Tout à commencer, comme toutes les histoires de la Grèce Antique, par la descente d’un Dieu dans notre univers. Très peu sont capable de résister à l’attirance que provoque un dieu, surtout celui-ci, ce n’était pas n’importe quel Dieu, non, c’était celui de l’amour, Eros. Pourtant quelque part sur cette planète existait une femme qui résistait encore aux nombreux charmes et avances de ce Dieu, c’est sûrement pour cela qu’il est tombé amoureux d’elle. C’est le cœur en exil et la tête non sur ses épaules mais dans les nuages qu’il rêvait de pouvoir un jour caresser son visage et déguster le goût de ses lèvres. Le seul et unique moyen qu’il trouva pour nourrir sa cupidité et son désir d’elle fut d’user de ses pouvoirs pour arracher son cœur qui ne lui appartenait pas. Lui faisant un fils avant de se lasser définitivement d’elle et de s’en aller à battements d’ailes vers le mont Olympe, ayant couvert la femme de honte et de colère.

Grayson Amundsen ouvrit les yeux pour la toute première fois dans cette colère, couplé à la souffrance, s’alliant alors comme une nuit tempétueuse s’accouplant au désert profond où le sable rejoint l’ondée matinale au bout d’une longue agonie. C’était la lumière qu’il vit en premier, une lumière symbolisant la vie, une vie pleine de souffrance pour lui et sa mère mais aussi emplie d’amour et d’aventure. On lui offrit une enfance quoi que plus normal, un enfant avec des problèmes comme les autres, un peu turbulent mais il allait sûrement se calmer avec l’âge, c’était en tout cas ce que disait l’entourage de Madame Amundsen. Elle qui ne croyait plus en l’amour n’offrit plus jamais son cœur en miette à quiconque, bien que magnifique. Toute sa vie ne se résumait alors plus qu’au bonheur de son fils, voulant lui faire connaître chaque chose de ce monde qui lui semblait autre fois si magnifique mais aujourd’hui si fade. Cependant, elle voyait à travers son fils cette beauté, cette gaité du monde, c’était son bonheur, sa raison de vivre et c’est pour lui qu’elle mourut.

C’était en sortant de son nouveau-ancien collège, un autre collège où il s’était fait renvoyé pour avoir repousser les avances d’un garçon plus vieux en l’insultant et en le frappant. Encore chamboulé qu’un garçon lui fasse des avances aussi indécentes à cet âge (il n’avait que douze ans, treize dans quelques mois) il était perdu dans ses songes lorsqu’il avait traversé la route sans regarder. Il se souvient qu’une lumière intense l’avait aveuglé - il était Vingt-heure et à cette époque de l’année il faisait nuit tôt, et qu’ensuite des mains, avaient poussées son corps si frêle sur le trottoir d’en face, un choc, des larmes, puis du sang. Lorsqu’il s’était réveillé c’était dans un espace lumineux, au début c’était très difficile de se remémorer ce qu’il s’était passé mais ensuite… la peine, les larmes et le désespoir. On l’avait transporté dans un hôpital proche de chez lui où son oncle s’était déjà présenté pour venir le voir.  Il n’avait plus aucune famille - mis à part lui et sa cousine, Sophie.

La vie de Grayson était devenue un véritable un enfer, un enfer dont il ne pouvait s’échapper. Juste après l’enterrement de sa mère, Grayson avait dû boucler ses valises et partir vivre chez son oncle. Ça aurait été un plaisir si c’était dans d’autres circonstances, mais Grayson n’avait aucune envie d’abandonner le si peu qu’il lui restait de chez lui, sa maison, là où il a vécu si longtemps avec sa mère. Tout cela, c’était terminé et il ne pouvait revenir en arrière. Sa cousine Sophie fut très vite présente pour le réconforter et l’aider à aller mieux, le faisant rire et sourire même face aux difficultés.
Ce rêve d’enfant fut vite brisé par une violente dispute entre Sophie et son père qui fut le début de sa seconde plongée direct vers l’abîme du désespoir. En effet, peu de temps après cette dispute, Sophie prit la fuite de l’école, on ne la retrouva pas. La dernière chose qui maintenait ce jeune garçon un peu turbulent s’était envolé avec ses espoirs d’être un jour heureux.

Ce soir c’était son anniversaire et pourtant, la joie n’était pas du tout présente dans cette chambre, cette maison, si sinistre, si vide de présence. C’est dans son lit qu’il s’effondra en larme, c’était beaucoup trop demander pour un si jeune garçon de vivre comme ça, sans piller, sans accroches pour se soutenir à un mur de béton. C’est alors qu’un rayon de lumière illumina son visage et réchauffa son cœur, faisant s’envoler ses larmes comme si elles n’avaient jamais existé, mais pas l’obscurité de son cœur. C’était un ange, armé d’un arc, sa présence le réconfortait comme jamais, ressentant un sentiment d’amour profond pour cet homme si beau mais pourtant ce n’était pas un sentiment d’amour familier, un sentiment d’amour qu’il avait oublié, celui du lien du sang. C’était son père, il ne savait ni comment, ni même pourquoi, mais il le savait. Cet homme disparu juste après avoir accomplis sa mission : offrir l’espoir à son fils. Même si cet espoir ne s’exprimait qu’en une simple phrase « Vas à la colonie mon fils. ». Aussi tôt, il en parla à son oncle, qui lui expliqua alors tout sur sa vie, sur son père et sur ce qu’il était réellement. Grayson ne pouvait plus attendre plus longtemps, il devait suivre les indications de son « père », peut-être pour le retrouver, il n’en savait rien mais en tout cas pour s’accrocher au dernier espoir qu’il avait. Son oncle l’accompagna jusqu’à la Colonie en omettant la présence de sa fille, ayant trop souffert de son départ.