Ordre : Lucianna – Thanatos – Sonny – secondaires(Héra) – (Serena)

-« Je t’aime. »

Je venais d’adresser ses mots au Dieu qui se trouvait en face de moi. Je l’avais enfin retrouvé après plusieurs longues semaines de silence. Allongée sur un canapé dans une pièce un peu à l’écart du reste du Cabaret, Thanatos était agenouillé à mon chevet. Sonny avait eu l’amabilité de m’accueillir dans son cabaret à quelques conditions évidement. Après l’embrouille qu’on avait eu je n’en attendais pas autant de lui.

-« S’il te plais tu peux aller voir Sonny ? J’ai soif… »

Pas tant que ça en vérité.  Thanatos n’est pas méchant, juste un peu envahissant. J’avais besoin de rester seule. Et puis il avait toujours Seira devant la porte, elle me surveillait. Entre elle et lui, je ne peux pas respirer. Être seule me fera du bien. Une fois celui-ci sortit je retirais la couverture qu’on avait posé sur moi en relevant légèrement mon T-shirt. Il y à deux semaines à peine que je suis entrée dans mon 6e mois, et n’importe quel gynécologue ou sage-femme vous diraient que j’arrive bientôt à terme. Rien qu’à voir la taille de mon ventre déjà. Une grosse boule, couverte de petits bleus. Les quelques coups que donne le bébé semblent laisser des traces. Je passais mes doigts sur cette petite boule en appuyant à certains endroits. Parfois elle donnait un coup, parfois elle tendait ses mains et je pouvais voir une petite boule se former là ou je venais d’appuyer. Cela me faisait sourire et m’amusait.

Ne voyant pas Thanatos revenir et légèrement anxieuse à l’idée que Sonny et lui auraient pus se battre ou je ne sais quoi je pris la décision de me lever. Avec difficulté certes mais j’y parvins tout de même avec l’aide de Seira. Je baillais en me recoiffant. Faisant en sorte d’avoir une tête potable avant de sortir de la pièce pour aller rejoindre les deux hommes qui semblaient simplement, discuter.

-«Salut vous de….ahhh… »

Un petit bruit venait de sortir de ma bouche à l’instant grande ouverte alors qu’une de mes mains vint se poser sur mon ventre.  Une douleur peut habituelle qui ravageait mon bas-ventre et le bas de mon dos était en train de s’installer lentement.  Je manquais par ailleurs de tomber sans trop comprendre ce qui m’arrivait. Je commençais à entrer dans une sorte d’état vaporeux, ma vision se troublait et j’avais mal.  Je vacillais légèrement avant de me rattraper à une table. Mon regard tourné vers mes pieds je constatais avec horreur que je venais de perdre les eaux. Je parvins néanmoins à prononcer quelques mots avant de m’évanouir en tombant sur le sol.

-« Sonny…Thanatos…. »

Je flotte, je nage, j'observe. Ça ne fait pas si longtemps que je suis là a vrai dire. Je ne saurais dire combien de temps, non je ne peux pas savoir. Je reste là immobile, flottant dans un liquide visqueux, parfois je donne des coups contre la paroi en face de moi. Je joue avec un cordon qui traîne aussi. C'est amusant, je sens sa présence, quand elle touche la paroi avec ses doigts. Je la sens de plus en plus au fil du temps qui passe, alors que je me sens de plus en compressée dans ce lieu. Ou suis-je d'ailleurs ? Qui suis-je ? Qu'est-ce que tout cela ?  

Pourquoi s'en soucier ? Après tout je suis bien ici. Certes un peu à l’étroit, mais c'est agréable, un endroit chaud, j'ai la sensation d'être à l'abris de tout la dedans. J'aime entendre sa voix, elle, celle qui est en haut, je crois que je dois l'appeler maman. C'est comme ça qu'elle à dit qu'elle s’appelait et il y à papa aussi, au début il n'étais pas souvent là, mais maintenant il est plus souvent ici. Il y à d'autre personnes aussi, mais je ne sais pas qui ils sont. J'entend des brises de phrases, rien de plus. Les rayons du soleil arrives parfois jusqu'à moi et ce n'est pas très agréable. Maman semble les aimer alors je gigote pour lui montrer que ce n'est pas mon cas. J'ai besoin de plus en plus de place alors j'essaie souvent d'en faire en poussant sur les parois, en donnant des coups ou en m'étirant simplement.

Y'a pas si longtemps je me souviens avoir beaucoup bouger, j'ai même changé de position, j'ai l'impression d'être à l'envers et comme je n'ai toujours pas assez de place alors il m'arrive de pousser avec mes pieds pour m'étirer encore plus.  Restant là a flotté dans le liquide chaud. Je m'étire encore, encore et encore.

Je sens un courant emporter une partie de mon liquide sans trop comprendre pourquoi celui-ci s'échappait. On peux sortir ? Déjà ? Enfin c'est pas encore le moment. Non, je suis bien ici. Je commençais a sentir qu'on cherchait à m'expulser de là ou j'étais. Faisant un maximum d’effort pour rester à l’intérieur. Non je ne sortirais pas !  

La soirée aurait pu être formidable. Aurait. Aurait pu car au fond, Sonny sentait qu'il était dans un bon jour, avec Aidan tout allait pour le mieux, ils géraient à merveille le bar, et Clovis paraissait super content d'aller travailler ce soir là. Sauf que quelques facteurs non désirable vinrent tout gâcher. Il eut tout d'abord un homme, nommé Béber, un latino trop bronzé, un nouvel habitué du cabaret. Le Béber en question était le type de personne collante, et dont on pouvait pas facilement se débarrasser une fois qu'il était sur votre dos. L'homme en question avait décidé que ce soir, son meilleur coup serait Clovis. Et l'homme avait bien mal choisis car, une fois qu'il fut complètement pompette, il se jeta sur le pauvre danseur peureux – et demi-dieu en passant – en hurlant qu’il voulait l'épouser. Manque de bol, il y avait dans l’assistance le grand frère du malheureux Clovis et Sonny connaissait les deux Tyrell depuis trop longtemps pour savoir ce qui arriverait à Béber le tombeur si Aidan lui mettait la main dessus. Clovis hurlait, panique, Sonny assomma le type d'un coup de chaise avant qu'Aidan revienne du bureau, les gens applaudirent, se remirent à danser et avec l'aide d'un de ses videurs il jeta l'homme dans les ruelles. Clovis, complètement paniqué et en pleur, demanda à arrêter pour ce soir, Sonny eut envie de se pendre parce qu'il était l'un de ses meilleurs éléments mais accepta cependant. Épuisé, ces jours ci, il était épuisé. Il avait des mal de tête chroniques, et sa force l'abandonnait toujours lors des moments cruciaux. Il ne pouvait plus monter les poches des course au delà de deux étages, ou le faisait en souffrant atrocement aussi était-il aller voir un médecin, ce qui n'avait rien donné. Il avait congédier les frères Tyrell, maudissant la latino au passage et assura le reste de la soirée seul. Et il savait que quand il rentrerait, tout le monde dormait. Ou bien il trouverait Aidan sur le canapé, ou Bae en train de faire sa gym (oui oui, cette nymphe pouvait faire de la gym à trois heures du matin, rien ne l'arrêtait). Quel appartements de dingues alors... Il avait l'impression parfois de vivre dans l'un de ses films comiques hauts en couleur, ou tout était délirants, drôle et plein d'émotion. Sauf qu'évidement, lorsqu'il ferma son bar, les habituels clients ayant oublié leur sacs et ou porte monnaie se ruèrent sur lui à moitié ivre mort, le suppliant de l'aider. Il avait ma à la tête, l'envie de les envoyer bouler en gueulant bien fort le pris soudainement mais il en le fit pas, et les aida. Ils leur fallu une heure pour retrouver la créole de madame habillé en rose bonbon et trente minutes pour retrouver la chaussure de monsieur qui avait oublié de se raser pendant trop longtemps. Il s'écroula dans un des canapés du fond de la salle, complètement lessivé. Deux heures et demi du matin. Il devait se lever, et rentrer, sinon toute la bande aller encore se faire des idées sur ses activités nocturnes. Surtout le propriétaire de l'appartement. Sauf que l'envie de se lever ne le prit pas, il ferma les yeux, massa ses tempes. Franchement il était bein là, il ne bougerait pas, tant pis, il reviendrait demain matin, il était trop faible pour faire quoi que se soit, même pour traverser la rue et grimper au dernier étage de l'immeuble d’en face. Il aurait du se douter que sa matinée commencerait mal, après sa nuit d'horreur, il fallait évidement que quelqu'un vienne encore l'embêter, frappant à la porte de son bar pourtant fermé. Qu'est ce que les gens ne comprenait pas avec le mot « fermé » ?  Peut-être une c’était Grace, ou Neal, ou un de ses autres colocataire. Ou Aidan. Il se leva d'un bond, si c'était lui alors c'était cool. Ou bien... Il posa la main sur la poignet. Ah non, elle pouvait aussi être là. Elle c'était Lucianna. Il aimait Lucianna, malgré la petite embrouille qu'ils avaient eu récemment, mais actuellement, il ne savait plus trop quoi en penser. Peut-être avait-elle besoin d'aide, peut-être qu'il fallait qu'il l'aide dans quelque chose ? Il avait toujours été là depuis le début de sa grossesse – il avait même fait les courses pour le bébé comme si il était le sien – alors il ne lui ferait pas faux bond ce soir si elle avait besoin de dormir quelque part.

Sauf que sa chère amie n'était pas seule. Le type à côté d'elle, il ne fallait pas être un génie pour comprendre qui il était même si, il devait bien l'avouer, il n'imaginait pas, mais pas du tout le dieu de la mort ainsi. Il le voyait comme... Comme ce qu'il imaginait quand on parlait de lui à la colonie. Durant leur cours de mythologie, il s'était fait une image d'un Thanatos moins... Musclé ? Avec des cheveux noir aussi, et un teint plus pâle... Peut-être préférait-il avoir cette apparence avec elle ou un truc dans le genre. Évidement le porte plume qui se nommait Seira était là lui aussi. « mais je t'en rpis, entre donc avec ta bestiole, le gentil toutou Sonny va nettoyer après... il est là que pour ça de toute façon... que pour ça... » Il se maudissait d'être aussi méchant ces jours ci mais il avait l'impression que son monde s'écroulait, que sa personne en elle même s'écroulait.  Il les laissa entrer, la serrant brièvement dans ses bras, accordant un regard glaçant à l'autre divinité et ferma la porte de son bar pour la énième fois. Il était compliqué de savoir pourquoi Sonny n'aimait pas ce dieu. Pas parce qu'il était un dieu, il avait toujours eu un profond respect pour eux, pas comme certains. Mais peut-être à cause du fait qu'il ai laissé la gamine de dix huit ans qu'il avait engrossé... Seule ? Ou du moins, qu'il ne soit pas aussi présent que lui ? Ou bien... « C'est un dieu quand même, il pourrait te tuer d'un claquement doigt si l'envie lui en prenait... » Il regarda Lucianna et son ventre énorme s'écraser – enfin plutôt s'asseoir – sur la canapé où il avait tenté de faire un roupillon quelques instants plus tôt et lui sourit gentiment. Elle avait l'air épuisé, ce qu'il comprenait quand on savait que sa grossesse touchait à sa fin. Il allait lui proposer à boire quand elle lui expédia Thanatos. Il retint un sourire, voir un dieu dans cet état. Il se demanda ce que penserait la joyeuse bande avec laquelle il vivait. Aidan aurait probablement péter un câble, Grace se serait sans doute plaint auprès de Thanatos et lui aurait demandé de faire passer un message plus ou moins fleuris à Artemis... Thanatos lui parla enfin. Sonny ne sut pas vraiment comment interpréter le regard qui lui lançait, être flatter ou pas, mais il lui répondit tout de même. Il était juste ko, pas malpoli. Voilà qu'il s'inquiétait enfin pour sa copine ! Et son môme !

- Je pense aussi, elle est très indépendante comme fille. Elle a besoin de rester seule de temps en temps – il avait apprit cela au cour de ses discussions avec elle – mais sinon tout va bien. Tu sais, les mal de dos et tout les trucs d'une femme enceinte, mais elle va bien, ta fille aussi – savait-il au moins le sexe de son enfant ? Au pire, tant pis – et elles ont tout ce qu'il leur faut, je m'en suis assuré. Que se soit vestimentaire, alimentaires, y'a même un lit bébé je crois quelque part chez moi qui n'attend que d'être utilisé.

Il entendit un bruit et sautilla – enfin sautilla – vers Lucianna qui tentait de se lever avec l'aide de son porte plume, enfin, de sa créature domestiqué. Comment avait-elle réussit cet exploit d'ailleurs ? Voilà une question qu'il lui poserait bien un de ces jours. Et elle tomba, comme une vulgaire marionnette à laquelle on aurait coupé les fils. La scène aurait été drôle si Lucianna n'avait pas été enceinte. Et l'autre paniqua, comme... Comme... Parfois il se demandait vraiment si les dieux avaient une fois dans leur vie assisté à la venue au monde d'un de leur môme. Pour les demi-dieux comme lu, c'était blessant.

- Chut, chut, tais toi ! TAIS TOI ! Je réfléchis.

Et tant pis pour le vouvoiement, les trucs de politesse dieu ou pas, son crâne allait exploser, et l'autre lui grillait des neurones inutilement.

- Va les chercher toi tes serviettes !

Il lui passa une main sur le front, lui demanda de rester éveiller. Il lui promit que tout allait bien se passer. Il avait déjà vu u accouchement. Chez lui, une vieille cassette d'un de ses ex belles mères. Il était trop jeune, il avait vomi, tourné de l’œil et avait été complètement traumatisé. Mais il avait retenu quelques petites choses. Il releva ses manches  - si Aidan le voyait... - et respira un grand coup, Thanatos était là avec ses serviettes. Quand il fallait y aller, fallait y aller ! Il la trouva plutôt maligne de s'être mise en robe, elle allait tout faciliter. Il se gratta la gorge et posa une main sur son ventre. Aucune idée de si son idée fonctionnerait, mais l'enjôlement pouvait parfois faire des merveilles. Elle battit des cils et se concentra. Il fallait que Lucianna soit calme, qu'elle ne panique pas. Son bébé aussi. D'habitude il enjôlait plutôt les vendeurs dans les magasins pour avoir ses articles gratuits, ou quand il faisait les courses... Mais rarement des femmes sur le point d'accoucher ainsi que leur bébé. « T'as de la chance, tu communique avec son môme alors qu'il est même pas né... » Enfin communiquer, il lui faisait comprendre de sa calmer. Enfin, si toutefois une chose pareil pouvait fonctionner sur un bébé même pas né. Un sourire pouvait changer beaucoup de chose, une présence aussi, il sentait que la jeune femme pouvait le faire. Il eut l'impression que tout allait au ralentit. Il pouvait à présent ajouter « a fait accoucher une jeune femme dans un bar » sur son CV.

- Thanatos...

Pourquoi ne portait-il pas de gant, c'était juste immonde. Bon, en même temps Thanatos et lui n'avait pas prévu les déguisements de sage femme à disposition.

- Viens prendre ta fille...

Nouveau sourire à Lucianna et sa vison se flouta soudainement. Enfin, plutôt, terminer de faire accoucher sa pauvre demi-déesse qui devait souffrir atrocement. Parce que pour lui, c'tait fini, ses forces l'abandonnaient pour de bon, et il ne voulait pas faire courir le risque à Lucianna de mal faire ou quoi. Quelqu'un d'autre fit son apparition, quoi, pourquoi ? Tant pis, il se laissa aller. Sa vision devint floue. Ce n'était pas bon signe. Les mains pleine de... De chose qu'il en préférait pas savoir en fait, il se leva et se dirigea derrière son bar, trébuchant tout les mètres. Il s'allongea, se recroquevillant sur lui même. Trop éprouvant ce genre de truc, trop dégeu aussi. Et sa tête qui lui faisait toujours aussi mal, toute ses lumières autour de lui... Il tomba dans les pommes, trop soulagé de pouvoir quitter le monde réel pendant quelques instants.

❝Giving birth is an ecstatic jubilant adventure not available to males. It is a woman's crowning creative experience of a lifetime.❞

La bénédiction de l'enfant.

Enfermée dans la chambre nuptiale depuis le début de la matinée, Héra était assise sur le rebord de la fenêtre, à contempler les jardins de l'Olympe. Le métier à tisser à côté d'elle scintillait au Soleil, et cette lumière reflétait toutes les couleurs de l'arc en ciel. C'en était presque beau. Avec paresse, elle laissa sa tête retomber sur sa main, et ne fixa plus que la toile inachevée. Cela faisait des années qu'elle n'avait plus touché à cette tapisserie. Inachevée, et vouée à le rester pour une éternité encore, car Héra avait depuis bien longtemps perdu l'envie de tisser. Elle représentait un banquet, et il était aussi interminable que les soirées de l'Olympe elles mêmes. Soudain, lorsqu'elle passa son regard sur le visage d'Iris, celui-ci se mit à bouger. Puis d'un coup, le personnage la représentant prit vie. Héra sauta du coin de la fenêtre et s'empressa de rejoindre l'apparition. La fidèle messagère de la reine des Dieux conta la bonne nouvelle, et d'un battement de sourcils, cette dernière fut sur place.

Elle était dans un couloir, et ne put que voir Thanatos passer, serviettes à la main. Qu'il l'eut sentit ou qu'il l'eut vu, elle ne pensait pas qu'il était en état pour se rendre compte de qui elle était. Pauvre Dieu, elle ne l'avait jamais vu aussi tendu. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres et maintenant sa curiosité titillée, elle s'avança doucement vers la porte entrouverte. Un coup d'œil à l'intérieur, et ce qu'elle vit la rendit fière. Sonny Gaither dans le rôle de la sage « femme », rôle qui ne lui siaid pas à merveille, mais qu'il assumait pleinement. Cependant, dès qu'elle entendit les cris de sa protégée, elle perdit son sourire. Elle savait très bien quelle horrible douleur la jeune femme ressentait, ayant elle même accouché de deux divinités. Mais Lucianna avait un corps mortel. Elle n'était pas faite pour porter un enfant d'une telle envergure. Héra commença à ressentir une vive crainte. En fixant Lucianna, la Déesse murmura une bénédiction en grec ancien.

Dès qu'elle eut prononcé ces mots, elle partagea les douleurs de l'accouchement. Étant une divinité, ce n'était qu'un élancement, rien de bien grave. Mais pour la fille de Poséidon, c'était vital. Accoucher d'un enfant humain était déjà une épreuve, alors d'une Déesse mineure ? Elle n'aurait pas supporté la douleur seule. La preuve, elle continuait de hurler. Sonny en faisait déjà assez pour le bébé, et Héra prenait l'initiative de protéger la femme en couche. C'était ce pour quoi elle fut conçue, après tout…

- Thanatos… viens prendre ta fille.

Une vive colère l'embrasa et elle entra dans la salle, poussant la porte avec force. Il était hors de question que l'enfant soit donné à son père sans être purifié. D'un claquement de doigts, elle fit apparaître une bassine aux pieds d'or, remplie d'une eau prélevée du fleuve Imbrasos, dans lequel elle fut elle même lavée à sa naissance. Délicatement, elle prit l'enfant dans une serviette et ordonna un peu impérieusement à Thanatos de s'occuper de Sonny, maintenant à terre. Toutefois, dès qu'elle posa les yeux sur l'enfant, son visage s'adoucit. La Déesse se tourna vers Lucianna, qui prononça dans un soupir le prénom du bébé. Elle lui parla tout bas, et avant de la tremper dans l'eau divine, lui souhaita bienvenue en ce monde.

- Serena Jackson, fille de Thanatos, Ô Déesse du Styx et des Bas-fonds marins, lui dit-elle en la plongeant dans l'eau, les portes de l'Olympe te seront à jamais ouvertes.

L'enfant brilla un instant d'un halo divin, qui s'estompa rapidement. Comme pour répondre à l'appel de la divinité, deux ailes noires jaillirent du dos de l'enfant. Héra entreprit de laver la Déesse, qui restait parfaitement calme dans son élément. Une fois l'enfant parfumée comme le veut la tradition, elle l'habilla d'une toge de cérémonie, et la remit à sa mère. Elle la posa contre son sein,  et passa délicatement la main sur le front de la jeune maman, qui semblait reprendre pleinement conscience. Sa présence était douce pour l'enfant, qui reconnut sa mère immédiatement.

Un nouveau cri de Lucianna et Héra comprit que l'accouchement laisserait des séquelles. En posant sa main sur le ventre de la jeune femme, celle-ci gémit à nouveau. Elle entreprit de lui masser délicatement le ventre. La Déesse en faisait déjà trop pour elle, selon la loi ancienne décidée par Zeus, Héra serait déjà condamnée à d'énormes travaux honteux. Mais en tant que mère, elle ne pouvait laisser une femme en couche dans cet état. Elle murmura une nouvelle phrase en grec ancien, aux effets semblable à un pansement. Lucia restera fertile si le temps l'accepte. La Déesse des femmes en couche avait fait son possible et c'était à la vie d'en décider, à partir d'aujourd'hui.

Héra reprit son air suffisant en s'adressant au Dieu, maintenant que le jeune homme était – enfin ! – allongé et que la jeune maman se reposait. D'un air de mise en garde, le regard sûr, elle avait tout d'une mère autoritaire. Jamais elle n'avait accordé sa bénédiction pour un acte si irréfléchi et pourtant, aujourd'hui, elle avait bénit l'enfant. Les mots lui manquaient pour décrire sa rage quand à cette union des plus irresponsable, mais elle ne pouvait qu'être admirative devant le courage de Lucianna. En ce qui concernait Thanatos, cependant, le fait qu'il ait engrossé une Sang-Mêlée en étant parfaitement conscient du danger dans lequel il l'entraînait la mettait hors d'elle. Mais ce n'était pas un moment pour le blâmer.

- Maintenant, Dieu, jure sur le Styx. Certifie en ce jour de sa naissance que tu la reconnais tienne. Promet que tu t'engage à veiller sur sa croissance. Jure maintenant, devant moi, que tu sera père et agira comme tel.

Elle attendit une réponse de sa part, et dès qu'il prononça l'ultime mot, la reine des Dieux disparut avant que Sonny ne se réveille.

À l'abri de tout œil indiscret, un œuf apparut à côté du sac à main de Lucianna. C'était une coquille forte d'aspect, blanche comme la neige, et sur laquelle étaient parsemées des taches noires, rappelant le pelage d'une panthère. Il était plutôt conséquent, par il fallait contenir le dernier cadeau qu'Héra se permit de faire: une panthère des neiges ailée, qu'elle avait prélevée du jardin de l'Olympe. La créature naîtrait dans un futur proche, et n'aura pour seul but que de protéger l'enfant.

Tous s’activaient autour de moi, me rattrapant en me posant sur une surface plate. Non, non, non ! C’est encore trop tôt. Retenez-la, retenez-la… ! Je ne veux pas qu’elle sorte ! Pas maintenant ! Je dois arriver au bout ! Je panique, elle panique. Je la sens remuer, gigoter dans mon ventre, luter pour y rester. Elle s’accroche, elle me fait hurler de douleur par la même occasion, je ne pense pas qu’elle se rende compte de ce qu’elle inflige à mon utérus à ce moment précis. Je n’avais reçu aucun cours, aucune aide. Je ne savais comment faire pour la faire sortir, je me contentais de respirer, rester éveillée malgré la douleur, rester en vie pour lui donner la sienne.

Je lutais contre l’évanouissement, sentant mon corps secoué par de nombreux spasmes, le bébé bougeait, se tortillait en moi. Je n’avais jamais imaginé cela possible, je ne pouvais imaginer ce que ma mère avait ressentit en devant accoucher de deux enfants à la fois, donner le monde à ma fille me semblait impossible. Je ne faisais pas attention à ce que Sonny ou Thanatos pouvaient dire, me contentant d’essayer d’accoucher dans le sang et les larmes.

Sonny s’était approché de moi alors que Thanatos n’était plus dans mon champ de vision. Posant ma main sur mon front il se mit à me parler, je ne comprenais que des brides de ce qu’il me disait. J’avais compris que c’était lui qui allait s’atteler à la tâche. Je n’avais jamais vraiment compté sur Thanatos pour me faire accoucher en vérité, il devait le savoir. Je me demandais même si cela n’était pas son premier accouchement, enfin, le premier d’un de ses enfants du moins.

Heureusement pour Sonny j’avais mis une robe, cela faciliterait sans aucun doute sa tâche. Soudainement je sentis une main se poser sur mon ventre. « Quoi il compte quand même pas me frapper pour faire sortir la gosse ? » c’est la première chose à laquelle je pensais. Mais non, je ne compris ce qui venait de se passer qu’une fois que j’avais sentis que le bébé ne bougeait plus. Toujours vivant bien sûr, mais calme. Je parvins également à me calmer. Malgré tout le sang que je perdais à ce moment. Je commençais à me demander si l’enfant n’avait pas déchiré une partie de mon utérus ou provoqué une hémorragie. Plus les secondes passaient plus je me sentais me vider de mes forces.

Je savais ce qu’il fallait que je face, je devais pousser pour faire sortir le bébé, je sentis Thanatos prendre ma main en épongeant mon front. Je la lui avais serrée si fort que s’il avait été humain je la lui aurais brisée. J’avais chaud, ça pour le dire…je manquais d’air. C’est là que Seira avait été d’une grande aide, parfaitement calme elle remuait ses ailes pour m’envoyer de l’air. Mais je me sentais toujours partir, c’est alors que quelques instants plus tard je sentais mes forces me revenir et une voix dans ma tête. Qui était-elle ? Je ne savais pas. Mais elle était en train de m’aider, une chose était sûre, c’était une déesse. Alors je lui serais redevable toute ma vie. Sauf si je meurs aujourd’hui.

Quoi qu’il en soit je réussis à mettre au monde la petite malgré mes cris, mes larmes et mon sang. Et même une fois l’enfant sorti, alors que je l’entendais pleurer, crier, gindre -comme un bébé le fait lors de sa naissance – et que cela signifiait que je ne devais plus avoir mal, la douleur était toujours présente. Plus forte même. Alors que Sonny s’apprêtait à donner l’enfant à Thanatos avant même que je n’ai pus la voir la fameuse Déesse qui m’avait aidée apparut. Elle déboula en trombe en saisissant l’enfant avant Thanatos tandis que Sonny partis prendre l’air surement un peu choqué après ce qu’il venait de faire et de voir. A ce moment là j’aurais voulut hurler, crier, me lever et prendre ma fille pensant que la Déesse était là pour me l’enlever. Mais Seira restait calme et continuait de m’aérer avec ces ailes sans en envoyer sur ma fille. Alors peut-être la Déesse était-elle là pour prendre soin d’elle. Une fois que la Déesse eut prit l’enfant dans ses bras elle se tourna vers moi. Je sentais la présence d’une eau pour le moins rare non loin de moi, elle avait surement prévu de la laver, de la bénir même peut –être. J’étais à moitié dans les vapes mais je parvins tout de même à soupirer le prénom que j’avais choisi pour cette enfant.

-« Serena…. » Suite à quoi la Déesse enchaîna « Serena Jackson, fille de Thanatos, Ô Déesse du Styx et des Bas-fonds marins, les portes de l'Olympe te seront à jamais ouvertes. »

Voici donc à quoi elle serait destinée. Seul l’avenir nous le dira évidement, mais déjà nous pouvons savoir à quoi nous attendre. Je ne pouvais cesser de fixer ma fille alors qu’Héra lui prodiguait ses premiers soins. A vrai dire je ne voyais pas vraiment bien, je voyais du flou, tout était sombre alors qu’auparavant la pièce était lumineuse et chaleureuse. Je parvins néanmoins à voir la Déesse –que je soupçonnais être Héra habillée ma fille après l’avoir parfumée. On aurait dit un genre de rituel ancien, je n’aurais pu espérer mieux pour les premiers instants de ma fille. C’est alors que j’eu le droit de sentir ce petit être contre moi tandis qu’Héra la posait sur moi. Bien évidement en plus d’un sourire cela m’arracha également un gémissement. La Déesse posa une main sur mon ventre et j’émis un nouveau cri. Elle me massa le ventre, et malgré le geste doux cela me faisait tout de même horriblement mal. Je l’entendis murmurer alors que la douleur semblait disparaitre peut à peu. Pas totalement évidement, mais au moins c’était devenu supportable. Assez pour me permettre de bouger légèrement pour poser une main sur le dos du bébé allongé immobile sur ma poitrine.

"Maintenant, Dieu, jure sur le Styx. Certifie en ce jour de sa naissance que tu la reconnais tienne. Promet que tu t'engage à veiller sur sa croissance. Jure maintenant, devant moi, que tu seras père et agira comme tel."

La Déesse s’était adressée ainsi à Thanatos, elle attendait une réponse alors que de plus en plus je sentais mes forces repartirent. Une chose est sûr, si je survis il faudra absolument que je me repose durant plusieurs jours, voir même des semaines. Alors Thanatos lui répondit, il avait juré qu’il serait père et qu’il veillerait sur elle comme sur moi. Enfin la Déesse disparut. Alors je le vit s’approcher, prenant une de ses mains dans ma main libre, je fis mine de sourire alors que les forces me manquaient pour ne serais-ce qu’ouvrir la bouche. Alors je tentais de maintenir se sourire avant de fermer les yeux en expirant avec difficulté l’air stocké dans mes poumons. La mise au monde de cette enfant m’avait épuisée, je ne me sentais plus capable de rien. Thanatos ne pourrait rien faire de plus que de nettoyer le bazar et me revêtir d’une tenue convenable avant le retour/réveille de Sonny parmi les vivants. Même lui était impuissant face à cela. Héra avait fait de son mieux pour me soigner, personne ne pouvait rien contre l’épuisement d’une femme en couche. La seule chose à faire pour lui était d’attendre que je me réveille. J’avais l’air serein pourtant, allongée sur un genre de canapé, une main posé sur ma fille endormis contre moi. Dormir, mourir, qu’elle différence à ce stade ? J’vais simplement besoin de quelques heures tranquilles avant de pouvoir être déplacée dans un lieu plus sûr. Une chose habitait mon esprit, le visage de cette petite fille que j’avais à peine entrevu le temps d’un moment et qui semblait déjà savoir qui j’étais, Serena.

Toujours à luter pour rester au chaud dans le seul endroit que j’avais connu jusque là je restais accrochée à ce que je pouvais.  Oubliant que je pouvais faire mal à la gentille personne qui m’avait accepté en son sein. Mais je n’avais pas envie d’y aller, je suis bien là dedans. Pourquoi on me force à sortir ? Pourquoi je sens qu’on me pousse de l’intérieur ? Je tourne, je bouge, je me débats. Elle hurle, elle à mal, je l’entends, je le sens. Mais pourquoi elle souffre ? Pourquoi !? Inutile de luter davantage, je ne peux plus. Et je sens qu’on me tire.

C’est à mon tour de hurler, hurler sans que personne ne comprenne pourquoi. J’avais froid, le monde était trop bruyant. J’étais dans les mains d’un jeune homme, je criais toujours, cherchant à cacher mes yeux de la lumière aveuglante, je suis recouverte d’une liquide bien étrange.  Peut être que c’est ça, je devais flotter dans ce truc depuis longtemps. Puis on me balada dans plusieurs bras, d’un homme je passais à un autre homme, je ne voyais presque rien et je ne comprenais pas pourquoi l’on me bougeait autant. Puis c’est une femme qui me prit. Maman ? Non, je ne pense pas…je ne sais pas. Qui es-tu ?

J’hurle à nouveau alors que je sentis quelques choses jaillir de mon dos. Mais qu’est-ce que c’est que tout ça !?  Ma vision était de plus en plus claire et je me calmais légèrement après avoir vu le visage de la jeune femme qui me souriait. Non, ce n’était pas ma maman, sa voix et bien trop différente.  Elle me plongea dans l’eau, quel drôle d’élément, c’est agréable. Cela me calma presque immédiatement et je semblais même détendu. Puis je fus habillé avec une chose étrange et enfin parfumée, un liquide désagréable et froid se déposa sur moi, mais il sentait bon, alors je la laissai faire.  Puis elle me déposa sur une autre femme, elle semblait fatiguée et plus faible. C’est elle ma maman, sa voix, sa peau, c’est la même. Je le sais. Elle avait posé une main sur mon dos, alors que je posais ma tête sur sa poitrine, en m’endormant, épuisée après mettre acharné contre ma naissance.