Quand Hermès n'était pas en vadrouille un peu partout dans le monde, dans le cadre de son travail ou pour des vacances improvisées, il lui arrivait de se rendre au musée de New York afin de revoir avec nostalgie les copies de l'art ancien qui étaient parvenues jusqu'au XXI° siècle. L'occasion, au passage, de regarder la statue qui le représentait avec circonspection ; certes, il était sacrément mis en valeur, mais bon, le nu dans l'art ça l'emballait pas des masses.

Ce jour-là, vêtu de son sempiternel costume et d'une paire de lunettes, il donnait l'impression d'être un professeur qui faisait du repérage pour préparer son cours. Dire qu'il avait prévu d'être tranquille, histoire de profiter de la visite... Raté. Un jeune garçon s'approcha de lui et lui lança :

Bonjour, monsieur.. Vous savez que vous ressemblez beaucoup à cette statue ?

Hermès haussa un sourcil sous ses lunettes, jetant un coup d’œil à la statue que lui montrait le garçon ; oui, il ressemblait beaucoup à la statue, ou plutôt la statue lui ressemblait beaucoup, mais il maintenait que la représentation nue le dérangeait un peu. Poussant un soupir, il se tourna vers le garçon et répliqua :

Il paraît, oui. Mais j'aurais préféré qu'ils l'habillent un minimum, m'enfin bon... Qui es-tu toi ? Tu n'as pas l'aura d'un demi-dieu comme les autres...

Croisant les bras, il posa son regard inquisiteur sur le garçon avant de reprendre doucement :

Demi-Titan, hein ? Qui est le Titan qui te sert de parent ? Et qu'est-ce que tu fais là, alors que la Colonie serait un meilleur endroit pour être en sécurité...

Il continua à le fixer en silence, attendant une réponse. Le musée était un endroit dangereux, si on avait en mémoire l'attaque de Percy Jackson par une Harpie il y a quelques temps...

Le jeune garçon répondit un peu nonchalamment :

Je suis le fils des Étoiles, ou du moins, du Titan du Ciel Étoilé. Astréos. Vous le connaissez je suppose ?  Oh, et je suis en vacances, j'ai reçu l'autorisation de Chiron pour partir. Je fais un petit voyage... "culturel" ou pizza, si vous préférez, héhé.

Hermès haussa un sourcil devant la tentative d'humour du garçon, gardant son visage impassible : c'était le premier à rire pour les bonnes blagues, mais pour celles qui étaient du genre de celle-ci... Il n'y avait pas spécialement de quoi rire.

Le dieu remarqua les chaussures ailées que portait le garçon, et là, un sourire se dessina sur son visage :

Ce sont mes chaussures que tu as aux pieds ? J'espère que tu les as acquises légalement, mon garçon. J'ai beau être le dieu des Voleurs, je me suis un peu assagi avec le temps et je respecte un peu plus les règles...

Il tourna la tête vers le mortel blond qui courrait après son chat gris, et décida d'intervenir en lançant un léger sortilège pour calmer le matou, avant de regarder ce qui l'avait poussé à courir partout : quand il reconnut son symbole, deux serpents enlacés, il fronça les sourcils et fit apparaître son caducée :

George, Martha ? Vous êtes toujours sur le caducée j'espère ?

Bien évidemment qu'on a pas bougé !, répondit dans la tête d'Hermès et du garçon la voix féminine de Martha. De toute façon, on est coincés sur ton caducée, pourquoi et comment voudrais-tu qu'on s'en éloigne ?

Peut-être parce que je viens de voir deux serpents enlacés et que je me suis posé la question, peut-être ?

A ta décharge, c'est vrai que ça pouvait porter à confusion. Mais en tout cas, c'est pas nous, répondit George avant de se taire pour un bon moment.

Poussant un soupir, Hermès rangea son caducée et regarda le garçon :

Bon, fausse alerte, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Mais je serais toi, je me dépêcherais de me mettre à l'abri, sait-on jamais... Deux serpents qui n'ont pas lieu d'être dans un musée, tout le monde est susceptible d'être attaqué. Au passage, pourras-tu saluer ma fille Jade pour moi ? Je n'ai plus trop le temps de passer à la Colonie en ce moment...