Une récompense pour ceux qui dénonce. Wesley avait le visage qui rayonnait, littéralement. C’était vraiment génial ça, encore l’occasion de s’ne mettre plein les poches, d’être bien vu par monsieur D et tout le reste.  Lèche Botte ? Non. Opportuniste ? Wesley avait une légère  préférence pour ce mot là. Il était plus élogieux… de son point de vue en tout cas. Et puisqu’il savait pas mal de chose.. Dans le bungalow des Hermès, les commères ce n’était pas ce qui manquait. Les langues de vipères aussi, elles étaient même plus acer que les Aphrodite. Et alors les rumeurs… Donc, quand monsieur D lança que toute information concernant des activités « interdite ou dangereuse » était récompensée, le jeune homme ne perdit pas une seconde. Il s’était mis en quête de sa précieuse information qui ferait de lui un homme riche. Non non, Wesley ne s’y croyait pas trop.  Il avait juste des rêves étranges parfois… Près du lac, l’endroit était désert. Pas un chat. Tant mieux, Wesley avait envie d’être seul pour accomplir sa « mission ». Mission qu’il c’était lui-même attribué au fond…   La forêt de la colonie était juste là. C’état une petite forêt forte sympathique avec les nymphes et tout ce qui allait avec. Wesley se rappelait du nombre de capture l’Étendard qui avait du faire ici… Il repoussa ses lunettes de soleil sur le nez et entra dans les bois. Oui, les lunettes ne servaient à rien, mais il avait toujours trouvé que cela donnait un certain charme, un style sympa.  D’après ce qu’il savait, l’endroit en question n’était pas très compliqué à trouver. Pas pour une personne comme Wesley en tout cas. Enfin, il fallait être bête pour passer à côté.

Une grotte. Voilà où se trouvait le fameux « bar ».  D’un côté, Wesley trouvait un peu bête d’interdire ce genre de chose. En tant que fils d’Hermès, il adorait faire la fête et s’éclater dans ce genre de trucs… Mais ce n’était pas la question aujourd’hui. Au pire il en rouvrirait un nouveau une fois celui-ci fermé ! Il entra donc respirant un grand coup. Il allait surement croiser bon nombre de ses colocataires. Il était plein. Super. Bon, maintenant qu’il savait où il était et tout le reste, Wesley pouvait prendre du bon temps ici avant de rapporter les informations au chef monsieur D. Ca c’était un truc qui allait forcement lui plaire…  Autant mêler l’utile à l’agréable se disait-il. Mais ce qu’il vit derrière le comptoir était bien plus intéressant. Si on enlevait les bouteilles bien sûr. Une jolie demoiselle. A première vue, ce n’était pas dut out son type. Il n’avait aimé les filles dans ce genre là, petites, trop pâles… Mais elle avait quelque chose ne plus. Et il ne l’aimait pas. Pire, il adorait l’agacer à toute heures, n’importe comment. Il s’approcha du comptoir et sauta sur une chaise haute libre.

Une bière ! – il rigola avant de reprendre d’une voix plus sérieuse – Nan sérieusement, tu fou quoi ici Anna-chou ?

Oh, il adorait l’appeler comme ça, parce qu’il savait qu’au fond, elle ne l’aimait pas plus que lui. Et cela était tellement drôle. Il la regardait sans sourciller, un grand sourire moqueur sur le visage et les yeux pétillant de malice.

C'était la fin, Anna le savait. Elle contempla avec amertume son petit bar clandestin, perdu au fin-fond des bois dans une petite grotte. L'un de ses clients l'avait trahi, avait dévoilé l'existence de l'endroit et Monsieur D avait lancé des recherches. Alors bien sur, il y avait peu de chance qu'un de ces idiots arrivent à mettre la main dessus mais ça restait contrariant. La fille d'Hermès se faufila dans le fond de la grotte, là où elle entreposait des dizaines de bouteilles passées en contre-bande et s'adossa contre la roche. A cette heure-là, le bar était plein. Plein de demi-dieux de confiance qui profitaient simplement des joies d'une vie d'ado dont ils étaient privés. Anna entendit des exclamations filtrer de la pièce principale et écouta d'une oreille discrète le ronronnement des conversations. Il faisait nuit mais les Harpies de ménage avaient peu de chance de tomber sur la grotte par hasard. Tant que personne ne parlait, ils auraient la paix. Sauf que voilà, quelqu'un avait laissé échapper une information très importante : l'existence d'un endroit illégal. Pour l'instant, la fille d'Hermès n'était pas accusée, personne ne k'avait jamais trahi - du moins pas volontairement - mais si monsieur D en arrivait à une punition collective... Eh bien les gens étaient beaucoup moins loyaux dans ces situations-là. Corvées de vaisselle, nettoyage des chiottes et des douches... Anna frissonna d'horreur mais un coup d’œil à ces piles énormes de nourriture et de boissons suffit à lui remonter le moral : c'était son projet, sa réussite... C'était tout elle ça.

Entendant sa petite serveuse l'appeler - elle payait Julie avec d'énième produits en contrebande - Anna quitta l'abri de l'arrière-boutique et se fraya un chemin entre les personnes dansantes. La prochaine fois, elle songerait à décaler la piste de danse. La fille d'Hermès se glissa derrière le comptoir et haussa les sourcils. Sans un mot, Julie lui indiqua l'entrée et le sang d'Anna se glaça dans ses veines : Wesley Lincoln. Sa première réaction fut de foncer jusqu'à l'entrée et de le passer sur le fil de son épée. La seconde fut de mourir étouffée - mais finalement, ça n'avait pas grande utilité - et la dernière, se noyer dans l'agacement, le ressentiment, la colère et autres émotions toutes aussi négatives. L'air de rien, la demoiselle s'empara du verre que Julie était en train d'essuyer et l'astiqua si bien qu'il n'avait probablement jamais autant brillé. Une ombre passa devant elle et elle se retrouva nez-à-nez avec Wesley, bouillante de rage. Avec une vivacité étonnante, le demoiselle se retrouva de l'autre côté du comptoir, empoignant ce crétin de... de demi-frère par le col. Et l'écrasa littéralement contre la planche du comptoir.

« Je travaille ici, figure-toi, Wes-wes la fesse. Et toi, j'imagine que t'es pas juste venu boire un verre. »

Anna n'aurait pas su dire pourquoi elle était si en colère. P't-être même que Wes était simplement venu pour cette bière, mais elle en doutait. Elle... Elle ne pouvait pas le supporter, c'était plus fort qu'elle. Alors certes, il était beau-garçon et tout ce qui allait avec mais ce n'était pas du tout son style. D'abord, il était trop bête, trop profiteur, trop... Hermès, en fait. Et là tout de suite, elle avait bien envie de lui foutre un pain dans la figure. Ou alors c'était ce sourire moqueur qu'il arborait, là... Bah, ça n'avait aucune espèce d'importance, il était Wesley et elle ne l'aimait pas, c'était tout. Du coin de l’œil, elle nota que les pensionnaires les plus proches s'étaient arrêtés de danser pour le regarder avec des yeux ronds. Anna respira à fond et se força à lâcher le garçon avant de reculer d'un pas.

« T'as de la chance d'être chez moi, Leyley. » Elle alla jusqu'à lisser le tee-shirt dudit Leyley avec un sourire qui n'avait rien de chaleureux. « Les bastons, c'est pas bon pour les affaires sauf si... »

Anna marqua une pause, une idée germant lentement dans son esprit. C'était envisageable, ça serait même très drôle... Et elle savait que certains ici la suivraient, surtout ses plus anciens clients qui commençaient à lui être loyaux.

Bizarrement, Anna n'hésita pas un seul instant. Certes, les trois quarts de ses clients les plus fidèles l'observaient, attendant de voir la suite de la dispute. Pourtant, la fille d'Hermès ôta aussitôt le tee-shirt de Wesley. Hé, il lui avait bien donné son accord après tout. Avec un sourire narquois, elle posa ses deux mains bien à plat sur son torse et leva les yeux vers lui. Bon dieu qu'il était grand... Ou elle toute petite, au choix. Enfin bref, la présence de ce cher Wesley n'était peut-être pas si catastrophique que cela, elle devait pouvoir y remédier. D'un signe de la main, elle indiqua à Julie d'apporter une boisson à son demi-frère.

« Pour hydrater le grand héros du jour... Très beau torse, joli garçon. » Anna tapota les abdos de Wes. « Tu vas en avoir besoin. »

Anna adressa un clin d'oeil coquin à son frangin avant de faire volte-face, s'adressant à la foule. Puisqu'ils réclamaient en permanence du spectacle, qu'ils voulaient qu'elle fasse encore mieux... Eh bien ils allaient être servis. Mais il fallait les mettre dans le bon état d'esprit avant et ça, c'était plus compliqué. Avec l'agilité d'un chat, Anna grimpa sur le tabouret le plus proche, dominant pour une fois l'assistance.

« Vous voyez ce gars, Wesley Lincoln ? S'il est là aujourd'hui, ce n'estpas pour profiter des joies de cet endroit. Oh non, il est là pour le faire fermer. S'il y parvient, nous serons punis... Et le bar sera fermé. C'est ça que vous voulez ? » Murmures indignés dans la foule. « Hein ? C'est ça ? »

C'était l'avantage avec les demi-dieux quand ils avaient un peu forcés sur la bouteille : il suivait celui qui hurlait avec le plus de force. Et actuellement, c'était Anna. Avec un sourire réjoui, la petite demi-déesse frappa trois fois dans ses mains.

« Alors nous allons organiser un petit duel. Wes-Wes, j'espère que tu es armé. » La jeune fille fit signe aux clients de s'écarter et ils formèrent d'eux-même un vaste cercle au centre de la piste de danse. « Donc... Nous allons faire un combat de chiens pour commencer. Wesley, tu seras le premier chien. Toi, le second. »

Ouais, un petit concours. S'il gagnait... Elle ne le laisserait pas fermer son bar, cela allait de soit.

Oh, elle lisait vraiment dans sa tête cette fille. Voilà qui n’allait pas, mais alors pas du tout. Il se contenta de sourire, une des choses qu’il savait le mieux faire d’ailleurs et de suivre le rythme. Il n’aurait jamais cru sa demi sœur capable de faire ce qu’elle venait de faire et pourtant. Un combat de chien, c’était qu’elle avait de l’imagination en plus. Heureusement pour elle, Wesley était une personne joueuse. Et en plus d’être joueur, il adorait monter sur scène, ou ce qui s’en rapprochait le plus, pour faire le guignol ou prouver ce qu’il valait. Bientôt, tous les demi-dieux du bar se mirent en ronde – « comme à l’école primaire » pensa Wesley - et il se retrouva seul au milieu avec son adversaire. Un gars, de quel parent divin ? Va sa tronche, Wesley l’aurait envoyé chez les Héphaïstos mais apparemment, il était un fils d’Apollon. « Tient, un raté chez les beaux gosses… ». L’autre garçon faisait à peu près sa taille – si on comptait la taille des cheveux qui se hérissait sur sa tête tel un porc-épic – et Wesley fut ravi de se trouver en face d’une tel personne.

Il le fut nettement moins quand ce dernier fonça tête baissé et lui assena un coup de boule assez douloureux. Et Wesley renchéri aussitôt. Le gars voulait se battre à main nus ? Très bien. Anna n’avait énoncé de règles, alors Wesley voyait là l’occasion de se défouler un bon coup. D’abord il eu les coups de pieds, et Wesley maudit le type car ses gestes étaient dix fois mieux calculé que les siens. Mais quand il lui colla un poing dans la figure, le pauvre garçon tomba raide. Forcément. Et Wesley, lui mettant des coups de pieds dans les côtes pour qu’il se lève à nouveau avant l’air parfaitement sérieux. Un peu comme un élève qui venait de résoudre un problème de maths non résolu pendant des siècles. Il devait bien avouer que l’autre c’était bien battu, mais il avait gagné. Il se tourna vers sa demi-sœur, tout fier de lui, conscient qu’elle devait être un poil agacé de son comportement.

Encore Anna, montre-moi le reste ! Enfin, si c’est tout…

Il lui lança un regard difficilement définissable. Un mélange de « Il faut qu’on parle » et de « Tu vas voir toi, dès que j’te trouve seule dans un coin du camp, tu va morfler un coup ». Peut être que les deux étaient possibles.

Comme Wesley avait gagné, Anna applaudit avec enthousiasme. Si elle ne voyait pas sa venue dans son bar d'un très bon œil - elle connaissait le côté un peu profiteur de son cousin et demi-frère - elle devait reconnaître qu'il savait amuser la galerie. Et ça, ça l'arrangeait bien. Tant qu'il mettait de l'ambiance, les gens s'amusaient. S'ils s'amusaient, ils revenaient et ramenaient des amis. Et elle, elle se faisait de plus en plus de blé. C'était comme ça que marchait le business dans la Colonie, il suffisait de savoir y faire. Levant les deux mains pour réclamer le silence dans la foule, elle s'approcha jusqu'au vaincu et lui fila un coup de pied dans les côtes. Encore un, le pauvre, il allait avoir des bleus après avoir subi le premier Hermès, puis la Hermès junior féminine.

« Aller aller, debout ! » Anna chantonna ces mots avec impatience : elle avait du pain sur a planche et il ne fallait pas que l'ambiance se refroidisse. « Tournée générale, Julie, ouvre la bière ! »

La bière, c'était un peu la boisson sacrée ici, celle qu'on ne sortait pas à toutes les occasions et pour qui il fallait payer beaucoup. Or, il s'agissait une occasion, d'une très grande même. Et il fallait qu'elle trouve un second défi, et vite. Se frottant les mains, la demoiselle gagna le bord de la piste de danse, dégagea le bar d'un mouvement et écarta tous les gêneurs. Puis elle gagna la stéréo et alluma la musique.

« Vas-y Wes-Wes, on veut du spectacle, et du bon. »

Une bonne musique qui collait à n'importe quoi se mit en route. Un grand sourire sur le visage, Anna battit des mains et adressa un clin d’œil à son cousin. Alors, qu'allait-il faire cette fois-ci ? Une danse ? Un... strip-tease ? Dans tous les cas, elle voulait être là pour assister au spectacle. Voyant que la foule regardait le garçon, trop silencieuse, Anna prit sur elle pour ranimer tout son beau monde et mettre Wesley dans l'ambiance. Ben oui, tant qu'à faire...

« Wesley ! Wesley ! Wesley ! »

Alors la foule suivit et tous se mirent à scander son nom. Anna détourna un bref instant le rgard pour aider sa camarade à distribuer les verres de bière. Elle trempa les lèvres dans le sien, observant son frère par-dessus le gobelet. Et brusquement, elle lui en apporta trois ou quatre d'un coup. La demoiselle lui asséna un grand coup sur l'épaule.

« Aller, pour te sentir mieux. »

On pouvait faire le show avec des verres de bière et de la bonne musique.

Elle voulait du spectacle ? Encore plus de spectacle ? Très bien, elle allait l’avoir. Wesley afficha son grand sourire de vainqueur quand elle lui apporta ses bières. Oui, ses bières, car il n’y en avait pas qu’une seule. Il les bu toute une à une, sans s’arrêter, sous les cris, les applaudissements des gens. Wesley avait un gros avantage, il tenait l’alcool. Très bien même. Mais ça, personne ne le savait. Alors… Alors s’il voulait faire l’idée qui lui trottait dans la tête, il allait devoir passer pour un bourré. Sinon, il pouvait dire à sons image géniale. Et Wesley jouait à merveille la comédie. Il tituba et monta le son de stéréo. La musique qui passait était tout simplement génial. Il grimpa sur le bar, se trémoussant comme une danseuse de cabaret et commença… quelque chose.

Une danse, oui. Un strip-tease, oui. Non, Wesley n’avait rêvé de faire une telle chose quoi que… La musique était entrainante et puis, puisque les gens voulaient s’amuser… Sa danse ressemblait à tout ce qu’il avait pu voir à la télévision et Wesley trouvait qu’il se débrouillait plutôt bien. Anna avait fait une partie du travail n lui ôtant son tee shirt mais voyons… Il n’allait pas s’arrêter là. Voyons, ce n’était pas drôle sinon. Et plus la musique avançait, plus les habits tombaient. Si bien qu’à la fin, quand une nouvelle musique commença, il était quasiment à nu. Non, il n’était pas vraiment gêné et puis, il était censé être bourré donc… Il attrapa une bouteille sur le comptoir qui se releva être du champagne, il l’attrapa, secoua, ouvrit. La mousse éclaboussa tout le monde autour de lui et les gens riaient, se précipitait avec leur verre pour en avoir à leur tour. Il regarda dans la salle, se trémoussant toujours plus vite et ses yeux se posèrent sur sa demi-sœur. Oh elle… Il lui attrapa le bras, l’obligeant à monter sur le bar. Il la regarda avec un regard qui en disait long. Le genre de « Alors, contente ma petite Nana ? »

Il se mit à danser à nouveau, mais avec elle cette fois ci. Pour le coup, on pouvait dire que Wesley avait toujours rêvé de danser comme ça avec elle. D’accord, c’était carrément malsain, mais les demi dieux autour d’eux ne faisait pas vraiment attention au duo qui faisaient des pas de danse étranges sur le comptoir, non, eux même étaient en train de danser à fond sur la piste. Oui, pour le coup on pouvait dire que le « Wesley bourré » en profitait bien. Il la prit dans ses bras et hop, changeant totalement de registre de danse fit quelques pas de valse. A la fin de sa petite démonstration, très fier de lui, il embrassa Anna à pleine bouche. Ben quoi, il était bourré non ? Il n’était pas vraiment conscient de ses actes… Il sourit, encore plus fier de lui et descendit du bar. Oh bah, elle n’allait pas râler, ce n’était pas comme si tout le monde avait vu si ? Et puis Wesley était persuadé qu’il embrassait bien. Il jubilait intérieurement, oui, il était allé assez loin cette fois ci. Et étrangement, cela lui avait bien fait plaisir.

Tu vois, je suis prêt à tout Nana… Épreuve suivante.

Sans trop savoir comment, Anna se retrouva sur le bar à danser avec son frère. Elle était satisfaite : la foule s'amusait à mort et ça allait donner une sacrément bonne réputation à l'endroit. L'animation « Wesley » était fonctionnelle, c'était le moins qu'on puisse dire. Bref, une fois que son frangin l'eut planté sur le bar, hors de question de se défiler. LA demoiselle ôta son haut en levant les yeux au ciel mais son expression agacée était démentie par son grand sourire. Anna avait beau être Anna et elle ne supportait peut-être pas Wes-Wes la fesse, elle savait s'amuser et tirer parti des bons coups. Hors, se mettre presque à poil devant ses potes entrait dans les bons coups - même si c'était triste à dire. La jeune fille enleva son tee-shirt en rythme avec la musique, prenant son temps pour que les cris de la foule montent en intensité. C'était carrément malsain de danser ainsi avec son frère devant un groupe d'adolescents en folie mais... Business is business. Lentement mais surement, les vêtements de la fille d'Hermès tombèrent au sol et la miss se fit un plaisir d'en lancer quelques uns dans la foule. Tant qu'à faire, autant s'amuser ! Elle venait à peine de lancer un sous-vêtement que Wesley l'attrapa avant de l'embrasser. Pour de vrai et non pas comme un demi-frère et cousin devrait le faire. Étonnamment, le coeur d'Anna explosa dans une symphonie de battements et elle lui rendit, glissant même une main derrière sa nuque pour le garder contre elle. Et elle se sentait horrifiée et heureuse de la chose. Elle embrassait son frère et elle aimait ça plus que tout au monde. De toute façon, les deux ne risquaient rien : Anna était Anna (tout simplement) et Wesley était bourré (ou sensé l'être).

« Épreuve suivante ? Mais c'est qu'il est courageux, mon petit monsieur fesse... » Juste un murmure à l'intention de Wesley. Elle reprit, à l'adresse de tous, cette fois-ci. « La dernière et ultime épreuve du tournoi de ce soir va désormais avoir lieu ! Si notre cher Wesley gagne, il aura l'autorisation de donner l'emplacement de l'endroit à monsieur D. Autrement, il devra garder le silence. Il pourra tout à fait rejoindre l'équipe des lieux en tant qu'animateur-soirée. L'épreuve sera un lancé de marteau et son adversaire sera moi-même. »

Là. Anna adressa un clin d'oeil à son frangin et sautilla vers la réserve. Elle dénicha des lots de marteaux bon marché (parce que oui, tout le monde a son stock de cinquante marteaux dans sa réserve, derrière les bouteilles de bière et les philtres à café) et en lança la moitié à Wesley.

« Voilà la cible. » Elle désigna un vieil épouvantail dans un coin qui portait le prénom de Lambert. « Celui qui plante - et je dis bien planter, transpercer donc - le maximum de marteaux gagnera. Puisse le sort vous être favorable ! »

Anna ne cria pas Joyeux Hunger Games mais elle aurait pu.

Épreuve suivante. Oui oui, il secoua sa tête, un poil béat. Elle ne l’avait pas frappé, ni injurié, ni rien. C’était bien une première. Tant mieux, c’était à noter, peut être qu’il recommencerait donc ça ! Anna énonça alors la nouvelle consigne et Wesley sentit son cœur se faire plus lourd. Là, elle injuste. Elle savait pertinemment ou alors s’ne doutait fort, que Wesley allait perdre. Oui il avait de la force, assez pour lancer un marteau mais non, il n’était pas doué dans l’art de lancer des outils. Il se contente d’hausser les épaules, comme si de rien n’était. Il lui sourit, attrapant un marteau. Super. Génial. C’était fou comme Wesley pouvait être… enthousiaste. Il lança donc une première fois et l’objet frôla la cible. Il ne perdit pas son sang froid et passa le relaie à sa demi sœur. C’était vraiment une sensation désagréable. Horrible même, celle de perdre. « Te décourage pas Wes’, ce n’était que le premier lancé ! » Il soupira et lança une deuxième fois, réussissant alors. Ce fut alors que quelque chose, ou plutôt une pensée vint le déranger. S’il arrivait par chance à gagner – et la chance, Wesley en avait souvent – le bar allait fermer. D’accord, il ne souhaitait que ça pour embêter le plus possible sa chère Anna mais en mêle temps… Si elle lui proposait un job… Sa première expérience ne lui avait pas déplu, loin de là. Le jeune homme prit alors une décision, qui lui fit mal quelque part mais il savait que cela en valait la peine. L’épreuve se déroula assez vite et Wesley fut le grand perdant, Anna la grande gagnante.

Tu as gagné Nana. Je garde le secret de ton bar.

Il avait dit cela d’un ton sec, essayant de ne rien laisser paraitre. Wesley Lincoln, fier comme il était se trouvait quand même un peu honteux. Les gens autour d’eux reprirent leur activité, félicitant au passage leur patronne. « T’façon j’aurais gagné si j’le voulais… » Il le pensait fort, mais savait que ce n’était pas vraiment la vérité. Il voulait bien avouer que pour une fois, l‘idée du bar, l’idée de la seule fille qu’il ne pouvait pas s’empêcher d’emmerder tout le temps était cool.

J’peux « travailler » - il mima les guillemets – ici pour la peine ? Pas besoin de me payer…

Oui, il était toujours utile de le rajouter. Si Wesley voulait être payé il pouvait faire les poches de tout les clients du bar.

C'était plus fort qu'elle, elle ne pouvait s'empêcher de jubiler. En fait, Anna était si contente d'elle qu'elle manqua bien de tout faire capoter en lançant son marteau de travers. Toutefois, des années d'entraînement lui sauvèrent la vie et la jeune fille remporta cette ultime épreuve. Elle se tourna vers Wesley dans une pirouette joyeuse et lui adressa un grand sourire. Elle avait gagné son bar ne fermerait pas. Au fond d'elle, elle savait que ce n'était pas une bonne idée de s'en tenir à la simple parole de son frère mais... Bah, il y avait cette part stupide en elle qui lui criait que non, Wes-Wes ne pourrait jamais les trahir. Un ou deux clients réguliers lui tapèrent sur l'épaule, satisfaits du déroulement des évènements.

« Tu sais, Wesley, ça aurait été une très mauvaise idée de faire fermer cet endroit. Tu te serais mis à dos plus de gens que tu ne le crois. »

Anna haussa les épaules et rejoignit sa collègue derrière le bar, attrapant un verre à essuyer. Pour une fois, son ton n'avait pas été moqueur ni rien : c'était juste un vulgaire constat. On ne l'aurait peut-être pas cru à première vue mais les adolescents vivants dans la Colonie manquaient cruellement d'amusement et de fêtes, comme n'importe quels gamins en somme. La fille d'Hermès avait su leur offrir tout cela en montant un business solide. Pensive, Anna crut qu'elle avait rêvé quand Wesley fit sa fameuse proposition. Ou plutôt, accepta ce qu'elle avait dix juste avant la troisième épreuve. Elle n'avait alors pas songé qu'il accepterait - bien que l'idée soit cool, elle devait l'avouer, un animateur n'aurait pas été de trop.

« Tt... Toi ? Travailler ici ? » La jeune fille se reprit rapidement, sentant le rouge lui monter aux joues. « Enfin oui, bien sûr. Je te l'ai proposé il y a trois minutes. Il nous faudrait un animateur-soirée - qui, accesoiremment, aiderait aussi au service et tout - pour que tout soit parfait. »

Anna préférait ne pas lui laisser le temps de changer d'avis. En moins de temps qu'il en faut pour dire "Wes-Wes", elle s'était éclipsée dans la réserver et revenait avec une feuille et un stylo.

« Ton contrat, juste au cas où. En gros, il dit que tu t'engages à travailler avec un minimum de sérieux, et tout le baratin. Je l'ai trouvé sur Internet, hein ? Aller, Wes-Wes, signe ça, on a du boulot. »

Elle avait l’air surprise, comme si elle pensait, au fond d’elle, que Wesley n’avait pas vraiment pris au sérieux ce qu’elle avait dit juste avant leur épreuve de lancer de marteau. Et pourtant… Wesley allait devenir un des nouveaux « employés » de sa demi-sœur. La peste. Elle l’avait bien eu, il pouvait le dire. Il pouvait dire adieux à la petite récompense de monsieur D. Tant pis, il trouverait un autre moyen de se faire bien voir de la part du dieu. Un autre jour surement ! Il la regarda sortir une sorte de charte, qu’il lut en diagonale. Oui, un jour il regretterai à coup sûr de ne pas l’avoir lu plus attentivement mais sur le moment, il était légèrement agacé par la tournure des évènements. Il attrapa le stylo et signa, de sa plus belle écriture (comme si Wesley faisait vraiment attention à ce genre de détails).

Voilà, heureuse ?

Il sourit, mais il sentait bien que sa demi-sœur sentait l’ironie dans sa voix, sur ses traits. Il haussa les épaules. Bon, ce n’était peut-être pas si terrible en fin de compte ? Peut-être qu’il s’amuserait avec ce nouveau… job. Au moins, il était sur de rester populaire au sein de la colonie et c’était très important pour le fils d’Hermès. Et puis cette soirée ne c’était pas si mal passé aussi. Finalement, Wesley en vint à penser qu’il n’avait peut-être pas fait le mauvais choix aujourd’hui.

Bon ben on se voit au repas de soir Nana.

Il la salua d’un bref coup de main et sortit de son petit pub clandestin. Quand même, il fallait avoir du culot pour faire ça juste sous le nez de monsieur D, qui surveillais bien la colonie. C’était peut-être pour ça aussi que Wesley aimait bien sa demi-sœur de temps en temps, elle avait du cran.

☼ RP TERMINÉ ☼