À son arrivée à la Colonie, il s’était rapidement rendu compte qu’il était loin d’être la bête de combat qu’il s’imaginait être. Voir des adolescents plus jeunes que lui se débrouiller aussi bien avec des lances ou des glaives l’avait carrément refroidi. Au fond, il n’était qu’un pauvre type qui avait appris à se battre parce qu’il ne savait rien faire d’autre. Et le centre de l’arène, éclairé et adapté pour n’importe quel entraînement ne ressemblait à rien aux ruelles sombres de New York, à la tombée de la nuit, où les règlements de compte duraient le temps de quelques coups de couteaux jusqu’à le son des sirènes de police ne viennent les trouver. Les choses changeaient. Hero n’était plus dans son milieu naturel et il devait sérieusement se mettre à niveau, car la possibilité de se faire battre par un adolescent de 14 ans n’était tout simplement pas envisageable.
Alors qu’il était sur la route en direction de cette fameuse arène, le fils d’Eris reconnut la silhouette familière de Yan Adams, un fils d’Arès qu’il comptait parmi ses amis. Enfin, ami n’était pas vraiment le mot exact… Hero se plaisait à se dire que c’était une relation plus forte que cela. Yan était peut-être considéré comme une grosse brute sans cervelle mais en attendant, c’était probablement le type le plus sympa qu’il avait rencontré à la Colonie. Et, si sa foutue mère daignait faire attention à lui, elle aurait pû le féliciter de si bien s’entendre avec un fils d’Arès. Mais sa mère ne donnait aucun signe de vie et il n’avait aucune envie que les choses changent après tout ce temps.
« Hey ! »
Il le rattrapa en quelques foulées.
« Je vais à l’arène. Cela te dit de venir avec moi ? Je suis sûr que tu es une bête de combat. Pourquoi pas un petit combat, disons, amical ? »
Il fourra précipitamment ses mains dans ses poches après avoir posé sa question. Il avait gardé la mauvaise habitude de toujours porter des vêtements sombres avec une capuche, et il n’était pas encore sûr de s’être débarrassé de tous ses manteaux contenant des poches cachées pour transporter tout ce qu’il valait mieux garder à l’abri des curieux… Il aurait voulu dire que tout cela appartenait au passé mais non, il restait empêtré dans cette galère comme si rien n’avait changé depuis. Comme si ces deux ans d’existence à la Colonie n’avaient pas suffi à éloigner les démons qu’il avait voulu fuir en quittant New York et ses ruelles sombres.
« Je te préviens tout de suite, je suis loin d’exceller avec une épée. »