tu peux faire une histoire sous toutes les formes que tu veux (un journal, un rendez-vous chez le psy, des extraits de vie, de lettre, rp...) dans un minimum de mots.

It always starts with a wave

Je suppose qu'on vous l'a sûrement déjà dit, mais être un sang-mêlé ce n'est pas un job facile. A toute heure, à chaque instant vous risquez de vous faire dévorer par des monstres assoiffés de sang qui ne veulent que votre mort. Parfois, les dieux eux-même souhaitent que vous disparaissiez de la surface du monde. Pour la plupart d'entre nous, rien n'est simple et la conception du mot "normal" est tout à fait différente de la votre. A commencer par la vie que nous avons tous vécu avant de savoir qui nous étions vraiment...

Ma mère et moi avions l'habitude de longer la plage tôt le matin, après le réveil. Je me souviens que celui-ci était clair et doux. Les palmiers décrivaient des courbes généreuses se mêlant à la danse de la brise légère qui caressait les cheveux blonds de ma mère. Normalement, je devais passer les vacances d'été chez mon oncle Nihan, mais ce dernier s'était installé à New York où il avait trouvé un nouvel emploi en tant que directeur d'entreprise. Alors, j'étais resté avec ma mère.
Leah Kealoha était le genre de maman qui vous berçait de caresses. Elle était tendre, gentille et juste. Elle avait des yeux ambrés et de longs cheveux blonds vénitiens qui volaient au vent. Un jour à l'école, je me souviens qu'un de mes camarades m'avait expliqué ce qu'était un ange. Quand je suis rentré à la maison, j'ai demandé à ma mère "maman ? Est-ce que tu es un ange ?" elle a haussé les sourcils puis elles a rit de sa voix cristalline, alors j'ai boudé dans mon coin tandis qu'elle m'expliquais qu'elle n'était qu'une maman comme les autres. "Ton père lui par contre..." C'était la première fois qu'elle me parlait de mon père...
Ce matin-là donc, nous admirions le lever du soleil tandis que nous nous étions assis sur le sable alors que les vagues mouillaient nos pieds. Puis je lui ai demandé de me raconter une histoire, car s'il y avait bien une chose dont je raffolais, c'étaient les histoires.
" Il y a très longtemps, une jeune princesse hawaïenne se promenait le long des plages. Elle rêvait de pouvoir partir très loin, à l'écart de son palais et de vivre au grand air. Elle voulait voir le monde, et surtout rencontrer le prince qui saurait la rendre heureuse. Chaque soir elle se rendit au bord de l'eau afin de rêver paisiblement du jour où elle le rencontrerai. Et puis, un jour alors qu'elle était assise au bord de la plage, elle entendit quelqu'un s'asseoir à ses côtés. C'était l'homme le plus magnifique qu'elle ait jamais vu ; il avait les yeux aussi bleus que l'océan et même si elle ne l'avait jamais vu et qu'elle ignorait qui il était, elle se sentait bien à ses côtés. Le temps passa et chaque soir, le mystérieux inconnu à la beauté angélique vint à sa rencontre. Elle apprit alors qu'il était un roi venu des océans et qu'il avait entendu ses peines de cœur et ses rêves. Étant follement amoureux d'elle, le roi l'emmena sur une île grâce à un splendide bateau et ils y vécurent plusieurs jours avec la plus grande sérénité. Hélas, le roi était appelé à retourner auprès de son peuple et ne pouvait épouser la princesse malgré l’amour qu’il lui portait. Alors il la ramena sur son île et avec un dernier baiser, lui dit au revoir. La princesse était triste, mais elle sécha vite ses larmes car elle savait qu’elle allait avoir un bébé et qu’il serait un grand prince. "
C'était une belle histoire qui m'avait fait sourire. Et à cette époque, j'ignorais encore qu'elle n'était pas qu'une simple histoire, mais que cette princesse était en vérité ma mère et que le roi des océans qui était tomé amoureux d'elle n'était autre que mon père...

Le soir même, quelque chose d'horrible se produisit. Alors que je dormais, je fus réveillé par un affreux cauchemar dans lequel je voyais ma mère disparaître dans les vagues de l'océan. Quand je me suis réveillé en sursaut, j'ai entendu un cri déchirant le ciel ainsi qu'un hurlement monstrueux provenant de la plage. Lorsque je me suis précipité hors de la maison pour m'y diriger, un spectacle effroyable m'y attendit...
Dans le clair-obscur de la lune se tenait une sorte de scorpion géant à la carapace noire luisante. Sa queue s'agitait avec frénésie tandis qu'une silhouette à taille humaine lui faisant face était à terre, criant à l'aide. Son visage se tourna vers moi... C'était ma mère.
Sur ses lèvres, je réussis à lire trois mots "va-t-en !"
Mais avant que le scorpion n'attaque, la mer devint agitée et en quelques secondes à peine, une immense vague s'abattit sur le sable, noyant le monstre. Lorsque les vagues se retirèrent, le monstre avait disparu... Et ma mère aussi... Mais quelque chose de brillant avait laissé place à son corps ; un collier de perles d'ambre doté d'un pendentif représentant un trident de nacre.
A partir de cet instant, rien ne fut plus jamais pareil…

Life is a misadventure…

La mort de ma mère m'avait beaucoup affecté. En même temps, quand vous avez huit ans, voir celle qui vous a élevé et qui vous a mis au monde se faire emporter par l'océan avec la carcasse d'un monstre long de six mètres ne vous aide pas à vous en remettre...
A présent, la seule famille qu’il me restait était mon oncle Nihan. J'avais donc été envoyé vivre chez lui, à New York. Je n'avais jamais été particulièrement proche de lui bien que j'aille loger chez lui toutes les vacances d'été. A vrai dire, je passais le plus clair de mon temps avec la nourrice. Et je peux vous dire qu'après la mort de ma mère, nous nous sommes encore plus éloignés malgré le fait qu'il ait bien voulu prendre ma garde. La première chose qu'il ait faite lorsque je suis rentré chez lui a été de me dire qu'il m'avait fait prendre rendez-vous chez un psychologue. Même pas un bonjour, même pas des paroles de réconfort, juste ça. Je ne comprenais pas pourquoi il était devenu si froid, on aurait presque dit que la mort de sa sœur lui était égal. Peut-être qu'il essayait de faire son deuil de cette façon, ou peut-être qu'être devenu le patron d'une grande entreprise lui était monté à la tête au point de ne penser qu'à son travail.
Toujours est-il que j'avais été intégré dans une nouvelle école dans laquelle j'ai eu mon premier jour de cours le lendemain de mon arrivée. Je ne me sentais pas bien ; j'étais le petit nouveau d'une île paumée qui avait perdu sa mère et qui avais débarqué dans l'école d'une grande ville. Ma dyslexie et mon hyperactivité n'arrangeaient rien au tableau ! La première chose que mes camarades ont fait c'était de se moquer de moi quand le professeur m'avait demandé de lire à voix haute devant toute la classe ; comme première journée de cours on ne fait pas mieux ! Au bout d'un moment, je mélangeais tellement les mots et les rires résonnèrent si fort dans mes oreilles que j'en ai eu assez ; je me suis précipité hors de la salle de classe en pleurs et je me suis réfugié dans les toilettes de l'école.
Une semaine plus tard, le directeur convoqua mon oncle en lui disant que cet établissement présentait un niveau trop élevé pour moi et qu’à cause de ma dyslexie avancée, je ne pouvais suivre l’allure de mes camarades. J’ai donc été déplacé dans un institut pour jeunes en difficultés dans lequel je suis resté deux ans.

Je n’avais jamais eu d’amis. Comme vous en avez sûrement pris conscience, mon statut de petit hawaïen dyslexique ayant perdu sa mère incitait les autres enfants à se jouer de moi. C’est ce qui rend les enfants cruels ; la différence. La plupart du temps, j’arrivais à avoir la paix. Je me mettais dans mon coin et je pensais à ma mère, à son visage, à son rire. Quand mes camarades m’embêtaient, c’étaient des moqueries, on me rabaissait. Je faisais semblant de ne pas écouter, je faisais en sorte que rien ne m’atteigne ; c’est ce que m’avait conseillé le psychologue. Mais en vérité, je souffrais énormément… Et mon oncle ne faisais rien pour arranger les choses.
A la maison, mon oncle me regardait à peine. Et lorsqu’il daignait me faire sentir que j’existais, c’était pour me réprimander ; "Tes notes sont catastrophiques Peni, comment vas-tu réussir dans la vie avec ta dyslexie ?", "Je t'avais dit de ranger ta chambre... Parfois je pense vraiment que tu es un incapable !" ou encore "Va-t-en, tu m'agace !".
Je finissais par n'en plus pouvoir...
Chaque nuit je faisais des cauchemars dans lesquels je voyais ma mère sombrer dans l'océan. Chaque matin, je me réveillais en sanglots... Alors je prenais le pendentif de nacre et je le serrai très fort dans ma main en essayant de me calmer.

Un jour, notre école organisa une sortie scolaire dans Central Park. J'avais dix ans, c'était juste avant les grandes vacances d'été. Il faisait chaud et notre groupe marchais avec entrain, prenant le goûter en même temps d'avancer. Tandis que je marchais tout seul à l'arrière du groupe en buvant mon jus de fruit, un de mes camarades se retourna et me jeta la peau de sa banane. Je suppose que vous devinez la suite... J'ai trébuché et mon jus de fruit s'est renversé sur moi... Mais cette fois, au lieu de soupirer, j'ai levé les yeux vers lui et je lui ai lancé un regard noir. Puis, rouge de colère, je me suis lancé sur lui et je l'ai frappé au visage. Toute la colère qui sommeillait en moi depuis des années s'était libérée. Je l'ai frappé, frappé et frappé encore tandis que des pleurs coulaient le long de mes joues. J'étais furieux, et envahi par le chagrin. Le temps que je comprenne ce que j'avais fait, mon camarade avait le visage en sang et tous les passants me regardaient comme si j'étais une bête qu'il fallait mettre en cage. Alors, j'ai couru...
J'ai couru encore et encore, les larmes inondaient ma vue et je me suis arrêté sur le bord du lac pour reprendre mon souffle. Je me suis écroulé et j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps.
Un léger mouvement attira mon attention. J’ai jeté un regard en direction du lac… Quelque chose d’étrange se produisit alors. C’est comme si celui-ci appelait mon nom. Je me suis penché en avant et j’ai tendu la main vers la surface de l’eau. Quand mes doigts effleurèrent le lac, je sentis le pendentif autour de mon cou vibrer d’une douce chaleur ; tout disparu. Mon chagrin, ma peine, ma douleur et la colère. A la place, un sentiment réconfortant m’envahit, comme si une brise marine caressait mon visage, emportant tous ces sentiments au loin. Ou plutôt, comme si j’enlaçais ma mère et qu’elle me disait que tout allait bien. Une voix chaude et masculine s’éleva dans l’air ; "Reste fort mon fils..."

L'année suivante, je fus intégré dans un nouvel établissement suite à mon exclusion. Autant dire que la situation ne s'était aucunement améliorée à la maison. Mon oncle se montrait d'autant plus dur avec moi à tel point que mes seuls loisirs étaient mes devoirs et mon sommeil.
Mon entrée au collège ne fut pas plus brillante ; les élèves étaient tous aussi cruels que ceux que j'avais eu en école élémentaire. Mais cette fois, j'essayais de me montrer fort et de ne pas laisser mes émotions me rendre au bord des larmes ou au bord de la violence. Depuis les événements de Central park, je ne cessais de repenser à cette voix, à cette sensation de calme et de réconfort qui m'avait envahi. Je me suis alors mis à penser à mon père. Je ne l'avais jamais connu et maman n'avait gardé aucune photo ou souvenir de lui. Des années auparavant, elle ne cessait de répéter qu'il était quelqu'un de bien et qu'il était spécial. Un jour elle m'avait même dit que j'étais aussi spécial que lui.
Qu'avait-elle entendu par là ?
Mon année de sixième se déroula aussi bien qu'elle le pouvait. J'avais toujours des notes médiocres, tant bien que j’eus finis l'année avec C de moyenne, ce dont j'étais plutôt fier. Enfin, les grandes vacances approchaient.
Et tout commença l’été de mes douze ans...

Fish & Tips

Nous étions début juillet, le six ou le sept en pleine semaine. C’était un jour de congé pour la nourrice au plus grand regret d’oncle Nihan qui avait un rendez-vous important au New York Aquarium dans Brooklyn afin de signer un contrat de vente. C’est donc à ma plus grande joie que Nihan m’y conduisit avec lui.
"Je te préviens…" me dit-il une fois dans la voiture, un doigt tendu en signe d’avertissement. "Pas de pleurnicheries et surtout, si jamais tu me déranges une seule fois, tu pourras dire adieu à tes vacances et bonjour le pensionnat…". Je hochais la tête, ayant parfaitement saisi ce qu’il attendait de moi.
Lorsque nous sommes arrivés, nous sommes sortis de la voiture et pendant quelques secondes, j’ai regardé la plage. Il faisait chaud en ce début d’été, le ciel était d’un bleu azur et les vagues s’abattaient sur le sable fin avec calme. Je fermais les yeux en prenant une grande inspiration… Une légère brise marine me caressa les cheveux. "Peni !" s’exclama sèchement mon oncle. "Oui, j’arrive".
L’intérieur du parc était relativement simple ; des arbres, des allées de graviers ainsi que des édifices assez modernes et des structures de verre. A l’entrée, un panneau indiquait les différents lieux du parc. "Bon, j’y vais. Tu es un grand garçon, fais ce que tu veux." Je fronçais les sourcils à ses paroles. Oncle Nihan me lança un regard impérial tandis que vinrent ses derniers mots avant qu’il ne parte en direction du hall d’éducation. "Rendez-vous ici dans une heure pile. Si tu n’y est pas, je viendrais personnellement te chercher et tu auras de gros ennuis jeune garçon..."

Les grands aquariums étaient vraiment splendides. Des grandes vitres laissaient voir la reproduction du milieu naturel des poissons et crustacés qui vaquaient à leurs occupations. Mes yeux étaient émerveillés. Mais une part de moi était aussi extrêmement triste ; tous ces animaux marins emprisonnés qui n’avaient sûrement jamais connu leur état naturel… Je ne sais pas pourquoi mais ça me brisait le cœur. Comme si je les comprenais…
Je me suis alors approché de la vitre ; dans des anémones, un poisson-clown se frottait contre les tentacules de sa maisonnée. Je me souviens que lorsque j’étais tout jeune, ma mère m’avait acheté un poisson comme celui-ci qu’on avait mis dans un bocal. Je devais avoir quatre ans et je m’étais imaginé que le poisson me parlait et qu’il voulait retourner chez lui. Alors j’avais demandé à ma mère à ce qu’on le relâche dans la mer le lendemain.
"Hé toi, qu’est-ce que tu regarde ? Tu veux ma photo ?!" Mes yeux s’écarquillèrent… Est-ce que… Est-ce que le poisson parlait ? Non, ça devait être mon imagination…
"Hé ! Ou-hou ! Ouais c’est à toi que je cause là, gamin !
- M… Moi ?
- Ouais t’es sourd ? Et bah ma parole, les jeunes de nos jours faut leur déboucher les oreilles avec du corail pour qu’y vous entendent !" Le poisson agita sa nageoire en sortant de l’anémone. Il soupira, puis s’exclama sous mon regard écarquillé. "Bon gamin, je vais pas y aller par quatre rivières… Mon nom est Obloub, Que puis-je faire pour toi ?" Je fronçais les sourcils, certain de ne pas avoir bien entendu sa question "Pardon ?
- Mais bon sang, t’as de la vase dans les oreilles ?! T’es bien le fils du patron non ? Alors qu’est-ce que tu veux non d’un requin-marteau ?!
- Le patron ? Vous… Vous voulez dire… mon père ?" Le poisson me fixa de ses yeux globuleux pendant un court instant, puis il partit dans l’autre aquarium en remuant sa queue. Frustré, je me précipitais à sa suite, le cherchant du regard en l’appelant à travers la vitre. Je me suis alors rendu compte que les passants jetaient des regards inquiétés dans ma direction. Génial, maintenant je faisais peur aux autres…
Quelques instants plus tard, le poisson revint dans la vitrine sur laquelle je m’appuyais, accompagné d’un de ses camarades. Le nouvel arrivant avait des écailles étincelantes et sa taille était deux fois supérieure à Obloub avec une sorte de couronne faite d’un aileron au-dessus de sa tête. A son tour, il prit la parole.
"Mmm… Tu as les yeux de ton père…
- Vous… vous le connaissiez ?
- Si je le connaissais ? Ah, ton père m’a aidé à une époque où je croyais que tout était perdu. C’est un grand ami ! Mais excuse-moi, les bonnes manières me manquent ; Hydros, roi des poissons !
- Euh… Enchanté ? Je m’appelle Peni.
- Et bien Peni, sais-tu qui tu es vraiment ?" J’ouvris la bouche pour répondre à la question lorsque des cris paniqués résonnèrent jusqu’à moi, suivi d’un hurlement qui me fit frissonner. Aux aguets, je me suis précipité vers la source du bruit qui venait de la cour intérieure. Dressé en haut du rocher aux phoques, la queue pointé contre l’un d’entre eux, un immense lion à queue de scorpion doté d’un visage d’homme poussait un hurlement de rage. Saisi d’un sentiment effroyable, je me suis précipité contre la vitre de l’aquarium, espérant de toute force qu’il ne m’ait pas vu.
"Vite petit, le temps presse ! Sors-nous de nos prisons de verre !" s’exclama Obloub. "Je dois être en train de rêver… C’est pas vrai ! Je suis en train de faire un cauchemar !
- Non, Peni, tu ne rêves pas. La créature là-bas est une manticore et elle te cherche !" me révéla Hydros d’un ton grave. "Moi ? Mais qu’est-ce que j’ai fais ? Pourquoi ?
- Parce que tu es un sang-mêlé ! Le fils d’un dieu !"
Décidément, tout ça n’avait aucun sens, je ne pouvais pas être le fils d’un dieu, tout comme cette créature n’existait pas réellement et que ces poissons ne parlaient pas ; je devais rêver, c’était l’explication la plus plausible !
"Écoute moi Peni, peu importe ce que tu penses, mais je t’en prie fais-nous confiance. Si tu nous libère, alors nous t’emmèneront dans un endroit sûr où ton père voudrait que tu ailles. Un lieu où d’autres enfants sont comme toi ! Je t’en supplie, c’est le moins que je puisse faire pour le fils d’un vieil ami !" D’un seul et même mouvement, tous les autres poissons de l’immense vitrine se rassemblèrent alors derrière Hydros, comme pour lui apporter soutien et me supplier. Je regardais Hydros dans les yeux. Il avait l’air sincère, et puis si tout ça était un rêve alors autant en finir le plus vite possible, je pourrais me réveiller tranquillement dans ma chambre et retourner à ma vie misérable mais sans poissons qui parlent et autres créatures cauchemardesques !
Je portai un regard autour de moi. Comment allais-je pouvoir libérer tous ces poissons ? C’est alors que je sentis une chaleur autour de mon cou. Quelque chose de familier ; Je portais ma main au collier d’ambre ; le pendentif irradiait de la même douce et tendre chaleur que la dernière fois au bord du lac de Central Park. Alors, je sus ce qu’il fallait que je fasse. Ne me demandez pas comment, je n’en ai aucune idée, mais quelque chose remua en moi et mon instinct me dicta de me diriger vers l’aquarium. Il contenait tellement d’eau ! J’ai posé ma main sur la vitre et j’ai fermé les yeux. Derrière moi, le hurlement de la bête se rapprochaient. J’ai alors pensé à l’eau qui était derrière la paroi de verre et je me suis focalisé sur sa présence. Sans la toucher, je la ressentais comme si j’étais plongé dedans. Puis, j’ai ouvert les yeux et dans un mouvement rapide, j’ai pointé mes paumes vers la manticore.
Un véritable torrent jaillit alors hors de l’aquarium. Les vitrines se fissurèrent et explosèrent tandis que d’énormes vagues et tourbillons d’eau déchaînée s’abattirent sur la créatures. A l’intérieur de l’eau, les poissons s’alignaient en troupes, comme des soldats prêts à attaquer. Le courant m’entraîna alors avec lui au-dessus du parc jusqu’à l’océan au-delà de la plage vide avec la manticore qui se désintégra en poussière doré. Puis, sans transition après un effort aussi intense, un noir total envahit ma vision.
Et plus rien…

Quand je rouvris les yeux, ma tête me faisait horriblement mal. Tout mon corps était douloureux comme si j’étais passé sous un rouleau compresseur géant. Ma vision était trouble et je me sentais faible. Une silhouette s’approcha de moi. "Hé, calme-toi ! Ne bouge pas ! Ça fait sept jours que tu es dans cet état-là pas de mouvements brusques !" Et je m’évanouis encore une fois.

CHB or how to live dangerously

La colonie des Sangs-mêlés…
C’était donc l’endroit où j’avais atterri. Ou plutôt, l’endroit où Hydros et ses suivants m’avaient emmenés après mon évanouissement. Du moins c’est ce que j’ai cru comprendre, car les pensionnaires m’ont trouvé étendu sur la plage tel un naufragé.C’était donc une sorte de grande colonie de vacances pour demi-dieux. Les premiers jours dans cet endroit furent pour moi vraiment très étranges même après avoir combattu une manticore avec des mini tsunami d’armées de poissons. D’ailleurs, cet épisode m’avait tellement coûté en énergie que j’étais resté dans le coma une semaine avant de reprendre connaissance.
Au départ, je ne croyais rien de ce que l’on me disait. Tout ça me paraissait tellement incroyable et dépassant les limites de l’entendement que j’avais l’impression d’être toujours en plein rêve. Quand j’ai commencé à me faire à l’idée que toutes ces histoires à propos des dieux et des mythes étaient réels, un événement à bouleversé mes pensées ; mon père. C’était un soir de rassemblement autour du feu. Alors, quelqu’un a accouru et nous a dit qu’une armée de poissons attendait sur la plage pour remercier leur sauveur. Moi qui détestait attirer l’attention…
Bref, je suis allé sur la plage et un homme à la peau écailleuse m’attendait sur la rive. C’était Hydros ; il avait pris forme humaine pour me remercier. Il m’a alors tendu une épée longue d’environ un mètre à la lame recourbée ressemblant étrangement aux épées spartiates. Sa lame était faite dans une espèce de nacre et sa poignée en bronze. Sa propre épée faite d’orichalque. Alors, un symbole se mit à luire au-dessus de ma tête ; un trident vert. J’étais le fils de Poséidon.

Les années s’écoulèrent et je m’épanouis en tant que jeune demi-dieu à l’intérieur de la colonie. Avant de rester définitivement, j’avais appelé mon oncle et lui avais laissé un message vocal en lui expliquant que j’étais maintenant dans un endroit qui me convenais et que j’irais bien, qu’il n’avait pas à s’inquiéter pour moi et qu’il aurait tout le loisir de retourner à ses activités.
Je m’étais enfin fait des amis et je considérais cet endroit comme ma maison. Je me suis découvert, je me suis entraîné au combat, à la survie et aux situations dangereuses, appris à contrôler mes pouvoirs. Je ne vous cache d’ailleurs pas que j’ai encore du mal avec ma force surhumaine que j’ai découverte un matin de mes treize ans alors que j’ai ouvert la porte de mon bungalow pour aller déjeuner. Et puis à mes vingt et un ans, j’ai décidé de prendre un peu l’air à New York, alors j’ai commencé à chercher un job et j’ai fini par tomber sur un photographe grâce auquel je finis par me faire remarquer dans le milieu de la mode, devenant mannequin et ayant pu m’acheter un studio dans le centre de Manhattan. Bien entendu, il m’est arrivé de nombreuses fois d’avoir des ennuis avec des monstres mais rien de bien difficile jusqu’à présent.

Puis il y a quelques mois, il y a eut cette guerre… Une autre Titanomachie. J’y ais pris parti, mais je n’ai pas su protéger certains de mes camarades. En plus de ça, mon aide n’a pas été d’une très grande utilité étant donné que j’ai été fait prisonnier par le camp des Titans…
Alors pour réparer mes erreurs, pour avoir été trop lâche et avoir été si stupide, j’ai réintégré la colonie après la victoire de la bataille. Et depuis, j’essaie de me rendre utile du mieux que je peux dans ce conflit qui commence à faire surface pour peut-être devenir quelqu’un.
Pour peut-être devenir un vrai héros cette fois...