Comment une muse peut-être se décider à vivre une existence humaine? Les bienfaits et éternels bons côtés de la vie de dieux ne plaisent malheureusement pas à tous. Entre autre, pas à Melpomène. Si elle a longtemps été une muse bien appréciée, représentante du chant sous toutes ses formes, ou presque, elle s’est assez rapidement recluse. Quoi que rapidement soit assez vague, pour une déesse, même mineure. De tout le temps de la grèce antique, Melpomène a pris un plaisir fou à jouer les déesses. Accompagnée de ses soeurs les muses, elle aimait à aider, ou tourmenter, selon leurs envie, les mortels et les enfants des dieux. Octroyant des dons, en retirant d’autres, se promenant sur leur territoire en faisant valoir leur loi et leurs envies. Par contre, passé les épopées de la grèce de ce temps-là, Mel commença à être blasée. Quand on a fait les même coups une centaine de fois déjà, alors, la vie perd un peu de son piquant. Elle décida donc de se séparer de certaines de ses soeurs, les muses se scindant en quelques duo ou trio, partant toutes de leurs côtés. La muse du chant se retrouva, pour sa part, accompagnée de Polymnie et d’Euterpe. La réthorique et la musique.

Leur trio ne dura pas et, rapidement, elle se retrouva seule avec Euterpe, sa soeur favorite. Elles se complétaient bien. Lorsque l’une chantait, l’autre l’accompagnait de sa musique, ou vice versa. Depuis cette époque, les deux soeurs sont inséparables. Elles ont même pris, ensemble, la décision de bouger pour le monde des humains après quelques temps à n’avoir plus rien à faire dans les mondes des dieux.

Lorsqu’elles se retrouvèrent ensemble dans le monde des humains, le dépaysement les ravies. Quoi de mieux, pour se changer les idées, que de devenir humaines? À tout le moins, de faire croire aux gens qu’on l’est. À cette époque, il s’agissait plutôt d’une bonne blague. Les deux muses, chantant et jouant sur le bord des routes, telles les deux jeunes fugueuse qu’elles semblaient être, furent par contre rapidement surprises. Sans trop user de leurs dons, elles parvinrent à se faire quelques dollars. Et l’idée germa alors. Quitte à devenir des humains, pourquoi ne pas profiter de leur système? Devenir des humaines célèbres et riches pouvait avoir son charme! Et ce serait une vie d’autant plus intéressante que de rester sur nos bouts de nuages indéfiniment.

C’est ainsi que, il y a quelques années, les deux muses décidèrent de mettre leurs talents spéciaux à leur propre service, parfois à celui d’autrui. C'est ainsi que Melpomène devint Mel, ou Mélissa. Nom plus commun que son nom d'origine. Elles devinrent de jeunes filles sans histoire, fugueuses ou orphelines. C’est ce qu’elles dirent aux gens. Rapidement, sans beaucoup d’effort, elles devinrent de plus en plus célèbre. Parfois, elles se séparaient, passant du temps loin l’une de l’autre et commettant quelques frasques, semant quelques enfants par-ci par-là. Mais toujours, elle revenaient l’une vers l’autre, ne faisant de la musique qu’ensemble. Pas question de se séparer dans ce monde humain.

Leur groupe, pour lequel elle recrutèrent quelques musiciens humains, devint un nom connu dans le domain du rock et du métal. Mel chantant, sa soeur jouant de la guitare, les autre maniant la bass, le drum et d’autres instruments quelconques. Elles devinrent en quelque sortes deux déesses de la musique ce qui, ironiquement, était vrai.

Tout récemment, elles décidèrent qu’elles se devaient d’avoir une demeure humaine digne de ce nom. Quitte à amasser une fortune, aussi bien la dépenser dans un logement digne de ce nom. Ainsi donc, Euterpe et Melpomène décidèrent de se louer un très grand loft ensemble. Un bel appartement très chic et très en vu. Dans un coin de New-York très en vogue. Le "must", pour des vedettes. C’est ainsi, qu’un matin, franchissant la porte de chez elles, elle entrèrent en collision avec LUI. Si elles n’en firent pas grand cas sur le coup, après tout, dans ce monde-ci, ils ne se connaissaient pas, elles en furent toutefois un peu chamboulées. Après toutes ces années à avoir rompu le lien entre elles et les dieux, les voilà maintenant voisines avec leur patron, Apollon. Coïncidence remarquable. Les deux jeunes muses, étonnement, en furent ravies. Après tout, elles n’étaient pas partie du monde des dieux en mauvais terme avec qui que ce soit. Depuis, elles jouent donc les bonnes petites voisines, échangeant du sucre et des potins avec leur voisin médecin, l’invitant même parfois à souper.

Et puis, il y a quelques jours, Euterpe est partie. Encore. Pour une de ses retraites loin de sa soeur. Le genre de chose dont seule elle a le secret, secret que Mel lui laisse bien volontiers. Après tout, leur temps chacune de leur côté constituent en partie leur bonne entente : vivre des siècle avec la même personne a le don de vous tapper sur les nerfs. En date d’aujourd’hui, Melpomène a donc tout le loisir de leur joli appartement dans New-York, jusqu’au retour de sa chère petite soeur.