avec un seul œil au rayon des parfums... Mais en voilà une idée ! Neal se jeta sur le « Senteur tropicale » et en pulvérisa un maximum dans l'obite unique du cyclope qui hurla de douleur, se frottant frénétiquement son œil rougi.

- Punaise, mais quel boulot à la con... ! Jake !
- Oh là, Mike, on ne mange pas nos protégés !

Et là, Neal pouvait affirmer ne plus rien suivre du tout. Un cyclope nommé Mike ? Sérieux ? C'est alors qu'il nota que le dénommé Jake avait des pattes de chèvre. Alors c'en fut trop pour le jeune garçon de presque dix ans : il prit les jambes à son cou, dénicha Luna au passage et l'entraîna vers la sorte.

- Neal ? Qu'est-ce qui se... Attention !

Trop tard. Une masse intercepta Neal et il rebondit bizarrement, se retrouvant assis par terre. Le garçon se rendit bientôt compte que la chose molle dans laquelle il venait de foncer se trouvait être en réalité le satyre le plus gros qu'il ait jamais vu. Bon, sa connaissance des satyres s'arrêtait à Jake en même temps. Mais quand même ! Il pouvait sans mal affirmer que celui-ci était en surpoids.

- Ah, je vois. Jake fait décidément bien mal son travail. Je suis Spike, le satyre chargé de vous rapatrier à la Colonie. Tu dois être Luna, n'est-ce pas ? Toi, en revanche, bonhomme, t'étais pas sur la liste...

Et Spike, le satyre au nom de vampire, sortit une immense liste de sa poche. Jake et Mike en profitèrent pour se pointer et le cyclope alla jusqu'à tapoter amicalement l'épaule de Neal après l'avoir repris sur pied.

- Faut pas avoir peur, graine de dieu, je suis végétarien. Bon, on embarque ?

***
Alors les gens présents s'agenouillèrent devant Neal, comme la coutume le demandait lorsqu'un sang-mêlé était reconnu. Au-dessus de la tête du garçon de treize ans brillait un petit hologramme. Et désormais, il n'était plus le fils de personne mais bien celui de Déméter. Sa mère avait peut-être trouvé cinq minutes pour le revendiquer enfin. Mettant son agacement - ou plutôt sa rancoeur – de côté, il leva sa vieille épée en bronze céleste dans un signe de victoire et quelqu'un dans l'assemblée siffla. Oh oui, il aimait ça, être au centre de l'attention. Les rares pensionnaires logeant au bungalow de Déméter vinrent ensuite l'entourer, chacun lui souhaitant la bienvenue. Neal était un garçon assez populaire et aimé des autres pensionnaires, que ce soit pour ses talents à l'épée ou de stratège. Bon, certains n'arrivaient pas à l'apprécier, peut-être à cause de ce côté un peu frimeur qu'il avait... Mais Neal Evans était un véritable pensionnaire de la Colonie et il attendait avec impatience de se voir confier une quête. Le jeune garçon adressa une courte prière à sa mère, Déméter.

***
Neal fixa son épée à sa ceinture, vérifia par réflexe que sa dague s'y trouvait aussi et caressa le boomerang que sa mère lui avait offert pour son dix-septième anniversaire. Et il était fin prêt. Son camarade de bungalow et demi-frère, Volt, se leva du lit en bondissant. Oh, Volt ne s'appelait pas vraiment comme ça ! A la base, il portait le doux prénom de Tom mais c'était trop commun et d'ailleurs, Volt lui allait mieux, en raison de son tempérament survolté.

- T'es prêt, mec ? Louise et Sophie nous attendent, je crois. T'y crois à ça ? Des filles et elles sont prêtes avant nous ! Chui sûr que c'est parce qu'Héphaïstos est leur père. Un tempérament de feu, j'pense...
- Ouais, ouais... Allons-y !

La quête en elle-même n'avait rien d'exceptionnelle. Ce n'était même pas une quête à proprement parler, plutôt une occasion de partir en vadrouille entre amis et de dégommer quelques monstres. De plus, les quatre avaient dix-sept ans, soit largement l'âge de savoir se défendre. Bref, Neal avait l'impression qu'il ne reverrait pas la Colonie, cet endroit qui était devenu sa maison en huit ans, de sitôt et il ignorait à quel point il avait raison.

- Où elles sont ?
- Je sais pas, mec ! Elles me suivaient puis plus rien !

Neal croisa le regard fiévreux de Volt et lui tourna le dos. Deux ans. Deux ans qu'ils avaient quitté la Colonie pour parcourir le monde à la recherche d'un truc dont ils ignoraient tout. Deux ans qu'ils étaient restés tous les quatre, dégommant quelques monstres quand l'occasion se présentait, vivant leur vie et faisant des recherches le reste du temps. Et en une nuit, tout s'était écroulé. Ils étaient tombés par erreur dans le repère d'un cyclope qui n'avait rien à voir avec Mike. La panique, des cris de surprise puis de peur et... Et voilà, deux d'entre eux avaient disparu maintenant. Volt se pressa contre lui, tremblant. Ils s'étaient dissimulés sous un établi, sachant très bien qu'ils finiraient par être trouvés. Et soudain, un cri.

- Volt, Neal, à tribord !

Bon, Louise avait toujours été une férue de navigation. Peut-être parce que son père était un dieu-fleuve ? Enfin quoi qu'il en soit, le terme leur sauva probablement la vie. Ils lui irent confiance, partir en courant... Et se retrouvèrent dehors. Juste tous les deux. Plus de Louise, plus de Sophie. Juste eux deux. Le hurlement du cyclope les dissuadèrent de revenir.