Hécate avait toujours eu besoin d'acolytes, de personnes sur qui compter que se soit des demi-dieux, des dieux mineures ou même des créatures. Durant sa longue vie, elle avait fait de nombreuses rencontres et s'était trouvée de nombreux alliés de taille. Elle leur donnait son pouvoir, son soutien, et en échange ils lui offraient loyauté et services. Cette méthode avait toujours fonctionné et la déesse en étant plutôt fière, tout le monde en sortait gagnant et n'hésitait pas à user de cette solution au moment opportun. La plupart du temps, elle descendait elle même sur terre après avoir analysé certains individus choisis avec minutie. Elle ne prenait que l'élite et ceux auquel elle s'était attachée. Car oui, à force d'observer une personne, on finit par la comprendre et même par l'apprécier.

Or Hécate avait découvert une nouvelle potentielle aide et souhaitait aller à la rencontre d'une chasseresse. La Magicienne entretenait de très bonnes relations avec Artémis, l'une des seules déesses de l'Olympe en qui elle possédait une confiance absolue. Les autres dieux la méprisaient, et c’était réciproque car au fond elle savait  qu’elle méritait bien plus sa place sur l’Olympe qu’eux, qui étaient, comme elle aimait les appeler « des larbins de Zeus ». Evidemment elle ne criait pas ce nom sur tout les toits, mais il arrivait que cette appellation lui échappe des lèvres et qu’elle ne le regrette pas le moins du monde  Son désir ardent de vengeance était beaucoup plus fort que celui d’être aimable. Il faut dire qu’Hécate avait de nombreux ennemis, mais également de nombreux amis et cette situation lui plaisait. Elle allait et venait dans les enfers, faisait son boulot et ses petites affaires tout en préparant un complot mûrement réfléchi qui avait pour but de détrôner celui qui avait le culot de se faire appeler « roi des Dieux ».

Mais là n’était pas la question. Cette journée donc, était parfaite pour rencontrer quelqu’un, une jeune femme du nom d’Elizabeth Thompson qui avait rejoint la chasse depuis peu. D’après ce qu’avait pu observer la déesse, cette demi-déesse pourrait peut être à l’avenir devenir un élément majeur et important dans ces plans. De plus, elle s’était prise d’affection pour elle, bien qu’elle ne lui ait jamais parlé.

Elle s’était enfin décidée à sortir de son logis souterrain pour aller la trouver et même si Hécate était de nature confiante, elle ne cessait de se demander si Elizabeth allait accepter son offre et la rejoindre.  Elle inspira, puis disparut des Enfers dans un éclair violet. Lorsqu’elle atteignit le lieu prévu, une forêt verdoyante et immense où les chasseresses avaient établies leur camp, elle guetta les guerrières, attendant patiemment qu’Elizabeth se trouve seule à l’écart du groupe.  Une fois chose arrivée, elle n’avait plus qu’à venir à sa rencontre. Ce qu’elle fit.

La guerre était enfin terminée. Les Chasseresses d'Artémis que j'avais rejoint il y a désormais 7 ans n'avaient plus qu'à s'occuper d'un nombre "normal" de monstres. Rien à voir avec ce qui se passait pendant la guerre. Au moins, ils ne se rassemblaient plus pour attaquer les demi-dieux et nous pouvions quelque peu respirer. Pour la première fois en 7 ans, j'apprenais donc à vraiment mieux connaître mes partenaires de Chasse. Et c'était fabuleux. Certes, j'avais déjà l'impression de faire partie de leur famille mais là, c'était encore mieux. J'avais enfin trouvé ma place.

Nous avions monté le camp dans une petite clairière au milieu d'une forêt verdoyante. J'adorais le printemps. Peut-être autant que l'hiver. Remarque, l'hiver sur le front de l'est en Europe ne me manquait pas... Toujours est-il que nous nous affairions chacune autour de nos corvées attitrées. Comme depuis mon arrivée, j'allais donc chercher du petit bois dans la forêt pour alimenter le feu tout au long de la nuit. Et oui, ce n'est pas parce qu'on voyage avec une Déesse qu'il ne faut pas s'occuper de quelques corvées... Mais ça mettait de l'ambiance, ça nous occupait.

Je m'éloignais donc avec deux autres filles et nous décidâmes de nous séparer pour aller plus vite. Les loups faisaient des rondes de sécurité, ils nous auraient prévenus si nous devions rester ensemble car il y avait danger. Pas de danger à l'horizon donc. Je m'éloignais un peu pour trouver du bois bien sec.

Les sens aux aguets comme j'avais appris à le faire depuis le début de mon engagement dans la Seconde Guerre Mondiale, je restais sur mes gardes, un poignard à la ceinture, mon carquois et mon arc en travers de mon dos. Soudain, j'entendis un petit craquement. Je m'arrêtais, attendant que cela se reproduise. Rien. Mon don pour la Chasse hérité de mon père me disait que ce n'était pas un animal ni un monstre. Pas un demi-dieu non plus. Avais-je rêvé ?

Je continuais à avancer, méfiante quand le son se reproduit. Je me retournais et me retrouvais face à une grande fille rousse. Mon cerveau se mit en alerte. C'était une Déesse, j'en étais sûre. Je portais la main à ma ceinture, près de mon poignard, n'étant pas encore certaine de savoir si elle était amie ou ennemie. Hésitante, je me lançais, restant tout de même à bonne distance.

"Bonsoir. Qui êtes-vous et que voulez-vous ?"

Hécate essayait toujours de faire bonne impression lorsqu’elle rencontrait pour la première fois des mortels et des demi-dieux. Pour elle, la première image de l’autre était décisive de la suite des événements. Et que les personnes deviennent amies ou ennemies qu’importe, au moins la déesse avait laissé sa trace. Après avoir atterrie dans l’immense forêt où les chasseresses avaient établi leur camp, elle avait attendue Elizabeth. A présent celle-ci l’apercevait et paressait plutôt méfiante. La déesse remarqua en effet que la chasseresse avait toujours la main posée près de son poignard, prête à se défendre en cas d’attaque. Ce qui ne risquait sûrement pas d’arriver. Ou du moins ce n’était pas le but que s’était fixée Hécate.

- Bonsoir, lança la chasseresse hésitante. Qui êtes-vous et que voulez vous ?

La Magicienne balaya sa question d’une main et leva les yeux au ciel. Pourquoi les demi-dieux étaient ils si peu créatifs en guise d’entrée en jeu ? Toujours les mêmes phrases et les mêmes comportements répétés depuis des siècles. Pourtant ils devraient savoir que face à une déesse, ce n’était pas leur misérable arme qui pourrait les aider. Elle s’avança alors un peu plus pour distinguer les traits de son visage. La jeune femme qui lui faisait face était assez jolie. Elle avait les cheveux châtains et les yeux marron. Tout était harmonieux. Mais la chasseresse était sur la défensive. Et c’était fort regrettable.
Hécate leva les bras en l’air pour montrer qu’elle ne comptait pas l’attaquer puis répondit, les lèvres pincées :

- Oh chérie, je suis vexée que tu ne m’es pas reconnue. On ne t’a donc jamais montré mon visage à la colonie ? Enseigné qui je suis ?

Elle posa ensuite ses mains sur ses hanches et continua sur la même lancée :

- Et bien sache que je suis Hécate, déesse de la magie et des Enfers. Non pas comme Hadès évidemment qui lui a un métier assez embêtant. Tu vois ce que je veux dire ? Moi mon job n’est pas aussi horrible tu sais. L’atmosphère qui règne sous terre par contre est plutôt désagréable mais à la longue on s’y habitue. On y prend même goût ! C’est surtout l’absence de vie qui me manque le plus lorsque je suis là bas. Ah tu sais, vous n’êtes peut être pas immortels vous les demis dieux, mais vous êtes indispensables…Enfin pourquoi je te dis ça, puisque toi tu l’es ! Ah sacrée Artémis ! Avec sa chasse elle est chanceuse…Mais trêve de bavardage !

Hécate éclata d’un petit rire amical et rejeta d’un signe de tête sa longue chevelure rousse dont elle était si fière en arrière. Ses yeux étaient devenus rieurs et son visage resplendissant lui donnait un air plutôt sympathique.

- Ce que je veux très chère, c’est ta loyauté, finit-elle par avouer. Je recherche des alliés.

"Bonsoir. Qui êtes-vous et que voulez-vous ?"

De toute évidence, la Déesse n'était pas vraiment satisfaite de ma question. Elle leva les yeux au ciel avant de lever les mains en l'air, en signe d'innocence. Je ne bronchais pas, attendant sa réponse.

"Oh chérie, je suis vexée que tu ne m’es pas reconnue. On ne t’a donc jamais montré mon visage à la colonie ? Enseigné qui je suis ?"

Je ne bougeais pas, la fixant toujours. Je n'avais pas vraiment le temps de jouer aux devinettes et je n'en avais pas non plus envie. Et je n'allais quand même pas lui expliquer que je n'avais passé que peu de temps à la Colonie et, qu'en période de guerre, identifier les Dieux n'était pas vraiment la priorité...

"Et bien sache que je suis Hécate, déesse de la magie et des Enfers. Non pas comme Hadès évidemment qui lui a un métier assez embêtant. Tu vois ce que je veux dire ? Moi mon job n’est pas aussi horrible tu sais. L’atmosphère qui règne sous terre par contre est plutôt désagréable mais à la longue on s’y habitue. On y prend même goût ! C’est surtout l’absence de vie qui me manque le plus lorsque je suis là bas. Ah tu sais, vous n’êtes peut être pas immortels vous les demis dieux, mais vous êtes indispensables…Enfin pourquoi je te dis ça, puisque toi tu l’es ! Ah sacrée Artémis ! Avec sa chasse elle est chanceuse…Mais trêve de bavardage !"

Je l'écoutais déblatérer son speech. Alors, elle savait qui j'étais ou du moins ce que j'étais. Sa présence était donc plus que voulue. Elle me sourit amicalement et je baissais la garde. Je n'étais avec Artémis que depuis peu mais je savais qu'elle avait plutôt une bonne opinion d'Hécate. Je faisais donc confiance à ma Déesse protectrice et puis, je pensais être assez bon juge des caractères avec tout ce que j'avais vu sur le champ de bataille et la Déesse de la magie ne semblait pas avoir de mauvaises intentions. D'ailleurs, elle m'expliqua rapidement ce qu'elle faisait ici, répondant à ma seconde question : ce qu'elle voulait.

"Ce que je veux très chère, c’est ta loyauté. Je recherche des alliés."

Je la jaugeais. Ses cheveux roux, sa beauté un peu trop divine, son aplomb... Elle me plaisait. C'était le genre de femme qui savait ce qu'elle voulait et ne se laissait pas conter fleurette facilement. Je passais ma main dans mes cheveux, coiffés comme c'était à la mode dans les années 50, tout en réfléchissant à la proposition de la Déesse. Tout ce qui me venait à l'esprit est pourquoi moi ? Qu'avais-je de si exceptionnel qui méritait le déplacement d'une Divinité et son offre ? Détestant ne pas comprendre, je lui demandais donc avec l'honnêteté qui me caractérisait :

"Certes. Mais pourquoi moi ? J'ai déjà juré loyauté à Artémis... Pourquoi avoir besoin de moi et pourquoi j'accepterai d'être votre alliée ?"

Je sais. Mettre en rogne une Déesse, qui plus est une magicienne, n'est pas vraiment recommandé. Mais je m'en moquais. J'aimais savoir ce qu'on me voulait et si, comme je le pensais, Hécate ne m'avait pas choisi au hasard, elle devait s'attendre à ce que je réagisse de la sorte. Il était hors de question que je me laisse convaincre facilement... Je voulais savoir le pourquoi du comment avant d'accepter ou refuser cette offre. Il n'y avait pas d'autre solution si elle tenait vraiment à m'avoir comme alliée : elle devait gagner mon respect.