Nyx, déesse personnifiée de la Nuit, est surtout connue pour avoir su donné la vie vie sans l'aide d'un mâle. Quand Héra donne naissance à Héphaïstos, un dieu informe et laid, Nyx devient la mère de Thanatos, Hypnos et bien d'autres enfants. Alors on oubliait assez facilement qu'elle avait aussi eu des enfants avec son mari et frère (ah la la ces grecs) Erèbe, les Ténèbres. Mais il arrivait qu'on s'en souvint, et ainsi reconnaît-on l'ascendance de Charon et Ether. Mais comment pourrait-on croire qu'ils avaient donné vie à un jeune fleuve, qui prenait sa source en surface, dans une fontaine d'Arcadie, et plongeait sous terre ? Une jeune déesse, ni lumineuse  comme ses sœurs Ether et Hemera, ni sombre comme Charon et Thanatos ? Elle n'était qu'un fleuve qui oscillait entre le monde des hommes et le royaume des morts, séparant d'une eaux infranchissable les deux terres. Son nom signifiait le froid glaciale, ce qui fait horreur, et elle vivait dans un palais à l'écart de tous. Styx, de son nom véritable, menait une existence des plus paisible, à l'écart des autres titans. Elle en avait rencontré un pourtant, un jeune homme nommé Pallas qui lui fit la cour assidument. Pourquoi refuser le mariage ? Leur ménage était heureux, et Syx donna même naissance à plusieurs enfants- soit Zelos, Nike, Cratos, Bia et Scylla.

Mais au-dehors, la guerre grondait entre Chronos et son fils, Zeus. Mais si le premier possédait une armée, le second était seul face à lui. Le dieu appela alors tout les immortels à combattre les Titans à ses cotés, que jamais ils ne seraient déposséder de leur attributs divins, et que s'ils étaient sans honneur, leur victoire leur apporterait cela. Et ce fut Styx, la modeste fleuve inconnue de tous, qui s'y rendit la première, entrainant ses enfants avec elle. C'est ainsi qu'elle reçu ce qui a fait d'elle ce qu'elle est aujourd'hui : face à la grande loyauté du fleuve, Zeus décida que désormais jurer par son nom serait le plus grand de tout les serments, celui qui ne fallait rompre, et que ses enfants habiteraient éternellement au cotés du roi. Ainsi fut fait.

Styx aurait du être heureuse de ces dons que lui accordaient le dieu des cieux. Pourtant, ainsi débuta l'oubli de la divinité odieuse aux immortels. Car si ses enfants, résidants de l'Olympe, étaient célébrés et honorés, elle, Styx en tant que telle, s'effaçait progressivement des mémoires pour ne laisser que l'idée d'un fleuve sacrée et spirituel, à la magie redoutable. Bien sûr, elle aurait pu remonter plus souvent à la surface, mais la déesse maitrisaient encore bien peu ses nouveaux dons, et chaque fois qu'elle se retrouvait en présence de plusieurs personnes, les chuchotements de leurs promesses et de leurs serments brisés, remontant d'avant l'obtention de son nouveau statut, envahissant son crâne et empiétant sur ses pensées. Alors elle restait calfeutrée dans son palais, seul car son mari Pallas était depuis  longtemps retourné vivre en surface, vivant avec la rage et la haine qui s'installait peu à peu contre tout ceux qui osaient l'oublier? Et si elle avait pu jurer elle-même sur ses Eaux, elle l'aurait fait sans attendre, qu'un jour les dieux regretteraient de l'avoir laissé ainsi.

Styx resta donc loin de tout durant de nombreuses années, et encore d'autres, des décennies et des millénaires, où son nom était l'un des plus connus et l'un des plus craint de l'univers, mais où elle, Styx, était l'une des déesses les plus oubliés. Etrange non ? Elle vivait dans son palais à l'écart des dieux, et cette situation devenait de plus en plus un choix, plus qu'une malédiction. Composé de colonnes d'argent et entourés de roches élevés, son palais était devenu de plus en plus inaccessible aux immortels comme aux mortels. Il était gardé par des dragons, gardiens qui ne se laissaient vaincre et qui ne dormaient jamais, et les eaux elles-mêmes de son fleuve chuchotaient en un flot continu des avertissements et des menaces.

Seul, la déesse laissait filer le temps, cultivant la haine qui grandissait en elle, sans pourtant essayer de changer les choses. Elle se complaisait en fait dans cette haine, gorgeant ses Eaux de cette émotion. Et un jour, une nouvelle guerre contre les Titans gronda dans le monde. Alerte, la déesse fut sur le pied de guerre, prête à prendre les armes pour se battre à nouveau aux cotés de Zeus. Jusqu'à ce que la raison lui reviennent. Elle, se battre à nouveau pour Zeus ? Impensable. Pas sans qu'il ne l'appelle. Elle avait été la première à lui répondre. S'il demandait son aide, elle viendrait. Sinon, elle resterait dans son palais. Bien sûr, la tentation de rejoindre Chronos l'avait effleuré, mais elle ne pouvait se résoudre à le rejoindre. Elle avait été a première à rejoindre son fils, Zeus, et à se placer contre lui. Un bon accueil aujourd'hui serait peut-être trop espérer.

De toute façon, en cas de victoire du titan, elle resterait là où elle était, et rien ne changerait pour elle : elle Etait le fleuve des Enfers, et rien ni personne ne pourrait la déloger de son palais. Si encore on se souvenait d'elle. Et les jours passèrent, et personne ne la demanda. Il n'y avait que des serments faits sur ses Eaux, et deux demi-dieux qui s'étaient baignés dans ses eaux, déclenchant des frissons d'inconforts à la déesse. Aujourd'hui, la déesse se terrait toujours dans son palais, hésitante à l'idée de remonter à la surface. Depuis toujours, elle était submergée par les serments, brisés ou non, des mortels, et si elle maitrisait parfaitement ses pouvoirs à présent, la peur engendré de l'horreur qu'elle avait ressentit, la faiblesse qui l'avait envahit à l'époque, subsistait toujours. Mais le monde change, et elle ressent le besoin d'en savoir plus.

Récemment, elle a sentit.... de la nouveauté. Une nouvelle branche du Styx, est apparut, et il n'est pas sous son contrôle direct. Une enfant-déesse, juste après, avait été baigné dans ses eaux. Une toute jeune âme, divinité de ses Eaux, qui lui parlait indirectement, et Styx se sentait attendrit en voyant la petite. De plus, des bruits courent, sur la révolte des demi-dieux, et Styx a toujours été d'une nature curieuse. Peut-être qu'une sortie à l'air libre, et le soleil dont elle ne garde qu'un vague souvenir, lui fera du bien.