14h32. So' était à l'arène, en train de s'entraîner, comme elle le faisait la plupart du temps. Quand elle s'avançait vers le centre de l'arène, là où elle entendait les crissements métalliques des épées, elle se sentait rassurée et fière. Parce qu'elle était une sang-mêlé qui aimait se battre, tout particulièrement en utilisant des stratégies. En ce moment, elle écrivait un manuel avec ses stratégies, parce qu'il est clair qu'elle voulait répertorier tout ce qu'elle faisait. Pour que quelqu'un d'autre puisse utiliser ses techniques. Pour qu'on sache qu'elle ait existé, parce qu'une vie de demi-dieu, c'est dangereux. Et ça, tous les pensionnaires le savent. Elle était déjà armée d'une épée, qu'un pensionnaire lui avait gentiment proposé. Certains pensionnaires bavardaient en s'échangeant des petits coups d'épée. D'autres, un peu plus loin, s'entraînaient au tir à l'arc. En voyant cela, Sophie lâcha un rire narquois. La fille d'Athéna, elle était orgueilleuse. Mais pas à juste titre. Elle se donnait plus de qualités qu'elle n'en avait et cela constituait une grande faiblesse. C'était son défaut fatal, d'ailleurs. Elle pouvait se laisser aller, mais elle se contrôlait. A la colo, elle se sentait si tranquille et en sécurité que, selon elle, son défaut fatal ne pouvait rien lui faire. Puis elle se retourna, les archers à présent derrière elle. Quelques pensionnaires s'entraînaient avec des poignards, d'autres avec des dagues. Des dagues. Qu'est-ce que c'était stylé, ça ! Sophie avait déjà essayé, mais elle n'avait pas ses propres dagues. La dernière fois qu'elle y avait pensé, elle s'était dit qu'elle avait déjà un super arc qui se transformait en bague et ça, c'était le top.

Après avoir passé un quart d'heure à regarder les pensionnaires lancer des dagues, elle resserra le manche de son épée, prête à commencer son entraînement. Comme toujours, elle s'échauffait en courant sur place, elle lançait des coups d'épée dans l'air, puis elle partait vers les autres pensionnaires, pour s'entraîner avec eux. Naturellement, les combats ne duraient pas longtemps, puisque Sophie triomphait souvent. A chaque fois, son orgueil gagnait en puissance. C'était comme une petite bassine qu'on remplissait gouttes par gouttes. Et un jour, elle déborderait. Il était maintenant 15h12 et Sophie commençait à se lasser de cet entraînement. Il fallait qu'elle change d'arme, elle avait tant de choses à essayer ! Ainsi donc elle sourit aux pensionnaires qui s'entraînaient avec elle, leur glissa un « désolée » et se dirigea vers les pensionnaires qui s'entraînaient au tir à l'arc.

- Je peux avoir un carquois ? demanda-t-elle d'un air intéressé, avant de croiser le regard interrogateur de Chiron, auquel elle montra, en guise de réponse, ce qui se passait lorsqu'elle retirait sa bague dorée de son doigt (ce qu'elle venait de faire). La bague s'agrandit avant de prendre la forme d'un magnifique arc. Le centaure hocha la tête en souriant, avant de confier à la fille de la sagesse un carquois rempli de flèches. So' s'avança vers les cibles, se plantant aux côtés des autres pensionnaires. Avec une habitude bien visible, elle arma son arc. Elle leva lentement son arc, plissant les yeux, le regard rivé sur la cible avec un cercle au centre. Elle devait réussir. Elle était forte à l'arc. Elle visait très bien. Rater n'était pas imaginable. Et elle décocha la flèche, qui se planta exactement au centre de la cible, ce qui arracha à la fille d'Athéna un rire moqueur.
- Facile.
Chiron hocha la tête d'un air pensif. Une demi-heure passa, les archers et Sophie réussissaient tous leurs tirs, ce qui, hélas, perturbait Sophie. Pourquoi n'était-elle pas au-dessus d'eux, au lieu d'être au même niveau ? Elle regarda tour à tour les archers avec hostilité, avant que Chiron ne change d'exercice. Il expliqua avec cette voix cassée qu'il comptait déplacer une des cibles comme si ça représentait un monstre et le but était de montrer ses réflexes, ce qui enchanta Sophie. Des réflexes ? Trop bien ! Elle allait pouvoir montrer ce qu'elle avait dans le ventre. Les autres et Sophie réalisèrent un sans fautes, ce qui étonna Chiron. 15h54. La leçon de tir à l'arc s'acheva et les pensionnaires retournèrent à leurs occupations. 
Sophie s'apprêtait à partir s'entraîner avec un poignard, quand un pensionnaire un peu différent des autres croisa son regard. Il était particulier... Non, pas particulier. Il dégageait plus de puissance et ça se voyait. Il avait les cheveux bruns, les racines foncées et les pointes clairs ainsi qu'une peau noir caramel. Comme la plupart des pensionnaires, il portait le t-shirt de la colo, avec un jeans et une armure. Normalement, Sophie aurait dû l'ignorer et partir s'entraîner avec un poignard, mais ce visage lui était on ne peut plus familier. Il lui rappelait de douloureux souvenirs. Puis soudain elle s'en souvint. C'était James Anderson, le comique de la classe. Ils étaient voisins, sauf qu'ils n'avaient jamais pris la peine de se causer. Mais c'était impossible à croire. Lui, un demi-dieu, comme elle ? C'était dingue. Elle ressentit le besoin d'aller vers lui, parce qu'elle le connaissait. Elle s'avança rapidement vers lui, les yeux écarquillés, attendant un signe qui voulait dire qu'il l'avait reconnue. Puis elle dit :

- James, c'est toi ? C'est vraiment toi, King of Cool ?