Aujourd’hui, c’était un jour important. Aujourd’hui, c’était un jour très spécial. Aujourd’hui, c’était le jour très spécial de ma Criostal. Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de ma Crio.  Et depuis des mois j’étais à lui préparer son cadeau d’anniversaire. Surtout qu’aujourd’hui, ma Crio elle avait dix-huit ans. Dix-huit ans, c’est pas rien. Dix-huit ans, c’est important. Alors moi, je m’en voulais un peu, de ne lui offrir qu’un simple portrait d’elle. Mais c’était tout ce que je pouvais faire. Alors j’espérais que le portrait serait vraiment bien et qu’il lui plairait beaucoup. Au pire, je peux toujours aller demander aux nymphes de m’aider à savoir ce qu’il ferait plaisir à ma Crio. Elles sont gentilles, les nymphes. En tout cas, depuis ce matin je cherchais Crio. Soit elle était avec Luke, soit… soit je sais pas, en fait. Elle dormait peut-être encore ? Ah, mais non, son lit était déjà fait, et elle n’était pas à l’intérieur. De toutes manière, vue le nombre de gens qui aimaient bien ma Crio, là où il y aurait un attroupement, c’était forcément pour elle ! Je sors de notre bungalow. Dehors, c’est calme. Vraiment calme. Bon, on n’est pas encore en vacances scolaires, alors c’est normal. Mais quand même ! En plus, ce mois-ci, c’était le mois de Noël… et visiblement, Monsieur D n’avait pas encore décidé de faire accrocher les décorations. Il était méchant, Monsieur D. Moi j’aime beaucoup Noël, même si ici, il neige jamais, parce que Monsieur D choisit le temps, et qu’il veut pas qu’il neige. C’est dommage, parce que moi, j’aime bien la neige. C’est beau la neige, c’est tout blanc, comme les pégases. Enfin si, il neigeait, mais pas beaucoup. Monsieur D laissait pas la neige très longtemps, et aujourd’hui, le premier Décembre, il ne l’avait pas encore faite venir. En tout cas, moi, fallait que je trouve Crio ! Elle aussi, je crois qu’elle aime bien la neige. Parce que dans sa ville où elle habitait, y’en avait pas beaucoup. Enfin, je crois même que y’en avait pas du tout. C’est dommage ! Mais au moins, à la colonie, elle en voit un peu plus souvent, c’est déjà ça ! Je marchais dans la colonie, à regarder autours de moi. Les héros qui étaient présents étaient occupés, certains allaient à l’arène, d’autres à la forge… Il y avait des gens que je connaissais. Mais pas Criostal. Peut-être que je pourrais demander à quelqu’un s’il la vue ? Direction le grand Bungalow. Là, je trouverais peut-être quelqu’un qui saurait !
Il y avait beaucoup d’héros. Ils mangeaient leur petit déjeuner, tranquillement. La table des Hypnos étaient vide. C’était normal, plus de la moitié dormaient encore. On devait être les plus flemmards de la colonie, avec les enfants de Morphée. Mais c’était bien, de dormir. Au moins, nous faisions des nuits complètes ! Et on était en forme pour bien travailler dans la journée. Je vais vers la table des enfants d’Hermès. Il y en avait beaucoup. En fait, toutes les tables étaient remplies, pratiquement. Il y en avait toujours des moins nombreuses que d’autre. Enfin bref. Là, je pourrais trouver quelqu’un qui saurait où Criostal est. « Salut ! Dites, vous auriez pas vu Criostal ? » je dis, en souriant. Certains se regardent, replongent le nez dans leur assiette. D’autres réfléchissent. Un finalement me dit « T’as regardé dans tout le camp ? Elle est p’tet dans la forêt, ou près du lac. » je le remercie avant de foncer vers ces endroits, mon cadeau emballé sous le bras.

La forêt était grande. Peut-être un peu trop. Et peut-être que Crio n’y était même pas. Alors autant aller voir vers le lac tout de suite ! Je cours vers là-bas, tout sourire. Et l’enfant d’Hermès avait raison : Crio était là, assise en tailleur, en face du lac. Je m’avance doucement, fait en sorte de ne pas faire de bruit. Arrivé derrière elle, je pose mes mains sur ses yeux. « Devine qui c’est ! » Elle devine facilement. Je retire mes mains et m’assois en tailleur à côté d’elle, pour finalement lui faire un gros câlin. « Joyeux anniversaire grande sœur ! », je lui dis enfin, avant de lui donner le paquet, où il y avait  le portrait d’elle dans un cadre en bois, décoré. Je l’avais dessinée, elle, et ses cheveux bleus et roses, en train de sourire. Un fond sombre, où seules les étoiles ressortaient. On ne voyait que Criostal. Et le cadre était orné de dessins argentés. Je la regardait en souriant, tandis qu’elle commençait à prendre le paquet.

Criostal n’avait pas dormi de la nuit. Elle était restée dehors, observant les étoiles avec pour seule compagnie un sandwich et un bouquin. De toute façon, si elle serait restée au Bungalow, elle aurait été incapable de dormir, elle le savait. Aujourd’hui, c’était particulier. 18 ans, c’était beaucoup, beaucoup trop même. Elle ne s’en était même pas rendu compte, le temps passait si vite…

À l’époque de l’Argentine, elle se souvint qu’elle n’avait jamais de véritables cadeaux. Juste des trucs pas trop usés récupérés ici et là qu’on essayait de rendre présentables avant de lui offrir. Une paire de bottes déchirées sur le côté, un petit train miniature dont il manquait la moitié des pièces, un collier fait avec du fil barbelé et des perles toutes colorées. Tout ça était resté croupir en Argentine et elle n’avait eu aucun regret à les laisser là-bas quand elle avait dû partir.

L’an dernier, c’était Morphée qui lui avait offert quelque chose. Un livre qui, lui avait-il dit, était très beau. Hacia rutas salvajes était écrit sur la couverture, mais il le nommait Into the Wild, donc elle supposait que c’était le nom en anglais, dans la langue qu’elle ne comprenait pas à l’époque.

Et cette année… Et bien cette année, elle fêtait ses 18 ans à la Colonie. Elle n’en doutait pas, ce serait le meilleur anniversaire de tous les temps, parce qu’elle était entourée de ceux qu’elle aimait, de sa véritable famille comme elle aimait les appeler. Parce que cette fois, elle était heureuse. Quand on est heureux, tout est meilleur, tout va mieux, elle n’en doutait pas.

Plongée dans ses pensées, elle sursauta en sentant deux mains se poser sur ses yeux.

« Devine qui c’est ! »

Ah, une question facile. Ces mains, elle les auraient reconnu entre milles. Même sourde, elle l’aurait reconnu.

« Oneiro ! » S’exclama-t-elle tandis qu’un sourire radieux étirait le coin de ses lèvres. Elle observa son frère s’assoir et se blottit contre lui quand il l’enlaça. Rien que cet instant-là était le meilleur qu’elle avait eu depuis des années.

« Joyeux anniversaire grande sœur ! » Dit-il, et son sourire s’agrandit encore plus quand elle vit le paquet qu’il lui tendit.

« Non, Onei’, je peux pas accepter ça, c’est beaucoup trop… » Commença-t-elle en balbutiant devant la taille du paquet. Mais qu’avait-il bien pû mettre à l’intérieur ? La curiosité la tiraillait. Elle jeta un coup d’œil incertain à son frère, mais l’air si heureux qu’il avait la convainc d’ouvrir ce fameux paquet.

Alors elle commença, tout doucement, et sentit le cadre de bois sous ses doigts. Quelque chose tilta dans sa tête… Evidemment. Elle savait qu’Oneiro avait un véritable don pour le dessin, elle aurait dû s’en douter ! Mais non. Elle n’avait rien anticipé. Et l’effet de surprise ne faisait que la rendre plus heureuse.

« Oh… » Murmura-t-elle quand elle eut fini de déballer le paquet. Elle avait maintenant le tableau entre ses mains et elle tendit ses bras pour pouvoir l’observer dans son intégralité. Aucun mot ne pût décrire alors le sentiment qui envahit son cœur. Elle sentit une boule se former dans sa gorge et, elle en était certaine, des larmes vinrent perler à ses yeux. C’était juste magnifique.

« Onei… C’est trop beau ! Je sais pas comment te remercier, je... c’est juste parfait ! Je suis trop contente ! » Dit-elle en se tournant vers son frère pour le serrer dans ses bras. Elle n’imaginait même pas le temps qu’il avait dû passer dessus, tout ça pour elle… C’était le plus bel anniversaire qu’elle n’avait jamais eu.

Elle était surprise. Elle était émue. Ses yeux brillaient Il y avait même des petites larmes, au coin. Mais moi, je voulais pas que ma Crio elle pleure. Ni de joie, ni de tristesse. Pourquoi elle pleurerait ? Elle est si joyeuse, si gentille, il fallait pas que des larmes viennent déformer son beau visage, viennent barrer d’un filet plus foncé ses jolies pommettes rosées. Elle ne voulait pas accepter le cadeau, mais elle était obligée de le faire ! Parce que je l’avais fait pour elle, et elle devrais mettre à la poubelle son humilité, juste pour aujourd’hui, parce que je n’étais surement pas le dernier qui lui ferait un cadeau aujourd’hui. « Oh… » elle dit, tandis qu’elle commençait à découvrir ce que contenait le paquet cadeau. Je la regardais, avec mes grands yeux. Est-ce que ça lui plaisait ? Etait-ce un "oh" de bonne surprise, ou un de mauvaise ? Etait-ce un "oh" pour cacher qu’elle n’aimait pas ? Elle déballait intégralement le cadre, et ses grands yeux marron brillaient. Elle devait aimer… J’espérais, qu’elle aimait ! Elle tend les bras pour observer le dessin, sous différents angles. Et là, elle fait ce que je ne veux pas qu’elle fasse. Non-non-non-non ! Criostal ne devait pas pleurer, c’était interdit pour elle aujourd’hui. Et j’allais veiller à ce que ça ne se reproduise plus du tout de la journée ! « Onei… C’est trop beau ! Je sais pas comment te remercier, je... c’est juste parfait ! Je suis trop contente ! » elle dit, en me serrant dans ses bras. J’aimais bien quand ma Crio me faisait des câlins, c’était hyper rassurant. C’était comme une maman, Criostal. Elle était aussi bienveillante, gentille, douce et aimante que la maman que j’aurais rêvé d’avoir. Je lui rend son câlin, jusqu’à sentir une larme perler dans mon cou. Je me dégage, et la regarde, incertain. Elle pleurait encore ! Non-non-non-non ! Ma Crio ne devait pas pleurer. Je m’approche d’elle, et essuie les larmes qui coulent. Je sourit, elle continue de sourire, mais les larmes continuent. Non-non-non et encore Non ! Je cherche dans mes poches : un paquet de kleenex. Trouvé ! Oh, et grâce aux dieux, il m’en restait juste un. C’était celui réservé à Criostal, celui-ci ! Je venais de le décider. Je le sors, et passe le mouchoir sur les joues de ma sœur. « Non ! Pleure pas ! Je veux pas que tu pleures, d’accord ? J’aime pas quand tu pleures… » je fais, en lui mettant le mouchoir dans le creux de la main. « Lui, c’est ton mouchoir de la journée. Tu fais attention, parce que je veux pas que tu le jettes avant ce soir ! Parce qu’aujourd’hui, tu as interdiction de pleurer ! » Je lui sourie. J’avais hâte de voir ce que ses autres amis allaient lui offrir. Parce que, 18 ans, c’était important. Autant que 16, autant que 21. Je regarde le cadre, qu’elle tient toujours dans sa main. « Je suis content que tu aimes. J’ai eu peur d’avoir raté la surprise, parce qu’à chaque fois, j’avais la frousse que tu regardes dans mes dessins et tombe sur lui. C’est pour ça que j’ai finis par toujours prendre ma pochette avec moi ! » je finis par dire en riant.

Le cadeau toujours dans ses mains, elle tenta de s’essuyer le visage avec le tissu de son vêtement mais Oneiro fût plus rapide qu’elle.

« Non ! Pleure pas ! Je veux pas que tu pleures, d’accord ? J’aime pas quand tu pleures… » Lui dit-il en lui donnant un petit paquet de mouchoirs.

Le geste pouvait sembler petit, mais cela ne l’empêcha pas de le prendre à nouveau dans ses bras pour le remercier. « Lui, c’est ton mouchoir de la journée. Tu fais attention, parce que je veux pas que tu le jettes avant ce soir ! Parce qu’aujourd’hui, tu as interdiction de pleurer ! » Et rien que pour lui, elle ne pleurerait pas une seule fois de la journée.

« Je vais faire de mon mieux, promis ! » Rangeant ensuite le paquet de kleenex dans l’une de ses poches, elle hocha la tête d’un air sérieux pour montrer qu’elle ferait tout pour tenir sa promesse.

« Je suis content que tu aimes. J’ai eu peur d’avoir raté la surprise, parce qu’à chaque fois, j’avais la frousse que tu regardes dans mes dessins et tombe sur lui. C’est pour ça que j’ai finis par toujours prendre ma pochette avec moi ! » L’attention particulière que son frère portait à son égard lui arracha un sourire amusé et elle eut un petit rire.

« Tu n’avais pas besoin de faire autant ! Il aurait suffi que tu me dises que tu ne voulais pas que je regarde tes dessins et je ne t’aurais pas embêté… » Lui assura-t-elle en souriant. C’est vrai qu’en y repensant, il s’était montré un peu plus réservé quant il s’agissait de ses dessins, et elle s’était demandée plusieurs fois pourquoi il se trimballait avec sa pochette un peu partout dans la Colonie – même aux écuries, alors qu’il aurait pû salir tous ses travaux ! « En tout cas, tu as réussi ta surprise ! Je me serais jamais doutée de ce que tu préparais, même en tombant sur tes dessins par hasard… Et même si je l’aurais découvert, ça ne pouvait que me faire super plaisir ! »

Ma Crio promit. Elle promit qu’elle ne pleurerait plus de la journée, et je lui souris. Parce que ma Crio, ne fallait pas qu’elle pleure le jour de son anniversaire. Parce qu’un anniversaire, c’est censé être joyeux, non ? Alors que pleurer, c’est quand on est triste. Alors être triste, un jour censé être joyeux, c’est une sorte d’oxymore réelle. En tout cas, Criostal rangea le paquet de mouchoir que je lui avais donné dans sa poche. Et ça me fait sourire. Ranger, ça veut dire ne pas déranger. Elle tiendrait sa promesse, ça se voyait ! « Tu n’avais pas besoin de faire autant ! Il aurait suffi que tu me dises que tu ne voulais pas que je regarde tes dessins et je ne t’aurais pas embêté… » Elle fit une pause. Une légère brise vient déranger ses cheveux roses et bleus, mais elle n’a pas l’air d’y faire attention. Parce que la brise était trop faible, mais moi je l’ai vu, parce que j’aimais regarder les cheveux de Criostal. J’aimerais qu’elle me coiffe, un jour. Mais je n’avais pas les cheveux suffisamment longs, ou en tout cas, je ne pense pas les avoir suffisamment longs. Mais je me les laisserai pousser. Et bientôt, je les aurait aussi longs que qu’elle, quand ils sont lissés. « En tout cas, tu as réussi ta surprise ! Je me serais jamais doutée de ce que tu préparais, même en tombant sur tes dessins par hasard… Et même si je l’aurais découvert, ça ne pouvait que me faire super plaisir !» Et je souris encore. Parce qu’aujourd’hui, je voulais sourire. Je devais montrer à Criostal qu’il fallait sourire, et pas pleurer. Et puis, aussi parce que je souris tout le temps. Les gens de la colonie, c’est ce qu’ils me disent : je souris beaucoup, et des fois pour rien. Mais sourire, c’est jamais pour rien. Sourire, ça fait sourire les autres. Sourires ça rend content quelqu’un qui ne l’était pas. Sourire, ça fait arrêter de pleurer quelqu’un qui verse quelques larmes. « Oui, mais la surprise aurait été ratée ! Si je t’avais demandé de ne pas regarder mes dessins, tu te serais doutée de quelque chose, hein ? Et si tu étais tombée dessus, il n’aurait pas eu le même effet que maintenant. » Et je la regarde. Ses larmes ne coulent plus. Ses joues sont un peu rosies, par la température, sans doute, qui est assez basse : nous sommes en décembre, tout de même. Et puis, aussi parce qu’elle venait de pleurer un peu. Pourquoi, d’ailleurs, nos joues rosissent quand on pleure ? Et le nez ? Le sang ne monte pas, si ? Il faudrait que je le demande à quelqu’un. Mais qui ? « Mais si ça te fait plaisir, alors je suis content. » et je dépose un baiser sur sa joue droite, avant de me rasseoir en tailleur. Puis, je regarde autours. Criostal était face au lac. Elle était seule. Pourquoi seule, le jour de ses dix-huit ans ? Alors qu’elle pourrait être avec Luke, ou encore Sunshine, la fille d’Apollon. Mais non, elle était toute seule, et ça, je n’étais pas d’accord. Alors heureusement que je suis venu, et heureusement que je l’ai trouvée ! « Crio ! Pourquoi t’étais toute seule ? Et pourquoi ici ? »

plop ♥:

Oneiro a son grand sourire plaqué sur le visage. Quand il sourit comme ça, Crio arrête de penser à toutes les choses qu’il faut compter dans le monde et elle sourit à son tour. C’est comme ça, il n’y a que lui qui peut sourire comme ça et arrêter pendant un instant le vacarme du monde.

« Oui, mais la surprise aurait été ratée ! Si je t’avais demandé de ne pas regarder mes dessins, tu te serais doutée de quelque chose, hein ? Et si tu étais tombée dessus, il n’aurait pas eu le même effet que maintenant. »

Elle pencha la tête sur le côté et se mordit l’intérieur de la joue. Il n’avait pas tort, mais dans tous les cas ça lui aurait fait plaisir. Il n’y avait pas meilleur cadeau que de voir quelqu’un penser à soi.

« Mais si ça te fait plaisir, alors je suis content. » Et il se pencha pour déposer un baiser sur sa joue.

« C’est moi la plus contente aujourd’hui. C’est le plus bel anniversaire de ma vie. » Dit-elle en souriant, serrant le paquet du tableau entre ses mains. Pas besoin de réfléchir ou de comparer aux années précédentes. Elle avait eu cette année bien plus de belles choses que toutes les autres. Une famille, un petit-ami, de vrais amis, une place qu’elle peut vraiment considérer comme sa maison. Elle avait même plus besoin de se pincer pour vérifier si tout cela était bien réel car ça l’était. C’était là et elle comptait pas s’en séparer.

« Crio ! Pourquoi t’étais toute seule ? Et pourquoi ici ? » La voix d’Oneiro la fait brusquement sortir de ses pensées. Pendant quelques instants, les images sombres du bidonville remplacent le lac et le visage de son frère. Une odeur affreuse, un mélange de décomposition et d’essence lui emplit les narines. Elle entend à nouveau sa tante lui crier dessus. « ¡Más rápido! » Un sursaut la ramène à la réalité et elle regarde avec attention son frère, le fantôme de son passé flottant encore dans son regard comme s’il n’avait jamais totalement disparu.

« Il me faut du temps pour me rendre compte des choses. J’aime bien le lac, c’est joli. Et puis regarde, je suis pas toute seule. Je suis avec toi. »