Il était environ 20h30 et la quasi totalité des pensionnaires étaient au feu de camp. La plupart du temps, Sophie y était également mais tout le monde avait le droit à son petit moment de liberté. Elle savait que s'aventurer derrière la barrière était risqué, que les monstres pouvaient sentir son odeur et la tuer... Donc, elle ne prit pas ses armes. Non, je rigole. Elle prit ses armes en serrant avec force le couteau qu'elle venait de faire apparaître, un long et épais couteau comme un poignard. Elle l'avait attaché à sa ceinture d'armes et tenait le manche d'un arc armé.

Le silence, c'était précieux pour elle. Ça l'apaisait. Et grâce à ça, elle avait l'esprit clair. Elle pouvait mieux réfléchir à tout ce dont elle n'avait pas encore trouvé de réponses. Elle pouvait repasser des moments de la journée, des petites bribes de combat mal commencés.

Mais elle pouvait aussi espérer un signe de sa mère. Un signe discret qui lui indiquerait qu'elle soutenait sa fille, juste pour ne pas la laisser sombrer, ou pour lui donner des petits conseils utiles. Avec une voix de gamine, niaise et naïve qu'elle n'utilisait que quand elle était seule, elle dit :

- Athéna, si tu pouvais te manifester au mois une ou deux fois dans ma vie, ce serait cool. On est pas tous immortels.

Elle soupira. Les dieux n'avaient pas que ça à faire, de s'occuper de leurs enfants. Mais quand même, pour certains, c'est dur à supporter. Pour d'autres, ça peut aller. Et certaines personnes n'en ont rien à carrer. Sophie est au milieu, partagée entre le plaisir de voir Athéna et l'indifférence. Une fois elle a envie, une fois non. Mais elle est sage, aussi elle ne fait pas de caprices à chaque fois qu'elle veut voir Athéna. Quand même ! Elle n'a plus cinq ans.

Elle sentit une présence et son instinct lui dit de se retourner tandis qu'une petite voix lui rétorqua : "cache-toi, tu ne sais pas qui c'est, ça ne sert à rien de jouer avec le feu si tu ignores ce qui se prépare !". Etonnamment, elle se retourna en levant son arc, visant la personne devant elle.

La fille qui était en face d'elle avait les cheveux noirs, une coupe plus ou moins masculine avec une grosse mèche rebelle sur le front. Ses yeux étaient froids et menaçants, des flammes brûlaient dans ses prunelles. C'était exactement le même regard qu'Adriane, cette fille d'Arès que So détestait tant. Elle avait une épée, mais pas une épée comme tout le monde, une épée très fine, pour l'escrime.

La fille d'Athéna baissa son arc. Elle ne réussit qu'à dire une seule chose :

- Pourquoi je ne suis pas surprise de voir une fille d'Arès ici ? Si jamais, les marécages c'est plus dangereux.

La clairière était l'endroit le plus sûr de la forêt, il n'empêche qu'il n'était pas impossible de se faire attaquer par un monstre. La fille de la sagesse serra le poing et défia du regard la gosse d'Arès.

- Air hautain, extrême confiance en soi et posture un peu trop fière... Y'a pas à dire t'es bien une gosse d'Athéna ! Comme on dit, "les chiens ne font pas des chats" ! Qu'est-ce qu'un puits de science comme toi fait dans la foret ? T'as pas des livres à lire ou une stratégie à mettre en place ?

So lâcha un rire indigné (à chacun sa façon d'être indigné j'ai envie de vous dire).

- Pourquoi tout le monde pense ça, par les dieux ? Les enfants d'Athéna ne sont pas aussi arrogants que ce que tu crois. On est sages et intelligents. Il n'y a pas que des défauts. Vaut mieux reconnaître les gens par leurs qualités si tu veux pas te faire attaquer quelques fois.

Elle ne lui décocha aucun sourire moqueur ou agacé, juste un regard neutre. Y a pas à dire, ça commençait bien pour elle.

- Ensuite, poursuivit-elle, je ne fais pas que lire des livres ou élaborer des stratégies. Toi, tu ne fais pas que foncer dans le tas à chaque combat à ce que je sache ? Tu ne t'entraînes pas 24h sur 24 ? Je voulais être tranquille. Tu devrais savoir que nous, on pense beaucoup plus que les autres pensionnaires (elle le dit avec un peu de fierté).

Décidément très bavarde, elle demanda :

- C'est peut-être plus utile de se présenter ? On va pas aller loin avec le peu d'informations qu'on a l'une sur l'autre. Moi c'est Sophie Amundsen. Et toi ?

Elle posa son regard vers l'épée de la fille en face d'elle. Très fine, très très très fine. (Petit coucou à LittleFantaz) Si c'était utile pour piquer les gens, ça ne l'était pas pour se défendre.

- A part ça, je te retourne la question : qu'est-ce que toi tu fiches ici ? Tu ne devrais pas être en train de te battre ou de te moquer des gens ?

Elle ricana, mais rien de bien méchant. C'était un peu comme des petits piques qu'elle lançait souvent à Ruth.